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27/01/2024

La littérature étrangère à la peine ?

Un billet assez particulier puisque je n’en suis pas l’auteur, juste le passeur. Peut-être avez-vous loupé le grand article publié hier par Le Monde des Livres, titré « Littérature étrangère : une mauvaise passe », pour y remédier en voici un résumé dont j’espère ne pas en déformer le fond et si je n’utilise pas les guillemets c’est pour en simplifier la lecture.

Le constat de départ c’est qu’en 2023, dans un contexte économique morose pour l’édition, les romans étrangers ont été plus touchés que les francophones. Le marché français du livre a globalement progressé de 1% en valeur (Etude GFK) mais cette augmentation est due à une forte hausse des prix (+5%), alors que le nombre d’exemplaires vendus, lui, a fléchi de 4% en un an. Un recul lié à une chute de 10% de la littérature étrangère contemporaine (hors « romance » et sentimentaux qui marchent bien).

En dix ans, les ventes de fiction modernes étrangères ont diminué de 25% en volume (GFK) alors que celles de littérature française ont augmenté de 20%. Et si l’on se réfère au classement des 100 meilleures ventes en librairie en 2023, le nombre de romans étrangers présents, qui a longtemps oscillé entre 35 et 45 par an, est tombé à 12 !

Parmi les explications à ce phénomène : les éditeurs doivent payer les traductions mais il devient impossible de faire passer les auteurs dans les médias (radios et télés), dans ces conditions les éditeurs relèvent les prix, diminuent les tirages et réduisent les invitations des auteurs (frais de voyage et d’hébergement économisés), conséquence évidente, visibilité réduite des ouvrages !

La qualité littéraire des ouvrages étrangers n’est pas en cause, elle serait même « plutôt supérieure à celle des livres français » déclare Francis Geffard (Albin Michel), d’ailleurs vu les frais de traduction, les éditeurs sont plus sélectifs dans leurs choix. Pour information, la répartition des langues a peu varié, l’anglais restant largement dominant, le nombre de langues est passé de 33 en 2014 à 39 en 2023.

Pour résumer, il semblerait que ce recul de la littérature étrangère soit lié à l’absence de ses écrivains dans les médias, que les sujets de leurs romans soient moins familiers aux potentiels lecteurs et que le prix des livres freine les ventes, à 23 euros la nouveauté, le lecteur préfère aller vers les écrivains connus que ceux qu’il ne connait pas. D’ailleurs les collection de poche sont en plein boum.  

Réflexion personnelle : comme souvent dans la presse écrite, les articles déroulent de longs articles positifs ou négatifs sur un sujet donné, avant de se conclure sur une note inverse qui laisse le lecteur interrogatif et c’est le cas ici encore : tout le monde ne partage pas le pessimisme des chiffres, les éditions Métailié ou la librairie Ombre Blanche à Toulouse se félicitent de leurs bons résultats de ventes d’auteurs étrangers… alors ?

Commentaires

J'ai lu cet article hier, très intéressant et c'est bien que les ressentis ne soient pas les mêmes pour tout le monde. Les libraires passionnés de littérature étrangère en vendent toujours bien apparemment. Je pense aussi que les salons et fêtes du livre où les auteurs étrangers sont invités (festival America, Quais du Polar, Étonnants voyageurs) doivent aussi favoriser les ventes.
Cependant le prix en grand format est un frein, même pour les "gros" lecteurs avides de nouveautés étrangères. C'est mon cas, mais maintenant, soit j'achète en poche ou en occasion, soit, j'emprunte à la bibliothèque. Je réserve les grands formats neufs aux cadeaux.

Écrit par : Kathel | 27/01/2024

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Moi aussi je freine un maximum sur l’achat des grands formats privilégiant les poches ou bien la médiathèque. Et en plus ça prend moins de place chez moi !

Écrit par : Le Bouquineur | 27/01/2024

Effectivement, les ressentis ne sont pas les mêmes pour tous. J'ai la sensation qu'il y a une diversification des éditions.

Ces dernières années sont nés de nombreux petits éditeurs qui proposent des auteurs méconnus en France jusqu'ici. Par exemple, il me semble qu'on trouve de plus en plus d'écrivains d'Europe de l'Est en librairie (il y a sans doute plusieurs raisons à cela).

En ce qui concerne les littératures anglophones, de plus en plus de lecteurs choisissent de lire en VO. Un article est paru à ce sujet dans le magazine spécialisé Livres Hebdo. Apparemment les librairies anglophones ont le vent en poupe depuis 2020 :
https://www.livreshebdo.fr/article/librairies-anglophones-my-bookseller-rich

Pour ma part, j'aime beaucoup la littérature américaine mais aussi découvrir de nouvelles littératures, notamment venues de pays asiatiques. "La vague coréenne", dont on parle souvent, ne serait pas prête à se changer en Tsunami selon au article de la RTBF:
"Malgré tout, la littérature coréenne peine encore à s’exporter aussi bien que celle anglaise, française ou espagnole. Quelque 150 livres en coréen ont été publiés dans 27 langues différentes en 2022, d’après le Korea Times qui s’appuie sur des chiffres de l’agence LTI Korea (Literature Translation Institute of Korea). En comparaison, les droits de traduction de 16.878 ouvrages français ont été cédés en 2021, selon le Syndicat national de l’édition.". J'ai trouvé deux articles sur sur littérature datant de 2023:
https://www.rtbf.be/article/dans-le-sillage-de-la-k-pop-la-litterature-coreenne-brille-a-linternational-11205704
et
https://mondedulivre.hypotheses.org/12860
Comme tu le vois, le sujet me captive !

Écrit par : je lis je blogue | 27/01/2024

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Mon niveau d’anglais n’est pas suffisant pour que je puisse lire un roman en VO et aujourd’hui je le regrette car la traduction est un sujet qui m’intéresse beaucoup et j’aurais aimé pouvoir en juger sur pièce…
Merci pour ton commentaire riche en élargissements qui passionneront ceux qui passeront par ici.

Écrit par : Le Bouquineur | 27/01/2024

Exact, jelisjeblogue a vraiment donné des détails intéressants. Pour ma part, je n'ai pas lu l'article du monde. Kathel a raison de parler e tous ces festivals où on peut craquer.
Mais comme toi, je privilégie poche ou médiathèque (pas à 100%, on est faible)

Écrit par : keisha | 27/01/2024

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Quand il y a des nouveautés qu’on veut vraiment lire immédiatement on est obligé d’en passer par l’achat… Idem avec ma médiathèque qui est loin de pouvoir satisfaire tous mes désirs de lectures…

Écrit par : Le Bouquineur | 27/01/2024

Ah voilà un sujet qui m'intéresse ! (Je découvre ce blog grâce aux Bonnes nouvelles de Doudoumatous).
A part quelques auteurs phares ou phénomènes de mode (feel good japonais par exemple), les écrivains étrangers sont assez peu mis en avant en librairie je trouve, surtout dès qu'ils abordent des thèmes un peu "exigeants". Les coûts sont plus importants, c'est sûr, mais n'y aurait-il pas aussi un peu d'ethnocentrisme de la part du lectorat français? Je n'ai pas la réponse, mais je me pose la question car un grand nombre de mes lectures étrangères font au contraire écho à des réflexions qu'on peut se faire en tant que Français(e) aussi. Je trouve fascinant, parfois rassurant, parfois inquiétant, de constater à quel point malgré des vécus et contextes différents, nous sommes si proches (car au fond, nous sommes tous des êtres humains). Ou au contraire, de découvrir des vies à l'opposé des nôtres. Il y a une foule d'auteurs français formidables bien sûr, mais comme pour tout, s'ouvrir au reste du monde permet d'encore plus le savourer. Quant aux publications, je vois beaucoup de petites maisons d'édition passionnées faire découvrir des littératures d'ailleurs, mais pour quelques-unes qui arrivent à survivre, combien vont disparaître très vite ou ont du personnel qui ne vit pas de son travail ? Je me pose la question. En attendant, je continue à écouter les auteurs étrangers dès que je le peux, sur France culture essentiellement, avec les formidables interprètes grâce auxquels nous accédons à leur pensée (quand ils ne parlent déjà pas un excellent francais, ce qui est assez fréquent).

Écrit par : Sacha | 02/02/2024

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