26/07/2019
Jean-Philippe Blondel : La Mise à nu
Jean-Philippe Blondel, né à Troyes en 1964, est un écrivain français. Tout en enseignant l'anglais dans un lycée près de Troyes depuis les années 1990, il mène en parallèle une carrière d'écrivain, en littérature générale comme en jeunesse. Son œuvre est conséquente et La Mise à nu, son dernier roman, date de 2018.
Louis Claret est professeur d’anglais dans un lycée de province, proche de la soixantaine, il est usé « De toute évidence, j’avais perdu la flamme, si tant est que je l’avais eue… ». Plusieurs années après, son divorce à l’amiable d’avec Anne suite au départ de leurs deux filles parties vivre leur vie, l’a laissé un peu amorphe face à l’existence. Un soir, pour tromper l’ennui, il se rend à un vernissage. Alexandre Laudin qui expose ses peintures est un artiste à la renommée internationale mais c’est aussi, un ancien élève de Louis…
Et cette rencontre, a priori anodine et ponctuelle, va mettre du sel dans la vie monotone de Louis. Alexandre, malgré sa timidité, s’accroche à son ancien professeur, les deux hommes vont se tourner autour, leur différence d’âge n’empêche pas les conversations autour d’un verre ou d’un repas. Alexandre s’absente, voyages rapides à l’étranger pour obligations professionnelles, puis il revient et finalement abat ses cartes, il souhaite faire un portrait de Louis et plus encore, un triptyque.
Leurs rapports deviennent un peu troubles (« Je vous ai manqué ? - Je déteste cette sorte de jeu amoureux que vous jouez. ») lors de l’intimité des scènes de poses (« C’est sans doute ça, le plus troublant. La proximité. L’observation minutieuse. Etre dévisagé. Décortiqué. ») Alexandre est la seule personne avec laquelle Louis discute et se met à nu. Ses filles vivent leur vie loin de lui, son ex-femme s’est recasée et a de multiples occupations. Alexandre laisse les souvenirs remonter, sa jeunesse et cet élan vital aujourd’hui enfui ; ce qu’il aurait pu être, ce qu’il est devenu au final.
Un roman sur ce tournant de la vie où la jeunesse est derrière nous, la vieillesse devant mais pas si lointaine ; cette époque où, qu’on le veuille ou non, on fait les premiers bilans. Une peinture intimiste. Jean-Philippe Blondel écrit très bien, son roman est plein de délicatesse et ne manque pas de charme, avec une très jolie fin.
« Je repensais de temps à autre à la conversation que j’avais eue avec Laudin. Je ne regrettais pas qu’elle ait été interrompue. Je n’aurais pas eu le talent nécessaire pour entretenir le feu de l’échange et nous serions restés bras ballants tous les deux, dans un silence maladroit, avec le petit tas de cendres de nos souvenirs entre nous. Que peuvent bien se confier un ancien élève et son ex-professeur, une fois émises les banalités d’usage sur leurs carrières respectives et sur l’eau qui, évidemment, a coulé sous les ponts et creusé des rigoles sur les visages ? »
Jean-Philippe Blondel La Mise à nu Buchet Chastel – 250 pages –
06:20 Publié dans Français | Tags : jean-philippe blondel | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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