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Marguerite Yourcenar : Nouvelles orientales

marguerite yourcenarMarguerite Yourcenar, née Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerck de Crayencour en 1903 à Bruxelles et décédée en 1987 à Bar Harbor, dans l'État du Maine (Etats-Unis), est une écrivaine française naturalisée américaine en 1947, auteur de romans et de nouvelles ainsi que de récits autobiographiques. Elle fut aussi poète, traductrice, essayiste et critique littéraire. En 1939 Marguerite Yourcenar, bisexuelle, part pour les États-Unis rejoindre Grace Frick, alors professeur de littérature britannique à New York et sa compagne depuis une rencontre fortuite à Paris en 1937. Les deux femmes vécurent ensemble jusqu'à la mort de Frick d'un cancer en 1979. Elles s'installent à partir de 1950 à Mount Desert Island, dans le Maine où Marguerite Yourcenar passera le reste de sa vie. Elle est la première femme élue à l'Académie française, le 6 mars 1980. Nouvelles orientales, dont la première parution date de 1938, vient d’être réédité. 

Un recueil de dix nouvelles dont l’auteur, dans un post-scriptum, cite ses sources d’inspiration, à savoir contes et légendes d’Orient, dans le sens large du terme, puisqu’elles se déroulent en Chine ou sur les pourtours de la Méditerranée comme la Grèce…

Pour qui n’est pas familier de cet écrivain, je ne conseillerai pas cet ouvrage pour débuter car il ne reflète pas vraiment, me semble-t-il, ce qu’on peut en attendre (aller plutôt lire Mémoires d’Hadrien ou L’œuvre au noir par exemple). C’est en cela qu’il m’a un peu déçu. Tous les textes n’ont pas retenu mon attention mais je citerai volontiers Le Dernier amour du prince Genghi et La Veuve Aphrodissia qui sont d’un bon niveau. Dans le premier, un prince devenu aveugle et bientôt mourant dans les bras d’une ancienne concubine – la seule à l’avoir profondément aimé – ne la reconnait pas et a même oublié son nom… C’est très beau et bouleversant. Dans le second, l’horreur du récit, le meurtre du vieux mari et de l’enfant (« il avait fallu l’étouffer entre deux paillasses ») né de l’amant de la femme, contraste avec la beauté de l’écriture.

C’est ce dernier point qui donne en fait toute sa valeur à ce recueil. L’écriture de Marguerite Yourcenar est magnifique, emprunt d’un certain classicisme. Le rythme des phrases incite à ne pas rater les liaisons entre les mots pour ne pas altérer la musique de l’écriture.

 

« - Racontez-moi une autre histoire, vieil ami, dit Philip en s’affalant lourdement sur une chaise. J’ai besoin d’un whisky et d’une histoire devant la mer… L’histoire la plus belle et la moins vraie possible, et qui me fasse oublier les mensonges patriotiques et contradictoires des quelques journaux que je viens d’acheter sur le quai. Les Italiens insultent les Slaves, les Slaves les Grecs, les Allemands les Russes, les Français l’Allemagne et, presque autant, l’Angleterre. Tous ont raison, j’imagine. Parlons d’autre chose… »

 

marguerite yourcenarMarguerite Yourcenar  Nouvelles orientales  L’Imaginaire – 145 pages –

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22/10/2017 | Lien permanent

DOA : Le Serpent aux mille coupures

DOADOA, né en 1968 à Lyon, est le pseudonyme d'un écrivain de romans noirs. Pseudonyme faisant référence à Dead on Arrival (Mort à l'arrivée), un film noir américain réalisé par Rudolph Maté en 1950. Après avoir été parachutiste dans un régiment d'infanterie de marine, il travaille comme producteur de jeux vidéo en France et à Londres avant de se tourner vers la littérature et le polar. Le Serpent aux mille coupures date de 2009.

Moissac dans le Quercy, la nuit. Trois hommes tués dans une voiture en pleine campagne. Le tueur à moto qui se réfugie, blessé, chez des viticulteurs, un couple avec une gamine. Deux hommes qui déplacent la voiture et la brûle avec ses occupants. Un plouc du coin qui a presque tout vu par hasard, venu nuitamment ratonner le viticulteur Black. S’en suit une course à l’échalote partant en tous sens : un tueur à gage bien méchant qui veut retrouver et punir le motard, le plouc et ses copains racistes pris dans le move et les forces de police qui compte les cadavres…

Je ne vais pas m’éterniser, j’ai trouvé ce polar bien simplet : un règlement de compte entre trafiquants de drogue Colombiens, Espagnols et Français, avec au milieu notre petite famille de viticulteurs prise en otage par le motard – mais pour autant un gars assez sympathique immédiatement pour le lecteur. Je n’en dirai pas autant du gros méchant qui tue tout le monde froidement et simplement ou bien après avoir torturé ses victimes.

Un roman assez quelconque qui ne tient la route que par son rythme. Comme ces films d’action où tout va vite pour vous interdire de réfléchir à ce qui se passe. Car si on regarde de près l’intrigue, non seulement elle est banale mais elle ne brille pas par sa crédibilité. J’irai même plus loin, tout cela n’est pas très clair… peut-être que ce roman fait suite à un précédent ?

Ca se lit à toute vitesse, les cadavres s’empilent et sans vous en rendre compte, le train arrive en gare. Vous pouvez descendre et laisser le bouquin sur la banquette, il fera plaisir à un autre voyageur. Peut-être ?

 

« Une chose après l’autre. D’abord, se détacher. « Ca va, ça va. » Tremblant Omar fit glisser la lame sous l’adhésif et lui imprima un mouvement de va-et-vient. Il lui fallut quelques ajustements pour que les dents accrochent puis entament le ruban. Le gaffeur commença à céder et il termina le travail en le déchirant. Libre. Il pouvait maintenant surprendre le motard. Qui était arrivé. Sauve ta fille. Il fallait le tuer. Sois un homme. D’un coup. Vite. »

 

DOADOA  Le Serpent aux mille coupures  Folio – 240 pages -

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31/10/2017 | Lien permanent

Lionel Salaün : Et Mathilde danse

lionel salaünLionel Salaün, né en 1959 à Chambéry, est un écrivain français. Après de multiples emplois comme magasinier, fabricant d’aquariums, pêcheur de sardines à Sète, ou photographe, Lionel Salaün publie son premier livre après avoir essayé pendant vingt ans d'être publié. Son cinquième roman Et Mathilde danse  vient de paraître.

Le commissaire Achille Blandin, pas au mieux de sa forme, sa femme vient de le larguer, partie avec les gamins, se retrouve avec un cadavre de femme sur les bras dont les premières constatations penchent pour le suicide. Pour Blandin, il s’agit plus sûrement d’un crime et la victime ressemblant vaguement à Mathilde, un vieil amour de jeunesse, le commissaire se sent investi d’une mission morale, retrouver son tueur. Une enquête qui le mènera dans les milieux de la prostitution.

Tout est dit de ce pauvre navet. L’auteur enfile les lieux communs sur la prostitution, les clubs interlopes ou de strip-tease, les boites échangistes etc. Même si le roman est court, les longueurs sont nombreuses. L’écriture correcte est légère, tendant vers l’humour discret (« Diable, s’introduire dans cette chambre s’apparentait à un cours de coloscopie appliquée »). Rideau, rien d’autre à voir, circulez !

J’ai beau connaître le culot des éditeurs, je ne m’y ferai jamais, alors quand je lis en quatrième de couverture ce présomptueux « En ces temps de “Me Too” où les femmes libèrent leur parole, dénoncent, accusent et condamnent les abus dont elles sont les victimes, l’histoire de ce flic qui s’enfonce seul dans les ténèbres des trafics de ces presque enfants qui veulent danser, faire du cinéma ou seulement s’extraire d’une existence d’offenses ordinaires, résonne encore plus fort » j’ai envie de hurler à l’escroquerie ! Ce bouquin est niais, point barre.

Mathilde danse et le lecteur qui gardait son sac en bord de piste s’est endormi depuis longtemps quand le slow sirupeux s’achève.

 

« Mais, par-dessus tout, il aime la regarder danser. Il resterait des heures, des jours, il resterait une vie, toute sa vie à la regarder tourner, tourner, s’élancer, virevolter. Il faut dire que, pour Mathilde, la danse, c’est sa vie. Elle prend des cours, chaque semaine depuis des années, et chaque jour, ou presque, dans une allée, dans une cour, elle danse. Et quand elle valse, comme ça, les yeux fermés, pendant que les autres se marrent, frappent dans leurs mains, lui il devine, ou il croit, ou il espère, que sous ses paupières rondes, bercées par la musique dans sa tête, c’est à lui qu’elle pense, pour lui qu’elle danse. »

 

lionel salaünLionel Salaün   Et Mathilde danse   Actes Sud – 237 pages –

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Aki Shimazaki : Hamaguri

aki shimazakiAki Shimazaki est une écrivaine québécoise, née en 1954 à Gifu au Japon. Immigrée au Canada en 1981 elle vit à Montréal depuis 1991. Elle a d'abord travaillé au Japon pendant cinq ans comme enseignante d'une école maternelle et a également donné des leçons de grammaire anglaise dans une école du soir. A partir de 1991, elle s'installe à Montréal où, en plus de son activité littéraire, elle enseigne le japonais. Ce n'est qu'en 1995, à l'âge de 40 ans, qu'elle commence à apprendre le français tant par elle-même que dans une école de langue.

Une quinzaine de romans à son actif à ce jour, Hamaguri paru en 2000, est le second volet (sur cinq) du cycle Au cœur du Yamato, mais peut se lire indépendamment.

Yukio, le narrateur, a quatre ans quand débute le roman. Il vit avec sa mère célibataire. Il n’a qu’un ami, en fait une amie, ELLE (nous n’en saurons pas plus) et les deux petits enfants promettent de s’épouser plus tard quand ils seront grands. Serment concrétisé par un billet à leurs deux noms placé dans une palourde (Hamaguri). Ils seront séparés par la vie et l’Histoire, la guerre et le bombardement de Nagasaki en 1945. Bien, bien plus tard, après de nombreuses épreuves, à la retraite, Yukio marié et père de grands enfants vivant leur vie, loge sa vieille mère qui aux derniers instants de sa vie va lui révéler un terrible secret concernant son amour de jeunesse inoublié…

Voilà typiquement le genre de roman dont on ne peut dire grand-chose d’autre que magnifique !

Une centaine de page pour raconter une vie entière, Aki Shimazaki marie le lent et le rapide. La lenteur, par le rythme et l’écriture mais aussi la vitesse, puisque la chronologie fait défiler cinquante années en si peu de pages. Tout le livre joue sur les sentiments, amours enfantines, adolescentes mais aussi sur la quête d’identité, père biologique inconnu et demi-sœur dont Yukio cherchera toute sa vie à en savoir plus. Les déceptions sociales, dans le Japon d’alors on n’épouse pas qui l’on aime, la notion de rang social doit être respecté, vos parents vous le font savoir.

La littérature est un fleuve dans lequel, parfois, on recueille de la poussière d’or.

 

« Je me demande : « Où est ma petite sœur ? Où est mon vrai père ? Sont-ils encore vivants ? » Ces questions me reviennent, sans cesse. Je ne me rappelle plus leur visage. Je ne sais toujours pas leur nom. Ma mère est la seule personne qui puisse répondre à mes questions. Pourtant, elle garde le silence même maintenant que mon père adoptif est mort depuis treize ans. (…) Mon regard se perd dans le miroir. Ma conscience s’éloigne. »

 

 

aki shimazakiAki Shimazaki   Hamaguri   Leméac/Actes Sud – 109 pages –

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Jean-Philippe Blondel : La Mise à nu

Jean-Philippe BlondelJean-Philippe Blondel, né à Troyes en 1964, est un écrivain français. Tout en enseignant l'anglais dans un lycée près de Troyes depuis les années 1990, il mène en parallèle une carrière d'écrivain, en littérature générale comme en jeunesse. Son œuvre est conséquente et La Mise à nu, son dernier roman, date de 2018.

Louis Claret est professeur d’anglais dans un lycée de province, proche de la soixantaine, il est usé « De toute évidence, j’avais perdu la flamme, si tant est que je l’avais eue… ». Plusieurs années après, son divorce à l’amiable d’avec Anne suite au départ de leurs deux filles parties vivre leur vie, l’a laissé un peu amorphe face à l’existence. Un soir, pour tromper l’ennui, il se rend à un vernissage. Alexandre Laudin qui expose ses peintures est un artiste à la renommée internationale mais c’est aussi, un ancien élève de Louis…

Et cette rencontre, a priori anodine et ponctuelle, va mettre du sel dans la vie monotone de Louis. Alexandre, malgré sa timidité, s’accroche à son ancien professeur, les deux hommes vont se tourner autour, leur différence d’âge n’empêche pas les conversations autour d’un verre ou d’un repas. Alexandre s’absente, voyages rapides à l’étranger pour obligations professionnelles, puis il revient et finalement abat ses cartes, il souhaite faire un portrait de Louis et plus encore, un triptyque.

Leurs rapports deviennent un peu troubles (« Je vous ai manqué ? - Je déteste cette sorte de jeu amoureux que vous jouez. ») lors de l’intimité des scènes de poses (« C’est sans doute ça, le plus troublant. La proximité. L’observation minutieuse. Etre dévisagé. Décortiqué. ») Alexandre est la seule personne avec laquelle Louis discute et se met à nu. Ses filles vivent leur vie loin de lui, son ex-femme s’est recasée et a de multiples occupations. Alexandre laisse les souvenirs remonter, sa jeunesse et cet élan vital aujourd’hui enfui ; ce qu’il aurait pu être, ce qu’il est devenu au final.  

Un roman sur ce tournant de la vie où la jeunesse est derrière nous, la vieillesse devant mais pas si lointaine ; cette époque où, qu’on le veuille ou non, on fait les premiers bilans. Une peinture intimiste. Jean-Philippe Blondel écrit très bien, son roman est plein de délicatesse et ne manque pas de charme, avec une très jolie fin.

 

« Je repensais de temps à autre à la conversation que j’avais eue avec Laudin. Je ne regrettais pas qu’elle ait été interrompue. Je n’aurais pas eu le talent nécessaire pour entretenir le feu de l’échange et nous serions restés bras ballants tous les deux, dans un silence maladroit, avec le petit tas de cendres de nos souvenirs entre nous. Que peuvent bien se confier un ancien élève et son ex-professeur, une fois émises les banalités d’usage sur leurs carrières respectives et sur l’eau qui, évidemment, a coulé sous les ponts et creusé des rigoles sur les visages ? »

 

 

Jean-Philippe BlondelJean-Philippe Blondel   La Mise à nu   Buchet Chastel – 250 pages –

 

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Philippe Djian : A l’aube

philippe djianPhilippe Djian est un romancier français né en 1949 à Paris. Longtemps présenté comme un héritier de la Beat Generation en France, il est notamment l'auteur en 1985 de 37°2 le matin qui lui apporta la popularité mais depuis, son style et son inspiration ont beaucoup évolué. A l’aube, son tout nouveau roman, vient de paraitre.

Je ne sais pas si l’écrivain a lu ma lettre ouverte ou si l’âge venant le bon sens lui est venu mais comme le laissait présager son précédent bouquin, Marlène, Philippe Djian accorde enfin une place à l’histoire, ne la dédaignant plus au profit du style, ce qu’il revendiquait haut et fort jusqu’alors. Conséquence directe, son nouveau livre est très bon. Ma surprise est d’autant plus grande que Le Monde (6/04/2018) l’avait méchamment cassé…

Etats-Unis, autour de Boston. Après le décès de ses parents dans un accident de la route, Joan revient dans la maison familiale pour s’occuper de son frère Marlon, autiste. Son retour dans la petite ville, où tout le monde se connait, attire ses anciennes connaissances, y compris Howard, ami de la famille mais homme étrange qui a pour particularité d’avoir couché avec Joan et sa mère ! Aujourd’hui son principal but est de fouiller dans les affaires des défunts, à la recherche d’on ne sait quoi…

Sans parler de polar, il y a des morts et des blessés, un shérif adjoint toujours prêt à couvrir les fautes de Joan, peut-être un magot caché quelque part et un réseau de call-girls genre petit commerce local. Car il faut bien des effluves de sexe dans un roman de Djian, d’où la double-vie de Joan ou le retour d’Howard dans son atmosphère, sans parler du frangin qui malgré son handicap n’en reste pas moins un homme… Mais tout ceci reste dans le domaine du correctement exprimé. Je n’entre pas plus dans les péripéties du bouquin et si l’intrigue tient bien la route, tout n’est pas carré – n’exagérons pas – mais ce n’est pas grave.

L’écriture reste modérément déstabilisante comme d’habitude et c’est très bien car ça ajoute du mystère à l’intrigue : on ne comprend certaines choses qu’à postériori, il n’y a pas de tirets dans les dialogues pour identifier immédiatement qui parle et le scénario restera flou sur certains points. Enfin, le roman se referme comme une porte qui claque, soudain et ne laissant pas la place à l’ambigüité, en forme de justice condamnant l’immoralité. Surprenant.

Un très bon roman de Philippe Djian, c'est-à-dire un bon roman dans l’absolu.

 

« Joan rentra presque à la nuit tombée. A cause d’une fille qui avait la grippe et qu’il fallait remplacer au pied levé. Pour tomber en plein dans les embouteillages. Elle imaginait Marlon qui tournait en rond, de plus en plus nerveux à l’idée de se retrouver seul dès que le crépuscule s’annonçait. Il avait tout le temps été comme ça, elle s’en souvenait très bien. ET encore aujourd’hui il dormait avec la lumière allumée. L’angoisse du soir qui descendait, du jour qui s’éteignait. Il la guettait derrière la fenêtre lorsqu’elle se gara. »

 

 

philippe djianPhilippe Djian  A l’aube  Gallimard – 190 pages –

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Gilles Paris : Autobiographie d’une courgette

Gilles Paris, René Goscinny, SempéGilles Paris est un écrivain français né à Suresnes en 1959 auteur de quelques romans depuis 1991, dont celui-ci, Autobiographie d’une courgette qui date de 2002.  

Icare, mais tout le monde l’appelle Courgette, neuf ans et narrateur de cette histoire, a tué sa mère accidentellement. Le père était parti depuis bien longtemps et la mère picolait et distribuait des torgnoles. Orphelin, il est placé dans un foyer pour enfants où une nouvelle vie commence pour lui…

Je suis certain que vous connaissez les aventures du Petit Nicolas (René Goscinny et Sempé) alors autant vous dire immédiatement que ce roman s’inscrit dans ce genre. C’est son point fort mais aussi sa faiblesse relative donnant une impression de déjà lu.

Outre Courgette, un gentil gamin posant toujours des questions, il y a ses copains de chambrée, Ahmed et Simon qui lui, sait tout sur tout le monde ; Raymond, le gendarme qui a arrêté Courgette, un brave homme, veuf avec un jeune fils, il jouera un grand rôle dans l’avenir de Courgette et bien entendu, il fallait une fille dans l’histoire, ce sera Camille. Camille et Courgette, le coup de foudre immédiat.

On trouve dans le roman tout ce qu’on s’attend à y trouver comme les scènes de vie au foyer : l’école, la cantine, les séances de sport etc. La psychologue qui suit les gosses mais aussi un mini-suspense avec la méchante tante de Camille…

Un roman très frais car raconté par un enfant (avec les tournures grammaticales liées à son âge), c’est drôle car naïf (« Il nous apprend la géographie de la France avec de grandes cartes qu’il accroche au tableau et j’ai un peu de mal à comprendre comment toutes les maisons des gens rentrent là-dedans. ») et c’est aussi très touchant comme le sont toutes les histoires de gosses orphelins avec leurs peines, leurs souvenirs mitigés du passé et leur peur de l’avenir.

Alors que dire ? Certes c’est un gentil roman mais cette sensation de déjà lu le rend faussement un peu long.

 

« Je vois plus le ciel, juste son visage au-dessus du mien et sa bouche qui rit et je chatouille Camille et elle aussi et on rit encore plus fort et on roule dans l’herbe et j’ai jamais été aussi heureux, même quand maman me faisait sa purée. Puis on se relève et on marche sans savoir où on va, la main dans la main, en regardant le bleu au ciel. – Et tu les as revus, ton papa et ta maman ? je demande à cause d’un petit nuage qui vient d’apparaître. – Ben non, ils sont morts. Et sa main serre très fort la mienne. »

 

Gilles Paris, René Goscinny, SempéGilles Paris  Autobiographie d’une courgette  Editions France Loisirs – 282 pages -

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06/11/2017 | Lien permanent

Caryl Férey : Les Nuits de San Francisco

caryl féreyCaryl Férey, né en 1967 à Caen, est un écrivain français spécialisé dans le roman policier. Après avoir grandit en Bretagne près de Rennes, il parcourt l'Europe à moto, puis fait un tour du monde à 20 ans. Il travaille notamment pour le Guide du routard. Un premier roman en 1994 avant que d’autres suivent. Les Nuits de San Francisco qui date de 2014 vient d’être réédité en poche. Pas vraiment un roman, plutôt une novella.

Sam est un Sioux qui a pas mal bourlingué. Après avoir connu la misère dans sa réserve il a tenté sa chance à droite et à gauche, comme un boulot dans le bâtiment à Las Vegas mais la crise l’a exilé plus à l’Ouest et il se retrouve à San Francisco, noyant dans l’alcool sa détresse. Un soir, il croise une femme avec une prothèse à une jambe, Jane, elle aussi en a bavé. Ils auront droit à une nuit d’errances pour s’accorder quelques heures d’une sorte de bonheur… ?

Le texte étant très court, mon billet se doit de l’être aussi. L’histoire semble connue, voire banale et ce n’est pas faux. Pourtant, Caryl Férey réussit à la magnifier ; je ne sais pas trop comment à vrai dire, l’écriture ne m’a pas paru exceptionnelle, les misères de Sam et de Jane sont du domaine du déjà lu, l’alcool pour l’un, viol, enceinte, accident de voiture et maintenant dope... pour elle.

Pour autant, j’ai trouvé tout cela très beau, si je peux dire. Nous assistons au destin tragique de deux âmes en peine qui partageront une nuit, non pas d’amour dans le sens sexuel du terme, mais de réconfort mutuel dans les bras l’un de l’autre. Pour d’autres ce ne serait pas grand-chose, mais pour nos deux cabossés de la vie, Sam et Jane c’est énorme. « Nos destins sont liés : c’est la nuit qui nous a réunis » déclare Jane à Sam. Liés à la vie à la mort.   

Un bien beau petit roman qui a su me toucher.

 

« Le Sioux ruminait sur le sort des petits cailloux perdus au fond de lui, quand une silhouette apparut dans son angle mort. Elle passa à sa hauteur, et Sam ressentit comme une décharge dans le cœur. La table voisine l’empêcha de la voir en entier : le temps de relever la tête elle était déjà de profil, chaloupant sa croupe au fil de l’air et du temps qui courait à sa suite. Une silhouette féminine, émouvante, qui l’espace d’un instant le ramenait à des plaies heureuses. Sam se revit enfant, regardant sa mère se baigner, son père encore fier à ses côtés, ado sautant plus tard dans la même rivière, amoureux – Shirley « Petit Nuage », une fille de la bande… Des larmes oubliées lui montèrent aux yeux, qui déjà n’y voyaient à moitié plus rien : d’où sortait cette apparition ? »

 

caryl féreyCaryl Férey  Les Nuits de San Francisco  Folio – 105 pages –

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09/11/2017 | Lien permanent

Louis Guilloux à Paris

louis guillouxLouis Guilloux, né et mort à Saint-Brieuc (1899-1980), est un écrivain français. Grâce à une bourse il entre au lycée de Saint-Brieuc où il s'y lie d'amitié avec le professeur de philosophie Georges Palante (Il s’en inspirera pour composer le personnage de Cripure, héros du Sang Noir) et découvre Romain Rolland et Jules Valles dont il partagera la révolte. Durant la Première Guerre mondiale, en 1916, il est surveillant d'internat et l’année suivante il rencontre Jean Grenier, futur professeur d'Albert Camus et philosophe.

En 1920, il commence à écrire des récits et des contes qui sont ensuite publiés dans des journaux (Le Peuple, Ce soir...). En 1922, il devient « lecteur d'anglais » et traducteur pour le journal L'Intransigeant. Plus tard, il sera le traducteur de l'écrivain Margaret Kennedy, mais également de l'auteur américain Claude McKay (Home to Harlem), de John Steinbeck pour Les Pâturages du ciel (1948), et avec Didier Robert, d'une partie de la série des Hornblower, romans de marine de C. S. Forester.

Le premier roman de Louis Guilloux, La Maison du peuple, paraît en 1927. En 1935, Le Sang noir, manque de peu le prix Goncourt mais il est remarqué par André Malraux qui lui consacre dans Marianne (20 novembre 1935) un important article, puis par André Gide, qui en 1936 invite Guilloux à l'accompagner dans son célèbre voyage en URSS.

Auteur engagé, il signe la pétition parue le 15 avril 1927 dans la revue Europe contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d’opinion. Son nom côtoie ceux d'Alain, Raymond Aron, Lucien Descaves, Henry Poulaille ou Jules Romains. En 1935, il participe au 1er congrès mondial des écrivains antifascistes et en devient le secrétaire, puis devient responsable pour les Côtes-du-Nord du « Secours rouge », ancêtre du « Secours populaire », qui vient en aide aux chômeurs et aux réfugiés espagnols. Durant la Seconde Guerre mondiale, sa maison de Saint-Brieuc au 13 rue Lavoisier est un lieu de rencontre de résistants. En 1942, il écrit Le Pain des rêves, qui reçoit le Prix du roman populiste.

Ecrivain majeur des années 1930, très engagé socialement, Louis Guilloux partagea sa vie entre Saint-Brieuc, sa ville natale à laquelle il était très attaché et qui sert de décors à plusieurs de ses livres et un petit studio parisien situé au 42 rue du Dragon, dans le sixième arrondissement, entre la rue du Four et le boulevard Saint-Germain.

 

louis guilloux

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Photos : Le Bouquineur    Sources : Promenades littéraires dans Paris de Gilles Schlesser (Editions Parigramme) – Wikipédia

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12/11/2017 | Lien permanent

Jean Giono à Paris

jean gionoJean Giono, né le 30 mars 1895 à Manosque en haute Provence et mort le 9 octobre 1970 dans la même ville, est un écrivain français. Son père, Italien d’origine était cordonnier et sa mère repasseuse. Après des études secondaires au collège de sa ville natale, il trouve un poste d’employé de banque et ce jusqu’à la Guerre de 1914, qu’il fait comme simple soldat. A son retour il retourne à la banque puis épouse en 1920 une amie d’enfance dont il aura deux filles.

A partir de 1930, il se consacre exclusivement à la littérature suite au succès de son premier roman Colline. Il entre à l’Académie Goncourt en 1954. Son œuvre compte une trentaine de romans, des récits, des essais, des poèmes et du théâtre.

De toute sa vie, Jean Giono n’aura quitté Manosque que pour de brefs séjours à Paris et quelques voyages à l’étranger.

En 1929 il achète une petite maison au lieu-dit « Lou Paraïs » sur le flanc sud du Mont d'Or, qui domine Manosque. « Un palmier, un laurier, un abricotier, un kaki, des vignes, un bassin grand comme un chapeau, une fontaine. » Il transforme et agrandit cette maison où il écrit la plus grande partie de son œuvre. C'est aujourd'hui le siège de l'Association des amis de Jean Giono.

Quand l’écrivain venait à Paris, c’est dans un petit hôtel situé 36 rue du Dragon (VIème arrondissement) qu’il avait ses habitudes, une rue qui relie le boulevard Saint-Germain à la rue du Four. Dans son roman Les Vraies richesses (1937), Giono évoque ainsi cette adresse : « Quand je vais à Paris, je descends dans un petit hôtel de la rue du Dragon. Voilà sept ans que je suis fidèle à cet hôtel et à ce quartier. Je suis ainsi fait qu’il me faut des racines (…). J’ai depuis longtemps fait amitié avec le patron de l’hôtel, sa femme et son petit garçon. J’ai approché le marchand de journaux dont la boutique est à côté de l’hôtel (…) De l’autre côté de l’hôtel il y a un charbonnier bistrot. Quand j’arrive par le boulevard Saint-Germain le soir, la rue du Dragon est paisible et presque noire. » Bien entendu, les commerces cités dans cet extrait n’existent plus aujourd’hui mais l’hôtel est toujours là !

 

jean giono

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Photos : Le Bouquineur   Sources : Wikipédia – Editions Gallimard - Promenades littéraires dans Paris de Gilles Schlesser (Editions Parigramme)

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26/11/2017 | Lien permanent

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