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Jean-Marie Laclavetine : Première ligne

Jean-Marie LaclavetineJean-Marie Laclavetine, né en 1954 à Bordeaux, est un éditeur, romancier et nouvelliste français. Traducteur, on lui doit des traductions d'Alberto Savinio, Giuseppe Antonio Borgese, Leonardo Sciascia, Alberto Moravia… Première Ligne lui a valu le Prix Goncourt des lycéens en 1999.

Cyril Cordouan est éditeur, une petite maison d’édition qui promeut la belle littérature. Tous les jours Blanche, son assistante, empile sur son bureau des manuscrits de jeunes auteurs certains d’avoir écrit le livre du siècle au grand désespoir de Cyril qui après quelques lignes à peine les jette à la poubelle tant ils sont mauvais. Un jour, Martin Réal écrivain dont le manuscrit a été refusé, se suicide devant ses yeux et tache de sang les murs de son bureau. Prenant conscience de sa responsabilité d’éditeur, Cyril se fixe une mission, créer un club d’entraide (le club des Auteurs Anonymes) pour désintoxiquer les jeunes auteurs qui s’imaginent écrivains, la première ligne étant la ligne d'écriture qu'il ne faut pas écrire pour ne pas tomber dans cette forme de toxicomanie…

Tout se qui tourne autour du petit monde littéraire est très amusant, la critique est sévère, éditeurs, écrivains, journalistes, tout le monde en prend pour son grade, les premiers ne s’intéressent plus vraiment aux livres mais à leur business, les seconds sont trop nombreux et beaucoup très mauvais, les derniers ne lisent pas les ouvrages et leurs commentaires sont intéressés plus que sincères. Laclavetine, écrivain et éditeur, connait le système d’un bout à l’autre de la chaine.

Il sait aussi que limiter son roman à la critique/moquerie de ce petit monde risquait de donner un livre un peu court aussi y adjoint-il une partie plus romanesque où il est question de la liaison difficile entre Cyril et sa compagne Anita et un petit suspense avec la veuve de Martin Réal qui va tenter de se venger de Cyril.

Un bouquin pas trop mal foutu où l’écriture est au centre d’un drame insoupçonné, le bonheur d’écrire et les joies qu’on en tire étant en conflit tout aussi fort avec les souffrances endurées par l’écrivain durant la rédaction de son roman et pire encore quand ce qu’il espère d’un éditeur ne répond pas à son rêve.

Ecrivains en herbe, ce bouquin est pour vous.

 

 

« La presse ! Au secours ! La presse : quelques demi-mondains qui tapinent pour tous les maquereaux du trottoir littéraire, et qui cherchent de temps en temps à faire pardonner leur servilité et leur inculture en couvrant d’encens un auteur illisible, ou ennuyeux comme la pluie ! Une bonne presse, je rêve ! Sur dix critiques, sept abrutis, ignares et fainéants, dont la seule fonction est de huiler les rouages de la grande machinerie d’ascenseur qui les emploie, afin qu’elle n’émette pas de couinements trop reconnaissables… Grooms de service ! Larbins de Roux et Combaluzier ! La voilà, votre presse ! »

 

Jean-Marie LaclavetineJean-Marie Laclavetine   Première ligne   Folio  - 308 pages -   

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La littérature étrangère à la peine ?

Un billet assez particulier puisque je n’en suis pas l’auteur, juste le passeur. Peut-être avez-vous loupé le grand article publié hier par Le Monde des Livres, titré « Littérature étrangère : une mauvaise passe », pour y remédier en voici un résumé dont j’espère ne pas en déformer le fond et si je n’utilise pas les guillemets c’est pour en simplifier la lecture.

Le constat de départ c’est qu’en 2023, dans un contexte économique morose pour l’édition, les romans étrangers ont été plus touchés que les francophones. Le marché français du livre a globalement progressé de 1% en valeur (Etude GFK) mais cette augmentation est due à une forte hausse des prix (+5%), alors que le nombre d’exemplaires vendus, lui, a fléchi de 4% en un an. Un recul lié à une chute de 10% de la littérature étrangère contemporaine (hors « romance » et sentimentaux qui marchent bien).

En dix ans, les ventes de fiction modernes étrangères ont diminué de 25% en volume (GFK) alors que celles de littérature française ont augmenté de 20%. Et si l’on se réfère au classement des 100 meilleures ventes en librairie en 2023, le nombre de romans étrangers présents, qui a longtemps oscillé entre 35 et 45 par an, est tombé à 12 !

Parmi les explications à ce phénomène : les éditeurs doivent payer les traductions mais il devient impossible de faire passer les auteurs dans les médias (radios et télés), dans ces conditions les éditeurs relèvent les prix, diminuent les tirages et réduisent les invitations des auteurs (frais de voyage et d’hébergement économisés), conséquence évidente, visibilité réduite des ouvrages !

La qualité littéraire des ouvrages étrangers n’est pas en cause, elle serait même « plutôt supérieure à celle des livres français » déclare Francis Geffard (Albin Michel), d’ailleurs vu les frais de traduction, les éditeurs sont plus sélectifs dans leurs choix. Pour information, la répartition des langues a peu varié, l’anglais restant largement dominant, le nombre de langues est passé de 33 en 2014 à 39 en 2023.

Pour résumer, il semblerait que ce recul de la littérature étrangère soit lié à l’absence de ses écrivains dans les médias, que les sujets de leurs romans soient moins familiers aux potentiels lecteurs et que le prix des livres freine les ventes, à 23 euros la nouveauté, le lecteur préfère aller vers les écrivains connus que ceux qu’il ne connait pas. D’ailleurs les collection de poche sont en plein boum.  

Réflexion personnelle : comme souvent dans la presse écrite, les articles déroulent de longs articles positifs ou négatifs sur un sujet donné, avant de se conclure sur une note inverse qui laisse le lecteur interrogatif et c’est le cas ici encore : tout le monde ne partage pas le pessimisme des chiffres, les éditions Métailié ou la librairie Ombre Blanche à Toulouse se félicitent de leurs bons résultats de ventes d’auteurs étrangers… alors ?

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Katarina Mazetti : Le Caveau de famille

katarina mazettiKatarina Mazetti, née en 1944, est une journaliste et écrivaine suédoise. Après des études de journalisme, elle débute dans des journaux locaux puis reprend ses études et obtient une maîtrise de littérature et d’anglais à l’Université de Lund. Elle travaille alors comme professeur puis comme producteur et journaliste à la Radio suédoise. Elle a écrit des livres pour tous les âges, ainsi que des critiques littéraires, des chansons, des comédies et des chroniques pour des journaux et la radio. Son premier roman pour adultes paru en 1999 (en France en 2006), Le Mec de la tombe d'à côté, se base sur son expérience de femme de paysan et sera un énorme succès international. Le Caveau de famille paru en 2011 en est la suite.

Nous retrouvons donc Benny le fermier et Désirée la bibliothécaire, le rat des champs et la rate des villes. Nous les avions quittés alors que leur couple ne tenait plus et qu’ils s’étaient séparés mais c’est aussi le moment où Désirée recontacta Benny pour lui demander de lui faire un enfant ! Trois tentatives, pas une de plus, pour concrétiser et après quelque soit le résultat, bye ! bye ! Chacun reprend sa vie. Bien entendu ce rapprochement contractuel renouera le fil rompu et nos deux héros se retrouvent en couple pour la grande aventure. Il y aura trois enfants, un mariage, un avortement, des larmes, des accidents corporels…

Si Katarina Mazetti a conservé en surface, le même ton que celui adopté pour le premier opus, un humour mélancolique, et la forme faite de chapitres alternant la vision des situations par l’une ou l’autre, le fond est beaucoup plus dur et noir. Elle réussit ainsi à nous fourguer un roman très sombre et grinçant en le parant de couleurs « seulement » grises.

Le lecteur est aux premières loges pour assister à cette métamorphose hasardeuse, le moment où un couple de célibataires amoureux se transforme en une famille avec enfants. Et là, ça ne rigole plus du tout. Benny s’occupe de ses vaches du matin au soir, sept jours sur sept, une vie rude et exigeante qu’il a toujours connue auprès de ses parents. Désirée torche les mômes, prépare la soupe, fait la lessive et bosse à la bibliothèque en ville pour mettre du beurre dans les épinards. Epuisés de fatigue tous les deux, chacun demandant à l’autre de faire des efforts pour le seconder dans ses tâches, leur vie devient un enfer. Surtout quand on ne peut plus communiquer. L’enfer c’est l’autre. Mais d’ailleurs, ont-ils jamais réussi à se parler réellement ?

Il est certain que Benny ne mesure pas bien l’ampleur des tâches accomplies par sa femme, mauvais point pour lui, mais Désirée n’a sûrement jamais été faite pour vivre à la ferme, mauvais point pour elle. L’amour et les bonnes intentions n’y font rien, le temps fait son œuvre et ronge littéralement les fondations du couple. Constat cruel.

Katarina Mazetti sous ses airs de ne pas y toucher, dézingue à tout vat, la vie de famille, l’image du mari traditionnel suédois égalitaire, la vie au bureau, l’avenir compromis des fermiers. De quoi donner des suées d’angoisse aux jeunes lecteurs sur le point de convoler et faire grincer des dents ceux qui sont déjà dans ce pétrin.

 

« Anita leur avait soigneusement construit un foyer et elle y avait vécu en paix jusqu’à ce que je débarque avec ma lubie d’avoir un enfant avec son homme. Et était arrivé ce qui était arrivé. J’avais pulvérisé toute son existence et j’ai senti qu’un jour j’aurais à en payer le prix. »

 

 

 

katarina mazettiKatarina Mazetti  Le Caveau de famille  Gaïa Editions

Traduit du suédois par Lena Grumbach

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25/07/2013 | Lien permanent

Paul Beatty : American prophet

paul beattyPaul Beatty, né en 1962 à Los Angeles, est un écrivain afro-américain. Diplômé d'un Master of Fine Arts du Brooklyn College en écriture créative, il a également obtenu une maîtrise en psychologie à l'université de Boston. En 1990, il est couronné Grand champion de slam du café des poètes de Nuyoricana et gagne à cette occasion un contrat d'édition pour la publication de son premier recueil de poésie, Big Bank Takes Little Banka. Son deuxième livre de poésie, Joker, Joker, Deuce, suit trois ans plus tard. Son premier roman, American Prophet, date de 1996 et vient d’être traduit en français.

Parenthèse liminaire, le titre original de l’ouvrage The White Boy Shuffle a été traduit en français ( ?) par American Prophet ! Non seulement le ridicule ne tue pas mais il a encore de beaux jours devant lui.

Quand le roman débute, Gunnar Kaufman son jeune héros, est le dernier descendant d’une longue lignée de Noirs américains dont il nous rappelle les grotesques mésaventures, comme cet aïeul qui migra vers le Sud en pleine période d’esclavagisme ou cet autre qui courut s’enrôler dans les troupes des Etats Confédérés durant la guerre de Sécession, bref une famille jamais du bon côté du manche de l’Histoire en marche. Et il faut que croire que la malédiction les poursuit puisque Gunnar, sa mère et ses deux sœurs, déménagent de Santa Monica quartier chic et Blanc vers Hillside, ghetto de Los Angeles.

Dans cet environnement difficile dont les codes lui sont inconnus, le jeune Gunnar va devoir se faire une place au milieu des gangs entre Bloods et Cripps. Lui qui ne rêve que de poésie, se révèlera aussi basketteur de talent, s’ouvrant les portes des Universités mais aussi les cœurs des petites frappes de son quartier. Entre ses deux potes, Nicholas Scoby, fan de jazz et Psycho Loco leader d’un gang, Gunnar va tenter de se trouver une place dans ce monde. Contre sa volonté il va se retrouver porte-voix, prophète donc, « d’une ethnie à l’abandon » après avoir pris conscience de sa condition à l’annonce du verdict dans le procès de Rodney King, « ce jour-là, pour la première fois de ma vie, je me suis senti comme un moins-que-rien. ».     

Un bien beau et bon roman en vérité. Passées les toutes premières pages qui assomment un peu le lecteur surpris par le style de l’écrivain, le reste du livre se dévore avec une hâte retenue. Hâte, car poussé par la tchatche et la faconde de Paul Beatty vous êtes embarqué par une lame de fond dont l’origine remonterait au jazz pour se poursuivre avec le rap ; retenue, car il vous faudra ingurgiter les nombreuses références au vécu des Noirs américains, références historiques ou culturelles, obligeant à ralentir la lecture pour mieux en appréhender le sens.

Mais rassurez-vous, Paul Beatty sait y faire. Rien n’est lourd ou chargé d’un bien-pensant convenu, au contraire. L’écrivain qui a également publié dans le passé une anthologie de l'humour afro-américain l’utilise ici plus souvent qu’à son tour, en faisant de l’autodérision cette arme typique des minorités pour retourner en leur faveur des situations défavorables. On rit souvent devant ses propos peu enclins au politiquement correct, ses réflexions incongrues.

Drôle, vachard mais lucide avec sa communauté « l’Amérique noire a renoncé à ses besoins dans un monde où les espérances ne sont qu’illusions », instruit aussi, le roman fourmille de détails ou informations historiques et au-delà l’humour, l’auteur sait utiliser les mots et la langue pour nous donner un texte de très grande qualité.    

 

« Chez les Noirs, d’habitude, on réserve les lamentos pour les funérailles. J’ai vu des gosses se prendre sans moufter des coups de matraque, des pare-chocs ou même des balles. Car seules deux occasions vous autorisent à verser une larme : manquer d’un seul petit numéro la grosse cagnotte du loto ou perdre un proche. Deux cas dans lesquels pleurer est acceptable, mais une fois et une fois seulement. Pas le temps de broyer du noir parce que le lendemain, le nègre, y doit retourner marner. »

 

paul beattyPaul Beatty  American prophet  Passage du Nord-Ouest

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Bru

 

 

 

 

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10/10/2013 | Lien permanent

Adriana Lisboa : Bleu corbeau

Lisboa Livre.jpgAdriana Lisboa est née en 1970 à Rio de Janeiro où elle a passé la majorité de sa vie. Elle a vécu en France et partage aujourd’hui son temps entre le Brésil et les Etats-Unis. Après des études de musique et de littérature, elle devient enseignante puis auteur et traductrice. En 2001, elle publie Des roses rouge vif, roman salué par la critique qui l’élève au rang des auteurs les plus importants de la nouvelle génération littéraire brésilienne. Bleu corbeau vient d’être publié en France.

Après la mort de sa mère Suzana, Evangelina toute jeune fille de treize ans, décide de quitter Rio où elle vit chez Elisa la demi-sœur de sa mère, pour les États-Unis et d’y retrouver son père. En compagnie de Fernando, l’ex-mari de sa mère, et d’un petit voisin salvadorien, Carlos âgé de neuf ans, elle se lance dans une sorte de road movie entre le Colorado et le Nouveau Mexique. Voyage physique mais aussi dans le temps et la mémoire, puisque l’enfant découvrant le passé se construira pour affronter le futur.

Je n’en dis pas plus car toute la beauté du roman tient dans sa construction et son écriture. Construction faite d’ellipses et de non-dits avant que des révélations postérieures ne viennent éclairer le lecteur et le sortir petit à petit de son ignorance voulue par l’auteure. Ecriture ensuite, tout en délicatesse et maîtrise parfaite, un roman joliment écrit, sans excès d’émotions de quelque nature qu’elles soient.

Si les émotions sont bien là et le lecteur les ressentira, l’écrivain ne les transcrit pas noir sur blanc, c’est son talent et la grande réussite de ce livre. Car il est question ici d’un retour sur le passé et l’histoire récente du Brésil, du coup d’état militaire et de la guérilla révolutionnaire qui agitèrent le pays durant une vingtaine d’années entre 1964 et 1985, par le truchement de Fernando, acteur alors, de la lutte résistante ; mais aussi du présent avec cette enfant qui  cherche à connaître son père et découvrira sa famille au travers des récits des uns et des autres. Adriana Lisboa nous épargne les larmes ou les scènes pénibles, tout n’est que suggéré et nous sommes assez adultes pour lire entre les lignes, mettre des images sur ce qui n’est pas expressément dit.

Evangelina est la narratrice, ce qui autorise l’écrivain à utiliser un ton léger fait d’humour doux et de fausse naïveté pour dire des choses graves. La petite s’interroge et pose des questions mais sans jamais insister, philosophe malgré son jeune âge, « Après tout, quand les gens ne me fournissaient pas les détails, j’avais le droit moral de me les fournir moi-même ». Evangelina n’a pas de préjugés, les gens sont ce qu’ils sont, d’où qu’ils viennent et elle les prend ainsi. Adriana Lisboa aborde aussi le sujet du déracinement et de l’émigration, Evangelina son héroïne a deux nationalités, parle anglais à l’école, portugais à la maison et espagnol avec les voisins, quant à Carlos le salvadorien, il peine à parler anglais.  

Un très beau roman, tout en finesse et subtile écriture. Un de ces romans comme je les aime, où l’auteur ne cherche pas à éblouir son lecteur avec une histoire extraordinaire ou un style se vantant d’être innovant, un de ces livres qu’on referme en se disant, quel beau et bon moment de lecture.

 

« Je suis allé habiter chez Elisa, la demi-sœur de ma mère. Elle, elle a compris. Elle a été la seule. Elisa me laissa maigrir autant que je voulais, dormir autant que je voulais et avoir des insomnies autant que je voulais. Elisa me laissa ne pas parler autant que je voulais. Et elle me laissa fêter l’anniversaire de mes treize ans avec nos voisins octogénaires, puis apporter une part de gâteau au mendiant de la rue Duvivier et à son chien. Je m’accroupis à côté d’eux et remarquai que le mendiant avait les yeux marrons, et le chien, les yeux verts, et que dans leurs yeux à tous les deux il y avait des choses que je n’avais jamais lues dans aucune encyclopédie. »

 

 

Lisboa .jpgAdriana Lisboa  Bleu corbeau  Editions Métailié

Traduit du brésilien par Béatrice de Chavagnac

 

 

 

 

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19/10/2013 | Lien permanent

Annabelle Boyer : L’Ange gardien du Samouraï

annabelle boyerCanadienne, Annabelle Boyer a un parcours hors normes. À l'âge de 14 ans, elle découvre le karaté Shotokan qu'elle pratique encore aujourd'hui et dont elle applique les principes et la philosophie dans chaque sphère de sa vie. Après avoir obtenu un DEC en sciences, elle complète un baccalauréat en génagogie (consolidation d'équipe) puis une maîtrise en administration avant de découvrir la synergologie dont elle est diplômée. L’Ange gardien du Samouraï, son premier roman est sorti au printemps, elle me l’a adressé aimablement, qu’elle en soit remerciée.

L’idée de départ n’est pas mauvaise, écrire un roman « genre policier » dont l’enquêteur est en fait une jeune femme karatéka, directrice des Ressources Humaines dans une petite entreprise. Claude, l’un des deux associés, patrons de la boite d’informatique, est décédé. Le second, Olivier, sent planer une menace sur lui, concrétisée par des intrusions nocturnes dans les locaux de l’entreprise, par un individu vraisemblablement à la recherche d’un dossier ou d’un document. Catherine, la DRH enquêteuse, s’aidant de ses connaissances en synergologie s’emploie à résoudre ce mystère, tout en aidant psychologiquement les gens de la boîte à l’aide de légendes et histoires souvent d’origine japonaise, courtes mais riches de sens profond.

Deux mots sur la synergologie, il s’agit d’une discipline qui permet d'appréhender la structure de pensée à travers la lecture de la communication non verbale. En gros, ce que les séries télé le Mentalist et Lie to Me, exploitent dans leurs scénarios.  

Quand on a dit tout cela et qu’on s’attaque au roman réellement, c’est hélas une tout autre affaire car il n’y a pratiquement rien à en sauver à l’exception des fameuses légendes, et là on rejoint la série Kung Fu et le Petit Scarabée. L’intrigue policière est du niveau d’un très mauvais téléfilm français, genre Commissaire Magellan. La psychologie des personnages est caricaturale pour ne pas dire affligeante, les situations peu crédibles, les acteurs sont tout pâle ou tout rouge, les narines dilatées, le poing fermé etc.  

Le style est inexistant et le lecteur francophone a du mal à démêler les tournures de phrases canadiennes (tout à fait acceptables) comme « Julie est sortie magasiner des chaussures », de celles qui laissent craindre une méconnaissance de la syntaxe ou des règles élémentaires de la langue. Ajoutons à l’agacement, les innombrables références en bas de page à des livres, certaines citées plusieurs fois, comme des spots de pub à la télé. Un roman pour midinettes, et encore ce n’est pas certain, car de nos jours elles me semblent plus exigeantes. Je crois qu’au Canada vous avez cette expression, un roman bien « platte* »…

 

 « Si l’objectif était de l’ébranler, il est atteint. Elle qui pensait intervenir pour lui, c’est à son tour d’être secouée. Ce sont de grosses larmes qui coulent le long de ses joues lorsqu’elle ose enfin lever les yeux. Très doucement, Olivier passe ses pouces sur le visage ruisselant. Son regard est si doux et si intense que la jeune femme en est hypnotisée. Avec une infinie tendresse, il dépose un léger baiser sur son nez puis la serre de nouveau contre son cœur. – Merci d’être là. Je suis avec toi, ma jolie samouraï. »  

 

annabelle boyerAnnabelle Boyer  L’Ange gardien du Samouraï  Béliveau Editeur

*Platte : ennuyeux, nul

 

 

 

 

 

 

 

 

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17/10/2013 | Lien permanent

Basile Szymanski : Saint-John d’Orange

Basile Szymanski Basile Szymanski est né en 1988. Après plusieurs séjours en Cisjordanie et en Italie, il vit et travaille actuellement à Paris. Ecrivain et musicien, il commence par faire paraître des textes sur Internet avant que son premier ouvrage Saint-John d’Orange, ne soit publié par une maison d’édition.

 L’auteur m’a adressé son bouquin gracieusement, qu’il en soit remercié comme le veut la formule consacrée. Pour autant, après l’avoir lu, je me suis retrouvé devant un dilemme. Devais-je en faire état ici ou bien l’ignorer ? Parce qu’en vérité, je n’ai rien compris au récit ! J’ai écouté son interview sur You Tube, ce qu’il dit de son livre semble très intéressant à l’oral mais à l’écrit je n’ai rien retrouvé de ses dires. L’histoire est quasi incompréhensible et le fond n’est franchement pas évident non plus. L’écriture n’a rien de remarquable, il s’agirait plutôt d’une succession d’images. Ajoutons un découpage, chapitres et sous-chapitres, bien trop détaillé et qui n’apporte pas grand-chose pour un texte aussi court et vous voilà bien, quand la dernière page s’achève. Et pourtant.

Et pourtant, j’ai néanmoins décidé d’en parler. Parce que l’écrivain me paraît sympathique, bien que je ne le connaisse absolument pas ? Parce qu’au fond – vraiment au fond - de ce texte illisible pour moi, je pressens qu’il y a quelque chose qui pourrait germer et finalement éclore ? A moins que l’approche des fêtes de fin d’année ne tempèrent ma sévérité habituelle ? On ne le saura jamais.

Une chose est sûre, ce bouquin ne s’adresse pas à tous les publics ! J’imagine que l’auteur en est conscient et même l’éditeur est à court de mots pour vanter sa marchandise, s’en tirant par une pirouette qui ne mange pas de pain : « Ce récit poétique aux allures de conte universel relate les songes, les doutes et les paradoxes de Saint-John d'Orange, un saint contemporain. On avance dans cette histoire sans jamais pouvoir prédire ce qui va arriver, au gré de la fantaisie du style et de la noirceur de l'humour. » Les lecteurs aguerris apprécieront la litote « récit poétique »… Alors, texte écrit sous l’influence de substances illicites, plume poétique ou esprit lunaire, le mystère reste entier.

 

« Saint-John d’Orange rentra seul dans son appartement et s’accouda au bar qui se trouvait sur le toit, dominant toute l’agglomération de Nemrod. Il pleura de longues larmes vertes qui traversèrent les nuages de pollution et parvinrent jusqu’aux hommes. La moitié de la ville tomba malade. À 21 ans, il avait l’impression de ne pas se trouver parmi les hommes ; à 24 ans il se rendit compte qu’il ne faisait que supporter le monde, les êtres, les choses et le temps ; à 27 ans, Saint-John d’Orange découvrit que lui aussi contenait de la violence et qu’il n’allait pas tarder à imploser. Il cessa tout d’un coup d’être compréhensif : il distribuait environ 30 gifles par jour et un peu plus lorsqu’il prenait son aéronef aux heures où le trafic était dense sur le périphérique aérien de Babylone. Il avoua au monde entier qu’il aimait se curer le nez lorsqu’il était seul. Et Dieu sait s’il était souvent seul. Il se rendit dans toutes les discothèques du détroit et écrivit « VÉRITÉ » sur chaque urinoir, aux toilettes, pour que les gens pissent enfin sur la Vérité. »

 

 

Basile Szymanski Basile Szymanski  Saint-John d’Orange  Editions L'Harmattan

 

 

 

 

 

 

 Ci-dessous son interview pour en savoir un peu plus sur les motivations de l'auteur :

  

  

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09/12/2013 | Lien permanent

David Lodge : La vie en sourdine

Lodge Livre 28652705_10441542.jpgDepuis de nombreuses années déjà, l’écrivain britannique David Lodge nous régale de ses romans délicieusement drôles, de cet humour dont on dit que les Anglais sont maître. Ce bouquin, La vie en sourdine, paru en 2008, n’échappe pas à cette règle. Quoique.  

Le narrateur, Desmond, un professeur de linguistique à la retraite remarié à une femme très active tenant une boutique de décoration très prisée en ville se fait du souci pour son père devenant de plus en plus vieux et vivant seul dans sa maison. Mais, le ressort du roman, ce qui en fait le fil rouge, c’est que Desmond souffre d’une surdité qui s’aggrave de jour en jour. Telle est la vie quotidienne de notre héros qui par un malentendu (c’est le cas de le dire, au propre comme au figuré) va se retrouver embringué à aider une étudiante américaine venue en Grande-Bretagne rédiger une thèse sur les lettres écrites par les suicidés.   

L’écrivain qui lui-même est devenu malentendant connaît bien son sujet et il l’évoque ici avec beaucoup de précisions et de vécu, sans oublier bien sûr son fameux humour qui fait tout le charme de ses écrits. Si comme moi vous connaissez des sourds ou des durs de la feuille, vous apprécierez à leur juste valeur, ces pages où Desmond comprend de travers ce qu’on lui dit, voire ne comprend rien du tout et préfère se retrancher dans sa solitude. Bien évidemment c’est dramatique pour les sourds mais qui n’a jamais souri face à un Tryphon Tournesol aux esgourdes bouchées ? David Lodge joue sur ces deux aspects avec une maestria certaine.

Comme l’auteur n’est pas un scribouillard mais un grand écrivain, son ouvrage ne se contente pas de nous faire rire avec les tracas physiques de son personnage principal. Il y ajoute un rôle secondaire inquiétant et trouble comme cette étudiante qui au début semble anodine, puis qui s’immisce lentement dans la vie de Desmond et dont on sent petit à petit qu’elle est dangereuse, peut-être déséquilibrée. Mais ce qui m’a le plus touché, ce sont les longues pages sur son père. Les visites qu’il se doit de lui faire régulièrement, chaque visite montrant sa déchéance, l’esprit et le corps s’émiettant inéluctablement. Cette description de la vieillesse est magistrale de simplicité et de réalité, quand son père finalement décèdera, j’ai eu beaucoup de mal à retenir mes larmes.

David Lodge nous donne là, l’un de ses meilleurs romans, le plus autobiographique c’est certain et c’est cette vérité qui en fait toute sa valeur. Au-delà de l’anecdote et des trouvailles romanesques, combien de détails de la vie de tous les jours, de nos vies et de celle nos proches qui vont nous « parler » directement. D’une aventure autobiographique, comme je le disais, il fait une œuvre universelle qui nous concerne tous, sans jamais se départir de ce fameux humour qui nous sauve du pathétisme pleurnichard dans lequel tout autre nous eut plongés. Ouvrez grandes vos oreilles : « Il faut lire ce bouquin ! »       

 

« Elle a eu alors un petit rire nerveux et dit quelque chose d’un air désinvolte où je n’ai compris que l’expression « renifleur de petites culottes ». Quand elle a commencé à expliquer, j’ai compris qu’une fille avec laquelle elle avait travaillé pendant un temps dans un bar lui avait parlé d’un homme qui donnait de l’argent pour recevoir des petites culottes qui avaient été portées mais n’avaient pas été lavées. On les envoie par la poste, enveloppées dans des sacs à congélation, une fois par semaine, et trois jours après on reçoit un chèque. On ne le rencontre jamais. De l’argent vite gagné. « La façon la plus facile de gagner de l’argent à ma connaissance », a-t-elle dit. Mais comme j’avais loupé le début de l’histoire, je ne savais pas si Alex s’était en fait lancée elle-même dans ce trafic ou si elle se contentait d’évoquer l’expérience de son amie. »  

 

Lodge images.jpgDavid Lodge  La vie en sourdine  Rivages

 

 

 

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15/10/2012 | Lien permanent

Göran Tunström : L’Oratorio de Noël

Tunstrom Livre 1261220757.jpgFils de pasteur, Göran Tunström est né en 1937 en Suède dans le Värmland, dont sont originaires ses personnages. Il est mort à Stockholm en l’an 2000. Ce roman L’Oratorio de Noël est paru en 1983.

Débuts du XXe siècle, Solveig et Aron ont deux enfants, Sidner le fils et Eve-Liisala fille. Aronest radioamateur et Solveig chante à l’église, jusqu’au drame quand elle se fait piétiner à mort par un troupeau de vaches. La saga va alors commencer et Göran Tunström tisse une fresque magistrale qui s’étend sur trois générations, d’Aron le père à Victor le fils de Sidner, de la Suède à la Nouvelle–Zélande, les deux extrémités du monde.

Formidablement bien construit ce roman nous entraîne au cœur de l’humain, la vie et la mort, la folie et l’amour. Les personnages se croisent, se quittent, reviennent au fil des chapitres et le lecteur doit s’appliquer pour suivre les évènements et les faits qui se succèdent, parfois éloignés semble-t-il de notre sujet mais tout se tient en réalité et l’auteur dirige son théâtre de marionnettes avec maestria.

Impossible de tout résumer, mais l’idylle qui va se nouer entre Aron devenu veuf et Tessa une jeune femme vivant en Nouvelle-Zélande rencontrée par le biais de son poste émetteur est un des points forts du livre. Tunström décrit à merveille la solitude affective de Tessa, prisonnière des rigidités de son époque et d’un frère trop possessif, qui pensera s’évader grâce à la correspondance secrète échangée avec Aron, lequel se risquera à partir vers ce pays lointain pour y refaire sa vie, mais… dans une saga rien n’est jamais simple, ni acquis. Je ne peux en dire plus sans vous gâcher le plaisir de la lecture, mais sachez que Sidner lui aussi partira beaucoup plus tard en terres australes, pour un pèlerinage de mémoire.

Il faudrait aussi que j’évoque Splendid fils de cul-de-jatte, le copain déluré de Sidner quand il était gamin ou bien Selma la poétesse et surtout Fanny qui deviendra la mère de leur fils Victor. Il y a encore la folie de certains des acteurs, les attentes et les espoirs déçus, Torin l’oncle rouquin de Sidner qui rame dans ce monde qui lui est étranger. Vous le voyez, ça foisonne, ça grouille, ça part dans tous les sens de prime abord, mais tout est sous contrôle de l’auteur.

Quand la partition de cet Oratorio de Noël s’achève, une œuvre de J.S Bach, vous êtes groggy, sonné par ce texte riche et plein de vie mais attention « la vie, on l’a compris, est épouvantable, mais ce n’est pas une raison pour mourir. »     

 

« Cher Aron, Mrs Winther m’a invitée à prendre le café aujourd’hui, je suis arrivée juste avant la fermeture, elle m’a fait un signe de tête pour m’inviter à la suivre dans son logement privé. J’ai compris tout de suite qu’il y avait une lettre pour moi. Voyant mon excitation, elle ma dit : Je sors un instant, tu peux rester ici pour la lire, personne ne te dérangera. J’ai fondu en larmes. Personne, je te le dis Aron, personne dans mon existence ne m’a jamais parlé ainsi droit dans les yeux. Comme la vie est cruelle, comme elle pourrait être bonne. De qui et de quoi les hommes ont-ils une telle crainte ? Est-ce de leur propre vie ? Est-ce la crainte de nos gigantesques possibilités ? Quand elle est revenue, elle est restée derrière ma chaise et m’a caressé les épaules, et elle ne m’a pas dit : Ne pleure pas. Mais au contraire : Profites-en et pleure maintenant, tant que tu voudras. »

 

 

Tunstrom 129975456.jpgGöran Tunström  L’Oratorio de Noël  Babel

 

 

 

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17/10/2012 | Lien permanent

Rachel Joyce : La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi…

Joyce Livre 3229152359.jpgRachel Joyce qui vit en Angleterre a été durant plus de vingt ans scénariste et comédienne avant d’écrire ce premier roman qui vient de paraître. Je ne sais pas si La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi… est le titre de roman le plus long de l’histoire de la littérature mais en tout cas il y entre par la grande porte, celle du talent.

Harold Fry reçoit une lettre bouleversante de Queenie Hennessy, une ancienne collègue de bureau, lui apprenant qu’elle est en phase terminale d’un cancer. Pendant que sa femme vaque au ménage, Harold écrit aussitôt un petit mot de réconfort et sort pour poster son courrier. Il ne reviendra pas chez lui, poussé par un élan irrésistible autant qu’irréfléchi, il part à pied rejoindre Queenie, du Sud de l’Angleterre àla frontière Ecossaise, 87 jours de marche pour 1000 kilomètres de distance, persuadé qu’elle aura la force de rester en vie jusqu’à son arrivée.

Pourtant Harold est loin d’être un aventurier, âgé de 65 ans et à la retraite aujourd’hui, il était casanier, menant une vie insipide. Un employé effacé voire inexistant. Sa vie de couple avec Maureen n’est plus qu’une histoire ancienne, après 47 ans de mariage ils ne se parlent plus et leur fils David ne vient plus les voir. Comment un personnage aussi falot peut-il se lancer dans une telle entreprise aussi contradictoire avec son caractère et la manière dont il a toujours vécu, c’est ce que Rachel Joyce réussit à nous faire comprendre et accepter.

Ce long voyage sera une catharsis non seulement pour Harold mais aussi pour Maureen. La marche est un exercice physique qui tend à libérer l’esprit et Harold va en faire l’expérience. Les souvenirs vont remonter des zones sombres de son esprit où ils étaient enfouis et oubliés. Chaque page va nous révéler un petit bout de la vie du modeste héros, chaque chapitre nous en dit un peu plus sur un passé qui s’avère plus troublant au fil de la lecture.

De son côté Maureen, abasourdie par la décision d’Harold et se retrouvant seule à la maison, prend conscience de ce qu’était devenue leur vie et elle aussi, à coup de souvenirs et de remords va tenter de recoller les morceaux du puzzle d’une vie où ils vécurent heureux jadis. Un couple en lambeaux, deux êtres qui n’ont même plus les mots pour se comprendre.

Tout est absolument remarquable dans cet ouvrage, chaque page est un plaisir de lecture car Harold durant son pèlerinage expiatoire va rencontrer des gens qui tous ont une histoire ordinaire mais émouvante ou bien un geste amical pour ce pauvre vieux vagabond. La construction du roman est magnifiquement aboutie, au fur et à mesure que l’on avance aux côtés d’Harold, parfois les larmes aux yeux, c’est son passé qu’on voit se reconstruire et l’épilogue nous livre la fresque dans sa totalité pour révéler la vérité totale sur Harold et Maureen et Queenie. 

Je pense que vous avez compris qu’il s’agit d’un superbe roman fait de gens ordinaires, d’amour et de mort, une leçon de vie magistrale qui fera un merveilleux film dans la veine de celui de David Lynch, Une Histoire vraie (1999) où un vieil homme de 73 ans en mauvaise santé se lançait dans une expédition sur sa tondeuse autoportée pour retrouver son frère qui venait d’avoir eu une attaque.

   

« - Pour quelle raison Queenie a-t-elle disparu ? – Je l’ignore. Des bruits ont couru. Mais c’était une période difficile pour Harold et moi. Il ne m’a jamais rien dit et je n’ai rien demandé. Nous sommes ainsi, Rex. Aujourd’hui, tout le monde déballe ses secrets les plus intimes. Quand je lis les magazines people chez le médecin, j’en ai le vertige. Mais pour nous, c’était différent. Une fois, nous nous sommes dit beaucoup de choses. Des choses que nous n’aurions pas dû dire. Au sujet de la disparition de Queenie, je n’avais pas envie de savoir. »

 

Joyce 1993711839.jpgRachel Joyce  La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi…  Editions XO

 

 

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08/10/2012 | Lien permanent

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