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Rechercher : larmes blanches

Serge Brussolo : La Forêt des silences

Serge Brussolo, Akira Suzuko, Kitty Doom, D. Morlok, Zeb ChillicotheSerge Brussolo né en 1951 à Paris, est un écrivain français extrêmement prolifique de science-fiction, de romans policiers, de fantastique et de romans historiques. Il est également connu sous quatre pseudonymes : Akira Suzuko, Kitty Doom, D. Morlok et Zeb Chillicothe. La Forêt des silences est un thriller paru en 2022.

Etats-Unis, Texas. Un éditeur s’inquiète quand Barney Lambster l’un de ses auteurs, pour une biographie d’un juge particulièrement sévère et ayant connu le Custer de la Guerre de Sécession, parti enquêter dans un bled perdu de l’est du Texas ne donne plus de nouvelles depuis plusieurs semaines. Il envoie Naomi, sa jeune documentaliste, voir ce qu’il en est. Le bled, c’est Hag’s, une petite ville cernée par une forêt hostile se trainant une réputation maléfique, officiellement abandonnée en 1900, absente des cartes, une zone blanche. A peine arrivée en ville, Naomi n’aura qu’une envie en filer au plus vite… »

Je pressentais bien en ouvrant cet ouvrage que ce ne serait pas de la grande littérature mais le synopsis promettait un moment distrayant de lecture mystérieuse.

Le début du roman est prenant, tout en mystères, cette fameuse forêt où nulle bête ne vit et à la végétation toxique, abriterait Les Bûcherons, « tueurs redoutables et impunis », tenant à leur merci les habitants du village ; habitants eux-mêmes plus qu’étranges, vivant hors du temps, sans Internet, télévisions ou téléphones, genre Amish en plus inquiétants… Ces premières pages donc, intriguent joliment. Mais bien vite l’intérêt, relatif, retombe, le masque tombe, il s’agit d’un roman de gare (Livre de lecture facile, pour voyageur pressé) empilant tous les clichés mêlant la grande conspiration mondiale orchestrée par des puissants inconnus « devant lesquels les Présidents eux-mêmes doivent courber la tête », la guerre raciale menaçant la race blanche qui ne va pas tarder, etc.

Quant à la narration proprement dite, écrite dans un style très pauvre, elle enchaine les situations improbables ou dignes d’une bande dessinée pour gamin, souterrains, drogues, et pompon extravagant quand Naomi va découvrir qui est le cerveau local de ce camp retranché de demeurés !  

Vous avez bien compris que j’ai trouvé cela bien nul, ce qui à la réflexion n’est pas vraiment étonnant : je n’avais jamais lu cet écrivain car ça ne me semblait pas du haut-niveau, ni même du moyen niveau, le gars écrit plus de trois romans par an depuis des dizaines d’années, donc statistiquement parlant le déchet (en supposant qu’il y se trouvent des bons livres dans le tas ?) doit être conséquent.

Pour en terminer plus aimablement, si vous lisez peu et que vous prenez le train, le roman ne casse rien mais ça se lit facilement avec des rebondissements (foireux certes) à la pelle (à tarte ?), arrivé à destination vous abandonnerez le truc sur la banquette de votre wagon, ça fera peut-être le bonheur d’un autre ?

 

« Ruth est loin d’être idiote, l’imminence de la Grande Guerre raciale a, certes, électrisé la génération précédente, mais elle se fait attendre… A l’image du Big One, le tremblement de terre qui doit faire basculer la Californie dans l’océan… ou encore de cette météorite qui doit percuter la Terre et tuer 98% des êtres vivants. De belles promesses, qui laissaient espérer un changement radical, mais qui, hélas, n’ont pas été tenues. »

 

 

Serge Brussolo, Akira Suzuko, Kitty Doom, D. Morlok, Zeb ChillicotheSerge Brussolo   La Forêt des silences   H&O Poche  - 248 pages -  

 

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André Bucher : Déneiger le ciel

Bucher  Livre 31ds6z5WfSL._AA115_.jpgUn roman dont l’action se déroule pendant une nuit du 23 décembre, en montagne alors que la neige isole les maisons du centre du village aux environs de Sisteron. David, veuf d’une soixante d’années, va se lancer dans une expédition pour venir en aide à son vieil ami Pierre complètement coupé du monde dans sa bicoque à l’écart du village et il devra aussi aller chercher son fils Antoine en rade à une trentaine de kilomètres de là. Le périple devient voyage dans la mémoire, la réalité et le souvenir se mêlent quand sa femme décédée, écrasée par un chauffard, ou sa fille partie au loin et qui lui annonce son divorce, lui réapparaissent comme des mirages. Il y a aussi le fantôme de Martine disparue on ne sait où, fille de Muriel qu’il n’ose ou ne sait comment aimer hésitant à se lancer à son âge dans une dernière passion peut-être. Si David trace son chemin dans la neige et la nuit avec sûreté, dans sa tête le doute et les interrogations le rongent. « Que veux-tu ? Le mot fin en lettres rouges sur cette immense page blanche que tu déneiges en vain ? »

Un texte court, des mots simples, des émotions essentielles pour des hommes et des femmes vivants au plus près de la nature. André Bucher est agriculteur biologique et il en est à son quatrième roman. Chaque page tournée exhale l’odeur de la terre et chaque ligne lue respire la poésie. Un très beau livre.

 

« Le café fait signe aux réverbères qu’il ne peut pas fermer, les clients sont encore à l’intérieur. Alors les néons éclairent en l’étranglant la lumière du jour. Seuls les fumeurs sortent et toussent. La rue qui s’étouffe et un train qui passe au loin. Les lapins, les bébés derrière les fenêtres agitent joyeusement les oreilles et les mains. Les poètes maraudent les derniers mots, l’oreille collée au mauvais œil, ils notent les brèches de cœur et de comptoir dans leurs carnets ouverts comme des éponges. Certaines ont du sens et du chien et d’autres de la suie dans les idées. On redemande une tournée, la dernière pour la route, hein David ? »

 

 

buchersignant.jpgAndré Bucher  Déneiger le ciel  chez Sabine Wespieser    

 

 

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10/10/2012 | Lien permanent

Germain & Géga : Le dico flingueur des Tontons

Germain Livre 1288525913.jpgQui n’a jamais vu (et revu) le film de Georges Lautner Les tontons flingueurs, réalisé en 1963, n’a jamais rien vu ! C’est à partir de ce postulat que Stéphane Germain spécialiste de l’œuvre, aidé par Géga pour des caricatures illustratives, s’est lancé dans la rédaction de ce merveilleux ouvrage.

Conçu comme un réel dictionnaire dont les entrées débutent par Audiard pour se clorent sur Volfoni, Stéphane Germain nous dévoile des aspects plus ou moins connus de ce film entré dansla légende. Bienentendu Michel Audiard occupe à lui seul une quinzaine de pages car sans ses dialogues de génie point de film mémorable. Bernard Blier, Lino Ventura, Francis Blanche tiennent aussi leur place, et pour les plus jeunes qui n’ont pas connu cette époque sont aussi cités Robert Dalban, Mac Ronay et Dominique Davray.

A côté de ces fiches signalétiques, l’auteur met au jour des détails qui auront échappé aux spectateurs moins avertis, le nom de la marque inscrit sur la boite de biscuits où Robert Dalban récupère son révolver, le nom marqué sur la bouteille de la fameuse scène de la cuisine etc.  

Mais le bouquin ne se contente pas d’éclairer sous un autre angle notre perception ou nos souvenirs liés à ce film, il élargit la réflexion par des notules ou références à d’autres films de la même époque avec un focus en fin d’ouvrage sur huit autres merveilles de ces années, plus ou moins liées aux Tontons flingueurs comme La métamorphose des cloportes, Fleur d’oseille

J’ai peu de choses à dire sur ce livre – ou bien beaucoup trop, au risque de le recopier ici – tant je me suis délecté à sa lecture, le sourire en banane tout du long ; les extraits de dialogues ou l’évocation de scènes du film, m’ont ramené mentalement devant mon écran. Des acteurs inoubliables, des dialogues époustouflants, une réalisation enlevée, tout cela est condensé dans ce livre qui aurait pu entrer dans la collection des « Dictionnaires amoureux ».

La lecture du bouquin n’est pas conseillée, elle est obligatoire et tout excès en est vivement recommandé.  

 

Germain 1.jpgGermain 2.jpgStéphane Germain & Géga  Le dico flingueur des Tontons  Hugo & Cie

 

 

 

 

 

Comment évoquer ce film sans en revoir un extrait :

 

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16/10/2012 | Lien permanent

Ella Maillart : Envoyée spéciale en Mandchourie

Maillart Livre 23552281_4492615.jpgAnnées 30, le Petit Parisien l’un des plus grands journaux en France à cette époque, accepte d’envoyer Ella Maillart en Mandchourie. A son retour, en 1935, le quotidien publiera ses onze articles. Le livre que les Editions Zoé viennent de faire paraître, reprend ces articles inédits jusqu’à ce jour, retouchés à partir des notes manuscrites de l’écrivaine et complétés de photographies en noir et blanc prises par Ella Maillart avec son fameux Leica qui ne la quittait jamais.

Le Japon a récemment créé un état fantoche, le Mandchoukouo dans la région de Port-Arthur au nord-est de la Chine en y mettant l’empereur Pu Yi à sa tête. L’histoire de cette région est particulièrement complexe puisque Port-Arthur est cédé à la Russie en 1898, puis conquis par le Japon en 1905 avant de passer sous administration sino-soviétique en 1946 et enfin d’être cédé à a Chine en 1954 ! Ouf !

C’est non loin de là qu’Ella Maillart débarque en 1934, face à la Corée du Nord, dans cet état fantoche du Mandchoukouo créé par les Japonais en 1932 qui y ont placé l’empereur Pu YI à sa tête. La situation politique est instable, les frontières mal définies ; le Japon cherche à s’imposer et construit des lignes de chemin de fer. Durant ce voyage, Ella Maillart va croiser des Chinois, des Japonais, des Coréens, des Russes blancs, de rares Occidentaux aussi. Chacun essaie de trouver des marchés commerciaux dans cette région en pleine construction, en plein devenir. Les militaires sont partout, l’administration est pesante, les tracas administratifs nombreux mais vaille que vaille notre « petite reporter » poursuit sa route, évitant les bandits de grands chemins, se faisant rouer de coups par des soldats Japonais, dormant à la dur.

Ces textes sont une image précieuse de cette partie de la Chine à cette époque et Ella Maillart nous livre des faits bruts, sans afféterie romanesque. C’est au cours de ce voyage qu’elle rencontrera Peter Fleming et que tous deux plus tard poursuivront leur voyage en Asie pour nous donner les excellents Oasis Interdites  et La voie cruelle pour Ella Maillart (parus tous deux chez Payot) Courrier de Tartarie (paru chez Phébus Libretto) pour Peter Fleming.

Personnellement j’ai préféré ces derniers ouvrages à cette Envoyée spéciale en Mandchourie, mais il reste néanmoins un très bon document et la trace des premiers pas de l’écrivaine en Asie.

 

« Le Japon pour échapper à une guerre de classes qui le menace, a lancé l’idée de faire la guerre à notre race blanche, cette race, qui ne sait plus que s’épuiser en disputes intestines, qui s’affole et se désagrège autour d’une S.D.N. impuissante… Danger imminent que représente ce Japon volontaire, aujourd’hui puissance continentale. »

 

Maillart mages.jpgElla Maillart  Envoyée spéciale en Mandchourie  Editions Zoé

 

 

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15/10/2012 | Lien permanent

Lawrence Durrel : Affaires urgentes

Durrel Livre 12134538_4216069.jpgJe n’aborderai pas cette chronique avec des qualificatifs, bien que réels, tels que chef-d’œuvre, grande littérature, style d’écriture, qui parfois effraient certains. Ni même qu’il s’agit d’un excellent livre car il en est qui sont excellents mais tristes et vous laissent au bord de la déprime la dernière page tournée. Non, ici avec ce bouquin nous touchons le jubilatoire, le fou-rire difficilement contenu, la marrade totale. Si vous connaissez PG Wodehouse je dirai que nous sommes dans ce registre et d’ailleurs entre parenthèses, j’espère fermement que vous avez lu Wodehouse et les inénarrables aventures de son majordome Jeeves, un sommet d’humour British. Le livre est découpé en très courts chapitres, tous construits un peu à l’identique, deux diplomates discutent à bâtons rompus dans leur club, alcool et cigare à la main, quand l’un deux évoque une anecdote passée qui est le prétexte pour nous narrer une histoire d’une drôlerie irrésistible. Toutes ces situations cocasses ont pour cadre les ambassades et le métier d’ambassadeur et sont tirées de l’expérience de Durrel dans la profession, encore que parfois ce soit tellement ahurissant qu’on a du mal à croire que ce ne soit pas inventé, car même si le trait est grossi, on atteint parfois une loufoquerie absolue. Il m’est arrivé plus d’une fois en lisant ce roman dans le RER de me retenir pour ne pas hurler de rire. Un livre à lire sans modération, tout excès ne pouvant être que bénéfique. 

 

Lawrence Durrel est né en 1912 en Inde mais il fait ses études en Angleterre et après la seconde guerre mondiale entre dans la carrière diplomatique qui le mènera de l’Argentine à Belgrade. En 1952 il abandonne tout pour se consacrer à l’écriture et c’est en France qu’il décède en 1990. Son ouvrage qu’il lui vaudra la gloire Le Quatuor d’Alexandrie paraît en 1982 (je vous le conseille fortement aussi) mais est dans un genre tout à fait différent de ces Affaires Urgentes.

 

« Par bonheur, il n’y avait qu’un canon dans le fort de Belgrade. Il avait pour servant le camarade Popovic, assisté d’une équipe improvisée de Shiptars albanais en bonnet de laine blanche et culotte en peau de bique : redoutable d’aspect en raison de sa grosse moustache et de son physique informe, le Shiptar est une créature tout à fait paisible. Il est à peu près aussi agressif qu’un labrador avec la forte personnalité d’un poisson rouge. Il fallait d’ordinaire environ une semaine à cette escouade pour charger le canon, une relique abandonnée à leur départ par les Wisigoths ou les Ostrogoths, je ne sais plus très bien. Tous les soirs, à l’époque du ramadan, il émettait au coucher du soleil un grondement rauque, tandis que s’envolait dans les cieux un vieux caleçon bleu qui, depuis des temps immémoriaux, faisait office de bourre pour les tirs à blanc. »   

 

durrel10.jpgLawrence Durrell  Affaires Urgentes  Robert Laffont « Pavillons Poche »

 

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13/10/2012 | Lien permanent

Pierre Jourde : Paradis noirs

Jourde Livre 18474393_1395079.jpgUne silhouette à peine aperçue sur un quai de gare et la mémoire s’éveille. Les années de collèges dans un pensionnat religieux, les camarades de jeunesse Boris et François et ces souvenirs qu’on pensait oubliés o enfouis pour toujours au plus profond afin de ne jamais les voir ressurgir remontent lentement pour rappeler au narrateur ces vilénies qu’il ne veut plus connaître.

La silhouette est-elle celle de François qu’on dit mort ? D’ailleurs qui était ce François maintenant qu’il y songe et qu’est-il devenu quand les camarades se sont séparés après que soit survenu un évènement tragique dont on devine que la honte est la cause de l’enfouissement de ses souvenirs. 

Un roman magnifique et sombre sur la mémoire, sur nos secrets intimes, les histoires de famille que l’on tait, les non-dits qui engendrent des fantasmes. Tout se mélange puis se décante avec le temps qui passe avant de remonter à la surface de la conscience comme ces bulles de gaz se dégageant de la vase du fond d’un étang avant d’éclore àla surface. Devenuâgé le narrateur peu enfin se laisser aller à « évoquer les morts et les oubliés, afin de les faire entrer, avec des noms, dans la chaleur du présent et l’amitié des vivants ».

Un livre fort et poignant, intense et noir comme l’annonce le titre, écrit par un écrivain qui sait ce que style et écriture veulent dire. Un beau livre qui embellit la réputation qui n’est plus à faire de la collection Blanche de Gallimard.

 

« Je me demandais d’où il tirait toute cette science, quel esprit retors lui avait soufflé ces idées. Il avait donc expliqué à Serge éberlué que si les pauvres, comme disait le père aumônier, précéderont les riches dans le royaume des cieux, alors celui qui leur donne diminue leurs chances de salut, et augmente du même coup les siennes. Il en concluait qu’aider matériellement les hommes, s’occuper de les loger, de les nourrir, de les maintenir en vie, comme le faisaient à l’époque les prêtres-ouvriers, les chrétiens de gauche, n’était qu’une dangereuse illusion. Le vrai chrétien devait se réjouir du malheur, de la misère et de l’abandon, qui constituaient autant de chances de renoncer au monde, de vivre selon l’esprit plus que selonla chair. D’une certaine manière avait-il ajouté, celui qui fait le mal sciemment est le seul chrétien vraiment charitable. Inversement, faire le bien revenait à donner au mal les chances de se réaliser, parce que c’était lui fournir quelque chose à détruire ou à souiller. Serge écoutait bouche bée, je ne sais pas s’il comprenait. »

 

Jourde téléchargement.jpgPierre Jourde  Paradis noirs  chez Gallimard

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14/10/2012 | Lien permanent

Hideo Okuda : Les Remèdes du docteur Irabu

Okuda Livre.jpgNé en 1959, l’écrivain japonais Hideo Okuda a publié son premier roman en 1997. Il est l’auteur d’une œuvre riche et variée, primée de multiple fois. Les Remèdes du docteur Irabu ont été édités en 2002 et constituent le premier tome d’une trilogie.

Le docteur Irabu est psychiatre. Un psychiatre un peu spécial si on le prend tel quel, mais qui à la réflexion, se confond mieux avec le milieu dans lequel il évolue. Petit et obèse, souriant en montrant ses gencives, son cabinet où échouent ceux que les médecins « sérieux » des étages supérieurs ne peuvent soigner, se cache au sous-sol d’une clinique à son nom. Célibataire, il semble avoir un problème d’Œdipe non résolu avec sa maman, de plus il est obsédé par les piqûres. Sa secrétaire infirmière est une bombe exhibitionniste, dévoilant sous sa blouse blanche, cuisses ou poitrine aux rares patients qui entrent ici. 

Recueil de cinq nouvelles, Hideo Okuda nous expose les cas de patients atteints de pathologies étranges et la manière dont le docteur Irabu va les soigner. Parmi les cas décrits, nous ferons connaissances avec Tetsuya Taguchi qui souffre de priapisme, ou avec Hiromi une jolie jeune femme sexy attachée à son look et qui se croit suivi en permanence, ou bien Yûta Tsuda ce lycéen cramponné à son téléphone portable qui arrose ses amis de mails toute la journée tandis que Yoshio Iwamura, reporter, souffrant de troubles obsessionnels compulsifs, ne peut plus sortir de chez lui craignant que son appartement ne prenne feu.

La méthode du psychiatre est la même pour tous, à peine entrés dans son cabinets, les malades sont piqués ! Ce qui a pour effet de désarçonner les patients, faire jouir le toubib et laisser dans l’indifférence la plus totale, Mayumi l’infirmière. Ensuite, par ses questions ou actions complètement en dehors du sujet et loufoques durant toute la durée du traitement, le toubib va amener ses malades à reconsidérer leurs vies ou leurs situations et par-là même, à les guérir.

Par contre, et c’est un des intérêts de ces nouvelles, jamais Hideo Okuda ne répond à la question que l’on se pose sans cesse, le docteur Irabu est-il une sorte d’imposteur qui a de la chance ou bien un médecin génial ? Et l’on se met à imaginer avec effroi et gourmandise, une clinique où consulteraient, les docteurs Irabu et House…

Le bouquin est drôle et amusant, sans être génial n’exagérons rien. Il pointe le doigt discrètement et d’un ton moqueur, sur les conséquences de la modernité sur nos vies, japonaises ici mais on peut très facilement en élargir le champ.   

 

« Dans le monde, il y avait ceux qui donnaient des soucis aux autres et ceux qui se faisaient du souci. Irabu appartenait à la première catégorie, et lui à la seconde. C’était parce que les angoissés allaient jusqu’à assumer les soucis que n’avaient pas ceux qui en donnaient aux autres que le monde vivait en paix. C’était tellement injuste ! Tout le monde aurait dû avoir une part égale d’angoisses. »

 

 

Okuda.jpgHideo Okuda  Les Remèdes du docteur Irabu  Wombat

Traduit du japonais par Silvain Chupin

 

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07/04/2013 | Lien permanent

Ingar Johnsrud : Les Adeptes

Ingar JohnsrudNé à Oslo (Norvège) en 1974, Ingar Johnsrud a exercé le métier de journaliste dans l'un des plus grands groupes de médias de son pays. Les Adeptes, premier roman et premier volet d'une trilogie annoncée, vient de paraître. Il vit avec sa femme et ses trois enfants à Oslo.

« Pour le commissaire Fredrik Beier, l'affaire s'annonce comme une enquête de routine : la disparition d'Annette Wetre et de son petit garçon, membres d'une secte baptisée « La Lumière de Dieu ». A ce détail près que cette disparition a été signalée par la mère d'Annette, une femme politique très en vue chez les démocrates-chrétiens. Et que ladite Lumière de Dieu, engagée dans une vendetta religieuse contre l'islam, sert de paravent à de monstrueuses expérimentations sur des sujets humains, visant à perpétuer la race blanche... »

Le résumé fournit par l’éditeur donne assez clairement les grandes lignes du sujet, c'est-à-dire un empilement de thèmes bien éculés et traités par beaucoup d’autres avant Johnsrud. Pour se dégager de ce lot il aurait fallu que l’écrivain la joue fine, las, nous sommes loin du compte.

Tout est trop classique et banal, l’intrigue est convenue, les personnages et le futur héros récurrent Fredrik Beier trop semblables à ce qu’on a déjà lu ailleurs, la construction du roman alterne chapitres au présent et évènements situés durant l’époque nazie et pour finir de nous assommer, Johnsrud nous pond un pavé de plus de cinq cents pages, assorti d’un épilogue de quelques dizaines de pages carrément grotesques ! Le combat entre le tueur et Beier (avec sa collègue Kafa)… quelle niaiserie sanguinolente !

Après avoir vidé mon fiel pour me soulager du temps perdu à lire ce nanar, essayons d’être plus objectif. Le roman est très quelconque et pourrait être lu par qui n’est pas trop difficile, et je pensais m’en tenir à cette remarque pour écrire mon billet, mais la fin est définitivement trop nulle pour sauver un tant soit peu ce bouquin. Passons vite à autre chose.

 

« - Je crois que vous avez été manipulés, dit-il. – Ah bon. Et pourquoi ? demanda le journaliste en plissant le front. – Parce que quelqu’un veut faire passer cette tragédie pour une sorte de vendetta religieuse. On veut nous faire croire que ce sont les intégristes musulmans qui ont fait ça. Il est possible que ce soit le cas, mais cette affaire est plus compliquée qu’elle n’en a l’air. J’en ai la certitude. – Fredrik marqua un temps d’hésitation avant de poursuivre. – Il s’est passé des choses dans cette cave… Jorgen leva les yeux au ciel. – La presse  se serait donc fait manipuler ? On serait tombés dans le panneau comme des imbéciles ? »

 

 

Ingar JohnsrudIngar Johnsrud   Les Adeptes   Robert Laffont  - 553 pages –

Traduit du norvégien par Hélène Hervieu

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24/05/2016 | Lien permanent

Joseph Incardona : 220 Volts

Joseph IncardonaJoseph Incardona, né en 1969 à Lausanne de mère suisse et de père sicilien, est un écrivain, scénariste et réalisateur suisse. Il est l'auteur de romans, de scénarios pour le théâtre, le cinéma et la bande dessinée, ainsi que réalisateur de cinéma. Ce roman, 220 Volts, date de 2011.

Ramon Hill, le narrateur, était un homme heureux, écrivain à succès, marié avec une jolie femme Margot, père de deux enfants. Sauf que depuis quelques mois il sèche, le syndrome de la page blanche, il n’arrive pas à terminer son roman et son éditeur le tarabuste. Conséquence ou hasard malheureux, son couple bat de l’aile aussi. Margot propose un séjour à deux dans leur chalet familial, la montagne, le bon air et tout va reprendre comme avant. Evidemment, rien ne sera aussi simple, sinon il n’y aurait pas ce roman !

Sur un scénario assez basique, Joseph Incardona réussit un roman noir plutôt sympathique. L’histoire se déroule en deux parties, avant et après un matin tragique.

Avant, c’est le séjour dans le chalet, les bons moments passés ensemble, le couple retrouve des élans passionnés. Certes, il y a aussi quelques étrangetés, un préservatif trouvé dans le syphon de la douche, un bouquin qui n’a pas sa place ici et qui ensuite disparaît et le pompon, un chat étranglé sur le seuil de la porte de la chambre ! Ramon s’interroge, et balaie tout cela de ses pensées, mais la jalousie le tenaille, des idées malsaines concernant les activités de sa femme lui encombrent l’esprit. 

Jusqu’à ce matin fatidique. Quand il se réveille, Margot git morte étranglée, dans leur lit ! Et là, c’est l’après. Dont je ne vous dirai rien comme il se doit.

Le roman est très court, il est joliment écrit ce qui le rend particulièrement agréable à lire. Un roman affreusement amoral, ce qui pour moi en fait un roman d’humour noir. Je le conseille sans réserve.

 

« Margot avait toujours peur de manquer. Elle préférait donner, voire jeter si nécessaire, plutôt que de se retrouver à court. Sa collaboration en free-lance pour un magazine de décoration d’intérieur rapportait des clopinettes au regard de notre train de vie. Soigner mon inspiration équivalait à sauvegarder un standard au-dessous duquel elle n’était pas disposée à revenir. Sans doute jugeait-elle suffisantes les années de vaches maigres passées dans un deux-pièces avec Johanna. Elle m’avait beaucoup soutenu durant cette période, je l’avoue. Cependant, je me demande ce qu’il serait advenu de notre couple si j’avais continué à ramer dans l’espoir d’un succès sans cesse reporté. »

 

 

Joseph IncardonaJoseph Incardona   220 Volts   Fayard    - 191 pages -

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Ecrivains à ponte fixe

La pandémie qui frappe le monde a un peu changé la donne mais à une époque pas si lointaine, Amélie Nothomb sortait son roman tous les ans à l’automne et Philippe Djian le sien au printemps. Plop ! Plop ! A date fixe, chez les libraires la pile de l’une et la pile de l’autre, s’offraient à la vue des clients furetant entre les étals. J’ai pris ces deux-là comme exemples, vous pouvez en prendre d’autres selon vos goûts ou dégoûts.

Cette régularité m’a toujours sidéré. Que l’œuvre d’un écrivain soit conséquente, pourquoi pas ? Sur trente ou quarante ans voire plus, il y a assez de temps pour écrire un tas de bouquins, certains mettront deux ans ou plus pour pondre leurs nouveautés, irrégulièrement, et ça me paraît très naturel. L’inspiration ça ne se commande pas, du moins c’est ce que je pensais. Mais pour ces deux-là, homme et femme donc le sexe n’a rien à voir dans l’affaire, ça débite tant et plus. Comment font-ils ? D’autant que pour Nothomb il parait dit-elle, qu’elle écrit plus qu’elle ne publie !

La muse qui les inspire et se penche sur leur épaule doit-être solidement enchainée. Un cas de conditions de travail qui mérite une inspection des services compétents, un scandale en perspective ? Que fait le Ministère de la Culture ?

Cette régularité de parution induit une absence totale d’angoisse de la page blanche. Or que n’a-t-on lu de livres autobiographiques ou non, où l’auteur nous faisait pleurer avec ses pannes d’écriture, les tourments où il était plongé, le désespoir qui le rongeait et au final, de bien beaux bouquins sur ce type de malheur. A l’inverse, je n’ai jamais lu de romans où l’auteur se plaignait de trop écrire, de déborder de sujets de romans et de n’avoir pas assez de mains et de temps pour les retranscrire. Tiens, ça ferait un bon sujet de livre, non ? Prenez, c’est cadeau.

Reste le point essentiel, la quantité fait-elle la qualité ? Pour Djian (mon auteur fétiche) et Nothomb (qui ne me déplait pas), il y a du bon et du moins bon selon les époques. Ce qui rassure un peu, car imaginez nos deux pondeuses ne faire que dans l’excellence ? Des soupçons de dopage pourraient être avancés. Encore un scandale ? Mais que fait… 

 

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15/08/2021 | Lien permanent

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