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City Light Books à San Francisco

En juin 1994 j’étais à San Francisco, j’en relis aujourd’hui mes notes de voyages transcrites dans mon carnet et j’y lis, permettez que je me cite, « Je remonte Colombus Avenue, à ma gauche Chinatown et à droite le quartier italien. Comme à New York les deux quartiers sont mitoyens. Il est 11h, l'odeur du café torréfié se répand dans les rues, au café Roma, murs couverts de cadres de photos d'artistes, chapelets d'ail pendus au plafond. Un peu plus haut, le fief de la culture beat avec le café Vesuvio et la librairie City Light Books Store. Ici se réunissaient dans les années 50', Jack Kerouac, Williams Burroughs et les autres écrivains qui inspirèrent la Beat Generation puis dans les années 60' les hippies. »

La Beat Generation est un mouvement artistique et littéraire né à New York dans les années 1950 qui doit son nom à Jack Kerouac. Les principaux écrivains de cette école sont Jack Kerouac (Sur la route), Allen Ginsberg (Howl), William S. Burroughs (Le Festin nu), mais aussi Gregory Corso, Lawrence Ferlinghetti, Gary Snyder …

S’il est une librairie mondialement connue, c’est bien City Light. La librairie se situe au n° 261 de Colombus Avenue et elle doit son nom au célèbre film de Charlie Chaplin connu en français sous le titre Les Lumières de la ville. Elle a été fondée en 1953 par le poète, écrivain et éditeur Lawrence Ferlinghetti qui passa en France son doctorat de lettres à la Sorbonne. Ecrivain engagé politiquement, auteur d’une œuvre contestataire, membre fondateur du mouvement Beat, il ouvre la librairie pour soutenir financièrement la revue littéraire éponyme. Premier éditeur des poètes beat, il s’efforça de populariser les textes et par là les idées qui amenèrent au renouveau de la littérature américaine et à l’émergence du mouvement hippie dans la seconde moitié des années 60.

La librairie est aussi connue pour être la première aux Etats-Unis à n’avoir vendu que des livres de poche. Ferlinghetti lançant sa propre collection de poches, dont le premier recueil est Howl d’Alan Ginsberg, ce qui lui vaudra d’être poursuivi par la justice américaine pour obscénité. Le procès retentissant, mobilisera les artistes et les intellectuels américains et finalement Alan Ginsberg sera relaxé. 

Quant à la revue du même nom, elle n’existe plus depuis longtemps et City Light s’est agrandie depuis son ouverture, proposant une belle sélection de bouquins de poésies, philosophie, littérature en tous genres et surtout ouvrages d’avant-garde et textes politiques le plus souvent ignorés des médias classiques.

Une adresse mythique donc, rendez-vous de tous les amateurs de littérature de passage à San Francisco.

 

 

Source des photos : Le Bouquineur

 

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29/10/2012 | Lien permanent

Philippe Bertrand : Linda aime l’art

Bertrand Philippe Livre.jpgPhilippe Bertrand (1949-2010) est un dessinateur et auteur français. Après des études de graphisme il travaillera pour plusieurs journaux, Charlie Mensuel, L'Idiot international et Pilote.

Auteur-dessinateur de BD, comme avec la série érotique Linda aime l'art qu'il crée en 1983 dans Pilote, écrivain et dessinateur pour enfants, illustrateur avec des auteurs comme Tonino Benacquista et Frédéric Beigbeder, ou auteur de contes érotiques, Philippe Bertrand était un touche à tout.

Les éditions La Musardine viennent de rééditer Linda aime l’art  dont la première version avait été publiée dans Pilote avant de faire l’objet d’une parution en album chez Dargaud en 1985. Les planches sont complétées par une courte préface de Frédéric Beigbeder, hommage à son ami disparu, et Jean-Marc Thévenet clôt l’ouvrage par une analyse du travail du dessinateur.

Linda habite le 25e étage, elle ne sort jamais et elle regarde son vidéoscope quand elle n’est pas branchée sur une chaîne câblée spécialisée. Pour faire plus simple, disons qu’elle est très portée sur la « chose ». Seule devant son écran, elle phantasme en tenue légère, « Oh ! Extra, il a amené ses copains ! » Et c’est tout.

Des histoires sans queue, ni tête. Sans tête, surtout. On a beau mouiller son doigt pour tourner les pages, rien n’y fait. On s’ennuie raide, tout comme les personnages de cette BD qui donnent l’illusion de s’envoyer en l’air à longueur de pages mais qui pourtant ne décollent pas. Une succession de phantasmes assez banals sans avoir le mérite d’être développés.

Une bande dessinée pour moi, c’est un scénario et des dessins. Parfois, il faut qu’un spécialiste de l’un et un expert de l’autre, s’associent pour nous pondre une merveille. Ici, Philippe Bertrand est seul, bien seul, avec un scénario indigent et des dessins qui laissent indifférents, tant ils sont froids. Mêmes les vignettes les plus explicites nous laissent en berne. Ce n’est pas assez pour être lu d’une seule main, mais c’est trop, pour être mis entre toutes les mains. On va me dire que c’est de l’érotisme… A ce compte-là, précipitez-vous sur Martin Veyron ou Manara, pour ne citer qu’eux. Là vous aurez un scénario et des dessins chauds et sensuels.  

L’éditeur indique en quatrième de couverture, « la BD culte », le lecteur rectifiera de lui-même, il faut lire « cul-culte » bien entendu. Linda aime l’art, elle est bien prétentieuse. Seul point positif, la vignette mise en couverture est assez réussie. 

 

 

Bertrand Philippe.jpgPhilippe Bertrand  Linda aime l’art  La Musardine

 

 

 

 

 

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04/01/2013 | Lien permanent

Eric Faye : Nagasaki

Eric faye, Eric Faye, né en 1963 à Limoges, est un écrivain français. Il publie nouvelles et romans depuis 1991. Nagasaki, roman paru en 2010, a obtenu le Grand prix de l’Académie française. Pour écrire ce livre, Eric Faye s’est inspiré d’un fait divers relaté par la presse et s’étant réellement produit au Japon au printemps 2008.

A Nagasaki, un célibataire réalise que de temps en temps, des aliments disparaissent de son réfrigérateur ou que parfois des objets semblent avoir légèrement changé de place. Alarmé, il décide d’installer une webcam dans sa cuisine afin de surveiller son intérieur, du bureau où il travaille comme ingénieur météorologue. Sur son écran d'ordinateur, un jour, apparaît une femme, quinquagénaire, qui vaque dans la cuisine comme si elle était chez elle. L'homme alerte la police qui intervient à son domicile et arrête la femme.

Un délicieux roman que ce Nagasaki. Tout y est à l’unisson, que ce soit l’écriture délicate, parfois poétique, bien dans la manière des auteurs japonais classiques au point qu’on pourrait penser qu’il s’agit d’une traduction d’un texte nippon, que ce soit le format du roman, très court, qui incite le lecteur à trainer en route puisqu’il arrivera bien vite à la fin, tout ceci se mariant parfaitement avec le thème du bouquin où l’on retrouve l’esprit de cette littérature du pays du soleil levant.

Le livre débute avec cette légère touche fantastique, un pot de yaourt qui disparait du réfrigérateur, l’installation de la webcam avec l’apparition furtive d’abord, une ombre, un esprit ? Puis la certitude d’une présence humaine. Viendront ensuite les tourments pour cet homme solitaire. Le trouble, car cette femme a vécu chez lui, à son insu durant un an, avant d’être démasquée. Imaginez, comme notre héros, tous ces jours où vous vous pensiez seul(e) chez vous, en fait votre intimité était violée par une inconnue, détestable sensation à postériori. « J’ignore tout de son passé et de ses pulsions, des raisons qui l’ont conduite à prendre racine ici puis à souiller mes draps, s’essuyer avec mes serviettes et à chier dans mes chiottes, et je lui en veux. » Notre célibataire néanmoins, est un brave homme, aussi il ne veut pas de mal à cette pauvresse ayant trouvé un abri chez lui, les scrupules l’assaillent.

Emouvantes solitudes, deux êtres humains très seuls qui auront vécu une année entière sous le même toit sans se voir, si proches et si loin, tout à la fois. Le roman s’achève très joliment par la confession de cette femme, une révélation étonnante, qui le clôt magistralement en une boucle de vie.

 

« Par une sorte de « soupirail » que la présence de cette femme avait entrouvert dans ma conscience, j’y voyais un peu clair. Je comprenais que cette année commune, à elle et à moi, même si elle m’avait ignoré et que je n’avais rien su d’elle, allait me changer et que je n’étais déjà plus tout à fait le même. En quoi, je n’aurais pas su le définir. Mais je n’en sortirais pas indemne. Et par la baie vitrée du salon, regardant la ville qui s’endormait, je voyais plus loin ma vie ; beaucoup plus loin qu’une seule vie. »

 

 

Eric faye, Eric Faye  Nagasaki  Stock  - 108 pages -

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Bernard Chambaz : Vladimir Vladimirovitch

bernard chambazBernard Chambaz, né en 1949, est un romancier, historien et poète français ayant enseigné l’histoire au lycée Louis-le-Grand à Paris. Son père, Jacques Chambaz, fit partie du bureau politique du PCF de 1974 à 1979 et son frère Jean, médecin et chercheur est le président de l’université Pierre-et-Marie-Curie. Après une agrégation de lettres modernes et d’histoire, il se tourne vers l’écriture. Prix Goncourt du premier roman en 1993 pour L’Arbre des vies, il est aussi couronné d’un prix de poésie en 2005 pour Eté. Son tout dernier roman, Vladimir Vladimirovitch, est paru depuis peu.

Tout est de ma faute. Je n‘avais strictement pas envie de lire ce roman mais un clic de souris mal maitrisé m’a embarqué contre mon gré dans ce challenge bien connu, « un livre offert en échange d’une critique ». Du coup me voilà bien mal à l’aise. Je me suis ennuyé à mourir à la lecture de ce roman mais comment en parler objectivement néanmoins, puisque c’est le deal, sachant que je ne fais pas partie du public potentiel de cet ouvrage et que je reconnais à l’auteur un talent évident d’écrivain ?

Alors que je pensais qu’un seul Vladimir Poutine nous suffisait largement, Bernard Chambaz lui, imagine que le président Russe a un homonyme, même nom donc, même âge, une vague ressemblance physique,  machiniste dans un dépôt de tramways après avoir perdu son job de professeur à l’université, peintre du dimanche et proche de la retraite. Vladimir Vladimirovitch Poutine (l’inconnu) va prendre des notes dans des carnets qui relatent la vie de Vladimir Vladimirovitch Poutine (le président).

L’idée est originale, on peut même dire amusante mais après ? Car en fait le bouquin s’avère une biographie romancée de l’homme public, panachée avec celle de l’inconnu narrateur. Du premier, Chambaz très documenté, tire quelques pages intéressantes/instructives qui survolent l’histoire russe où défilent Staline, Lénine, Gagarine, jusqu’aux évènements récents en Crimée et Ukraine, en passant par les J.O. de Sotchi et j’en passe ; du second, des bribes de vie pas vraiment folichonnes éclairées par la présence de deux femmes, Tatiana son ex et Galina sa nouvelle voisine.

M’étant forcé à lire le roman sa compréhension m’a échappé c’est certain, mais je ne vois pas bien quel était le but recherché par l’écrivain : présenter le Poutine président sous un jour sympathique ou du moins nous aider à comprendre l’homme ? Faire un parallèle entre un russe célèbre et un inconnu pour dresser le portrait robot du Russe moderne ?

 

« Vladimir Vladimirovitch est effrayé par ce qui se rapporte au clonage – d’abord des orchidées, ensuite des rats, bientôt des hommes. Il a déjà assez affaire avec son double, le président. La simple perspective d’un dédoublement lui donne le vertige. Sans compter que des abrutis de premier ordre suggèrent depuis une dizaine d’années de prélever des cellules sur le cadavre de Lénine pour le reproduire et recréer le génie dont le communisme aurait besoin. »

 

 

bernard chambazBernard Chambaz  Vladimir Vladimirovitch  Flammarion  - 374 pages – 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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15/09/2015 | Lien permanent

Pierre Gascar : Le Présage

Pierre GascarPierre Fournier, dit Pierre Gascar, (1916-1997), est un journaliste, critique littéraire, écrivain, essayiste et dialoguiste français (Les Yeux sans visage, le célèbre film de Georges Franju, lui doit l'essentiel de son scénario et ses dialogues). Après une enfance difficile et avoir été prisonnier en stalag pendant la Seconde Guerre mondiale, il devient journaliste à son retour au civil. Il se consacrera totalement à son œuvre à partir de 1953, date à laquelle il obtient le prix Goncourt pour Le Temps des morts. Publié pour la première fois en 1972, Le Présage vient d’être réédité.

Récit ou essai, cet ouvrage à but écologique avant l’heure nous avertissait déjà en son temps des problèmes auxquels notre planète se trouvait confrontée. De ses voyages aux quatre coins du monde, des steppes de Sibérie à la lagune de Venise, de l’Inde du nord de Bombay à la Thaïlande, du Jura à New York, Pierre Gascar se focalise sur les lichens qui à ses yeux ont valeur de symbole car ils « sont les premiers organismes vivants à disparaître par l’effet de la pollution de l’air. »

Si comme moi vous saviez peu de choses sur ce végétal formé de l’association d’un champignon et d’une algue vivant en symbiose, vous allez vite vous remettre à niveau grâce à cette lecture très instructive. Les lichens, selon les espèces, sont nourriture, médecine, alerte radioactive. Pour autant il ne s’agit pas d’un bouquin scientifique et rébarbatif, ce n’est pas l’angle adopté par l’auteur. L’écriture est très belle, à l’ancienne, cultivée mais abordable, avec des accents poétiques ou philosophiques.

Récit de voyages, enseignement scientifique, extrapolation littéraire avec le poète italien Camillo Sbarbaro (« Comment le poète, l’artiste, ne s’identifierait-il pas à ce végétal obscur et inutile, relié à la primitivité… »), poésie quand l’écrivain sait nous convaincre par ses descriptions de ces végétaux qu’il ne s’agit pas de cochonneries poussées sur les murs ou les troncs d’arbres, philosophie quand Pierre Gascar se demande si ces « espèces d’écailles (…) racornies » sont la preuve de « la mort du monde ou sa revivifiante mue. » Beaucoup de choses, dans bien peu de pages en quelque sorte.        

 

« Les lichens supportent le froid, la raréfaction de l’oxygène (on les rencontre jusqu’à 6 000 mètres d’altitudes), la chaleur extrême, l’absence d’eau (ils revivent plusieurs mois après une dessiccation complète), mais meurent aujourd’hui dans le centre de Paris, de Londres, de New York, de Tokio et même de Venise où cependant des herbes, des arbres, sensibles, par contre, aux excès du climat, continuent tant bien que mal de pousser. En un mot, les lichens ne se montrent vulnérables qu’aux modifications anormales du milieu. Comment ne pas admirer la justesse, pour ne pas dire la sagesse, de cette réaction ? Comment ne pas applaudir à ce refus, ne pas y voir une leçon ? »

 

 

Pierre GascarPierre Gascar  Le Présage  Gallimard L’Imaginaire – 183 pages –

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Philippe Ségur : Extermination des cloportes

Philippe Ségur, Philippe Ségur, né en 1964, est un juriste et écrivain français. En 1980, il soutient une thèse de droit sur les relations entre le temps et le pouvoir politique. En 1994, il devient agrégé des facultés de droit et aujourd’hui il enseigne le droit constitutionnel et la philosophie politique à l'université Perpignan. Extermination des cloportes, son dixième roman, vient de paraître. 

Don Dechine, le narrateur, et sa femme Betty sont enseignants à Nîmes. Lui est professeur de lettres et ambitionne d’écrire un roman, elle de préparer sa thèse. Ils semblent vivre une vie plutôt tranquille, jusqu’à ce que de petits cailloux viennent perturber leur quotidien : Don Dechine est atteint d’une maladie génétique grave aux yeux qui le condamne à terme à devenir aveugle et leur voisin Mr Mortez, leader des copropriétaires de l’immeuble, leur cherche des poux dans la tête. Solution envisagée, la fuite en achetant une maison à la campagne, d’où de nouveaux problèmes quand on se lance dans une telle entreprise immobilière… 

Le narrateur est un peu nunuche, fanfaron il se prend pour ce qu’il n’est pas, victime de procrastination il a toujours une bonne excuse pour remettre à demain l’écriture de son roman (comme par exemple ne pas rater un épisode de la série Les Sopranos) et il vit dans le déni le plus total en minimisant sa maladie des yeux, commencée par de petites tâches sombres troublant sa vision, tels des cloportes en balade.

Le roman est fait de chapitres très courts, comme une suite de scénettes s’enchainant les unes aux autres, le rythme est rapide, de nombreux dialogues, le ton pince-sans rire est souriant tout du long (« Avec Betty, nous faisons tout ensemble. Le travail, les courses, le sport et même l’amour, c’est dire si nous sommes proches. »). On ne s’ennuie pas avec ce conte de Ségur (oups !) mais ce genre d’humour et de situations semble déjà vu ou déjà lu, convenu ; tout cela pour dire qu’une fois refermé, le bouquin ne reste pas particulièrement dans la mémoire. Il reste néanmoins un point largement positif, ce court temps de lecture nous a reposés de la misère du monde réel et tiré quelques sourires. Ce qui n’est pas rien, convenons-en !

 

« Donc Betty m’a pris un rendez-vous chez un ophtalmo. Oui, j’ai oublié de préciser que quand Betty veut obtenir une information, le geste utile n’est pas de s’arracher la langue. C’est de se crever les tympans. Car Betty a une manière bien à elle de mener son enquête. Elle vous poursuit dans toutes les pièces en répétant « chéri, qu’est-ce que tu voulais dire avec ce cloporte dans l’œil ? ». Et comme vous êtes inflexible, elle mitraille la question en continu pendant le repas. Elle interrompt les Sopranos au milieu d’un épisode pour une nouvelle rafale. Et si nécessaire, elle rallume la lumière une fois couchée pour vous administrer le coup de grâce. »

 

 

Philippe Ségur, Philippe Ségur  Extermination des cloportes  Buchet-Chastel  - 283 pages - 

 

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10/04/2017 | Lien permanent

Dominique Sylvain : Kabukicho

Dominique SylvainDominique Sylvain, née en 1957, est un écrivain français de romans policiers et de romans noirs. Journaliste indépendante pour Le Journal du dimanche, puis journaliste d'entreprise et responsable du mécénat dans la sidérurgie (groupe Usinor), Dominique Sylvain commence à écrire en 1993 lors de son premier séjour au Japon. Son dernier roman, Kabukicho, est sorti récemment.

A la nuit tombée, Kabukicho, sous les néons, devient le quartier chaud de la capitale nipponne. Au cœur de ce théâtre, les faux-semblants sont rois, et l’art de séduire se paye à coup de gros billets et de coupes de champagne. Deux personnalités dominent la scène : le très élégant Yudai, dont les clientes goûtent la distinction et l’oreille attentive, et Kate Sanders, l’Anglaise fascinante, la plus recherchée des hôtesses du Club Gaïa, l’un des derniers lieux où les fidèles apprécient plus le charme et l’exquise compagnie féminine que les plaisirs charnels. Un jour, sans prévenir, la jeune femme disparaît tandis qu’à Londres, son père reçoit sur son téléphone portable une photo où elle apparaît, les yeux clos, suivie de ce message : « Elle dort ici. » Bouleversé, mais déterminé à retrouver sa fille, Sanders prend le premier avion pour Tokyo, où Marie, colocataire et amie de Kate, l’aidera dans sa recherche. Yamada, l’imperturbable capitaine de police du quartier de Shinjuku, mènera quant à lui l’enquête officielle. Résumé fourni par l’éditeur.

Tout le monde semble s’extasier devant ce bouquin, s’il n’était aussi court je l’aurais abandonné très vite. Rien n’est à sauver de ce naufrage qui s’apparente à une japoniaiserie pour petites filles. L’intrigue policière est cousue de fil blanc à gros points quant à l’écriture… elle n’est pas à la hauteur dans les scènes un peu « agitées », les passages sensés nous instruire sur la vie au Japon sont plaqués sur le texte comme des emplâtres et last but not least, l’écrivain prétendant la jouer psychologique, (« Elle ne s’intéressait pas tant aux actes qu’à la psychologie des personnes impliquées, voyez-vous. ») avance à gros sabots bien lourdingues qui ne pourront séduire que les préadolescentes… 

De qui se moque-t-on ?

 

« Il avait trouvé Kabukicho excitant, au début. Les filles sexy, les conversations délirantes, les méthodes de séduction à raffiner chaque nuit. Le quartier des plaisirs de Tokyo était un immense terrain de jeux, et il faisait partie des bons joueurs. Grâce à ce don, déchiffrer instinctivement les femmes et leurs besoins. Il savait écouter, trouver les mots, soigner leur solitude. En peu de temps, il avait fait du Café Château un bar d’hôtes reconnu. »

 

 

Dominique SylvainDominique Sylvain  Kabukicho  Viviane Hamy – 278 pages –

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08/01/2017 | Lien permanent

Claudio Morandini : Le Chien, la neige, un pied

claudio morandiniNé en 1960 à Aoste en Italie, Claudio Morandini, écrivain et enseignant en lettres modernes, est auteur de pièces de théâtre et radiophoniques, de contes et de romans. Sixième roman de l’écrivain mais premier traduit en français, Le Chien, la neige, un pied vient de paraître.

Adelmo Farandola vit en ermite dans un chalet isolé planqué dans la montagne. Il ne se lave plus depuis longtemps, fuit le monde, n’a de contacts avec personne, si ce n’est quand il descend à l’épicerie du village faire quelques courses de temps en temps. Un jour un chien errant s’accroche à ses basques et s’invite chez lui contre son gré, bientôt l’animal et l’homme vont avoir des conversations ; il faut dire qu’Adelmo perd un peu les pédales, c’est « le grand désordre de sa tête » qui lui cause des hallucinations. Retranchés dans le chalet enfoui dans la neige, l’homme et le chien attendent la fin de l’hiver et quand débute le dégel, émerge d’une avalanche le pied d’un homme…

Roman rural et éthéré, un poil mystérieux puisqu’on ne sait jamais très bien s’il faut prendre au pied de la lettre ce que l’on lit, ou bien si ce ne sont que les délires d’un pauvre homme retranché dans sa solitude. Petit à petit l’écrivain nous permet de reconstituer une partie du puzzle qu’est la vie passée d’Adelmo. Puis arrive ce pied, à qui appartient-il ? Me croyant malin j’avais élaboré une hypothèse qui s’avèrera fausse – et c’est tant mieux car le roman eut été niais.

Un texte court, joliment écrit et assez intrigant pour ne pas le lâcher avant la fin. Seule critique – mais qui peut se discuter – le dernier chapitre, où l’écrivain explique l’origine de l’idée donnant naissance à ce roman, elle ramène le récit achevé au réel, ce qui lui ôte toute sa part d’onirisme. J’ai trouvé cela bien dommage… Un atterrissage forcé pour le monde flottant dans lequel l’auteur nous avait joliment embarqués.   

 

« A sa manière, c’est un chien sage, ou peut-être est-il seulement vieux, et son attitude désabusée n’est-elle due qu’à ses forces qui l’abandonnent. Des fois, pour le récompenser de cette résignation, Adelmo Farandola le laisse entrer dans la maison, où le chien renifle tout, avidement. L’homme ne sent plus rien depuis un moment. Depuis qu’il a arrêté de se laver il est anesthésié à ses propres odeurs, et les pets qu’il lance la nuit sous les couvertures ne sont que de chaudes caresses, qu’il cultive avec une alimentation adéquate. »

 

 

claudio morandiniClaudio Morandini  Le Chien, la neige, un pied  Anacharsis – 141 pages –

Traduit de l’italien par Laura Brignon

 

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17/07/2017 | Lien permanent

Sorj Chalandon : Profession du père

sorj chalandon, Sorj Chalandon, né en 1952, est un journaliste et écrivain français. Après avoir travaillé pour le quotidien Libération de 1973 à  2007 comme membre de la presse judiciaire, grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est aujourd’hui journaliste au Canard enchaîné. Son roman Profession du père est paru en 2015.

Le roman débute par l’enterrement du père, occasion pour Emile le fils unique et narrateur, de revenir sur son enfance dans les années 60, entre un père mythomane et une mère démissionnaire.

Quel extraordinaire roman, qui balade le lecteur entre le rire, l’inquiétude, la rage et l’émotion. Le rire, ou plutôt le sourire, ce sont les affabulations du père qui prétend avoir été militaire dans les chasseurs parachutistes, pasteur pentecôtiste, footballeur professionnel ou bien sommet, quand il lui fait croire qu’il est agent secret, en cheville avec la CIA et qu’il va assassiner le général de Gaulle avec son aide. L’inquiétude, car ces vantardises acceptées par la mère qui se tait et l’enfant qui bien sûr les croît puisque c’est son père qui le dit, créent un malaise de mauvais augure, un pressentiment de malheur à venir tant elles sont extravagantes de délire paranoïaque. La rage, non seulement le père affabule de manière éhontée mais il peut être violent, infligeant des punitions sadiques à Emile ou des humiliations à sa femme. L’émotion, tout du long du roman, devant cet enfant berné et maltraité par son père, cette mère douce et gentille mais dans le déni le plus absolu, « Elle ne voyait rien. Jamais elle n’avait rien vu. »

Les derniers chapitres, quand Emile devenu adulte et marié, retournera voir ses parents sont particulièrement poignants, l’émotion à son paroxysme, les parents âgés, le père fou, la mère « ailleurs », le fils partagé entre amour et détestation, trois solitudes, trois vies qui se sont longtemps côtoyées sans jamais être liées réellement. 

 Un roman magnifique que je conseille à tous, merveilleusement servi par une écriture qui jamais n’en rajoute, toujours élégante de tact.

 

« J’ai regardé mon père. Depuis toujours, je me demandais ce qui n’allait pas dans notre vie. Nous ne recevions jamais personne à la maison, jamais. Mon père l’interdisait. Lorsque quelqu’un sonnait à la porte, il levait la main pour nous faire taire. Il attendait que l’autre renonce, écoutait ses pas dans l’escalier. Puis il allait à la fenêtre, dissimulé derrière le rideau, et le regardait victorieusement s’éloigner dans la rue. Aucun de mes amis n’a jamais été autorisé à passer notre porte. Aucun des collègues de maman. Il n’y a toujours eu que nous trois dans notre appartement. Même mes grands-parents n’y sont jamais venus. »

 

 

sorj chalandon, Sorj Chalandon   Profession du père  Grasset – 316 pages –

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Le Marché du Livre à Paris

Aujourd’hui, nous ne visiterons pas une librairie mais si vous me faites le plaisir de m’accompagner, je vous ferai découvrir ( ?) un lieu mieux encore pour ceux qui aiment les livres. Pourquoi mieux encore qu’une librairie ? Parce qu’ici, vous ne trouverez pas les nouveautés de la rentrée littéraire mais vous pourrez tout à la fois marier, la farfouille dans les bouquins et la sortie dominicale avec votre famille, ce qui n’est pas évident en général.

Mais où donc est-ce ? Tout au sud de Paris, dans le XVème arrondissement, au 104 de la rue Brançion se tient le Marché du Livre ancien et d’occasion, communément nommé Marché Brassens. Fondé en octobre 1987, nous fêterons donc bientôt ses 30 ans, il a lieu tous les samedis et dimanches de l'année (exclusivement et sans exception) de 9 heures à 18 heures et il réunit une cinquantaine de libraires.

Soutenu par la Direction des parcs et jardins de la Ville de Paris et organisé par le Groupement d'information promotion presse édition (GIPPE), une association loi de 1901 dont l'activité principale est centrée sur le livre et l'écrit, le marché se tient sous deux halles à chevaux restant des anciens abattoirs de Vaugirard. Les abattoirs de Vaugirard sont d'anciens abattoirs, à la fois bovins, ovins et chevalins, dans le quartier Saint-Lambert. Ouverts entre 1896 et 1904, ils cessent leur activité entre 1976 et 1978 et sont pratiquement entièrement démolis entre 1978 et 1985. Seuls trois bâtiments, les portes monumentales et quelques statues, dont deux taureaux, sont conservés. A l'emplacement de ces abattoirs est créé le parc Georges-Brassens, ouvert au public en 1985.

Rendez-vous de nombreux professionnels et amateurs français et étrangers, Le Marché du Livre organise un commerce du livre ancien et d'occasion où les collectionneurs et les lecteurs peuvent trouver des livres anciens (avant 1815), des livres épuisés des XIXe et XXe siècles et des illustrés modernes. Mais on y trouve également des livres de poche ou des livres brochés, des cartes géographiques d’autrefois, des vieux papiers, des Pléiades, tous à des prix d’occasion mais pas vraiment donnés non plus… Un peu comme chez les Bouquinistes des bords de Seine.  

Par ailleurs on notera que le GIPPE organise chaque année, début octobre, le salon du livre d'enfant d'autrefois, avec une exposition sur un thème ou un illustrateur. Ainsi, en 2014, le salon rendait un hommage à Marcel Marlier et en 2015, c'est l'illustratrice Adrienne Ségur qui était à l'honneur tandis que l’année dernière on commémorait la vie et l'œuvre de Zulma Carraud.

Après avoir fouiné et éventuellement déniché une pépite dans ces piles de livres, vous ne pourrez éviter de poursuivre votre sortie, en déambulant dans les allées du Parc Georges Brassens adjacent : son plan d’eau avec les canards, le théâtre de Guignol, les manèges et les bancs sous les arbres, tout ce qu’il faut pour réussir une bonne journée.

 

georges brassens,

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Photos : Le Bouquineur   Sources : Wikipédia

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27/08/2017 | Lien permanent

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