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16/03/2024

Romans posthumes

Et si nous évoquions les romans posthumes ? L’idée m’en est venue en apprenant la parution de Nous nous verrons en août, un inédit de Gabriel Garcia Marquez. Ce livre n’est qu’un prétexte et il n’est pas question de s’étendre sur ce bouquin en particulier.

Ces livres publiés après le décès de leur auteur me laissent toujours perplexe.

Mettons de côté le cas du roman en cours de rédaction par un écrivain qui décède avant sa publication. Accordons le bénéfice du doute à ceux qui le feront paraître, l’écrivain en aurait peut-être fait autant.

Ce qui m’intéresse d’avantage, c’est le bouquin mis de côté par l’auteur car il ne l’estimait pas digne d’être publié. Archivé dans ses papiers, il se réservait peut-être l’idée d’y revenir un jour, ou pas ? Mais certainement pas de le faire éditer dans cet état. Alors que penser de ceux, ses descendants, ayants droits ou petits futés ayant mis la main sur le manuscrit, de le rendre public, donc de l’éditer et de le vendre ? Ne pas respecter une volonté tacite ou stipulée par l’écrivain en profitant de son décès, est-ce bien honnête ou moral ?

J’avoue être perplexe et ne pas avoir d’avis tranché sur la question. Je m’explique en prenant un exemple dans un domaine différent, celui de la musique. Fan de rock depuis les années 60’ j’ai passé ma vie à rechercher des inédits de mes groupes favoris, des enregistrements de leurs séances de travail en studio ou des piratages sonores de leurs concerts. Certains titres achevés n’étaient jamais parus en disque parce que les groupes les pensaient moins bons que d’autres. Une recherche fructueuse de ces enregistrements, pour nous les fans c’était de l’or en barre ! Un vol, un manque à gagner pour les groupes, certes (en partie), mais le fan veut tout ce qui existe de son groupe fétiche !

Revenons-en à la littérature. Quand on porte au pinacle un auteur et qu’on a lu toute son œuvre disponible, savoir qu’un inédit traine quelque part, ça vous titille l’intérêt. Et savoir qu’un « méchant » (Hou ! le vilain !) va publier ce bouquin devenu fantasme de lecteur, satisfait votre curiosité littéraire tout en soulageant votre conscience : c’est l’éditeur le méchant et si le bouquin est en vente partout, ce n’est pas votre faute, vous pouvez donc le lire l’esprit serein.

L’autre dans sa tombe va peut-être se retourner mille fois de rage mais qu’est-ce que ce léger accroc à la moralité, en comparaison avec la satisfaction d’avoir épuisé toute la production officielle ou officieuse de son écrivain préféré ?

Résumons, un bouquin publié contre l’avis de son auteur mais n’y pouvant plus rien car décédé, j’avoue que cela me turlupine. D’un autre côté, ses brouillons, ses manuscrits inachevés nous éclairent sur son art et sa manière de travailler, ils sont même plus éclairants que ses ouvrages officiels.

Alors ?