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Doisneau Cavanna : Les Doigts pleins d’encre

François Cavanna, Robert Doisneau  Robert Doisneau (1912-1994) est un photographe français, parmi les plus populaires de l’après-guerre. Il fut, aux côtés de Willy Ronis, d'Edouard Boubat, d'Izis et d'Emile Savitry l'un des principaux représentants du courant de la photographie humaniste française. François Cavanna (1923-2014) est un écrivain, journaliste et dessinateur humoristique français.

Les Doigts pleins d’encre, livre de photos, date de 1989 pour sa première édition.  

Quelle bonne idée que d’avoir associé Doisneau et Cavanna pour réaliser cet ouvrage – en fait, comment pouvait-il en être autrement ? Le thème du livre, l’enfance et plus particulièrement les gamins d’une dizaine d’années, dans les salles de classe ou la cour de récréation, à moins que la cloche de la délivrance ayant sonné, ils ne courent dans les rues et les terrains vagues, se livrant à ces jeux qu’on joue à cet âge. A noter qu’il n’y a que des garçons en classe (écoles non mixtes à l’époque) ou même à l’extérieur… Le photographe sait rendre à merveille, dans ce Noir & Blanc magique, l’innocence des gosses. Leurs yeux comme leurs attitudes exprimant la joie, la perplexité, la concentration, la malice. Pour accompagner ces documents – qui se suffisent à eux-mêmes en vérité – Cavanna a écrit un court texte, quelques notes ou réflexions, toujours teinté d’humour et plein d’empathie. Ces deux-là savent y faire pour raviver nos souvenirs et entretenir notre nostalgie.

A chaque fois que je feuillette ce livre, et très souvent quand je tombe sur une photo de Doisneau, je l’examine avec beaucoup d’attention, persuadé que je vais m’y reconnaitre. Ces clichés d’école, me rappellent mon enfance à Paris au cœur des années 50 : la façon dont les mômes sont vêtus, la salle de classe avec les pupitres en bois et l’encrier en faïence, la cour de récré et nos jeux de billes ou autres etc. Tout cela me parle car tout cela je l’ai vécu. Au choc des photos de l’un, le poids des mots de l’autre font de ce recueil photographique, un quasi album photos de famille. Si je ne me retenais, j’en aurais la larme à l’œil…

La seule critique que je pourrais avancer, c’est l’absence de renseignements concernant les photos. Pas de dates de prise de vue, ni d’indication de lieux, les curieux devront tout comme moi faire leurs propres recherches sur Internet. C’est dommage.

 

« Au premier rang, juste devant l’estrade où il y a le bureau du maître, tous les bons élèves sont là, alignés bien sages. Tous ceux qui lèvent le doigt les premiers pour répondre aux questions. La deuxième rangée de tables, c’est encore les bons, mais déjà pas aussi bons, quand même. Et ça va comme ça de moins en moins bons jusqu’au dernier rang, tout au fond contre le mur, si bien que là-bas c’est rien que les terreurs, ceux qui s’en foutent pas mal de l’école et que même le certif ça leur fait pas peur. Nous on se dit comme ça que c’est pas normal, c’est ces gars-là qui devraient être tout devant, bien sous le nez du maître, à peine ils commenceraient à faire leurs tours de cons, à peine à peine, aussitôt, crac, un grand coup de la grande baguette sur les doigts et hop, au coin. Tandis que là, bien planqués derrière les autres, ils font tranquillement tout ce qu’ils veulent et ce qu’ils veulent c’est rien que des conneries et faire des misères aux petits. »

 

François Cavanna, Robert Doisneau  Doisneau Cavanna   Les Doigts pleins d’encre   Hoëbeke  - 89 pages –

 

 

 

 

 

 

 

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26/04/2019 | Lien permanent

Alex Taylor : Le Sang ne suffit pas

alex taylorAlex Taylor vit à Rosine, Kentucky. Après divers métiers improbables, fabriqué du tabac et des briquets, démantelé des voitures d’occasion, tondu des pelouses de banlieue et aussi été colporteur de sorgho pour différentes chaînes alimentaires, il s’est lancé dans l’écriture. Diplômé de l’université de Mississippi il enseigne aujourd’hui à l’université de Western Kentucky.

J’avais adoré le premier roman d’Alex Taylor, Le Verger de marbre (2016), aussi attendais-je avec une vive impatience son second livre qui vient de paraître.

Hiver 1748 dans les montagnes enneigées entre Virginie et Kentucky. Reathel, seul avec son chien, erre affamé dans ces lieux abandonnés quand il tombe sur une cabane délabrée où il espère trouver de l’aide. Refoulé par l’occupant il le tue et découvre à l’intérieur, une jeune métisse indienne, Della, enceinte. Son enfant à venir vaut de l’or, il a été promis à Black Tooth, un chef Indien, en échange de vivres pour les occupants assiégés de fort Bannock. En frappant à cette porte Reathel espérait trouver un refuge, en fait il est au seuil de l’Enfer : une ourse en quête de nourriture attaque la cabane et deux frères, Bertram et Elijah, payés par la colonie, sont à la poursuite de la mère et son enfant en fuite…

Le sang ne suffit pas annonce le titre, pourtant le roman n’en manque pas !  Blessures bénignes, égorgement ou pire encore, au propre (sic !) comme au figuré, les liens du sang familiaux par exemple, ça coule et ça dégouline dans ce bouquin sombre où le rouge et le noir font chambre commune.

Entrer dans les détails de l’histoire serait une erreur de ma part, d’abord parce que les rebondissements sont trop nombreux et qu’ici résumés, ils vous feraient fuir à tort, pensant n’y voir qu’un roman violent et poisseux. Tous les ingrédients que vous commencez à imaginer y sont : la rudesse du climat, la faim qui taraude hommes et bêtes, les attaques de l’ourse et de loups, les Indiens qui rôdent et frapperont, sans oublier les personnages qui viendront se greffer au récit, Simon Cheese qui « se considérait lui-même comme un patriote fluctuant » espérant tirer bénéfice d’un conflit entre colons et Indiens, Eloysie, sa pauvre femme victime d’un calvaire ahurissant à vous en faire jaillir les yeux de leur orbite et que je vous laisse découvrir, Integer Crabtree le médecin du fort, Otha l’aumônier qui recèle un secret dévoilé in fine etc. Le roman se dévore car chaque page livre un développement nouveau, un coup du sort imprévu.

Aucun acteur de ce roman n’est pur ou innocent, tous portent en eux un drame ou un passé lourd, tous sont prêts à tuer et le font, que le motif soit compréhensible (sauver sa propre peau) ou indéfendable. A leur décharge, l’époque, des lieux et des conditions de vie plus que rudes…

Le thème du livre aborde un sujet moral éternel, peut-on accepter de sacrifier sciemment un être humain (le bébé de Della) si ce sacrifice permet d’éviter la mort de nombreux autres (les colons retranchés dans le fort) ?

Et maintenant, après deux livres, on peut décrire le style le l’écrivain : Un rythme pas particulièrement rapide mais qui sait happer l’intérêt du lecteur, des scènes ou des situations d’anthologie, une violence certaine et des excès/exagérations évidents qui devraient rebuter mais tout cela est effacé par la très belle écriture d’Alex Taylor, faite d’un lyrisme onctueux, de formules qui claquent (« … l’orifice pestilentiel de sa bouche, dont émanait une telle puanteur qu’on eût cru que l’homme venait de prodiguer une heure de fellation à un étron ») et d’un vocabulaire extrêmement riche et pointu.   

 

« - Ce n’est que du sang. Vous avez dû en voir en quantité, dans ce pays ? Reathel regarda le bandage du Français s’assombrir. – J’en ai vu un peu, admit-il. Le Français lissa son pantalon comme s’il était en train de se pomponner. – N’est-ce pas chose étrange ? Il y a du sang en quantité, et pourtant les hommes le convoitent comme de l’or. Que doit-on en penser ? Qu’un homme ne doit pas pleurer une vie qui est perdue. Pas une femme. Pas un fils. Il y a, après tout, beaucoup de femmes, beaucoup de fils. Le sang coule en abondance, mais ce n’est pas encore assez. Le sang ne suffit pas. »

 

alex taylorAlex Taylor   Le Sang ne suffit pas   Gallmeister – 316 pages –

Traduit de l’américain par Anatole Pons-Reumaux

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François Garde : Marcher à Kerguelen

François Garde François Garde, né en 1959 au Cannet, est un écrivain et haut fonctionnaire français. Sorti en 1984 de l'ENA il est nommé de 1991 à 1993 Secrétaire général adjoint de la Nouvelle-Calédonie. Entre mai 2000 et décembre 2004, François Garde est administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises à la Réunion. Marcher à Kerguelen paru en 2018 vient d’être réédité en poche. 

C’est grâce à son mandat d’administrateur des Terres australes et antarctiques que François Garde découvre les îles Kerguelen, archipel français dans le sud de l'océan Indien, l'un des cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises situé à plus de 3 250 kilomètres de La Réunion, terre habitée la plus proche. Il se promet d’y revenir un jour, à titre personnel pour en faire la traversée pédestre, rêve qu’il réalisera plusieurs années plus tard et dont il fait le récit dans cet ouvrage.

Tout d’abord constituer une équipe restreinte d’amis chacun spécialiste dans son genre : Mika, guide professionnel sera le chef d’expédition, Bertrand ancien officier de marine, grand connaisseur du climat et du terrain local, sera le photographe, et Fred, ancien hivernant sur l’île, est le médecin de la troupe. L’expédition durera vingt-cinq jours dans des conditions particulièrement rudes, aussi doivent-ils ne se charger qu’au minimum et se répartir le tout, vingt-cinq kilos dans chaque sac quand même, et par exemple ils prennent une tente pour trois alors qu’ils sont quatre… Ils connaissent le terrain, ils savent qu’ils n’ont pas droit à l’erreur, aucun secours rapide n’est envisageable.

Le décor posé qu’en est-il du récit ?

Personnellement ça m’a laissé assez froid, c’est le cas de le dire ici ! Le paysage minéral est d’une grande tristesse, la faune se sont les oiseaux marins, les manchots et les éléphants de mer, la flore des lichens variés et même ce peu, ils n’ont guère loisir de l’admirer car le périple se fait dans le froid, la pluie et la neige, le brouillard et un vent à rendre dingue (« son bruit, ses gifles, ses caprices, son haleine glacée »).

Je comprends très bien que tous les goûts soient dans la nature et que ce genre d’endroit puisse avoir son charme. En faisant un effort je peux convenir que certains se lancent dans ce type d’aventure pour défier les lois du physique. Je ne conteste donc pas le plaisir de ces marcheurs, mais pour celui du lecteur de ce récit, on repassera. Rien ne m’a fait envie, rien ne m’a étonné ou inquiété, je n’y ai même rien appris de mémorable sur les lieux ou sur la nature humaine. Oui c’est fort bien écrit mais pour moi ça reste une lecture sans grand intérêt d’autant que des récits de ce genre et dans différents coins du globe j’en ai lu un paquet…

 

« Etrange idée tout de même qu’un livre tout entier consacré à la marche. Il repose sur une illusion, voire un mensonge. Qui peut croire que chaque ligne a été écrite pendant l’effort, dans la spontanéité du mouvement et le vagabondage de l’esprit ? A l’évidence, si j’écris pendant que je marche, je tombe. De même qu’un livre traitant de l’amour n’est pas écrit au fond d’un lit, dans la tiédeur des corps enchevêtrés, de même celui-ci n’a pas été rédigé au fil des pas. Rien ne serait plus hypocrite que de laisser croire à la chronique d’un exploit. »

 

François Garde François Garde   Marcher à Kerguelen   Folio – 283 pages –

 

Peut-être que ce fichier audio pourrait vous mettre dans de meilleures conditions ? C’est ICI.

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Pierre Lemaitre : Alex

Pierre LemaitrePierre Lemaitre, né en 1951 à Paris, est un écrivain et scénariste français. Psychologue de formation et autodidacte en littérature, il effectue une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes, leur enseignant la communication, la culture générale ou animant des cycles d'enseignement de la littérature à destination de bibliothécaires. A partir de 2006 il se consacre à l'écriture en tant que romancier et scénariste, et obtient la consécration en 2013 quand il reçoit le prix Goncourt pour Au revoir là-haut (suivi d’un César en 2018 pour son adaptation au cinéma).

L’écrivain est aussi auteur de polars/thrillers avec sa tétralogie Verhoeven, incluant : Travail soigné, Alex (en 2011), Rosy & John et Sacrifices.

Paris. Alex, une jeune femme, est enlevée dans une rue en pleine nuit et séquestrée dans un entrepôt désaffecté par un possible psychopathe. Alertée par un témoin, la police se lance dans une enquête particulièrement complexe : une victime non identifiée et un kidnappeur encore moins, avec une vie en sursis pour peu temps certainement…

Le roman est découpé en deux parties, plus un long épilogue, chaque part ayant son identité propre. La première partie répond à tous les critères du genre « thriller », angoissante au possible. On ne sait rien de l’homme, sauf qu’il répète à sa victime « Je vais te regarder crever » ; sans entrer dans les détails, si vous avez la phobie des rats, bonjour les suées ! L’enquête est confiée à Camille, un flic usé par un traumatisme pas lointain, le meurtre de sa femme après enlèvement. Les clichés abondent sciemment, mais on les attend comme prévu dans ce type de roman.

La seconde partie déclenche un attrait inattendu : la police retrouve le lieu de la séquestration mais Alex s’est échappée et évaporée dans la nature. Le lecteur découvre alors une personnalité de la victime qu’il était loin d’imaginer ! Le roman monte d’un cran supplémentaire dans la qualité qu’on lui attribuait jusqu’à maintenant. Lecteur et police, ébahis, suivent les « exploits » peu ragoûtants de la donzelle et les cadavres s’empilent à la morgue. A ce moment du scénario, la victime du début a changé de camp mais elle est définitivement morte quand se clôt cette partie. Heu ?

Le long épilogue, la meilleure partie pour moi, fait penser au film Garde à vue (1981) de Claude Miller avec Lino Ventura et Michel Serrault. L’interrogatoire d’un tiers où lentement on découvre qu’il est la cause de tous ces carnages motivés par une vengeance différée. Et là on entre dans l’ignoble, le répugnant, le secret familial sordide. Le lecteur, assommé croit en avoir terminé quand un ultime coup de théâtre vient confondre ce tiers, une justice venue de l’au-delà. Scotchant !

Excellent roman donc. L’écrivain mêle habilement tous les ingrédients, l’angoisse et le sanglant comme dans tous les bons thrillers, la psychologie (Camille et Alex sont deux solitudes devant régler leurs problèmes familiaux) sans oublier un humour tranquille (« … lui enfonce le goulot au fond de la gorge et lui déverse tranquillement un demi-litre d’acide sulfurique concentré dans le larynx. Le Félix, forcément, ça le réveille. Pas pour longtemps. ») . Un roman très « français » (c’est un constat, pas une critique) se démarquant des bouquins américains et très réussi.

 

« Elle le comprend quand elle voit la tête de l’énorme rat émerger du bord du panier. Dans son champ de vision, sur le couvercle de la cage, deux autres silhouettes sombres passent très vite, accompagnées de ces frôlements qu’elle a déjà entendus. Les deux silhouettes s’arrêtent et glissent la tête entre les planches, juste au-dessus d’elle. Deux rats, plus gros que le précédent, avec des yeux noirs et brillants. Alex est incapable de se retenir, elle hurle à s’en éclater les poumons. Parce que c’est pour cette raison qu’il laisse des croquettes. Ce n’est pas pour la nourrir. C’est pour les attirer. Ce n’est pas lui qui va la tuer. Ce sont les rats. »

 

 

Pierre LemaitrePierre Lemaitre  Alex  Albin Michel – 392 pages –

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04/07/2018 | Lien permanent

Jules Verne : De la Terre à la Lune

jules verneJules Verne (Jules-Gabriel Verne de son nom exact), né en 1828 à Nantes et mort en 1905 à Amiens, est un écrivain français dont les livres sont, pour la plus grande partie, constituée de romans d'aventures utilisant les progrès scientifiques propres au XIXe siècle. En 1863 paraît chez l'éditeur Pierre-Jules Hetzel son premier roman, Cinq semaines en ballon, qui connaît un très grand succès y compris à l'étranger. Jules Verne nous a légué une œuvre immense, plusieurs dizaines de romans dont quelques chefs-d’œuvre comme Vingt mille lieues sous les mers (1870) pour n’en citer qu’un et mon préféré. Populaire dans le monde entier, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie. De la Terre à la Lune date de 1865.

Peu de temps après la fin de la guerre de Sécession, le Gun Club de Baltimore (un club d'artilleurs), se désole de son manque d’activité. Pour y remédier, son président Impey Barbicane propose d’envoyer un boulet de canon sur la Lune. Un défi technologique et scientifique qui devrait remobiliser ses troupes. L’affaire fait grand bruit dans le monde entier et quand un Français, Michel Ardan, propose de fabriquer un boulet creux dans lequel il s’installerait pour aller sur la Lune, c’est la folie qui s’empare de tous…

Ce bouquin est tombé dans mes mains par hasard mais aussi fort opportunément car il allait m’aider à régler un problème définitivement : j’allais le relire cinquante ans après une première lecture (donc, une fois avant que l’homme ne marche réellement sur la Lune et une fois après) et avec cet œil autre, conforter ou non le souvenir que j’en gardais, à savoir un roman particulièrement ennuyeux ! Autant aller directement au but, si Jules Verne a écrit plusieurs romans magnifiques, il n’est pas interdit de dire qu’il en a pondu de moins bons, et celui-ci en fait partie.

Je concède qu’avoir eu cette idée de voyage dans l’espace était révolutionnaire et que lire ce roman à l’époque devait faire se lever au ciel les yeux des lecteurs ; j’ajouterai aussi que les talents de vulgarisateur de Verne pour les connaissances scientifiques de son public sont ici exploités à fond (pour ne pas dire lourdement). Ce n’est pas rien, mais c’est aussi hélas tout.

La première moitié du bouquin se résume à de longues explications scientifiques sur la faisabilité du projet et c’est d’un ennui mortel. De plus, le roman se déroulant aux Etats-Unis, Verne colle à son sujet en utilisant de nombreux anglicismes et surtout le système métrique local, ce qui nous vaut des distances en miles pas immédiatement évocatrices pour moi. L’âge n’aidant pas à conserver une fraicheur d’esprit, certains passages m’ont semblé grotesques, comme l’aménagement intérieur du boulet qui finalement accueillera trois hommes et deux chiens pour son voyage.

Pour terminer sur une bonne note, j’ai néanmoins apprécié la fin du livre, assez réussie pour mon goût.

 

« Mais il ne suffisait pas d’aller, il fallait voir en route. Rien ne fut plus facile. En effet, sous le capitonnage se trouvaient quatre hublots de verre lenticulaire d’une forte épaisseur, deux percés dans la paroi circulaire de projectile, un troisième à sa partie inférieure et un quatrième dans son chapeau conique. Les voyageurs seraient donc à même d’observer, pendant, leur parcours, la Terre qu’ils abandonnaient, la Lune dont ils s’approchaient et les espaces constellés du ciel. Seulement, ces hublots étaient protégés contre les chocs du départ par des plaques solidement encastrées, qu’il était facile de rejeter au-dehors en dévissant des écrous intérieurs. De cette façon, l’air contenu dans le projectile ne pouvait pas s’échapper, et les observations devenaient possibles. »

 

jules verneJules Verne  De la Terre à la Lune   Folio – 217 pages –

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Marcel Proust : Les Soixante-quinze feuillets

marcel proustMarcel Proust (1871-1922), écrivain français auteur de traductions, d’essais et de récits domine l’histoire du roman français au XXe siècle avec A la recherche du temps perdu.

C'est en 1907 que Marcel Proust commence l'écriture de son grand œuvre A la recherche du temps perdu dont les sept tomes sont publiés entre 1913 et 1927, c'est-à-dire en partie après sa mort. Les Soixante-quinze feuillets, livre qui parait aujourd’hui issu des archives de l’éditeur Bernard de Fallois (1926-2018) présente la plus ancienne version de La Recherche. Cet ouvrage est pour les admirateurs de l’écrivain ce que les outtakes sont pour les amateurs de rock, ces titres inédits ou en cours d’élaboration qu’on trouvait autrefois sur les disques pirates et maintenant en bonus sur les rééditions des CD des albums mythiques.

Concrètement que contient exactement ce livre ? Grosso modo les cents premières pages correspondent à l’ébauche de La Recherche, puis quatre-vingt-dix pages de textes épars et cent-soixante-quinze pages de notice, chronologie et notes. Ce livre peut être lu de deux manières différentes, si vous êtes calé et très connaisseur de l’œuvre, vous pourrez comparer les premiers écrits avec la version finale et en savourer les modifications apportées – il y a là beaucoup à dire et à faire ; soit, vous êtes seulement amateur de Proust, comme moi, et vous retrouverez dans ces feuillets ce qui fait son charme, le rythme apaisant de son écriture, les phrases proustiennes typiques (« … arrivé devant le bleu Grand Canal, sur lequel le regard s’appuyait, se reposait, se ravissait, s’enchantait, comme une joue encore amollie du sommeil récent se repose, s’appuie, s’enchante sur un oreiller moelleux, on arrivait à la porte à trois marches de l’hôtel dont les deux premières étaient tour à tour cachées par l’eau ou ruisselantes… »), bref sa petite musique.

Alors que vous dire de ces inédits, si ce n’est que les fans de Proust vont se réjouir, du jamais lu en pagaille ce n’est pas rien ! D’autant qu’on y retrouve nos scènes favorites écrites autrement comme « le baiser du soir à maman » (dans trois versions différentes), l’épisode de « la madeleine » ou les promenades vers Méséglise et Guermantes…

Outre les « feuillets » qui sont une merveille, les autres textes, très courts, reflètent moins bien la musique évoquée plus haut : ici ont été conservés pour l’édition, les ratures de l’écrivain, ou bien des mots manquent… cela reste néanmoins très lisible et d’un grand intérêt littéraire mais avec moins de charme. Enfin, parce qu’il n’est pas interdit de rire même quand on évoque le Grand Ecrivain, je ne peux résister à vous citer cette phrase : « Elles savaient, enfoncé dans leur attention, et leur mémoire par les traits mêmes peut-être du ridicule, ce que je voulais qu’elles sussent. »

Voilà tout ce que je peux vous dire de ce livre. Le reste est du domaine de l’analyse comparative et des commentaires détaillés fournis en fin d’ouvrage.

 

« Puis on apporta les lampes. Tous les soirs leur vue, le bruit des rideaux qu’on fermait aussitôt après me serrait le cœur. Car je sentais que dans quelques heures viendrait l’affreux moment où il fallait dire bonsoir à Maman, sentir la vie m’abandonner au moment où je la quittais pour monter dans ma chambre, et ensuite souffrir ce qu’on ne saura jamais, dans ma chambre, d’où j’entendais le bruit d’en bas, jusqu’au moment où je parvenais à m’endormir. Quand j’y parvenais. »

 

marcel proustMarcel Proust   Les Soixante-quinze feuillets et autres manuscrits inédits   Gallimard –380 pages –

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Olivier Bleys : Antarctique

Olivier Bleys Olivier Bleys, né en 1970 à Lyon est un écrivain français qui a publié trente-cinq livres : romans, essais, récits de voyage, bandes dessinées, roman graphique, récit d'anticipation. Membre élu de la Société des Explorateurs français, Olivier Bleys a pris le départ d'un tour du monde à pied, par étapes, qu'il poursuit d'année en année depuis 2010. Après avoir traversé la France, la Suisse, l'Italie, la Slovénie, la Hongrie et l'Ukraine, le tour du monde à pied évolue actuellement en Russie occidentale. Antarctique, son nouveau roman, vient de paraître. 

Janvier 1961 sur la base antarctique soviétique de Daleko. On imagine que les loisirs sont rares en de tels lieux, restent les parties d’échecs, mais quand la vodka accompagne le jeu le mélange peut s’avérer fatal : une engueulade, un coup de folie éthylique et Vadim met définitivement mat Nikolaï d’un coup de hache et pleine tronche ! Pour les quatre survivants, un huis-clos pénible va s’ajouter aux conditions de vie déjà difficiles…

Présentation des personnages : Anton, botaniste, est le chef sur la base polaire ; Vadim, tractoriste et bricoleur homme à tout faire est le meurtrier ; Igor est glaciologue et Dimitri géologue. Le premier problème pour Anton, où mettre le cadavre ? Rien n’est prévu pour ce cas de figure sur place. Dimitri a bien une idée, « pendre Nikolaï au râtelier des jambons » mais elle est rejetée. Et où incarcérer Vadim, l’assassin ? Finalement, les celliers feront l’affaire. Celui qui est extrêmement froid pour le mort et l’autre qui n’est que gelé pour Vadim.

Vous commencez à comprendre que le roman, bien que dramatique, va plutôt jouer avec les codes d’un humour discret ou carrément noir. C’est ce qui en fait sa force. L’écrivain pouvait la jouer ambiance lourde et pesante, pathos et virilité confinée, il nous la fait plus subtile, sur un ton bon enfant et souriant.

Jeu du chat et de la souris, Vadim seul dans son cellier glacial fait enrager ses compagnons pourtant bien au chaud dans leur baraquement, des dissensions se créent entre Igor qui voudrait exécuter Vadim et les deux autres qui veulent un procès en règle, d’ailleurs Anton rédige un long rapport qu’il faudra transmettre aux autorités, dommage que la radio ne fonctionne plus ! Coincés dans leur trou perdu, quasi abandonnés de leur hiérarchie qui dès le départ ne leur avait pas fixé de mission bien précise, avec du matériel défectueux, les hommes voient leur moral fléchir, leurs idées s’embrouiller…

Un très bon roman avec une fin très surprenante quoiqu’en parfaite adéquation avec l’humour noir qui teinte le livre.    

 

« On pouvait dire bien des choses du meurtre de Nikolaï Kalinine par Vadim Kotov. On pouvait l’appeler de bien des noms : un accident, un drame, un grand malheur. Mais l’on ne pouvait nier qu’il avait secoué la routine de leurs vies confinées. Il y avait eu mort d’homme, que diable ! Un homicide attesté par plusieurs colons, signataire d’une déposition conjointe ! C’était une première historique. Le premier meurtre jamais enregistré sur une station polaire, le premier assassinat perpétré en Antarctique ! Et, qui plus est, une première soviétique, bien qu’elle n’eût pas l’éclat du premier vol habité dans l’espace. »  

 

 

Olivier Bleys Olivier Bleys   Antarctique   Gallimard  - 191 pages -    

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17/03/2022 | Lien permanent

Maurice Leblanc : La Femme aux deux sourires

maurice leblancMarie Emile Maurice Leblanc est un romancier français (1864-1941). Auteur de nombreux romans policiers et d’aventures, il est le créateur du célèbre gentleman-cambrioleur Arsène Lupin. Relégué au rang de « Conan Doyle français », Maurice Leblanc est un écrivain populaire qui a souffert de ne pas avoir la reconnaissance de ses confrères mais a toujours suscité un solide noyau d'amateurs. La série Arsène Lupin compte 17 romans et 39 nouvelles, ainsi que 5 pièces de théâtre, tous écrits de 1905 à 1941. La Femme aux deux sourires date de 1933.   

Elisabeth Hornain, chanteuse lyrique, est assassinée et ses bijoux volés lors d’une prestation improvisée dans le parc d’un château, personne n’a rien vu, la police ne comprend rien. Quinze ans plus tard, débute le roman. A Paris, l’inspecteur Gorgeret n’a pas enterré l’affaire mais pour l’heure il est sur la piste de Clara la Blonde, maîtresse du grand Paul, truand notoire. La belle jeune femme se rend chez le marquis Jean d’Erlemont, sur les quais de Seine, mais elle se trompe d’étage et c’est monsieur Raoul qui ouvre, quand la police déboule le Raoul trouve une combine pour planquer la mignonne. Ce sang-froid face à l’imprévu n’est pas vraiment étrange quand on comprend qu’il s’agit en fait, d’Arsène Lupin, lui-même très intéressé par les activités du marquis d’Erlemont…

Le reste de l’intrigue est tellement abracadabrant que je ne me risque pas à tenter de vouloir la résumer, avec Arsène Lupin le gentleman cambrioleur il en est toujours ainsi, et c’est pour moi, tout ce qui en fait le charme désuet.

Le roman mené à bon train nous conduit des bouges dans les caves de Montmartre aux cabarets huppés des Champs-Elysées, les personnages cachent leurs petits secrets sous des identités en double, Raoul est Lupin, le grand Paul est aussi le très chic Verthex et la belle Clara ressemble comme deux gouttes d’eau à une certaine Antonine, toutes deux convoitées par Raoul et grand Paul ! Le tout sous les yeux médusés du pauvre Gorgeret qui veut arrêter tout le monde, du Paul qui veut buter Raoul, lequel fait des pieds et des mains pour sauver Clara mal embarquée dans cette histoire.

Petite pause, le temps que je reprenne mon souffle.

Humour (« Elle dit qu’elle est la fille de Mme Thérèse, de Lisieux, et qu’elle apporte une lettre de sa mère »), sexy folies pour oies blanches (« Allait-elle le repousser comme dans le salon de Volnic ? L’accueillir ? Elle ne résista pas. » Le rythme est alerte, vif, les rebondissements plus spectaculaires les uns que les autres, au point que moi qui aime à tenter de deviner la fin des romans avant leur fin, j’en ai laissé tomber l’idée très vite, me laissant bousculer par cette rocambole…esque histoire.

Bref, je me suis bien amusé avec ce bouquin sans prétentions mais fort distrayant.

 

 

« - Le 3 juillet, à quatre heures, je vous apporterai la vérité sur le drame et sur toutes les énigmes qui le compliquent. Et je vous apporterai également l’héritage de votre grand-père maternel… ce qui permettra à mademoiselle, pour peu qu’elle en ait envie, et moyennant la simple restitution du chèque que j’ai signé tout à l’heure, de conserver et d’habiter ce château qui semble tellement lui plaire. – Alors… alors…, fit d’Erlemont, très ému, vous croyez vraiment réussir à ce point ? »

 

maurice leblancMaurice Leblanc   La Femme aux deux sourires   Le Livre de Poche  - 315 pages -  

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Henri Lœvenbruck : Nous rêvions juste de liberté

Henri Lœvenbruck Henri Lœvenbruck, né en 1972 à Paris, est un écrivain, chanteur et compositeur français. Auteur de thrillers, de romans d'aventure et de fantasy, il est traduit dans plus de quinze langues. Auteur-compositeur-interprète, il écrit des chansons pour lui-même et pour d'autres artistes français. Nous rêvions juste de liberté date de 2015. 

Une petite ville d’un pays imaginaire tirant un peu sur la France et beaucoup sur les Etats-Unis. Hugo dit « Bohem », le narrateur, fait partie d’une bande de quatre adolescents « remuants » avec Alex, « la Fouine » et Oscar « le Chinois » sous la houlette de leur chef Freddy, un beau gosse d’origine ritale amateur de motos. Rejeté par sa famille, Bohem est carrément fasciné par Freddy qui le prend sous son aile, lui apprend la mécanique et lui communique son amour pour les bécanes et la liberté. La bande des quatre, fratrie pour la vie, fait les quatre-cents coups. Mais la vie est aussi faite de désillusions, alors quand Freddy abandonne le groupe pour se ranger et bosser avec son père au garage, le reste de la bande menée par un Bohem qui se sent trahi, se lance dans un road-trip à travers tout le pays…  

Voyage initiatique, l’odyssée de Bohem connaitra mille aventures et autant de rencontres. Nos motards s’initieront petit à petit aux codes d’honneur et rituels des bikers – ces frères de cuir et de gros cubes – apprenant et respectant leurs lois. Marche après marche, Bohem créera son propre club, d’autres amis de rencontre se joindront à eux, il y aura des départs et des arrivées, des bastons et des bières bues, des filles mais des drames aussi. Et toujours, au fond de son cœur, Bohem songe à Freddy.

Easy rider, Born to be wild, la route qui file, le vent, la machine qui vibre entre les cuisses, cette sensation de liberté intense que les mots peinent à décrire, Bohem ne vit que pour ça, même ses compagnons ne pourront le suivre si loin dans ses rêves, même sa chérie ne pourra le retenir, il continuera sa route seul jusqu’à son destin. Destin tragique qu’il affrontera cramponné à son code de l’honneur.

Je ne vais pas vous mentir, mon cœur de midinette (?) a craqué en lisant ce magnifique roman et je l’ai refermé, les larmes aux yeux, car il a ranimé des rêves de jeunesse que je pensais enterrés à jamais au plus profond de moi, cette époque où « nous avions vingt ans et nous rêvions juste de liberté ».  

Ma réaction est certainement exagérée mais vous, sachez que le récit ne traine pas, que le ton est léger souvent teinté d’humour, qu’il y a beaucoup de tendresse et d’amour viril ou pas et que c’est bon bouquin.

 

 

« Essaie de ne jamais oublier tes rêves. La vie, les gens, tous essaieront de t’empêcher d’être libre. La liberté, c’est un boulot de tous les jours. Un boulot à plein temps. Cette bague, elle est là pour que t’oublies jamais. Quand je me suis retourné vers le bar et que j’ai gueulé « Tournée générale ! » à l’intention du patron, Pat et Lobo ont éclaté de rire, et toute la salle a poussé des cris, bon sang, c’était un sacré moment ! Je l’ai encore au doigt, aujourd’hui, ma bague. Et elle a encore plus de valeur, maintenant, c’est sûr. C’est la seule chose que j’ai gardée. »

 

 

Henri Lœvenbruck Henri Lœvenbruck   Nous rêvions juste de liberté   J’ai Lu   - 490 pages –

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Jean Ray : Malpertuis

jean rayRaymond Jean Marie De Kremer (1887-1964) est un écrivain belge. Il écrit en français principalement sous le pseudonyme Jean Ray et en néerlandais souvent sous le pseudonyme John Flanders mais a utilisé plusieurs dizaines d'autres pseudonymes et a, selon les éditions et rééditions, utilisé indifféremment l'un ou l'autre pseudo. Il est connu en français pour s'être largement consacré à la littérature fantastique, dont il est un des maîtres mais il a aussi beaucoup écrit pour la jeunesse.

Malpertuis, roman devenu un classique de la littérature fantastique, date de 1943. Il a fait l’objet d’une adaptation au cinéma par Harry Kümel en 1971 avec Orson Wells et Michel Bouquet.

Fin du XIXème siècle, l’oncle Quentin Moretus Cassave est mourant, neveux et nièces à son chevet prennent connaissance de ses dernières autant qu’étranges volontés : pour toucher l’énorme héritage qu’il va laisser, ils doivent tous dès à présent habiter sa grande et sombre demeure – Malpertuis - et le dernier survivant raflera la mise.  

Jean-Jacques Grandsire, vingt ans, est le héros et principal narrateur de cette effrayante histoire dont je ne vais que survoler les rebondissements, tant ils sont mystérieux et, pour reprendre une réflexion de l’un de ceux qui l’ont vécue, « Je n’ai pas toujours compris, hélas… ! Mais qui pourrait m’en vouloir ? » Car effectivement, le lecteur est entrainé dans une angoissante série d’évènements : morts, bougies qui s’éteignent sans cesse et sans raison, dangers mal identifiés (« L’ombre se rapprochait de moi, en tapinois, déjà les hauteurs de la cage d’escalier étaient d’encre et de poix »), j’en passe et des meilleures…

Notre J.J. ne peut guère compter non plus sur les bizarres autres membres de la famille, le cousin Philarète taxidermiste toujours à la recherche d’une nouvelle proie, Lampernisse qui geint en permanence quand les lumières s’éteignent et y voit une main diabolique derrière ce mystère, etc.

Le lecteur donc, n’y comprend rien mais se laisse porter par le mystère ambiant et la très belle écriture de Jean Ray au vocabulaire somptueux pas avare de mots peu connus (médianoche, spagyrie…). Heureusement, dans une seconde partie du roman constituant un long épilogue, tout va s’éclaircir et les explications nous être fournies. Je peux vous les donner, elles ne gâcheront pas votre lecture, au contraire mieux que les lignes précédentes, elles vous donneront peut-être envie de lire ce bouquin : l’oncle Cassave avait en fait réuni sous son toit prisonniers, les dieux de l’Olympe lessivés et au bout du rouleau et qu’à la base de ce drame mystérieux, une Euménide et une Gorgone se disputaient le cœur d’un pauvre garçon de vingt ans qui, sans doute ne se savait pas fils de dieux.

Avec cette clé de lecture, le roman prend tout son sens, les locataires de la demeure, ce qui leur arrive, tout s’insère dans la logique de la mythologie grecque, Jean Ray la bousculant néanmoins et la confrontant aux croyances chrétiennes.

Pas mal du tout !

 

« - Comment, lui ai-je demandé en faisant mine de prendre des notes, expliquez-vous le nom de Malpertuis, que la maison de l’oncle Cassave semble porter comme une malédiction ? (…) – Dans le célèbre et truculent Roman de Renart les clercs ont donné ce nom à l’antre même de goupil, le très malin. Je ne m’avance pas trop en affirmant que cela signifie la maison du mal, ou plutôt, de la malice. Or la malice est, par excellence, l’apanage de l’Esprit des Ténèbres. Par extension du postulat ainsi posé, je dirai que c’est la maison du Malin ou du diable. Je fis une moue effrayée. »

 

 

jean rayJean Ray   Malpertuis   10-18   - 225 pages -   

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