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Rechercher : les grands cerfs

Alexandre Dumas fils à Marly-le-Roi

Si comme nous l’avons vu précédemment, Alexandre Dumas père habita Marly-le-Roi, son fils y résida de 1824 jusqu’à son décès.

alexandre dumas, marly le roi, Alexandre Dumas fils, enfant naturel de l’auteur des Trois Mousquetaires, est né à Paris en 1824 et décédé à Marly-le-Roi en 1895. Ecrivain lui aussi et membre de l’Académie Française, il se fit l’apôtre d’un « théâtre utile » d’inspiration sociale et on lui doit La Dame aux camélias, son plus grand succès.

A Marly, débutant place du Chenil, c’est dans la pentue rue Champflour, du nom d’une famille et d’un curé du XVII siècle,  que subsiste la trace de l’ancienne propriété de l’écrivain, aujourd’hui dispersée en lotissements.

La propriété appartenait à Adolphe de Leuven, fils du comte de Ribbing, officier de la garde suédoise qui après avoir été au service de la France en 1782, participa à l’assassinat du roi Gustave III de Suède le 16 mars 1792 au cours d’un bal masqué avec deux autres complices. Banni, il se réfugia en France sous le nom de sa mère - Leuven.

Chez des amis de son père à Villers-Cotterêts, Adolphe de Leuven fait la connaissance d’Alexandre Dumas (le père) et ils écriront ensemble leur première pièce, La Chasse et l’Amour que Dumas signera sous le nom de Davy. Par la suite de Leuven écrira seul ou en collaboration avec d’autres, une centaine de vaudevilles et opéras-comiques qui seront joués dans les plus grands théâtres de Paris et même à l’Opéra dont il deviendra le directeur. La profonde amitié de cinquante ans entre Alexandre Dumas et Adolphe de Leuven se reportera après la mort de Dumas sur son fils Alexandre. 

Le 14 avril 1884, âgé de 82 ans et atteint d’un cancer à l’estomac, de Leuven s’éteint sur ces derniers mots « pourvu qu’il fasse beau ce jour-là… ». Le service funèbre eut lieu en l’église Saint-Vigor de Marly et l’inhumation au cimetière du Pecq. Par testament daté du 18 août 1874, il laissait sa propriété de Champflour à Dumas fils, à une seule condition, qu’il conserve ses chevaux jusqu’à leur mort et qu’ils ne soient jamais attelés à un fiacre ou une charrette.

Dumas fils et sa femme Nadine Naryschkine qui avaient l’habitude de passer l’été dans la propriété à l’invitation des Leuven, s’installent à Champflour définitivement. L’écrivain fait surélever une partie de la maison pour y aménager un grand cabinet de travail. En 1895, sa femme de faible constitution décède et trois mois plus tard en juin, âgé de 71 ans, il épouse Henriette Régnier sa cadette de 27 ans dont il était épris depuis bien longtemps. On peut noter que depuis 1888, elle louait une petite maison place de la Vierge, c’est-à-dire pas très loin de Champflour...

L’union ne durera pas, car Dumas meurt fin novembre de cette même année. « Les trains venus de Paris déversaient sur les quais de la petite gare, des flots d’admirateurs et de curieux qui se dirigeaient en cortège vers Champflour. »

Ce n’est qu’en 1933 que Jeannine d’Hauterive qui décédera l’année suivante, seule légataire de Dumas (sa veuve n’ayant que l’usufruit de la propriété), décidait de vendre la propriété et de morceler le parc pour en faire un lotissement de pavillons, aujourd’hui parc Alexandre-Dumas. De l’époque glorieuse ne restent que la maison restaurée et la serre.

 

 

Sources : Marly, rues, demeures et personnages Christiane C. Neave (1983) – Photos : Le Bouquineur


alexandre dumas, marly le roi,

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03/12/2012 | Lien permanent

David Lodge : La vie en sourdine

Lodge Livre 28652705_10441542.jpgDepuis de nombreuses années déjà, l’écrivain britannique David Lodge nous régale de ses romans délicieusement drôles, de cet humour dont on dit que les Anglais sont maître. Ce bouquin, La vie en sourdine, paru en 2008, n’échappe pas à cette règle. Quoique.  

Le narrateur, Desmond, un professeur de linguistique à la retraite remarié à une femme très active tenant une boutique de décoration très prisée en ville se fait du souci pour son père devenant de plus en plus vieux et vivant seul dans sa maison. Mais, le ressort du roman, ce qui en fait le fil rouge, c’est que Desmond souffre d’une surdité qui s’aggrave de jour en jour. Telle est la vie quotidienne de notre héros qui par un malentendu (c’est le cas de le dire, au propre comme au figuré) va se retrouver embringué à aider une étudiante américaine venue en Grande-Bretagne rédiger une thèse sur les lettres écrites par les suicidés.   

L’écrivain qui lui-même est devenu malentendant connaît bien son sujet et il l’évoque ici avec beaucoup de précisions et de vécu, sans oublier bien sûr son fameux humour qui fait tout le charme de ses écrits. Si comme moi vous connaissez des sourds ou des durs de la feuille, vous apprécierez à leur juste valeur, ces pages où Desmond comprend de travers ce qu’on lui dit, voire ne comprend rien du tout et préfère se retrancher dans sa solitude. Bien évidemment c’est dramatique pour les sourds mais qui n’a jamais souri face à un Tryphon Tournesol aux esgourdes bouchées ? David Lodge joue sur ces deux aspects avec une maestria certaine.

Comme l’auteur n’est pas un scribouillard mais un grand écrivain, son ouvrage ne se contente pas de nous faire rire avec les tracas physiques de son personnage principal. Il y ajoute un rôle secondaire inquiétant et trouble comme cette étudiante qui au début semble anodine, puis qui s’immisce lentement dans la vie de Desmond et dont on sent petit à petit qu’elle est dangereuse, peut-être déséquilibrée. Mais ce qui m’a le plus touché, ce sont les longues pages sur son père. Les visites qu’il se doit de lui faire régulièrement, chaque visite montrant sa déchéance, l’esprit et le corps s’émiettant inéluctablement. Cette description de la vieillesse est magistrale de simplicité et de réalité, quand son père finalement décèdera, j’ai eu beaucoup de mal à retenir mes larmes.

David Lodge nous donne là, l’un de ses meilleurs romans, le plus autobiographique c’est certain et c’est cette vérité qui en fait toute sa valeur. Au-delà de l’anecdote et des trouvailles romanesques, combien de détails de la vie de tous les jours, de nos vies et de celle nos proches qui vont nous « parler » directement. D’une aventure autobiographique, comme je le disais, il fait une œuvre universelle qui nous concerne tous, sans jamais se départir de ce fameux humour qui nous sauve du pathétisme pleurnichard dans lequel tout autre nous eut plongés. Ouvrez grandes vos oreilles : « Il faut lire ce bouquin ! »       

 

« Elle a eu alors un petit rire nerveux et dit quelque chose d’un air désinvolte où je n’ai compris que l’expression « renifleur de petites culottes ». Quand elle a commencé à expliquer, j’ai compris qu’une fille avec laquelle elle avait travaillé pendant un temps dans un bar lui avait parlé d’un homme qui donnait de l’argent pour recevoir des petites culottes qui avaient été portées mais n’avaient pas été lavées. On les envoie par la poste, enveloppées dans des sacs à congélation, une fois par semaine, et trois jours après on reçoit un chèque. On ne le rencontre jamais. De l’argent vite gagné. « La façon la plus facile de gagner de l’argent à ma connaissance », a-t-elle dit. Mais comme j’avais loupé le début de l’histoire, je ne savais pas si Alex s’était en fait lancée elle-même dans ce trafic ou si elle se contentait d’évoquer l’expérience de son amie. »  

 

Lodge images.jpgDavid Lodge  La vie en sourdine  Rivages

 

 

 

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15/10/2012 | Lien permanent

Michelet : La Mer

Michelet Livre 751511_2878846.jpgJules Michelet (1798-1874) est historien, Chef de la section historique aux Archives nationales et professeur au Collège de France où il distille ses idées libérales et anticléricales. Suspendu en 1848 il est privé de sa chaire au Collège de France et de son poste aux Archives. Il reste connu pour sa monumentale Histoire de France ainsi que pour son Histoire de la Révolution française. En parallèle il écrit des bouquins sur la nature (L’Insecte) et l’homme (La Sorcière).

Ce livre consacré à la mer entre dans la catégorie de ses ouvrages sur la nature avec une approche encyclopédique où Michelet tente de cerner tous les aspects et caractéristiques des océans. La faune, la flore, les plages et les falaises, les pêches, les phares et les grands navigateurs explorateurs, enfin les bienfaits des bains de mer. Ecrit à la lumière des connaissances de son époque – le livre paraît en 1861 – les faits scientifiques ou autres sont présentés avec emphase et dans le style littéraire qu’on lui connaît, à ce propos lire les très belles pages de certains passages de son ouvrage sur la Révolution, ici ce sera le chapitre consacré à la tempête d’octobre 1859. Ce qui est remarquable dans cet ouvrage sur la mer, c’est sa modernité quand il condamne les pêches intensives qui feront disparaître certaines espèces ou le carnage des chasses à la baleine. « Il faut que la France, l’Angleterre, les Etats-Unis, proposent aux autres nations et les décident à promulguer, toutes ensembles, un Droit de la mer ». Ou bien encore quand il prône pour la santé des travailleurs « Dix jours de repos à la mer le remettraient, conserveraient un solide travailleur », nous ne sommes pas loin des congés payés… qui n’arriveront qu’en 1936 ! Et il envisage déjà le développement des constructions le long du littoral « Je parle de l’humble maison des médiocres fortunes. C’est un art nouveau à créer, dont on ne paraît pas se douter. » Tout du long de ce livre Michelet crie son amour de la Nature et de la mer en particulier « La mer, qui commença la vie sur ce globe, en serait encore la bienfaisante nourrice, si l’homme savait seulement respecter l’ordre qui y règne et s’abstenait de le troubler ». Un cri qui devrait nous mettre le rouge aux joues quand on se souvient qu’il date de 1861 ! 

Ce livre de Jules Michelet ne fera néanmoins pas l’unanimité puisque dans son Journal en date du 20 février 1889 Jules Renard écrit « Lu, de Michelet, la Mer. Michelet est le type du grand bavard. Il extrait d’une petite idée une grande page… On commence par admirer ces écrivains, genre magnifique, qui tiennent des poules pondeuses. Bientôt, on a assez de leurs œufs. » Alors que de son côté Gustave Flaubert par une lettre envoyée à Michelet ne cachait pas son admiration « C’est une œuvre splendide d’un bout à l’autre, qui a l’air simple et qui est sublime. Quelle description que celle de la tempête d’octobre 1859 ? Quel chapitre que celui de la mer de lait, avec cette phrase exquise à la fin : « De ses caresses assidues… la tendresse visible du sein de la femme… »! Vous nous donnez des rêveries immenses, avec l’atome, la fleur de sang, les faiseurs de mondes! Il faudrait tout citer! Vous faites aimer les phoques, on se trouve ému et on a de la reconnaissance pour vous. Quelle merveille d’art et de sentiment que votre page sur les perles (196-197), les mers polaires, la baleine; « l’homme et l’ours fuyaient épouvantés de leurs soupirs… »

 

 

Michelet mages.jpgMichelet  La Mer  chez Folio

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15/10/2012 | Lien permanent

Louis Nucéra : Mes ports d’attache

Nucera Livre 30488505_6601213.jpgLouis Nucéra est né le 17 juillet 1928 à Nice et mort le 9 août 2000 à Carros. Ecrivain français, il reçoit le Prix Interallié en 1981 et le Grand Prix de Littérature de l'Académie Française en 1993 pour l’ensemble de son œuvre. Après avoir pratiqué différents métiers tels que employé de banque, journaliste, attaché de presse dans une maison de disques (Philips), directeur littéraire chez Lattès, il se consacre enfin à l’écriture et publie son premier roman L’obstiné en 1970. Mes ports d’attache date de 1994. Passionné de vélo, on en trouve de multiples traces dans son œuvre, c’est cette passion qui le tuera, fauché par un chauffard.

Je ressorts de la lecture de ce livre subjugué, ce roman n’est pas un vulgaire bouquin, il dépasse complètement ce concept, en fait c’est un trésor, le genre d’objet qu’on voudrait garder à ses côtés perpétuellement pour pouvoir s’y ressourcer à loisir, y puiser des forces pour vivre, s’y alimenter comme le prêtre étaie sa foi en lisant et relisant son missel. L’expression consacrée serait d’écrire qu’il restera l’un de mes livres de chevet.

Quand Nucéra parle de ses ports d’attache, il évoque les amitiés qu’il a entretenues durant toute sa vie avec d’illustres inconnus tout autant qu’avec des écrivains, des poètes ou des chanteurs qui étaient l’un et l’autre. Tous amoureux de la langue française et portant aux nues des valeurs fortes comme l’amitié. Chaque page de ce livre sue l’amour du prochain et ces serments « à la vie à la mort » qu’on ne dit pas mais qui n’en ont que plus de valeur.

Quel diable d’homme que ce Louis Nucéra ! Quel parcours ! Grand ami de Joseph Kessel, il croisera les vies de Jean Cocteau, Cioran, Henry Miller, Romain Gary, André Hardellet entre mille autres. Nous sommes à ses côtés quand il raconte des dîners avec René Fallet, Antoine Blondin, Alphonse Boudard et Georges Brassens ; on respire l’odeur des cuisines familiales et l’on entend le bruit des bouteilles de vin qu’on débouche mêlé aux conversations qui dureront jusqu’à pas d’heure. Ce Georges Brassens auquel il consacre de très longues pages passionnantes et émouvantes. Louis Nucéra dévoile des moments d’intimité avec tous ces illustres, comme des secrets qu’on ne révèlent qu’à ses amis, nous ses lecteurs. Le livre est une longue litanie d’hommes aussi grands par le talent que par leur modestie.

Ecrit avec beaucoup d’élégance et de style, le livre regorge de citations qui sont autant de renvois à des hommes ou des œuvres qu’on a envie de mieux connaître, donc autant d’autres livres qu’il me faudra aborder un jour ou l’autre. Un bijou. « Lire est un artisanat. Il tombe en désuétude » constatait Cocteau, alors si vous ne devez lire qu’un seul livre dans les mois à venir, lisez celui-ci.

 

« Les choses ont bigrement changé depuis les années où ma mère me tenait la main pour traverser l’avenue des Diables-Bleus. L’homme s’est promené surla lune. Ilgreffe des cœurs, des hanches. Il s’expose au sida quand naguère quelques gonocoques se chargeaient d’effaroucher. On étale dans des livres ou sur des écrans ce que l’on osait confier à un calepin intime. On fait de la laideur et de la grossièreté des buts. On conchie la langue française. Moi aussi j’ai changé. Mes journées me paraissent galoper de plus en plus vite. Le regard des filles ne me prodigue plus aucune promesse. Je conçois que, sans hypocrisie, le monde ne serait plus vivable. Que voulez-vous ! Le coup de poing a quitté ma panoplie d’arguments. Les temps de l’école communale sont bien révolus. »

 

Nucera mages.jpgLouis Nucéra  Mes ports d’attache  Les Cahiers Rouges  

 

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15/10/2012 | Lien permanent

Philip Roth : Le Rabaissement

Roth Livre rabaissement 41289557_9365529.jpgPhilip Roth est né le 19 mars 1933 à Newark, dans le New Jersey, son œuvre couronnée de multiple prix en fait l’un des plus grands écrivains américains contemporains. « L'œuvre de Philip Roth forme une vaste fresque à la lisière de la fiction et de l'autobiographie, qui traite dans une prose aux qualités uniques d'ironie et de clairvoyance des thèmes aussi puissants que les tumultes de la sexualité et de la psychologie masculines, le poids de l'Histoire et de l'héritage, la hantise de la désagrégation du corps et de la mort, et la place du judaïsme et de la littérature dans la civilisation occidentale. » Le Rabaissement est son dernier ouvrage paru.

Simon Axler est un grand acteur, du moins il l’a été, car aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années, il a cessé de jouer depuis qu’il a perdu confiance en lui, incapable de se souvenir de son texte et surtout dans l’impossibilité de se glisser dans un rôle. Une petite voix au fond de lui, lui susurre qu’il est un imposteur, qu’il triche avec le public. Le public l’oublie et sa femme le quitte, seul son agent tente encore de le pousser à remonter sur scène, mais en vain. Simon Axler est en pleine dépression et songe au suicide, « le suicide était son point de mire ».

Alors qu’il est mal parti, Simon tombe amoureux de Pegeen, fille d’amis comédiens, vingt-cinq ans plus jeune que lui et lesbienne ! Convertie aux amours hétérosexuelles, Simon et Pegeen vivent alors de doux moments durant un certain temps, « il fallait bien qu’il y ait un commencement à la reconstruction d’une vie et, pour lui, cela avait débuté par le fait de tomber amoureux de Pegeen … » Hélas pour Axler, il ne s’agit que d’un rebond passager, et le livre se termine d’une manière plus dramatique que ce à quoi nous avait habitué Philip Roth dans le passé quand Simon atteint le point de mire.  

Pour le dire franchement, le bouquin m’a déçu. Certes, il est bien écrit dans ce style très souple cher à Roth, certes le cas de Simon Axler, comédien en perte de vitesse, est intéressant et ouvre les portes à la réflexion, mais le roman est très court (120 pages), trop peut-être, et ce volet aurait mérité d’être plus développé à mon sens. Enfin, et là aussi je dois être honnête, la complaisance récurrente de Philip Roth pour le sexe, et là en poussant le bouchon un peu loin, un type de plus de soixante ans qui se tape une lesbienne, avec une scène de triolisme et accessoires consacrés pour pimenter le quotidien, ça devient un peu ridicule.

Philip Roth est un grand écrivain, c’est certain. Il commence à prendre de l’âge et avoir des fantasmes dont il se sert pour nourrir ses romans, c’est logique, mais j’ai l’impression qu’il commence à flirter avec le n’importe quoi sur la forme, même si le fond reste particulièrement intéressant et jubilatoire. La critique professionnelle semble trouver tout cela très bien, aveuglée par l’œuvre passée et de haute qualité de l’écrivain, mais moi qui suis entièrement libre de mes propos je trouve que ce roman de Philip Roth rabaisse son talent. D’où le titre du livre ?

 

« Elle était allée à un congrès où l’on interviewait les candidats pour enseigner en sciences de l’environnement. Elle avait trouvé un poste surla côte Estaprès avoir couché avec la directrice du département, qui avait eu le coup de foudre pour elle et qui l’avait par la suite engagée. Cette femme était encore la protectrice dévouée et la chérie de Pegeen lorsque Pegeen alla rendre visite à Axler et décida qu’après avoir été lesbienne pendant dix-sept ans elle voulait un homme – cet homme-là, cet acteur de vingt-cinq ans son aîné et l’ami de sa famille depuis des dizaines d’années. »

 

 

Roth images.jpgPhilip Roth  Le Rabaissement  Gallimard

 

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16/10/2012 | Lien permanent

Louis Guilloux : Le sang noir

Guilloux Livre 264910_2784008.jpgLouis Guilloux (1899-1980) journaliste, natif de Saint-Brieuc, publie son premier roman en 1927 et en 1935 Le sang noir rate de peu le prix Goncourt, raflé par Joseph Peyré avec Sang et Lumière. Ses convictions humanistes le conduiront à devenir secrétaire du 1er Congrès mondial des écrivains antifascistes et responsable du Secours Populaire.

Ce roman – Le sang noir - est considéré comme le chef d’œuvre de Louis Guilloux et s’attire les louanges d’ André Gide et Albert Camus. L’action se déroule dans une petite ville de province sur une seule journée, en 1917. Année emblématique puisquela Grande Guerre, comme on l’appelle, tourne à l’hécatombe, voit surgir les mutineries de poilus et les exécutions pour l’exemple, tandis que les Russes font leur révolution.

Le personnage principal, professeur de philosophie, se nomme Merlin mais tout le monde l’appelle Cripure. Ce sobriquet résulte d’un jeu de mot de potache sur l’ouvrage de Kant Critique de la raison pure qui devient « Cripure de la raison tique » d’où le surnom. Cripure a eu son heure de gloire à une époque grâce à un ouvrage savant mais depuis il végète, écrivant sans jamais le finir un bouquin qui devrait être son apothéose. Il vit en ménage, tant bien que mal, avec une souillon Maïa et sombre lentement dans l’alcoolisme entouré de ses chiens. Moqué de tous ou presque en raison de son infirmité, de trop grands pieds, Cripure fuit tous ces cloportes qui dans cette petite ville continuent de jouer leur rôle alors qu’au loin la guerre gronde et que leurs fils en reviennent amochés – pour les chanceux qui reviennent – avant de repartir au front. La description faite par Guilloux de cette humanité est féroce, riches ou pauvres, bourgeois ou ouvriers, tous ou presque traînent leur mesquinerie, leur bassesse, leur lâcheté, leur méchanceté. « J’ai toujours vécu seul, répliqua Cripure, absolument tout seul. Je ne serais pas plus seul chez les Canaques. »

En ce jour fatidique, la coupe va déborder pour Cripure, qui gifle son ennemi de toujours, Nabucet, un fat prétentieux et arriviste. Le duel devient inévitable et le sort de Cripure paraît scellé puisque l’offensé a choisi l’épée. Les quelques heures qui vont suivre nous entraînent dans des rebondissements, le duel est annulé mais Cripure ne sera pas sauf pour autant, et des révélations hélas ! tardives, Maïa et Cripure qui vivaient comme chien et chat se cachaient à leur insu des sentiments plus tendres.

Un livre remarquable en tout point, à lire toute affaire cessante. Je me demande encore comment j’ai pu vivre jusqu’à ce jour sans l’avoir encore lu. Inutile de vous dire que je vais approfondir ma connaissance de l’œuvre de Louis Guilloux.

 

«C’était donc là cet homme tant cherché ! Il examina ce petit visage rougeaud, presque sans rides, qui se tendait vers le sien. Le front était étroit, et les cheveux courts et plantés bas ; mais quel regard de douleur ! Combien différent de ce regard qu’il avait dans la rue, à la porte de sa classe, quand il attendait que le concierge allât tirer la cloche ! Ce regard devint morne, Cripure remua les lèvres, fit bouger son dentier. D’un geste preste, qui dénotait une grande habitude, il chopa sur son cou une puce et l’écrasa. Il se frotta les tempes du bout des doigts, rajusta son binocle, puis rien ne bougea plus dans ce visage, sauf les yeux, quand il avisa un petit volume que depuis le début Etienne tenait sur ses genoux. »

 

Guilloux louis_guilloux_02.jpgLouis Guilloux  Le sang noir  Folio        

 

 

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14/10/2012 | Lien permanent

Patti Smith : Just Kids

SMITH Livre 34868452_7821497.jpgIl ne s’agit pas d’un nouvel album de Patti Smith mais d’un bouquin. Non pas une autobiographie, mais plutôt le roman de sa vie.

Une vie qui débute le 30 décembre 1946 à Chicago (Etats-Unis) où naît Patricia Lee Smith, d’un père ancien danseur de claquettes et employé de bureau dans une usine, alors sa mère qui a abandonné une carrière de chanteuse de jazz pour élever ses quatre enfants, est serveuse dans un restaurant. À l'adolescence elle se détache de son éducation très religieuse que sa mère, une Témoin de Jéhovah, lui a donnée même si elle en conservera toujours une marque profonde qui ressort parfois au détour de son œuvre, et très tôt se passionne pour les arts, que ce soit la poésie, l’écriture ou le dessin.

Le livre retrace son parcours qui ne peut être dissocié de son mentor Robert Mapplethorpe, amant, meilleur ami et toujours guide artistique, l’homme de sa vie. Car c’est bien lui – Robert - le sujet principal du bouquin, puis Robert et Patti et finalement Patti après son décès tragique.

Le bouquin peut être lu de différentes manières. Une histoire du rock dans les années soixante-dix, avec ses hauts lieux à New York comme le CBGB et le Max’s Kansas City, ses rencontres avec les plus grands musiciens tels Jimi Hendrix, Janis Joplin, Johnny Winter, puis plus tard quand elle se lancera elle-même dans la musique avec la constitution de son groupe et l’enregistrement de son premier single et album. Ou bien encore, sa vie de bohême dans la ville qui ne dort jamais, de St Mark’ place au mythique Chelsea Hotel, de Coney Island à Times Square, nous la suivons les yeux grands ouverts, ébahis de revivre avec un tel guide notre jeunesse enfuie.

Mais il y a aussi les traces de son amour de la littérature et de la poésie et ses propres travaux d’écriture. Ses jobs dans des librairies, les bouquins chinés chez des revendeurs où elle déniche des éditions dédicacées qu’elle peut fourguer pour quelques dollars qui paieront le loyer du loft. Le voyage pèlerinage à Charleville-Mézières pour l’amour de Rimbaud, ses rencontres avec William Burroughs, Grégory Corso, Alan Ginsberg et d’autres. 

Tout se mêle et s’emmêle, mais tout s’articule autour de sa rencontre avec Robert Mapplethorpe qui partagera sa vie de longues années et de sa trajectoire artistique à lui. Tous deux pauvres d’argent mais riches d’amour et de foi dans leur destin qui sera artistique ou ne sera pas. Lui deviendra le grand photographe de renommée internationale foudroyé par le Sida, elle l’artiste chanteuse/compositeur/écrivain et militante que tout le monde connaît. Deux biographies dans un seul livre, rien que cela est une affaire.

Le bouquin est magnifique, bien écrit et riche en détails secondaires dépassant une mémoire normale pour atteindre le niveau enviable d’œuvre littéraire sans pour autant trahir la réalité, mais ce qui émeut profondément c’est la fidélité et l’amour qui liaient ces deux artistes, ce qui transpire de chacune des pages de cet ouvrage. Dois-je ajouter que j’en conseille chaudement la lecture avec Horses le premier CD de Patti Smith en bande son.    

  

« J’avais vingt ans quand je suis montée dans le bus. Je portais ma salopette, un col roulé noir, et le vieil imper gris que j’avais acheté à Camden. Ma petite valise écossaise rouge et jaune contenait quelques crayons de couleur, un carnet, les Illuminations, quelques fringues, et des photos de mon frère et de mes sœurs. J’étais superstitieuse. Nous étions un lundi ; j’étais née un lundi. C’était un bon jour pour arriver à New York City. Personne ne m’attendait. Tout m’attendait. »

 

patti-smith-4bcc327cc63c8-604x400.jpgPatti Smith  Just Kids  Denoël

        

 

 

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08/10/2012 | Lien permanent

Amélie Nothomb : Barbe bleue

Nothomb Livre.jpgAmélie Nothomb, née en 1967 à Kōbe au Japon, est une écrivaine belge francophone qui partage sa vie entre la France et la Belgique. Paru en 2012, Barbe bleue est son dernier roman.

Le titre l’indique et Amélie Nothomb ne cherche pas à finasser, elle nous propose avec ce nouveau roman, une version toute personnelle du fameux conte de Charles Perrault.

Son excellence Don Elemirio Nibal y Milcar, vieux beau d’origine espagnole mais seulement âgé de quarante quatre ans, sous-loue une vaste chambre de son hôtel particulier. De nombreuses femmes se pressent pour répondre à l’annonce, attirées par la réputation sulfureuse du propriétaire, les huit précédentes colocataires ayant mystérieusement disparu, mais c’est Saturnine Puissant, vingt-cinq ans, ignorant tout de la situation jusqu’alors, qui est choisie.

La demeure est grande, la chambre plus que confortable et le loyer particulièrement modique au regard des lieux et du chic quartier parisien. Elle aura tout loisir d’y circuler, voire de dîner avec le propriétaire mais il lui est interdit d’entrer dans une pièce bien particulière et qui n’est pas fermée à clé comme le lui précise son hôte. Le Grand d’Espagne loge ici seul, avec Melaine son domestique, Hilarion Grivelan le secrétaire et le chauffeur. 

Une fois les bases posées, relativement proches dans les grandes lignes de celles du conte homonyme, Amélie Nothomb entre en jeu et déploie sa propre vision de l’affaire. Un roman tout en dialogues, finalement assez proche du théâtre, une sorte de huis-clos où vont s’affronter Don Elemirio et Saturnine en une joute intellectuelle. La demoiselle mène les débats, criant haut et fort qu’elle ne craint pas son logeur, le poussant à s’expliquer sur ce qui est advenu à ses locataires disparues.

Un jeu du chat et de la souris où l’on manie les paradoxes, on lâche des demi-vérités. Ces conversations menées tambour battant vont finir par les rapprocher, et si Elemirio suit son plan sans faillir depuis le début, c’est Saturnine qui succombera contre toute attente à la passion. Pour autant le roman n’est pas encore terminé et je vous laisse découvrir la fin ultime.

Il y a un ton très particulier chez Amélie Nothomb qui rend ses lecteurs accro à ses livres et à son univers. Le style est toujours enlevé, pétillant comme ce champagne dont elle vante couramment les mérites dans ses livres, « vous qui êtes obsédé par l’or, ne savez-vous pas que le champagne en est la version fluide ? ». L’humour et la dérision en rendent la lecture joyeuse, même si comme ici le lecteur est en droit d’attendre une mort annoncée, avant le point final.

Et au milieu de ce gentil délire où l’on ne s’encombre pas de crédibilité, il y a toujours ce regard original de l’écrivaine qui laisse entrevoir la possibilité de choses cachées sous les faits les plus banaux. Ajoutez à cela, un nuage de culture finement disséminée dans le texte et de réflexions profondes et intéressantes livrées en une courte phrase (le rôle de la photographie, de l’ascèse, l’importance des couleurs, quelle est la juste frontière entre l’aimée et soi, etc.).   

Je crois avoir cité tout ce qui fait qu’on a entre les mains un bon petit roman.

 

« - Je n’ai pas choisi l’asperge au hasard, dit don Elemirio. Vous ressemblez à une asperge. Vous êtes longue et mince, votre parfum n’en évoque aucun autre, et rien sur terre n’égale l’excellence de votre tête. Le compliment, qui l’aurait exaspérée la veille,la troubla. Qu’il était odieux d’être amoureuse ! Elle se sentait à vif, à la merci de tout. Quelle poisse ! Elle se réfugia dans la flûte de champagne, en espérant que le vin ne diminuerait pas davantage ses défenses naturelles. »

 

 

Nothomb.jpgAmélie Nothomb  Barbe bleue  Albin Michel

 

 

 

 

 

 

 

 

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29/01/2013 | Lien permanent

Jean-Pierre Chabrol : Les mille et une veillées

Chabrol Livre.jpgJean-Pierre Chabrol (1925-2001) est écrivain et scénariste. Tous ceux qui ont eu l’occasion de l’écouter parler, à la radio ou à la télévision, gardent le souvenir d’une grosse voix rocailleuse à l’accent cévenole. Une voix de conteur, de raconteur d’histoires. Ce sont justement ces histoires que l’écrivain a compilé dans Les mille et une veillées, son bouquin paru en 1997.

Installons-nous autour de la cheminée dans laquelle brûlent une bûche ou deux, le conteur bourre sa pipe et se racle la gorge tandis que le chat de la maison se réfugie sur les genoux de sa maîtresse, dehors le vent d’hiver se rue sur les volets. La veillée va commencer. 

Dans une courte introduction, Chabrol nous rappelle ce qu’étaient les veillées autrefois, leur rôle dans la vie des habitants des petits villages à une époque où même la télévision n’existait pas. Ensuite, dans plus d’une trentaine de nouvelles, il nous fait découvrir ou redécouvrir c’est selon, ce qu’était l’existence quotidienne dans nos campagnes, qu’il s’agisse de paysans, d’artisans, de prêtres, de soldats de la Grande Guerre revenus de l’horreur. Quelques textes atypiques aussi, comme celui sur des truands réunis autour d’un cassoulet dans un boui-boui, ou bien des histoires relevant du surnaturel à moins que ce ne soit du rêve. Histoires vraies et vécues, histoires inventées de toute pièce, difficile de faire le tri mais pourquoi le faire, d’ailleurs ? L’important étant le plaisir qu’on prend à les lire.

En quelques pages, le conteur dresse un décor, plante des acteurs et nous raconte une histoire extraordinaire. Par son talent narratif Jean-Pierre Chabrol réussit à nous faire croire que nous connaissons les lieux, voire les personnages ou leurs semblables ; nous l’écoutons, les yeux grands ouverts (sic !), nous conter les tribulations des uns et des autres et nous nous intéressons à leurs mésaventures comme s’ils étaient nos voisins ou compères de bistrot. Ces petites gens, ces minuscules tranches de vie, touchent notre inconscient collectif et nous placent en terrain familier.  

Des histoires bien torchées dont toutes ont en commun, une chute magistrale. Le livre idéal pour décembre et les mois qui s’annoncent, « car c’est au cœur de l’hiver que la veillée prends son poids » nous prévient le conteur.   

 

« Victorine avait été infirmière pendantla Grande Guerre, elle savait faire les piqûres, c’est dire les services qu’elle rendait continuellement et gratuitement, avec le sourire. – C’était un plaisir de se déculotter devant elle… dit avec un grognement satisfait Lamec-le-Gras. Les mots de Méchin traînent son épaisse salive comme les escargots leur bave ; il chuinte : - Une fois qu’on a baissé sa culotte, quand l’infirmière est de bonne volonté… Le cœur des femmes faisait : « Tsss… tsss… tsss… », ce qui prolongeait parfaitement l’immense crissement des grillons par milliers de cette nuit étoilée… »

 

 

Chabrol.jpgJean-Pierre Chabrol  Les mille et une veillées  Pocket

 

 

 

 

 

 

 

Une archive de l’INA consacrée à Jean-Pierre Chabrol – Les conteurs diffusée en 1964 à la télévision

 

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09/12/2012 | Lien permanent

Marcel Pagnol : Le Château de ma mère

Pagnol Marcel Le chateau de ma mère 2.jpgMarcel Pagnol est un écrivain, dramaturge et cinéaste français, né en 1895 à Aubagne (Bouches-du-Rhône), mort le 18 avril 1974 à Paris à l'âge de 79 ans. Il devient célèbre avec Marius, une pièce de 1929. Cinq ans plus tard, à Marseille, il créé sa propre société de production et ses studios de cinéma, et réalise de nombreux films – entrés dans mon panthéon culturel - avec entre autres Raimu, Fernandel, Pierre Fresnay, Louis Jouvet ; citons pour exemples, Angèle (1934), Regain (1937), La Femme du boulanger (1938) etc. En 1946, il est élu à l'Académie française. En 1957, après s’être éloigné du cinéma et du théâtre, il entreprend la rédaction de ses souvenirs d'enfance avec notamment La Gloire de mon père et Le Château de ma mère.

Ce deuxième volet de souvenirs reprend le cours du récit précédent, Marcel, son père Joseph et l’oncle Jules sont à la chasse, principale activité de ces mois de vacances en été, dans leur maison de campagne. Les liens d’amitié avec le jeune Lili, un gamin du coin, se sont resserrés, désormais ils sont amis pourla vie. Liliapprend à Marcel, la nature et les animaux, Marcel enseigne à Lili, les mots et les chiffres.

Aussi, quand vient l’époque où les vacances s’achèvent pour reprendre l’école, Marcel ne le supporte pas et décide de s’enfuir pour vivre en ermite au cœur de la garrigue dans les collines, avec la complicité de Lili très impressionné par le courage de son copain. Cette résolution ne durera pourtant qu’une seule nuit, freinée par le fantôme du Grand Félix et deux gros hiboux, avant le retour au bercail et le départ pour la ville.

La famille se languissant de la campagne, s’organise pour y passer ses week-ends. Une vraie expédition, plusieurs heures de marche avec des paquets plein les bras. Un ami de Joseph leur confie une clé, permettant de suivre discrètement un canal traversant plusieurs propriétés et châteaux, ce qui constitue un énorme raccourci pour rejoindre leur maisonnette. Un jour, un garde les surprend et Joseph humilié, vivra dans la crainte de se voir infliger un blâme ou d'être révoqué par l'inspecteur d'académie. Heureusement, les choses s'arrangent.

Les dernières pages de l’ouvrage nous apprennent le décès survenu cinq ans plus tard de sa mère Augustine, de son ami Lili pendant les combats de la Grande Guerre et de son petit frère Paul à 34 ans alors qu’il avait choisi le métier de chevrier. Enfin, ultime pirouette, alors que Pagnol devenu adulte longtemps après, tentera de monter des studios de cinéma près de Marseille, il achètera, par un intermédiaire et sans l’avoir vu, un château ; justement celui qui effrayait tant sa mère lorsqu’ils empruntaient le fameux raccourci le long du canal, « l'affreux château, celui de la peur de ma mère ».  

Mieux encore que La Gloire de mon père, le second tome des souvenirs d’enfance de Pagnol est plus émouvant – la découverte de l’amitié profonde avec Lili, son amour sans bornes pour sa mère Augustine qu’il tente de protéger des fatigues et tourments dela vie. Son admiration pour son père était déjà connue, par contre si son petit frère Paul est évoqué, sa sœur encore plus jeune est presqu’ignorée. Narrativement aussi, l’intérêt est plus fort, la fuite de Marcel et Lili dans les collines de nuit, la traversée secrète des propriétés privées et les rencontres cocasses.

 

« - Eh bien, moi, ce qui m’a manqué, ce sont des cabinets confortables, sans fourmis, sans araignées, sans scorpions, et munis d’une chasse d’eau. Voilà donc à quoi il pensait, ce grand buveur de vin, avec ses grosses fesses : parmi le thym, le romarin et les lavandes, au chant des grillons et des cigales, sous le ciel d’un bleu vif où naviguaient les provençales, il n’avait pensé qu’à ça ! Et il l’avouait ! » 

 

 

Pagnol Marcel.jpgMarcel Pagnol  Le Château de ma mère – Souvenirs d’Enfance 2  Editions Pastorelly

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10/01/2013 | Lien permanent

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