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Julian Barnes : Une fille, qui danse

julian barnesL’écrivain anglais Julian Barnes est né à Leicester en 1946. Après des études de langues et de littérature à l'Université d'Oxford, il travaille comme linguiste pour l'Oxford English Dictionary. Il entreprend une carrière de journaliste avant d’entamer une carrière d’écrivain. Il écrit aussi des romans policiers sous le pseudonyme de « Dan Kavanagh ». Julian Barnes est le seul écrivain étranger à avoir été primé à la fois par le Médicis (en 1986 pour Le Perroquet de Flaubert) et le Femina (en 1992 pour Love, etc.). Une fille, qui danse est paru en 2013.

Tony, la soixantaine, a pris sa retraite. Il a connu une existence assez terne à l’image de son mariage. Jeune homme, il a beaucoup fréquenté Veronica, mais ils se sont éloignés l’un de l’autre. Apprenant un peu plus tard qu’elle sortait avec Adrian, le plus brillant de ses anciens camarades de fac, la colère et la déception lui ont fait écrire une lettre épouvantable aux deux amoureux. Peu après, il apprendra le suicide d’Adrian. Pourquoi Adrian s’est-il tué ? Quarante ans plus tard, le passé va ressurgir, imprévu, par le biais d’un courrier provenant d’un notaire, un testament aux motivations difficile à comprendre.

Roman en deux parties, celle de la jeunesse et de l’apprentissage de la vie, présentant les personnages du roman, enfin la seconde, alors que notre héros devenu retraité vit séparé de sa femme, entretient des rapports distants avec sa fille et va se retrouver plongé dans son passé quand un notaire lui annonce qu’il hérite d’une petite somme d’argent et du journal intime d’Adrian.

Julian Barnes nous fait partager ses interrogations sur le rôle de la mémoire dans nos vies, ses paradoxes comme sa complexité, « Combien de fois racontons-nous notre propre histoire ? Combien de fois ajustons-nous, embellissons-nous, coupons-nous en douce ici ou là ? » A la faveur de faits nouveaux qui se dévoileront petit à petit, Tony se voit contraint à l’introspection et découvrir une part de lui-même qu’il croyait enfouie à jamais. L’écrivain, à l’écriture délicieuse faite d’un humour discret, ne manque pas aussi de peindre les traits de caractères de l’adolescence et l’apprentissage du sexe dans les années 60 qui nous valent d’amusants passages – convenus – mais toujours très bien racontés par les écrivains britanniques.

L’auteur ajoute à son ouvrage, pour notre réflexion, quelques paradoxes sur l’Histoire, « l’histoire qui se déroule sous notre nez devrait être la plus nette, et pourtant c’est la plus trouble » et aborde le thème de la responsabilité, « Commencez par vous dire que vous êtes le seul responsable, dès lors qu’il n’y a pas de preuve flagrante du contraire. » Comme l’écrivain n’est pas le premier venu, il incorpore dans la construction de son roman une dose de suspense, au fur et à mesure de la lecture on pressent un coup de théâtre final, et nous ne sommes pas déçus !

 

« Si je peux me permettre une brève leçon d’histoire : la plupart des gens n’ont pas fait l’expérience des Sixties avant les années soixante-dix. Ce qui signifie, logiquement, que la plupart des gens vivant dans les années soixante faisaient encore l’expérience des années cinquante – ou, du moins, de bribes de ces deux décennies côte à côte. Ce qui embrouillait pas mal les choses. »

 

 

julian barnesJulian Barnes  Une fille, qui danse  Folio – 212 pages –

Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin

 

 

 

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Douglas Kennedy : La femme du Vème

Kennedy Livre 11589436_9836352.jpgToute la presse a parlé du nouveau roman de Douglas Kennedy et tous en ont dit le plus grand bien. Devant une telle unanimité et à la lecture de certains articles j’ai vraiment eu envie de lire ce livre, pourtant après avoir achevé la dernière page et rangé le bouquin sur étagère de ma bibliothèque, je dois avouer que je suis très déçu. L’écriture n’offre pas de satisfactions particulières, le style est assez quelconque (problème de traduction ?) et l’histoire passe du thriller banal au fantastique, ce qui permet à peu de frais tous les rebondissements de scénario. Le roman se termine sur sorte de pacte faustien assez faible à mon goût. J’imagine qu’on en fera un film insipide issu du moule commun à tout ce qui sort sur les écrans depuis quelques années. La seule interrogation après avoir bouclé ce polar, pourquoi une telle unanimité positive pour ce roman ? La preuve évidente et trop voyante cette fois que les critiques littéraires sont à la solde des attachées de presse des éditeurs ?

 

Kennedy images.jpgDouglas Kennedy : La femme du Vème     chez Belfond  

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14/10/2012 | Lien permanent

Philippe Djian : « OH… »

Djian OH 48792436_10473617.jpgPhilippe Djian est un romancier français né le 3 juin 1949 à Paris. Il est parfois présenté comme un héritier de la Beat Generation en France. Il est notamment l'auteur de 37°2 le matin qui lui apporta la popularité mais depuis son style et son inspiration ont beaucoup évolué.

Comme toujours dans les romans de Djian, ses héros vivent des histoires compliquées au possible, enchevêtrées, difficilement crédibles si on les examine dans le détail, mais l’auteur s’en fiche car il le répète à chaque interview, l’histoire n’a aucune importance, si on veut lire des histoires il suffit d’ouvrir le journal.

C’est à nouveau le cas avec ce nouveau roman. Michèle vient de se faire violer chez elle par un inconnu mais elle le garde pour elle et ne porte pas plainte. Elle vit séparée de Richard son mari depuis trois ans et leur fils Vincent vient de se mettre en ménage avec Josie, enceinte d’un dealer en prison. Sa mère Irène, soixante-quinze ans, va se fiancer avec un jeune gigolo et son père est en prison depuis trente ans après avoir massacré des enfants dans un club Mickey ! Michèle a une liaison avec Robert, le mari d’Anna sa meilleure amie avec laquelle elle a monté une boîte de production de films. Richard lui, se console dans les bras d’Hélène une standardiste qui pourrait être sa fille. Et puis il y a Patrick, un voisin de Michèle, bien entreprenant. Le roman se déroule durant la période de Noël. Voici en gros, les personnages du roman et leur situation.

Le bouquin se présente sous la forme d’un texte tout d’un bloc, sans chapitres, et Philippe Djian s’est glissé dans la peau de Michèle pour l’écrire à la première personne du singulier. Ce qui n’apporte rien de particulier, ni en bien ni mal, mais je ne vois pas une vraie femme écrire ce roman comme l’a fait l’auteur. Je pense en particulier à tout ce qui a trait au viol qui me semble relever des fantasmes masculins sur le sujet.

Ce qui frappe à la lecture, c’est la manière dont l’auteur révèle les évènements. Très lentement, par allusions puis au détour d’une phrase par l’énonciation du fait. Le viol et les crimes du père par exemple, ne sont clairement indiqués aux lecteurs qu’après de longues pages et par petites touches successives.

J’ai aussi été exaspéré par l’attitude des personnages, leurs réactions face aux évènements qui les touchent et qui ne peuvent que faire envenimer les choses, « Mais comment fais-tu pour te mettre dans de telles situations ? me demande-t-elle. Je suis sidérée ». Quant au personnage de Michèle, pauvre victime des premières pages du roman j’ai eu du mal à la suivre dans son évolution psychologique et sexuelle après qu’elle se retrouve à nouveau face à son violeur (ce que je vous laisse découvrir), mais je sais aussi que tout est possible, il suffit de lire les journaux comme dit Djian. En fait dans ce roman, peu de personnages sont sympathiques (aucuns ?). Tous se collettent avec la vie et font avec, chacun utilisant ses armes pour s’en sortir de son mieux mais jamais sans casse. Ce qui abonderait dans mon sens de voir la vie, à savoir qu’on n’a que ce qu’on mérite. 

Alors pour conclure, paradoxalement après tout ce que je viens d’écrire, je pense que c’est l’un des meilleurs romans de l’auteur depuis bien longtemps. Même si l’histoire est outrée, mais elle n’est qu’un concentré de possibilités, et que Djian n’y attache pas d’importance, elle tient mieux la route que ses dernières productions. Mais ce qui est l’atout majeur du livre, c’est le style et l’écriture. Une écriture légère presque aérienne – surtout au vu du sujet – de laquelle se dégage un sentiment d’apaisement puissant. Quand le fond m’agaçait profondément, la forme me calmait aussi fortement. Un roman salé/sucré. Un (très) bon roman de Philippe Djian. Enfin.  

 

« Non, je ne sais pas ce que je cherche au juste. Il fait froid, les jours ont raccourci. Je ne lis pas de bons scénarios. J’ai été violée. Je ne parle pas de mes relations avec mon mari et mon fils, je n’évoque même pas mes parents. Le pire est qu’il va falloir penser aux cadeaux. »

 

DJIAN philippe_djian.jpgPhilippe Djian  « OH… »  Gallimard

 

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08/10/2012 | Lien permanent

Rachel Joyce : La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi…

Joyce Livre 3229152359.jpgRachel Joyce qui vit en Angleterre a été durant plus de vingt ans scénariste et comédienne avant d’écrire ce premier roman qui vient de paraître. Je ne sais pas si La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi… est le titre de roman le plus long de l’histoire de la littérature mais en tout cas il y entre par la grande porte, celle du talent.

Harold Fry reçoit une lettre bouleversante de Queenie Hennessy, une ancienne collègue de bureau, lui apprenant qu’elle est en phase terminale d’un cancer. Pendant que sa femme vaque au ménage, Harold écrit aussitôt un petit mot de réconfort et sort pour poster son courrier. Il ne reviendra pas chez lui, poussé par un élan irrésistible autant qu’irréfléchi, il part à pied rejoindre Queenie, du Sud de l’Angleterre àla frontière Ecossaise, 87 jours de marche pour 1000 kilomètres de distance, persuadé qu’elle aura la force de rester en vie jusqu’à son arrivée.

Pourtant Harold est loin d’être un aventurier, âgé de 65 ans et à la retraite aujourd’hui, il était casanier, menant une vie insipide. Un employé effacé voire inexistant. Sa vie de couple avec Maureen n’est plus qu’une histoire ancienne, après 47 ans de mariage ils ne se parlent plus et leur fils David ne vient plus les voir. Comment un personnage aussi falot peut-il se lancer dans une telle entreprise aussi contradictoire avec son caractère et la manière dont il a toujours vécu, c’est ce que Rachel Joyce réussit à nous faire comprendre et accepter.

Ce long voyage sera une catharsis non seulement pour Harold mais aussi pour Maureen. La marche est un exercice physique qui tend à libérer l’esprit et Harold va en faire l’expérience. Les souvenirs vont remonter des zones sombres de son esprit où ils étaient enfouis et oubliés. Chaque page va nous révéler un petit bout de la vie du modeste héros, chaque chapitre nous en dit un peu plus sur un passé qui s’avère plus troublant au fil de la lecture.

De son côté Maureen, abasourdie par la décision d’Harold et se retrouvant seule à la maison, prend conscience de ce qu’était devenue leur vie et elle aussi, à coup de souvenirs et de remords va tenter de recoller les morceaux du puzzle d’une vie où ils vécurent heureux jadis. Un couple en lambeaux, deux êtres qui n’ont même plus les mots pour se comprendre.

Tout est absolument remarquable dans cet ouvrage, chaque page est un plaisir de lecture car Harold durant son pèlerinage expiatoire va rencontrer des gens qui tous ont une histoire ordinaire mais émouvante ou bien un geste amical pour ce pauvre vieux vagabond. La construction du roman est magnifiquement aboutie, au fur et à mesure que l’on avance aux côtés d’Harold, parfois les larmes aux yeux, c’est son passé qu’on voit se reconstruire et l’épilogue nous livre la fresque dans sa totalité pour révéler la vérité totale sur Harold et Maureen et Queenie. 

Je pense que vous avez compris qu’il s’agit d’un superbe roman fait de gens ordinaires, d’amour et de mort, une leçon de vie magistrale qui fera un merveilleux film dans la veine de celui de David Lynch, Une Histoire vraie (1999) où un vieil homme de 73 ans en mauvaise santé se lançait dans une expédition sur sa tondeuse autoportée pour retrouver son frère qui venait d’avoir eu une attaque.

   

« - Pour quelle raison Queenie a-t-elle disparu ? – Je l’ignore. Des bruits ont couru. Mais c’était une période difficile pour Harold et moi. Il ne m’a jamais rien dit et je n’ai rien demandé. Nous sommes ainsi, Rex. Aujourd’hui, tout le monde déballe ses secrets les plus intimes. Quand je lis les magazines people chez le médecin, j’en ai le vertige. Mais pour nous, c’était différent. Une fois, nous nous sommes dit beaucoup de choses. Des choses que nous n’aurions pas dû dire. Au sujet de la disparition de Queenie, je n’avais pas envie de savoir. »

 

Joyce 1993711839.jpgRachel Joyce  La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi…  Editions XO

 

 

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08/10/2012 | Lien permanent

Arnaldur Indridason : Etranges rivages

arnaldur indridasonArnaldur Indridason, né en 1961 à Reykjavík et fils de l'écrivain Indrid G. Þorsteinsson, est un écrivain islandais. Après un diplôme en histoire à l’université d'Islande, il exerce les métiers de journaliste, scénariste puis critique de films. Entré en littérature en 1997, une bonne part de ses romans policiers a donné plusieurs best-sellers. Etranges rivages est paru en 2013.

Erlendur, enquêteur et héros récurrent de l’écrivain, est en vacances. Il campe de manière spartiate dans ce qui reste de la maison où il vécu enfant, dans la région sauvage des fjords de l’Est. Si la nature est belle, elle sait aussi être rude et tragique. Erlendur ne le sait que trop bien puisque c’est sur cette lande d’Islande que son jeune frère a disparu pour toujours quand enfants tous les deux, ils ont été pris dans une tempête de neige. Région sinistre encore puisque dans les années quarante, un groupe de soldats anglais s’est perdu dans ces montagnes pendant une tempête faisant de nombreux morts et que cette même nuit, une jeune femme a disparu dans ce  même secteur et n’a jamais été retrouvée. Cette histoire excite la curiosité d’Erlendur, qui va fouiller le passé pour trouver coûte que coûte ce qui est arrivé à Matthildur.

De cette époque ancienne il ne reste que peu de survivants, Jakob l’époux de Matthildur est décédé, Ezra l’ami proche du couple est très âgé, tout comme les sœurs de la disparue. Par ses questions incessantes Erlendur va s’immiscer dans la vie privée des uns et des autres, remuer des souvenirs tragiques que certains préféreraient taire à jamais et lentement notre enquêteur va flairer l’embrouille, Matthildur est-elle réellement morte durant la terrible tempête comme le prétendent tous les témoins d’alors ?

Un roman absolument magnifique et particulièrement émouvant sur le deuil, ou plus exactement comment faire son deuil quand les corps des victimes ne sont pas retrouvés. La question se pose pour Ezra mais aussi pour Erlendur, le premier pleure en vain une femme dont il ne sait exactement ce qui lui est arrivé, le second un frère dont il se pense responsable du décès. Dans une interview l’écrivain déclarait : « Mes romans traitent de disparitions, mais ils ne traitent pas principalement de la personne qui a disparu, plus de ceux qui restent après la disparition, dans un état d'abandon. Je m'intéresse à ceux qui sont confrontés à la perte. »

Arnaldur Indridason a une écriture très douce, la formule n’est pas terrible j’en conviens, mais à le lire c’est le sentiment que je ressens. Une empathie pour ses personnages, une certaine mélancolie ou une infinie tristesse dans le déroulé de l’intrigue, car si des faits horribles ont été commis, les circonstances les excusent-ils ? La justice doit-elle toujours frapper, même après tant d’années, le remords n’est-il pas une peine plus terrible encore ? Autant de questions que le lecteur se pose en refermant l’ouvrage.  

 

  « Il y avait toutefois dans l’histoire de Matthildur quelque chose qui le touchait, elle éveillait chez lui une forme d’empathie et cela lui donnait l’impression d’être lié à cette affaire. Il ne savait pas exactement de quoi il s’agissait. Sans doute la vie misérable qu’Ezra avait menée. Son existence tout entière n’était qu’un champ de ruines dont le centre était la disparition de sa bien-aimée. S’il disait vrai, il n’avait effectivement jamais obtenu le fin mot de l’histoire. Erlendur savait mieux que personne combien il était difficile de vivre dans ces conditions. »

 

 

arnaldur indridasonArnaldur Indridason  Etranges rivages   Métailié Noir  - 300 pages –

Traduit de l’islandais par Eric Boury

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Paul Ardenne : Comment je suis oiseau

Paul ArdennePaul Ardenne, né en 1956, est un critique d'art et muséologue français, spécialisé dans le domaine de l'art contemporain, de l'esthétique et de l'architecture. Né dans une famille d'agriculteurs charentais Paul Ardenne étudie les lettres, l'histoire et la philosophie avant de faire une thèse en histoire de l'art. Depuis 1990 il collabore à de nombreuses revues comme Art Press ou La Recherche photographique. Agrégé d'histoire et docteur en histoire de l'art, Paul Ardenne est l’auteur de nombreux essais et de quatre romans dont ce Comment je suis oiseau qui vient de paraître.

Enfant, Paul rêve de devenir ornithologue car il adore les oiseaux. Il les aime tellement qu’il est persuadé que sa forme humaine dissimule un moi profond et plus réel, à savoir qu’il serait lui-même un oiseau ! Dès lors il va tenter de se vivre oiseau, mais peut-on être si différent des autres dans le monde dans lequel nous vivons ?

Paul Ardenne construit son récit en s’appuyant sur un trait commun à de nombreux enfants, s’imaginer être un autre. Le petit Paul s’imagine oiseau comme ses copains se voient en général Rommel pour l’un ou en Dionysos pour un autre. Pour aérer le texte, de loin en loin, devenu adulte, il dialogue avec son ami turc Ali Kazma en contemplant les mouettes sur le Bosphore. L’écrivain est cultivé et ne manque pas de vocabulaire, les oiseaux étant au centre du bouquin nous en apprenons beaucoup sur leurs mœurs et physiologie.

J’étais entré dans ce roman par affinité commune avec son auteur, moi aussi j’aime les oiseaux, mais si je ne m’étais pas engagé à le chroniquer pour un site internet, je l’aurais abandonné vite fait. Durant une centaine de pages je me suis cramponné à ce pensum, jusqu’à la page 95 exactement, et cette prise de conscience par l’écrivain lui-même « Tout ce bla-bla pour dire quoi ? » qui m’a fait me sentir moins seul embarqué dans cette galère. Le roman semble alors décoller mais la force de l’attraction terrestre restant ce qu’elle est, le zozio ne parvient jamais à hisser son croupion dans les airs.

Certes on tombe parfois sur de jolis passages, cette bacchanale naïve d’enfants nus dans la clairière, on est ému par le récit de la mort de « Rommel », on sourit de la tentative branquignolesque d’accouplement entre le petit Paul et sa copine… Mais il y a aussi beaucoup de répétitions, on tourne souvent en rond dans le développement de l’idée de base, on s’agace de contradictions comme ce « Voler, dis-je à Ali Kazma, eh bien non. Voler ne m’a jamais attiré » (p.144) qui vient en écho dissonant à « Monsieur Gil, ai-je un jour des chances de devenir un oiseau total, un oiseau qui vole ? » (p.173).

Conclusion, je me suis ennuyé grave à la lecture de ce roman.  

 

« « Montre-moi une seule preuve que tu as quelque chose de l’oiseau et tope, je commence à te prendre au sérieux ! » Mes dents se limaient-elles, petit à petit ? S’affinaient-elles au point de se modeler sous l’espèce de deux lames affûtées sur leur bord, forme naissante de mon bec futur ? Les écailles sur mes jambes en étaient-elles au stade de la formation ? Les longues plumes qui poussent au-dessus du croupion sortaient-elles de ma chair, même sous la forme d’un plumage microscopique ? Non. Alors macache. J’étais un traître, un imposteur, un menteur. Un « pauvre type », voilà. Pis encore, je trahissais l’humanité, avait insisté Dionysos. »

 

Paul ArdennePaul Ardenne  Comment je suis oiseau  Le Passage – 285 pages -

 

 

 

 

 

 

 

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06/10/2014 | Lien permanent

Lionel-Edouard Martin : Mousseline et ses doubles

Lionel-Edouard MartinLionel-Édouard Martin est un poète et un romancier français né à Montmorillon (Poitou-Charente) en 1956. Après des études de lettres conclues par une agrégation de lettres modernes, sa carrière le mène à la diplomatie culturelle et à l’enseignement supérieur. Spécialiste de didactique du français langue étrangère, il a effectué de nombreux et longs séjours hors de France (Maroc, Allemagne, Caraïbes…), qui ont nourri son écriture. Auteur depuis 2004 de plus d’une vingtaine de textes, Mousseline et ses doubles, son neuvième roman, vient de paraître.

Michel, écrivain, rédige un roman basé sur l’histoire de sa famille dont l’héroïne est sa tante Mousseline, qui l’a élevé. Emouvante histoire familiale débutée en province, en plein terroir rural dans les années trente, laissant un père seul avec ses deux jumeaux Pierre et Mousseline après le décès de sa femme. Pierre deviendra soldat, marié et basé à Paris tandis que sa sœur restée avec le père, le seconde dans son entreprise. Quand naît Michel, au mitan des années cinquante, Mousseline « monte » à la capitale pour voir son neveu. La jeune femme va connaître les joies et les peines et sa vie va se trouver chamboulée quand elle découvrira le grand amour avec Joseph, puis les deuils la laissant seule - « et ma solitude, je voulais en faire quelque chose » -  avec Michel dont elle se chargera de l’éducation.  

Le roman n’est pas très long, sorte de mini-saga traversant des pans de l’histoire de notre pays brièvement évoquée mais créant des repères historiques comme la Seconde guerre mondiale ou la guerre d’Algérie. Evocation – en touches légères - de la ruralité de l’ancien siècle et du Paris des années cinquante et soixante où j’aurais pu croiser Mousseline…

Le bouquin est bien écrit, même si parfois – selon les situations - il l’est peut-être un peu trop quand l’auteur adopte une langue datée pour coller au plus près de ses personnages. Le style se fait alors ostensiblement appuyé, comme si l’on lisait un roman du début du vingtième siècle, ce qui n’est pas désagréable pour un lecteur de mon âge, mais… Ce qui saute aux yeux en tout cas, c’est que Lionel-Edouard Martin aime les mots et l’écriture, ici pas de gros mots, mais des jeux de mots à écho psychanalytique (mer/mère) et des mots rares de-ci, de-delà. Le ton alterne aussi, selon que nous sommes dans les années trente, à la campagne avec le père des jumeaux, ou bien avec Michel échangeant avec sa tante sur ce qu’il écrit, ce qui nous vaut une mise en abyme toujours plaisante, entre Michel l’écrivain de fiction et Martin l’écrivain tout court.

Et puis il y a cette Mousseline, au destin pas ordinaire et que la vie n’a pas épargnée mais qui toujours saura faire face, petite jeune femme semblant timorée et effacée dans sa province mais qui, une fois installée à Paris, sans cesse réussira à conduire sa barque, contre vents et marées. Tous les acteurs de cette tranche de vie sont des gens ordinaires et gentils (trop ?), ce qui déteint sur l’ensemble du roman et place le lecteur dans une sorte de confort douillet – une parenthèse heureuse dans la littérature moderne.

 

« C’est une chose étrange que de parler de soi à la troisième personne – de se muer en personnage : mitose, on se détache de soi-même, on s’incarne en un double, on le regarde, nourri de nos mots, mener une existence autonome. Je suis dans mon état civil ce Michel, fils de Pierre et d’Anne, et dès que j’entre dans cette histoire, je me divise en quelqu’un d’autre. De ma tante, de mon père et de ma mère, de mon grand-père, le vieux Paul, il en va de même : tous je les extrais de leur être véritable pour en faire ces hommes et ces femmes vaguant sur mes pages. »

 

Lionel-Edouard MartinLionel-Edouard Martin   Mousseline et ses doubles   Les Editions du Sonneur – 293 pages -

 

 

 

 

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06/11/2014 | Lien permanent

Théophile Gautier : La Mille et Deuxième Nuit

théophile gautierThéophile Gautier (Tarbes 1811 – Neuilly 1872) est un poète, romancier, peintre et critique d'art. Partisan du romantisme, populaire par ses romans historiques (Capitaine Fracasse), il devient l’un des théoriciens de « l’art pour l’art » et l’un des maîtres de l’école parnassienne qui défendait cette thèse.

La collection Folio 2 euros répond parfaitement à son but, faire découvrir un écrivain pour un investissement minimum en temps et en argent. Ce petit recueil de nouvelles ne déroge donc pas à cette règle avec ces quatre textes : Laquelle des deux (1880), La Chaîne d’or (1837), La Mille et Deuxième Nuit (1842) et Le Chevalier double (1840). 

Les quatre nouvelles ont toutes plusieurs points communs, il y est question d’amour et de dualité. Un homme aime deux sœurs ou plus précisément, leur présence conjointe et non l’une et l’autre ; un autre aime deux femmes successivement, tous en souffrent jusqu’à ce que ce trio amoureux ne forme plus qu’un seul ménage ; une fée prend la personnalité de deux femmes pour combler d’amour un homme simple ; un jeune seigneur est le jouet de deux êtres qui l’habitent, il devra se débarrasser de l’un d’eux pour obtenir les faveurs de sa bien aimée. Comme vous le constatez, nous pouvons rajouter un autre point commun, une touche de fantastique discret et je compléterai en dévoilant des fins heureuses à chaque fois.

Théophile Gautier place ses histoires dans des décors exotiques comme on les aimait à cette époque, la Grèce antique et l’Orient. La nouvelle donnant son titre au recueil est certainement la plus réussie pour son idée de départ, un écrivain Théophile Gautier lui-même ( ?) reçoit la visite de Schéhérazade  venue lui demander son aide, elle ne sait plus quoi raconter au sultan pour qu’il lui épargne la vie, espérant que l’écrivain aura matière pour relayer son imagination devenue stérile !

Un petit bouquin très agréable à lire, riche en vocabulaire, mais qui demande un minimum d’effort au lecteur d’aujourd’hui : savoir se replacer dans le contexte du XIXe siècle pour ne pas se gausser de ces histoires d’amour désuètes et apprécier la belle écriture empesée d’alors, « il avait fermé les yeux de son corps pour mieux voir le rêve de son âme ».

 

« - Enchanté de vous voir, quoique la visite soit un peu fantastique ; mais qui me procure cet insigne honneur de recevoir chez moi, pauvre poète, la sultane Schéhérazade et sa sœur Dinarzade ? – A force de conter, je suis arrivée au bout de mon rouleau ; j’ai dit tout ce que je savais. J’ai épuisé le monde de la féérie ; les goules, les djinns, les magiciens et les magiciennes m’ont été d’un grand secours, mais tout s’use, même l’impossible ; le très glorieux sultan, ombre du padischah, lumière des lumières, lune et soleil de l’empire du Milieu, commence à bâiller terriblement et tourmente la poignée de son sabre ; ce matin j’ai raconté ma dernière histoire (…) je suis venue ici en toute hâte chercher un conte, une histoire, une nouvelle (…) – Votre sultan Schahriar, ma pauvre Schéhérazade, ressemble terriblement à notre public ; si nous cessons un jour de l’amuser, il ne nous coupe pas la tête, il nous oublie, ce qui n’est guère moins féroce. »     

 

 

théophile gautierThéophile Gautier  La Mille et Deuxième Nuit  Folio2E  – 99 pages –

 

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24/06/2016 | Lien permanent

Simeon Wade : Foucault en Californie

Simeon Wade, Michel Foucault, Pierre Boulez, Jean-Luc Godard, Jean Genet, Gilles Deleuze, Magritte, David Cooper, Ronald LaingSimeon Wade (1944-2017) a enseigné l’histoire dans plusieurs universités dans les années 1970, avant de devenir infirmier à l’hôpital psychiatrique du comté de Los Angeles puis infirmier en chef à l’hôpital du comté de Ventura (Californie). Foucault en Californie, un récit inédit depuis quarante ans, vient de paraître.

Californie en 1975. Simeon Wade, maître de conférences à l’Ecole d’études supérieures de Claremont et grand admirateur du travail de Michel Foucault, se demande comment le faire venir dans sa modeste université lors de sa venue aux Etats-Unis. Au culot, Simeon et son compagnon Michael Stoneman, proposent au philosophe une expérience originale : un court séjour de deux ou trois jours dans la Vallée de la Mort sous l’emprise du LSD et surprise, le frenchie accepte !

Pour rappel : Paul-Michel Foucault dit Michel Foucault (1926-1984), est un philosophe français. Il est connu pour ses critiques des institutions sociales, principalement la psychiatrie, la médecine, le système carcéral, et pour ses idées et développements sur l'histoire de la sexualité, ses théories générales concernant le pouvoir et les relations complexes entre pouvoir et connaissance.

Cette aventure était sujette à caution, jusqu’à ce que Heather Dundas ne retrouve Simeon Wade, quasi retiré du monde et le persuade de lui confier son récit pour publication. La preuve de cette aventure étant corroborée par quelques photos (incluses dans l’ouvrage) où l’on voit Foucault – avec son fameux pull-over à col roulé blanc malgré la chaleur ! - et ses deux compagnons dans le désert californien. Le récit de Wade est complété par un court entretien entre Heather Dundas et Simeon Wade.

Pour l’auteur, il s’agissait de « voir comment l’un des esprits les plus éminents de l’histoire réagirait à une expérience inédite pour lui : absorber une dose appropriée de LSD thérapeutique dans un cadre désertique extraordinaire ». Deux jours et une nuit, dans le désert, ou le compte-rendu de ces quelques jours…

Concrètement, que contient ou révèle cet ouvrage ? Tout d’abord, sachez qu’il n’y a pas de scènes de délires psychédéliques ou de visions hallucinatoires, ce n’était pas le but du trip, mais plutôt de s’interroger sur les conséquences éventuelles d’une telle expérience sur le cerveau et le mode pensée d’un grand intellectuel. Lequel déclarera plus tard en avoir été fortement ébranlé, au point de lui faire réécrire en partie, le livre sur lequel il travaillait alors (Histoire de la sexualité).

Nous avons donc un texte très agréable à lire car très décontracté, le Grand Intellectuel, en mode cool et intime, loin du côté guindé de l’intelligentsia de cette époque. Le récit de nos trois gay lurons est une virée cultivée entre jeunes universitaires faite de conversations à bâtons rompus, sautant du coq à l’âne, Simeon et Michael avides de découvrir notre philosophe, ce qu’il pense d’untel ou de telle théorie. Leurs discussions abordent toutes les disciplines, musique, philosophie, littérature, peinture, sociologie etc. et les grands noms de ces catégories abondent, Foucault les ayant plus ou moins bien connus ou fréquentés : Pierre Boulez, Jean-Luc Godard, Jean Genet, Gilles Deleuze, Magritte, Cooper et Laing etc. un véritable annuaire.

On se délecte, d’autant que n’ayez crainte, ce n’est pas complexe à lire. Par ailleurs, c’est aussi amusant, nos deux fans transis ne rechignant pas à poser des questions saugrenues du genre «A Paris, faites vous vos courses au marché ? » 

Conclusion, j’ai beaucoup aimé ce livre qui m’a rappelé les thèmes intellectuels de l’époque et mes lectures d’alors.

 

 « On dit que la révélation de saint Jean sur l’île de Patmos a été provoquée par un champignon, l’Amanita muscaria. Le LSD est un produit chimique à la puissance analogue à celle de ces champignons. Tant de grandes inventions à l’origine de la civilisation ont été réalisées dans des sociétés qui utilisaient des champignons magiques dans leurs rituels religieux. Si cela est vrai, ai-je pensé, si les substances chimiques ont un tel pouvoir, alors que pourraient-elles bien faire au grand esprit de Foucault ? »

 

 

Simeon Wade, Michel Foucault, Pierre Boulez, Jean-Luc Godard, Jean Genet, Gilles Deleuze, Magritte, David Cooper, Ronald LaingSimeon Wade   Foucault en Californie   Zones – 142 pages –

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Gaëtan Thomas

 

 

 

 

 

Le chauve en col roulé dans la Vallée de la Mort en mai 1975

Simeon Wade, Michel Foucault, Pierre Boulez, Jean-Luc Godard, Jean Genet, Gilles Deleuze, Magritte, David Cooper, Ronald Laing

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08/03/2021 | Lien permanent

Mischa Berlinski : Dieu ne tue personne en Haïti

Mischa BerlinskiMischa Berlinski, né en 1973 à New York, est un écrivain américain. Après des études de lettres classiques à Berkeley et à Columbia, il a travaillé comme journaliste freelance en Thaïlande avant de se consacrer à l’écriture. Depuis 2007, l’écrivain vit en Haïti. Dieu ne tue personne en Haïti, son second roman, vient de paraître.

Le lieu : à l’extrémité ouest de l’île, Jérémie, un petit village. Les personnages : Terry White, ex-adjoint au shérif en Floride, désormais agent de police pour l’ONU et sa femme, Kay. Johel Célestin, juge aimé de tous, et Nadia son épouse. Dans le rôle du narrateur, ou plutôt du témoin des évènements, un anonyme, écrivain de son état, qui pourrait être Mischa Berlinski. L’intrigue : Terry encourage son ami Johel à se présenter aux élections sénatoriales pour lancer la construction d’une route reliant leur région à la capitale Port-au-Prince, un débouché économique qui assurerait des revenus à la population locale. Mais l’adversaire, Maxime Bayard, sénateur en titre est un vieux roublard ne reculant devant rien pour imposer ses vues…

Voici résumé à gros traits ce roman très dense. Chez un autre, j’aurais critiqué l’épaisseur du bouquin, ici tout coule de source, car là réside le grand talent de Berlinski, il sait raconter une histoire, « à mon sens, une bonne histoire est la plus grande de toutes les inventions littéraires » fait-il dire à son narrateur. Alors ce qui semblerait digression, et elles sont nombreuses, est une porte ouverte sur des précisions venant enrichir le roman : le passé des protagonistes, des détails sur la vie et les coutumes des autochtones, de précieuses informations sur l’organisation logistique ou politique de l’ONU sur l’île etc. Mischa Berlinski connait le pays, donc si tout est inventé pour les besoins de son récit, tout reste crédible et fort bien documenté.

J’avoue être entré à petits pas dans le livre car je craignais un étalage de misère, telle qu’on nous la livre aux actualités à la télé. L’auteur ne fait pas dans ce genre-là, certes elle n’est pas absente, comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs quand on évoque Haïti ? Mais l’écriture et surtout le « ton » du roman, balaye, toutes les craintes. Tous les drames et les plus tragiques endurés par les locaux sont présents mais ça se lit sans épuiser la boite de mouchoirs en papier.

Lutte de pouvoir, combat politique, élections, fraudes et corruption, affrontement entre deux hommes Johel Célestin et Maxime Bayard a priori opposés, mais j’ai dit que le roman était dense, se construit sur un second plan, ce que j’appellerai de manière simplette, les relations sentimentales entre les couples. Rien de mièvre, au contraire, dur et touchant à la fois avec des parcours différents pour Terry et Kay, Johel et Nadia et pourquoi le cacher Terry et Nadia…. Une belle étude psychologique avec ses désirs, ses espoirs, ses déceptions et ses évolutions. Le roman s’achève sur une explosion – un séisme - qui rebattra les cartes entre les uns et les autres, du moins ceux qui survivront.

Un très bon roman, sans manichéisme, il n’y a pas les bons d’un côté et les mauvais de l’autre, chacun à un moment ou un autre, est l’un ou l’autre, sous le regard neutre du narrateur. Une lecture vivement recommandée.

 

« L’histoire que les habitants d’Anse-du-Clerc racontent pour justifier leurs malheurs est toujours une variation sur le même thème : la rancune conduit à la haine, la haine à la magie, la magie à la mort. Il existe un proverbe créole, « Pas gen mort Bondieu nan Haiti », qui signifie littéralement : « Dieu ne tue personne en Haïti », et, métaphoriquement, que personne n’y meurt de mort naturelle. Quand la souffrance semble dénuée de cause évidente, ils en inventent une, et la chose qui permet de passer de la cause à l’effet est le surnaturel. Quand on raisonne de cette manière, chaque mort est un meurtre, chaque infortune un crime ; et le monde s’éclaire alors d’une sorte d’affreuse logique meurtrière. C’est précisément le genre d’histoire que je vais vous raconter ici. »

 

 

Mischa BerlinskiMisha Berlinski  Dieu ne tue personne en Haïti  Albin Michel – 492 pages –

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Renaud Morin

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15/05/2018 | Lien permanent

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