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Edgar Allan Poe : Histoires grotesques et sérieuses

Edgar Allan Poe, charles baudelaireEdgar Allan Poe, né en 1809 à Boston et mort à Baltimore en 1849 (Les causes de sa mort n’ont pas pu être déterminées et ont été attribuées diversement à l’alcool, à une drogue, au choléra, à la rage, à une maladie du cœur, à une congestion cérébrale, etc.), est un poète, romancier, nouvelliste, critique littéraire, dramaturge et éditeur américain, ainsi que l'une des principales figures du romantisme américain. Connu surtout pour ses contes, il a donné à la nouvelle ses lettres de noblesse et est considéré comme l’inventeur du roman policier et l’un des précurseurs de la science-fiction et du fantastique.

Histoires grotesques et sérieuses est un recueil de dix nouvelles écrites par Edgar Allan Poe, entre 1832 et 1849, puis traduites et réunies par Charles Baudelaire en 1864. Des nouvelles, des textes, de courtes études, il y a un peu de tout cela dans ce bouquin, assez disparate et en tout cas – à mon sens – loin de ce que je pensais y trouver. Pour le dire plus clairement, j’espérais des nouvelles à la tonalité fantastique laissant planer un mystère diffus, or ce n’est pas le propos ici… comme l’indique son titre !

Dans les deux premiers textes (Le Mystère de Marie Roget, Le Joueur d’échecs de Maelzel) l’écrivain ne vise qu’à déployer ses talents de logique et d’analyse, pour dans l’un, résoudre le mystère d’un crime (bien réel commis à New York en 1841) à partir de la lecture des articles de la presse et dans l’autre, expliquer le subterfuge utilisé par le propriétaire d’un automate joueur d’échecs. Dans Philosophie de l’ameublement, il est question de décoration ! Et La Genèse d’un poëme permet à Poe d’expliquer à ses lecteurs comment il s’y est pris pour écrire son fameux poème Le Corbeau et là  Edgar Allan Poe invente le making of… ? Les autres textes, ressemblent vaguement à des nouvelles, Le Système du Docteur Goudron et du Professeur Plume étant celle qui présente la construction la plus classique. Visite d’un asile d’aliénés dont la chute est prévisible, mais c’est néanmoins la plus drôle.

L’écriture ne souffre d’aucunes critiques, bien au contraire. Globalement je vois dans cet ouvrage  un parti pris d’esthétisme : intellectuel, visuel… mais c’est à peu près tout. J’avoue donc ma déception.

 

« Il y a, je crois, une erreur radicale dans la méthode généralement usitée pour construire un conte. Tantôt l’histoire nous fournit une thèse ; tantôt l’écrivain se trouve inspiré par un incident contemporain, ou bien, mettant les choses au mieux, il s’ingénie à combiner des évènements surprenants, qui doivent former simplement la base de son récit, se promettant généralement d’introduire les descriptions, le dialogue ou son commentaire personnel, partout où une crevasse dans le tissu de l’action lui en fournit l’opportunité. Pour moi, la première de toutes les considérations, c’est celle d’un effet à produire. (…) quel est l’unique effet que je dois choisir dans le cas présent ? » [La Genèse d’un poème]

 

 

Edgar Allan Poe, charles baudelaireEdgar Allan Poe  Histoires grotesques et sérieuses   Œuvres en prose  Gallimard La Pléiade  - 182 pages –

Traduction par Charles Baudelaire

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02/01/2018 | Lien permanent

T.C. Boyle : Histoires de couples

t.c. boyleT.C. Boyle (Tom Coraghessan Boyle) est un écrivain et romancier américain né en 1948 à Peekskill dans l’Etat de New York. Depuis 1978, il anime des ateliers d’écriture à l’Université de Californie du Sud et vit près de Santa Barbara, dans une maison dessinée par l’architecte Frank Lloyd Wright. Il est l’auteur de nombreux romans et de plusieurs recueils de nouvelles comme celui-ci, Histoires de couples, qui vient de paraître.

Sept textes dont plusieurs nous entrainent dans un futur plus ou moins proche : La Box à revivre, une box permet à ceux qui s’y connectent de revivre un épisode choisi de leur passé, comme essayer de comprendre pourquoi votre femme vous a quitté ; Ne sommes-nous pas humains, faune et flore sont génétiquement modifiables et l’on peut désormais choisir, sur un menu, toutes les qualités qu’on désire pour son futur enfant ; L’eau ne nous manque pas, plusieurs années de sécheresse ravagent le pays conduisant à des mesures d’économie drastiques, une chamane propose ses services… A moins qu’un couple ne déménage au soleil, s’apercevant trop tard que le village est infesté de fourmis (La Fourmi argentine) ; ou bien encore, un homme se fait voler sa voiture dans un parking avec la chienne de sa copine restée à l’intérieur, les conséquences en seront malheureuses pour le couple (Vol et autres litiges)… etc.

Ce sont quelques-uns des sujets de ces nouvelles. T.C. Boyle sait raconter des histoires, ses textes sont denses sans jamais être ennuyeux car son écriture vive et enlevée pousse le lecteur à le suivre et comme ses récits sont pleins de surprises et d’invention, on se délecte.

En toile de fond l’écrivain dénonce les travers du monde d’aujourd’hui et celui vers lequel on s’engage : que ce soit les technologies modernes, les conséquences du réchauffement climatique, l’évolution des mœurs sociétales… mais c’est finement dit et présenté, partant de la cellule familiale pour nous laisser élargir notre réflexion à la société tout entière.

Un bon bouquin.

 

« La bibliothèque est l’un de mes bâtiments préférés en ville, un monument en grès élevé à la gloire du savoir et de la culture à une époque où les gens s’en souciaient encore. Bien sûr, de nos jours, c’est surtout un réceptacle de fesses, d’hommes pour la plupart, qui encombrent les fauteuils et les grandes tables en chêne, avec leurs sacs débordant de leurs piètres possessions pour passer leur temps à regarder des sites porno sur les écrans des ordinateurs, gribouillant dans un carnet ou faisant un somme, tête rejetée en arrière, bouche grande ouverte. Cela dit, je ne me plains pas. Ils ont le droit de vivre. » [Vol et autres litiges]

 

t.c. boyleT.C. Boyle   Histoires de couples   Grasset  - 220 pages - 

Traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Bernard Turle

 

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Catherine de Silguy : Histoire des hommes et de leurs ordures

Petite histoire amusante car véridique concernant ce bouquin, je l’ai trouvé en farfouillant dans les encombrants jonchant les trottoirs de ma ville, quelques instants avant le passage du camion des éboueurs. On ne pouvait mieux associer l’objet et son contenu !

 

Silguy Livre.jpgCatherine de Silguy née en 1943 à Landerneau en Bretagne, a travaillé comme ingénieur dans des organisations professionnelles agricoles puis à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Agronome de formation, elle s'est spécialisée dans les domaines liés à la préservation de l'environnement, en particulier l'agriculture biologique, les énergies de la biomasse et les traitements des déchets municipaux.

Le titre complet de l’ouvrage est Histoire des hommes et de leurs ordures du Moyen Âge à nos jours. Attention, ce « à nos jours » s’arrête à l’année 1996, date de parution du bouquin. Autant dire que depuis, mentalités et techniques ont évolué, même si le chemin reste encore long dans la prise de conscience par tous, individus, entreprises, gouvernants, pour que la pollution, directe ou indirecte induite par nos déchets ne soit plus une réalité affligeante.

Le livre s’adresse plus aux néophytes comme vous et moi qu’aux spécialistes des ordures. C'est-à-dire qu’il est simple à lire, sans explications techniques trop complexes. C’est aussi son point faible certainement, rien de novateur dans ce qui est décrit, mais je le rappelle le texte date de 1996, se remettre à notre niveau de connaissances de l’époque n’est pas aisé. Néanmoins à le lire, on ne sent pas une plume révolutionnaire ou adepte des théories les plus radicales de certains mouvements de la tendance écologiste. Je rappellerai cette formule simple qui devrait guider toute réflexion sur le sujet, « le seul bon déchet, c’est le déchet qui n’a pas été produit ! ».

Je fais ces quelques critiques pour ceux qui seraient intéressés par cet angle de l’ouvrage, car moi en fait ce qui m’a conduit à lire ce bouquin c’est sa première partie, à savoir l’histoire de nos déchets et ordures.

Les pots de chambre vidés par les fenêtres au Moyen Âge ou les égouts de Paris se déversant dans la Seine où s’approvisionnaient les porteurs d’eau. Philippe Auguste (1165-1223) qui fut le premier roi de France à tenter de combattre à Paris les pestilences immondes causées par les boues dans les rues. Les différentes méthodes de ramassage des ordures jadis, le préfet Poubelle dont le nom dit tout, les sociétés complexes au sein des chiffonniers. Toute l’histoire de France est aussi marquée par une succession de règlements et de lois non appliquées, contrés par des corporatismes divers, comme quoi il n’y a rien de nouveau sous le soleil.  

Enfin, l’auteur conclut par un original dernier chapitre où elle aborde l’utilisation de nos déchets par les artistes contemporains dans leurs œuvres. Donc, un livre qui ne révolutionne pas le secteur de l’ordure, aujourd’hui moins qu’hier, mais qui ne méritait pas de finir dans la poubelle dont je l’ai tiré !

 

« Après l’euphorie des années de forte croissance, on redécouvre l’enjeu du recyclage des déchets de la consommation humaine. Il ne s’agit pas de retourner aux pratiques d’antan, mais de tenter de se rapprocher du cycle écologique en tenant compte des progrès technologiques. Les déchets domestiques constituent un filon de matières secondaires et d’énergies qui s’immiscent dans de nombreux secteurs de production. »

 

 

Silguy.jpgCatherine de Silguy  Histoire des hommes et de leurs ordures  Le Cherche Midi

 

   

 

 

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23/11/2012 | Lien permanent

Tibor Déry : Niki ou l’histoire d’un chien

Tibor DéryTibor Déry (1894-1977) est un écrivain, scénariste et traducteur hongrois. Partisan de Mihály Károlyi, il doit s'exiler à l'arrivée au pouvoir de Béla Kun. Il vit notamment en Autriche et en France avant de rentrer en Hongrie en 1935. Il est emprisonné sous le régime de Miklós Horthy pour avoir traduit Retour de l'U.R.S.S. d'André Gide. Exclu du parti communiste en 1953, il soutient la Révolution hongroise de 1956 et est emprisonné jusqu'en 1960. Niki ou L’histoire d’un chien  roman datant de 1957 a été traduit chez nous en 2010. 

Budapest au début des années 50. L’ingénieur Ancsa et sa femme, recueillent une jeune fox-terrier, Niki « le chien », sorte de compensation affective suite au décès de leur fils sur le front russe. Entre le couple et l’animal des liens profonds vont se créer et le temps passant, le rôle de soutien passera du couple au chien et inversement.

Il a vraiment une bonne bouille ce toutou, du moins celle affichée en couverture de l’ouvrage et elle reflète parfaitement le sentiment général qui se dégage de ce roman : l’écoute, l’intelligence et la bonté. Il est vrai aussi que le chien, le meilleur ami de l’homme comme on dit, ne peut être qu’un bon sujet de roman/film, sauf quand on tombe dans le mièvre, ce qui n’est pas le cas avec Niki je vous rassure immédiatement.

Restons sur le personnage du chien ; tous ceux qui ont un chien seront épatés par la manière très réaliste et juste avec laquelle Tibor Déry décrit ses actes, ses mimiques, ses réactions face aux évènements ou aux gens. Ca peut sembler un peu banal et nous dire qu’un chien est intelligent enfoncer une porte ouverte, mais quand c’est bien écrit, je dis « respect ! ».

Et ce roman est très finement écrit, tout en légèreté et petites touches brossant en arrière-plan la situation politique du pays sous le joug communiste. Pour une peccadille ayant offensé un haut fonctionnaire du Parti, Ancsa bien que communiste convaincu, est renvoyé de son poste, de mois en mois il sera affecté à des emplois de plus en plus inférieurs à ses capacités, jusqu’au jour où il disparaît, arrêté et emprisonné sans motif connu durant deux ans sans que sa femme ne sache ce qu’il est devenu.

Durant tout ce temps, Niki sera le seul soutien moral de l’épouse, toujours dans l’attente confiante du retour du disparu, toujours à japper derrière la porte quand il croit reconnaitre son pas. Son amour indéfectible pour son maître est un modèle du genre. Une manière pour Déry, sous forme de parabole, de montrer que dans cette Hongrie où l’homme n’est plus rien, à peine une silhouette dans la foule, seul un animal conserve intact ses sentiments et son amour pour son maître, entrant dans une résistance obstinée passant par peur et passion, jusqu’à l’épilogue magnifique autant que poignant.

Comme on peut le constater durant tout le roman Tibor Déry est d’une précision pointilleuse dans les noms de rues (« elles arrivèrent dans l’avenue Istvan (la future rue Landler Jenö) ») et il n’hésite pas à interpeller le lecteur maintes fois (« Imaginons maintenant l’état d’âme de Mme Ancsa… ») resserrant les liens d’empathie entre ses personnages et son lecteur.

Un roman très court, très fin, très touchant.

 

« Un attroupement assez considérable s’était formé entre temps derrière Mme Ancsa, qui criait furieusement, et les employés, dont les semelles claquaient sur le pavé. Les gens manifestaient bruyamment leur indignation devant cette chasse ignoble et, amassés sur le trottoir, ils livraient passage à la chienne tout en gênant la course de ses poursuivants. Du reste, les agents de la fourrière ont toujours été impopulaire à Budapest et, à la faveur de la tension générale qui régnait alors sur la ville, toute la rue fit cause commune contre eux. Avec eux, on ne se gênait pas pour dire bien haut ce qu’on pensait. Or, comme il s’agissait de trois gaillards taillés en hercule, on leur conseillait de se choisir un autre gagne-pain, comme par exemple travailler dans une mine ou sarcler les pommes de terre. On les traitait aussi de bourreaux. »

 

Tibor DéryTibor Déry   Niki ou L’histoire d’un chien   Circé poche – 153 pages –

Traduit du hongrois par Ladislas Gara [Imre Laszlo]

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18/10/2018 | Lien permanent

Enrique Vila-Matas : Abrégé d’histoire de la littérature portative

Vila Matas Livre.jpgEnrique Vila-Matas est né à Barcelone en 1948. À dix-huit ans, il est embauché comme rédacteur dans une revue de cinéma, Fotogramas, pour laquelle il réalise parfois de fausses interviews. De 1974 à 1976 il vit à Paris et loue une chambre de bonne à Marguerite Duras. Il raconte ses aventures parisiennes trente ans plus tard dans Paris ne finit jamais (2004). De retour dans sa ville natale en 1976, Enrique Vila-Matas se consacre à l'écriture ; il est également chroniqueur pour divers journaux catalans. Le roman, Abrégé d’histoire de la littérature portative, est paru en France en 1990.

Dans un roman complètement foutraque, Enrique Vila-Matas nous entraîne sur les pas des membres de la société secrète des shandys, grands amateurs de littérature portative c’est-à-dire « pour les expressions littéraires brèves » dont l’emblème ou le symbole est La boîte en valise, cette mallette conçue par Marcel Duchamp (précurseur de l’art minimal) qui réunit les pièces de ses différents types de travaux et indique par des jeux de tiroirs et de glissières, une proximité tacite entre chacune d’elles, comme si c’était un tout.

Passé le prologue qui effraie un peu car on craint les références littéraires et artistiques multiples, les clins d’yeux réservés aux lecteurs cultivés, bref un bouquin destiné à l’élite, nous sommes plongés dans un roman totalement fou qui mêle personnages fictifs et réels dans des villes connues ou des lieux inventés (Port-Hâtif). Les situations absurdes ne manquent pas, les tam-tams africains dans les ruelles sombres de Prague, ou bien Aleister Crowley pape du satanisme ondulant des hanches durant la danse du serpent ! Et je ne vous parle pas du rôle du violon masturbateur de Salvador Dali.

Qui sont exactement les shandys ? Au fil des pages, l’écrivain nous révèle les signes qui les caractérisent : une sexualité extrême « copuler par pur plaisir, et ne jamais penser à la descendance et autres fadaises »,  le refus du suicide sauf dans l’écriture, ne pas se prendre au sérieux et mépriser tout ce qui est réputé important, un goût certain pour la littérature brève, l’instinct de collection et le fait qu’ils soient habités par un double qu’ils nomment « odradek ».

Désopilant petit bijou absurde, mise en abîme, un roman court donc très shandy que je vous conseille vivement afin de découvrir ces « sages d’un nouveau genre, au langage cryptique, loufoque et volubile ».

 

« Jeune homme pauvre et médiocre, 21 ans, mains propres, épouserait femme 24 cylindres, érotomane ou parlant annamite, de préférence répondant au nom de O’Keefe. S’adresser à Jacques Rigaut, 73, bd du Montparnasse, Paris. Sans domicile fixe à New York. »

 

 

 

Vila Matas.jpgEnrique Vila-Matas  Abrégé d’histoire de la littérature portative  Christian Bourgois collection Titres

 

 

 

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27/11/2012 | Lien permanent

Jean-Pierre Chabrol : Les mille et une veillées

Chabrol Livre.jpgJean-Pierre Chabrol (1925-2001) est écrivain et scénariste. Tous ceux qui ont eu l’occasion de l’écouter parler, à la radio ou à la télévision, gardent le souvenir d’une grosse voix rocailleuse à l’accent cévenole. Une voix de conteur, de raconteur d’histoires. Ce sont justement ces histoires que l’écrivain a compilé dans Les mille et une veillées, son bouquin paru en 1997.

Installons-nous autour de la cheminée dans laquelle brûlent une bûche ou deux, le conteur bourre sa pipe et se racle la gorge tandis que le chat de la maison se réfugie sur les genoux de sa maîtresse, dehors le vent d’hiver se rue sur les volets. La veillée va commencer. 

Dans une courte introduction, Chabrol nous rappelle ce qu’étaient les veillées autrefois, leur rôle dans la vie des habitants des petits villages à une époque où même la télévision n’existait pas. Ensuite, dans plus d’une trentaine de nouvelles, il nous fait découvrir ou redécouvrir c’est selon, ce qu’était l’existence quotidienne dans nos campagnes, qu’il s’agisse de paysans, d’artisans, de prêtres, de soldats de la Grande Guerre revenus de l’horreur. Quelques textes atypiques aussi, comme celui sur des truands réunis autour d’un cassoulet dans un boui-boui, ou bien des histoires relevant du surnaturel à moins que ce ne soit du rêve. Histoires vraies et vécues, histoires inventées de toute pièce, difficile de faire le tri mais pourquoi le faire, d’ailleurs ? L’important étant le plaisir qu’on prend à les lire.

En quelques pages, le conteur dresse un décor, plante des acteurs et nous raconte une histoire extraordinaire. Par son talent narratif Jean-Pierre Chabrol réussit à nous faire croire que nous connaissons les lieux, voire les personnages ou leurs semblables ; nous l’écoutons, les yeux grands ouverts (sic !), nous conter les tribulations des uns et des autres et nous nous intéressons à leurs mésaventures comme s’ils étaient nos voisins ou compères de bistrot. Ces petites gens, ces minuscules tranches de vie, touchent notre inconscient collectif et nous placent en terrain familier.  

Des histoires bien torchées dont toutes ont en commun, une chute magistrale. Le livre idéal pour décembre et les mois qui s’annoncent, « car c’est au cœur de l’hiver que la veillée prends son poids » nous prévient le conteur.   

 

« Victorine avait été infirmière pendantla Grande Guerre, elle savait faire les piqûres, c’est dire les services qu’elle rendait continuellement et gratuitement, avec le sourire. – C’était un plaisir de se déculotter devant elle… dit avec un grognement satisfait Lamec-le-Gras. Les mots de Méchin traînent son épaisse salive comme les escargots leur bave ; il chuinte : - Une fois qu’on a baissé sa culotte, quand l’infirmière est de bonne volonté… Le cœur des femmes faisait : « Tsss… tsss… tsss… », ce qui prolongeait parfaitement l’immense crissement des grillons par milliers de cette nuit étoilée… »

 

 

Chabrol.jpgJean-Pierre Chabrol  Les mille et une veillées  Pocket

 

 

 

 

 

 

 

Une archive de l’INA consacrée à Jean-Pierre Chabrol – Les conteurs diffusée en 1964 à la télévision

 

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09/12/2012 | Lien permanent

Philippe Djian : Ma joie, ma douleur

Billet psychanalytique, chronique douloureuse d’une déception jamais digérée, critique de défoulement, il y a de tout cela dans les lignes qui vont suivre. J’en avais gros sur la patate depuis tellement longtemps, il fallait que cela sorte, que je gueule ma rage et ma douleur à lire les inepties de Philippe Djian.

J’ai découvert Djian en 1984 avec son second roman Zone érogène, le premier (Bleu comme l’enfer) étant lui complètement passé inaperçu de tous l’année précédente. Mais tout a réellement débuté avec 37°2 le matin qui a cartonné, poussé au cul par l’adaptation cinématographique de Jean-Jacques Beineix en 1986 avec Béatrice Dalle et Jean-Hughes Anglade. La horde des fans dévots était en marche. C’est aussi là que c’est créé un malentendu dommageable.

Philippe Djian avec Antoine de Caunes ou Stephan Eicher, à moins que ce ne soit dans Rock’n Folk ; l’écrivain avec son blouson en cuir, ses goûts musicaux marqués rock, ses premiers livres comme un vent frais dans la littérature française et un vague parfum d’américanisme, me renvoyant à mon adolescence déjà envolée, il n’en fallait pas plus pour que je me fasse une opinion plus que favorable du bonhomme. Je me suis imaginé je ne sais quoi ? Que Philippe Djian nous pondrait chaque année un bouquin bien français mais où je retrouverais des sensations ou des images du niveau de celles que m’évoquaient tous ces bouquins provenant d’outre-Atlantique. Quelle erreur !

L’écrivain a une ambition affirmée depuis longtemps, travailler sur le style. Exclusivement. « Si vous voulez des histoires, lisez les journaux », je le cite de mémoire. A partir de ce postulat, deux clans se sont formés, obligatoirement.

Le premier se range derrière notre Philou et l’encourage. Je reconnais comprendre - en partie – l’idée motrice de Djian, travailler son écriture, son style, c’est tout à son honneur et ça ne manque pas de grandeur. Si j’étais écrivain, certainement que j’y trouverais un plaisir plus grand que d’inventer des histoires qui sont à la portée de tout le monde, pour ainsi dire. Manier la langue pour lui donner une musique, trouver le mot juste, malaxer le texte, tout écrivain véritable en passe par là ou n’est pas ! Qu’on aime ou pas ce style, là n’est pas la question. Philippe Djian possède un style.

Le second clan, dont je fais partie, ne peut pas se contenter de ce seul aspect du travail d’un romancier quelque qu’il soit. Pour deux raisons majeures. D’abord parce que le plaisir de la lecture n’est pas de même nature que celui de l’écriture. Un vrai bon livre, c’est la conjonction d’une belle écriture (là où l’auteur peut se régaler à pratiquer son art) et d’une histoire qui tient la route (là où le lecteur prend plaisir à être embarqué). N’importe quelle histoire peut faire l’affaire – nul besoin d’une imagination débordante – il « suffit » de savoir la traiter. Seconde raison, triviale certes, mais très réelle. Un livre est aussi un objet commercial, il est vendu dans des magasins à des gens qui doivent débourser leur argent et quoiqu’en pense les puristes ( ?) ou les écrivains ( ?), cet argument est loin d’être neutre. Quand j’achète un bouquin, je suis désolé de le dire ainsi, mais j’en veux pour mon pognon ! Avec « Filou » Djian je me sens arnaqué. J’ai le style coco mais je n’ai pas l’histoire.

Certains vont me dire, où est le problème, il suffit d’arrêter de le lire. Si c’était aussi simple, je n’aurais pas appelé ce billet « ma joie, ma douleur ». Ma douleur est d’avoir trop porté au pinacle ce type. J’ai lu tous ses romans et si j’ai commencé à tiquer dans les années 2000 avec les Doggy Bag, dont je n’ai lu que les deux premiers tomes car ça me tombait des mains, je suis incapable de m’interdire de le lire. Son dernier bouquin est mauvais mais je sais déjà que je lirai le prochain ainsi que celui d’après, etc. Un truc de fou qui me fait enrager mais contre lequel je ne peux lutter. Love & Hate.

Monsieur Philippe Djian, s’il vous plait, vous qui savez ce que le style veut dire et vous en tirez plutôt bien de ce côté-là, pourriez-vous faire un tout petit effort pour que vos histoires tiennent mieux debout, qu’elles soient un peu plus consistantes ? Puisque les histoires seraient du niveau des faits divers des journaux, selon vos dires, le Grand Ecrivain devrait être capable d’en pondre une bonne de temps en temps, non ? Est-ce trop demander ?

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John Burnside : Le Bruit du dégel

john burnsideJohn Burnside est né en 1955 à Dunfermline, en Ecosse, où il vit actuellement. Il a étudié au collège des Arts et Technologies de Cambridge. Membre honoraire de l’Université de Dundee, il enseigne aujourd’hui la littérature à l’université de Saint Andrews. Poète reconnu, il est aussi l’auteur de romans et de nouvelles. Le Bruit du dégel date de 2018.

Scarsville, Etats-Unis, en 1999. Kate, la narratrice, étudiante déprimée depuis le décès récent de son père, vit en colocation avec Laurits, cinéaste anthropologue réalisant des films avant-gardistes. Leur relation sentimentale est floue, l’alcool et la drogue sont de la partie. Pour les besoins de son « petit ami », Kate fait des enquêtes dans la banlieue pavillonnaire, chargée de recueillir oralement les histoires que voudront bien lui confier les gens. Quand elle rencontre Jean Culver, une vieille femme qui coupe son bois, sa vie prend un cours nouveau : Jean propose à Kate un marché, elle cesse de boire et elle, en échange lui racontera des histoires.

Pour que les choses soient bien claires, ce roman est absolument magnifique. Mais, car il y a souvent un mais, si comme moi vous connaissez cet écrivain (voir mes autres chroniques de ses livres), vous pourriez être dérouté car ici – même s’il y règne une sensation de flou – il est beaucoup moins mystérieux que d’autres romans, sans aucune allusion au paranormal ou fantastique ; ce premier point écarté, il a un vrai défaut à mes yeux, j’ai été très long (vraiment très long !) à entrer dans l’histoire, hésitant même à l’abandonner. Et puis le voile s’est éclairci, la sublime littérature de John Burnside a fait le reste et je suis tombé sous le charme, pris par les émotions. Charme d’autant plus intense qu’il fut long à se dessiner.

Quand Jean se proposera pour raconter des histoires, en fait elle va raconter sa vie, incluant les membres de son entourage, chacun incarnant d’une certaine manière, un pan de l’histoire moderne des Etats-Unis. Il y a Jérémy, son frère aîné, il a vu leur père avocat abattu en pleine rue quand ils étaient enfants, puis il a fait la guerre en Europe contre le nazisme avant de s’interroger sur la nécessité d’Hiroshima, les horreurs il les a côtoyées. Marié, il a eu deux enfants, Jennifer, très tôt politisées dans les mouvements contestataires et radicaux des années 60’, les attentats et finalement la clandestinité éternelle pour échapper au FBI ; un fils, Simon, déserteur du Vietnam, lui a vécu les massacres traumatisants de civils. Et puis, il y a le grand amour de Jean, lesbienne, elle s’est entichée de Lee, soldé par un drame dont elle porte encore aujourd’hui le fardeau.

Entre Jean et Kate, une relation de tendre amitié s’instaure au fil de leurs rendez-vous dans un sympathique café du coin, devant une tasse de thé et un gâteau fait maison. L’une, l’autre, vont s’aider sciemment ou pas, à vaincre leurs démons et quand la vieille femme verra venir sa dernière heure, son sac de souvenirs tragiques vidé, elle partira délivrée. Kate, de son côté, s’éveillera à la vie pour un nouveau départ.

Je le répète, c’est absolument magnifique. Le texte est dense, l’écriture somptueuse, jouant sur les climats et les sensations, les explications de faits qui ne viennent qu’à postériori. Tous les personnages cités sont émouvants que ce soit par leurs combats ou leurs amours. Les références cinématographiques pointues abondent, littéraires aussi. De petites histoires pour conter la grande Histoire… Le roman de l’écrivain le plus proche de la réalité, alors que – paradoxe – tout du long, les acteurs s’interrogent sur le sens des histoires ou le rôle de l’Histoire.

Un livre mais surtout un écrivain à lire absolument.

 

« Si vraiment elle cherchait à me guérir, je ne comprenais pas pourquoi. Qui étais-je à ses yeux ? Qui étais-je aux yeux de qui que ce soit ? A moins que l’explication se trouve justement là ? Je n’étais personne, donc le choix idéal. Jean Culver pouvait raconter ses histoires sans avoir l’impression de parler toute seule. D’un autre côté, même si je sais aujourd’hui que j’étais dans l’erreur, ou en tout cas pas entièrement dans le vrai, je crus bel et bien, à l’époque, qu’elle s’était mis en tête de me guérir parce qu’il fallait qu’elle m’offre quelque chose en échange de mon écoute. »

 

john burnsideJohn Burnside  Le Bruit du dégel  Editions Métailié – 360 pages –

Traduit de l’anglais (Ecosse) par Catherine Richard-Mas

 

 

 

 

« Jean était toujours à demi perdue dans ses rêves quand la chanson suivante commença, Maybe You’ll Be There s’enchainant directement sur un autre classique des années 1950, la même profusion d’instruments à cordes répondant à la voix – Kay Starr là encore, à en croire le timbre -, et cette fois je connaissais le morceau mais pendant un instant je me demandai où je l’avais entendu. »

 

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Alain Jaubert : Une nuit à Pompéi

Jaubert Livre 26325157_6095184.jpgAlain Jaubert est écrivain et journaliste après avoir été marin et enseignant. Journaliste scientifique au Nouvel Observateur, critique de musique classique à Libération, producteur et réalisateur de télévision, producteur du magazine Les Arts - France 3 et Océaniques de 1990 à 1993 et auteur-réalisateur de la fameuse, car excellente, série « Palettes » depuis 1988. Une nuit à Pompéi paru en 2008 est son second roman.

Alain, le narrateur, est en Italie au bord du Vésuve contemplant le paysage qui s’étale sous ses yeux quand une image s’impose à son esprit, celle d’une statue l’Aphrodite callipyge. « Je vais essayer de vous raconter une histoire. Une histoire brève et simple » déclare-t-il avant de nous emmener à sa suite, à Naples et Pompéi qu’il connaît parfaitement pour y être venu à de nombreuses reprises depuis son plus jeune âge. D’ailleurs le récit est entrecoupé de retours en arrière nous détaillant ses séjours antérieurs. Cet Alain est certainement un alias même pas caché de l’auteur.

Cette histoire brève et simple donc, c’est une histoire d’amours. Amour pour un pays et une ville remplie d’Histoire, parsemée d’œuvres d’art et riche en mythologies. Jaubert est très calé sur la question, les mythologies grecques et romaines n’ont aucun secret pour lui, la vie des Romains lui est familière, les arts peints ou sculptés sont sa vie et tout le livre est truffé de ses connaissances érudites qu’il nous distille au fur et à mesure que nous le suivons dans Naples, dans Pompéi ou ses alentours.

Mais ses amours s’entendent aussi dans un sens plus évident, Alain aime les femmes. Par hasard, à l’occasion d’une réception officielle, il va tomber sur une ancienne maîtresse, Marina, actrice de cinéma, qu’il a connue quelques heures il y a de longues années déjà. Une rencontre courte mais torride qui leur a laissé des souvenirs impérissables puisque à peine retrouvés ils ne pensent qu’à remettre le couvert. Parallèlement, il est subjugué par la beauté d’une très jeune femme Anna Maria, guide pour touristes dans les ruines de Pompéi pour payer ses études, qui ne restera pas de marbre devant le fringant sexagénaire.

A partir de là, la température va commencer à monter comme la lave dans le Vésuve, la bête et les deux belles vont se lancer dans une escapade nocturne à l’intérieur de la Pompéi antique et ce n’est pas la nuit tombée qui va éteindre le feu ardent qui consume notre trio, au contraire. L’évocation de la vie sexuelle des Romains à cette époque n’est plus qu’une théorie que nos trois excités vont mettre en pratique sans en perdre une goutte car ils savent que plaisir et amour ne riment pas avec toujours.

Globalement, j’avoue ne pas avoir été passionné par le roman – le récit en lui-même n’a que peu d’intérêt – mais ce n’est pas le propos principal de l’auteur ; par contre l’étalage de sa culture, ce n’est pas péjoratif car il est très bien fait, m’a donné la sensation d’être plus cultivé en sortant de cette lecture. La conception du livre, une histoire d’aujourd’hui en fil rouge, entrecoupée par des chapitres dégageant une sensualité ou un érotisme certain, m’a rappelé des récits comme Le Décameron de Boccace ou les Mille et Une Nuits. Un roman moite qui tente de faire revivre un certain art de vivre Romain, « Que celui qui aime se porte bien, que celui qui ne sait pas aimer périsse, et que périsse aussi celui qui empêche d’aimer » comme le proclame un graffiti antique retrouvé sur un mur de la cité enfouie sous les cendres.     

  

« Reprenons. Ponticus, c’est le type auquel s’adresse Martial. « Parce que tu ne baises jamais mais que ta main gauche est ta concubine / Et que la main amie se met au service de Vénus / Tu crois qu’il n’y a pas de mal à ça ? ». C’est une bonne description de la masturbation. Caparle d’un homme mais c’est valable pour les deux sexes. La main amie, amica manus, la main gauche pour les Romains, c’était celle qui devait servir à cette opération. La masturbation n’était pas bien vue. D’ailleurs, Martial ajoute : Scelus est, mihi credes… « C’est un crime, crois moi… » Mais lui, Martial, il n’y croit qu’à demi. Il devait faire comme tous les garçons… »

 

 

Jaubert.jpgAlain Jaubert  Une nuit à Pompéi  Folio

 

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14/10/2012 | Lien permanent

Iain Levison : Pour services rendus

Iain Levinson Iain Levison, né en 1963 à Aberdeen en Ecosse, est un écrivain américain. Après le départ de son père pour les Etats-Unis, il a vécu avec sa mère célibataire dans un quartier pauvre de la ville. En 1971 la famille se réconcilie et s'installe à Merion, une banlieue aisée de Philadelphie. Il vit actuellement à Taiyuan en Chine où il enseigne. Son dernier roman, Pour services rendus, est sorti en début d’année.

En 1969, ils étaient au Vietnam, Mike Fremantle, en tant que sergent aguerri, à la tête d’une section de combat, et Billy Drake, jeune recrue naïve. Presque cinquante ans plus tard, en 2016, les deux hommes vont se retrouver. Fremantle, proche de la retraite, dirige le commissariat d’une petite ville du Michigan, et le soldat malhabile est devenu un sénateur en campagne pour sa réélection, à l’autre bout du pays, au Nouveau Mexique. Ce dernier a raconté ses faits d’armes au Vietnam pour s’attirer un électorat de vétérans, et il recourt à son ancien chef pour les valider. Ce ne sera qu’une petite formalité, une interview télévisée amicale, dans laquelle Fremantle ne devra pas vraiment mentir, non, il devra juste omettre de dire toute la vérité…

Sans atteindre des sommets, nous voilà en présence d’un bien sympathique roman très agréable à lire de surcroit. Sans s’éterniser, le bouquin est assez court, Iain Levison aborde d’intéressants sujets, le thème principal tournant autour de la vérité et de son corollaire, le mensonge. Si pour certains, mensonge et vérité se distinguent aisément, la réalité sait être plus complexe, « Les faits ne sont pas l’histoire, dit-il après un bref silence. Vous pouvez connaître tous les faits et vous tromper sur l’histoire », et d’enchainer avec un exemple troublant où sont comparés Martin Luther King et Adolphe Hitler ! Quant à Fremantle, lui qui a horreur qu’on lui mente et qui s’y connait en la matière, en tant que shérif, le tout petit mensonge initial devant rendre service à Drake va le ramener dans le bourbier vietnamien – attisé par les médias et l’adversaire politique du sénateur – et offenser sa morale.

Et là, l’écrivain en profite pour égratigner les mœurs des politiques en campagne électorale (ce qui nous parle bien !) qui s’ajoutent au pouvoir des puissants (Un petit mensonge de Fremantle contre l’assurance de voir sa fille entrer à l’Ecole de médecine). Ajoutons à ces piques lancées par l’auteur, des pages sur le Vietnam venant noircir un tableau déjà bien chargé.

Le roman est bien torché, le portrait psychologique des acteurs bien campé et le ton désabusé, sans éclats de voix, en rend la lecture très agréable. Cerise sur le gâteau, on appréciera le coup de théâtre final qui en quelques lignes à peine, éclaire définitivement le titre de l’ouvrage.   

 

« Mais Billy est une figure publique depuis longtemps maintenant, et il sait comment les gens pensent. Ils pensent qu’ils veulent que vous leur parliez de la guerre, mais en fait c’est faux. Ce qu’ils veulent, c’est que vous confirmiez leur propre opinion sur ce qu’ils croient être la guerre. Si ce sont des jeunes, ils veulent entendre d’horribles histoires de tireurs embusqués abattus. Si ce sont des femmes, une histoire touchante de loyauté et d’amitié. Si ce sont des pacifistes, une histoire choquante sur l’absurdité de tout ça. Et si ce sont des va-t-en-guerre ils veulent la même histoire, présentée de façon à montrer qu’en fin de compte ça en valait la peine. »

 

 

Iain Levinson Iain Levison   Pour services rendus   Editions Liana Levi – 220 pages –

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Franchita Gonzalez Battle

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