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Anatole France : L’orme du Mail

France Livre orme 1290926265.jpgAnatole France dont le nom véritable est Jacques Anatole François Thibault (1844-1924) nous a laissé quelques bons livres comme Le crime de Sylvestre Bonard, La rôtisserie de la reine Pédauque, Les Dieux ont soif ou Histoire contemporaine une tétralogie englobant L’orme du mail (1897), Le mannequin d’osier (1897), L’anneau d’améthyste (1899) et Monsieur Bergeret à Paris (d’abord en feuilleton dans le Figaro (1899) puis en volume en 1901).

Avec L’orme du mail nous abordons donc la première partie de cette Histoire contemporaine. Une petite ville de province, l’évêché de Tourcoing devenu libre, deux ecclésiastiques, l’abbé Lantaigne et l’abbé Guitrel se disputent le poste. Le premier est un antirépublicain ferme sur ses positions, le second un opportuniste ambitieux. Les notables de la ville – tant civils que religieux - vont se diviser mais les forces sont équilibrées. Le roman est divisé en chapitres faits d’observations et de dialogues savoureux emprunts de bienséance où les piques sont distillées par sous-entendus, à mots couverts. Mr Bergeret universitaire libéral, aime retrouver discrètement l’abbé Lantaigne sous l’orme du Mail, pour l’affronter et discuter de l’ordre des choses, de Dieu et du monde comme il va. « Il n’avait au monde de retraite agréable et sûre que ce banc du Mail ombragé par un orme antique, et que le coin des bouquins dans la boutique de Paillot ». Nous retrouverons plus tard cet intellectuel sceptique et désabusé dans les autres épisodes de la tétralogie.

Le style poli de l’écrivain, les propos courtois au pire ironique des protagonistes dissimulent en fait une subtile cruauté avec laquelle Anatole France dresse le portrait des notables de province, dans le décor plus général de la lutte de cette époque entre l’Eglise etLa République. Capeut paraître vieillot pour certains, personnellement j’en ai trouvé la lecture délicieuse, agréablement parfumée par les feuilles jaunies de mon édition de 1948 achetée dans une brocante.

 

« Au reste, ces changements prévus ne le surprenaient jamais. Sa politique administrative était toute fondée sur cette considération que les ministres passent. Il s’étudiait à ne jamais servir un ministre de l’Intérieur avec un zèle ardent. Il se défendait de plaire excessivement à aucun, et évitait toutes les occasions de trop bien faire. Cette modération, gardée pendant la durée d’un ministère, lui assurait la sympathie du suivant, prévenu de la sorte assez favorablement pour agréer ensuite le zèle médiocre, qui devenait un titre à la faveur d’un troisième cabinet. M. le préfet Worms-Clavelin administrait peu, correspondait brièvement avecla place Beauvau, ménageait les bureaux, et durait. »

 

France 1277238080.jpgAnatole France  L’orme du Mail  Calmann-Lévy

   

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16/10/2012 | Lien permanent

Philippe Jaenada : Plage de Manaccora 16h30

Jaenada Livre 0474459_1402489.jpg« Les deux premiers jours, tout s’est très bien passé. Le troisième, non. » La lecture du livre débute à peine mais déjà le ton est donné, il va y avoir des problèmes mais ils seront présentés avec humour. Le père, la mère et leur petit garçon sont en vacances dans un coin perdu de l’Italie, au bord dela mer. C’est l’été, il fait très chaud, tellement chaud qu’un incendie de forêt se déclanche et embrase toutela région. Notrepetite famille et quelques centaines de personnes se retrouvent acculées entre les terres en feu etla mer. Lesautochtones voient leurs commerces et maisons détruits par les incendies, les vacanciers leurs voitures et bien personnels disparaître dans les flammes mais tout cela n’est rien quand leurs vies ne tiennent plus qu’à un fil.

Philippe Jaenada réussit un tour de force en nous relatant une histoire dramatique et humaine tout en gardant un ton plein d’humour. Ecrit à la première personne du singulier, le père raconte l’histoire ne nous cachant rien de ses petits travers (il est un peu enrobé, il perd ses cheveux, l n’est pas très courageux etc.) ou de ceux des autres (sa femme est maniaque) et l’écrivain combine allègrement le temps présent, les actions passées et les traits d’humour même aux moments les plus incongrus (alors qu’ils sont tous coincés sur un bout de plage et que sa femme retire son slip pour passer son maillot de bain, espérant fuir le feu à la nage, il se satisfait de voir un inconnu reluquer le cul de celle-ci !). Il y aura des morts, une région dévastée, des survivants ruinés, mais aussi de l’espoir, du courage et la vie reprendra son cours.

Un livre magistral émerge de ce récit souvent rigolard et si le titre et la forme inclinent à prendre ce bouquin pour un roman de plage, je vous certifie qu’il va bien au-delà et qu’il vous réservera en tout cas de très bons moments. A lire absolument.

 

« L’habitude, quand même, a aussi du bon, je me disais. Ca souligne les souvenirs. J’aime les souvenirs, c’est à peu près tout ce qu’on a de sûr, d’intime et dense, une collection précieuse, inaccessible, dedans : ils se polissent d’eux-mêmes sans qu’on y pense, et prennent, les bons comme les mauvais, une charge de douceur rassurante, lointaine, une enveloppe aimable. Ils restent là, on peut en profiter quand on veut. J’aime me revoir dans le passé, me rappeler ce que j’étais, ce que j’ai fait à tel endroit où je me trouve maintenant, plus vieux, je m’émeus tout seul, nouille. »

 

Jaenada1.jpgPhilippe Jaenada  Plage de Manaccora 16h30 chez Grasset    

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14/10/2012 | Lien permanent

Condie Raïs l’interview

J’ai déjà eu ici l’occasion de faire deux chroniques consacrées à Condie Raïs, l’une pour son recueil de nouvelles C2H4O2 et l’autre pour Unga Bunga ! Jeune écrivain dont on ne sait rien, j’ai pensé qu’il serait intéressant de lui demander une interview afin de mieux cerner sa personnalité et en creux, de mieux comprendre son travail et ses influences. Questions et réponses se sont faites par mails ces derniers jours, pour conserver le mystère autour de cette écrivaine sans visage mais non sans caractère.

 

 

- Bien que vous souhaitiez conserver l’anonymat, pouvez-vous vous présenter et nous donner quelques éléments de votre biographie ? J’ai cru comprendre que vous aimiez le cinéma… 

Eh bien je vis seule avec mes chats siamois psychopathes dans un vieil appartement parisien, entre ma bibliothèque et mes caisses de vin blanc… Euh, pardon… J’ai un métier aussi, dans le domaine de l’histoire et de la géopolitique. Mais peu importe ma vie ! Oui, j’aime le cinéma, l’Éloge de John Wayne est un texte sincère, quoiqu’ironique par moments. J’aime John Huston, Michael Cimino, Coppola bien sûr, et… Et… Il y en a trop. Bon, je me permets de profiter de votre invitation pour limiter ma réponse à un conseil aux jeunes blogueurs qui découvrent Le portrait de Dorian Gray, comme je l’ai fait à leur âge : regardez d’urgence la magnifique adaptation du roman réalisée par Albert Lewin en 1945 ! Vous me remercierez à genoux et vous pleurerez de bonheur devant tant de beauté, d’intelligence et de maestria… 

- Quelle est l’origine de votre pseudonyme ? 

C’est un secret. Si je vous le disais, je serais obligée de vous tuer, après… Non, sans rire, il suffit de chercher du côté des secrétaires d’État américains – mais je parie 5 $ que vous l’aviez deviné ? Condie, c’est l’abréviation affectueuse de Condoleezza, qui vient de l’italien « con dolcezza », une expression qui décrit un passage tout en douceur dans les morceaux de musique. Et Raïs, c’est juste pour l’homophonie et le jeu de mots. « Tout en douceur », ça m’a bien amusée lorsque je travaillais sur une déclaration de politique extérieure, du coup, le pseudo s’est imposé à moi de lui-même…

- Pouvez-vous nous citer quelques écrivains que vous appréciez particulièrement ? Et quelques bouquins que vous avez beaucoup aimés ?

Brautigan, Melville, Hemingway, Fante, Bukovsky, Ellis (Brett Easton) et plein d’autres côté américain. Proust, Céline, Flaubert, Djian, Houllebecq et tant d’autres (mais pas tant que ça) de ce côté de l’Atlantique. Je fais du name dropping, là, je vous dis ce qui me passe par la tête. J’oublie sans doute des tas de livres qui m’ont plu.

Parmi mes bouquins préférés ? Il y en a tant… Allons-y quelques uns de ceux qui n’ont pas été écrits par ceux que j’ai cités plus haut : Le portrait de Dorian Gray, Dracula, Les Mémoires de Churchill, ceux de Casanova, Le Mémorial de Sainte-Hélène, oh mon Dieu, il y en a tellement ! Je renonce, désolée… 

- Avez-vous un point de vue d’ordre général sur l’état de la littérature aujourd’hui, en France ou à l’étranger ?

Je ne lis pratiquement plus de littérature depuis quelques années. Je suis trop prise par mon travail et mes lectures en histoire, géopolitique, économie, etc. Alors je ne me considère pas comme suffisamment éclairée pour répondre à votre question. Toutefois, je ne voudrais pas louper une occasion de dire du mal de Christine Angot… Et puis non, ne cédons pas à la tentation… L’homme sage est celui qui connaît ses limites… Je suis incapable de vous proposer un bilan général informé et sérieux. Je sais juste que lorsque je passe dans ma librairie préférée, je jette un coup d’œil à ce qui est publié récemment et je me retrouve immanquablement dans le rayon histoire… C’est un peu comme en musique. J’écoute vaguement ce que font les jeunes, mais rien ne m’a plus vraiment intéressé depuis la sortie de Tattoo You des Stones et celle de Outside, de Bowie – je suis désolée, à ce stade, il me semble évident que la moitié de vos lecteurs ont laissé tomber la lecture de l’interview en se disant : « O.K., c’est une vieille conne, ça se confirme… ».

- Depuis quand écrivez-vous ?

Depuis que je sais écrire, d’aussi loin que je me souvienne.

- En dehors des nouvelles de fiction, écrivez-vous d’autres choses ? Vos mémoires, des carnets de voyages, des comptes-rendus après avoir vu un film ou une exposition etc. 

Je passe beaucoup de temps à écrire des bouquins d’histoire, c’est une partie de mon travail. Je me suis remise à la fiction très récemment, après de longues années d’interruption. Disons que j’y ai vraiment repris goût. Je ne sais pas pour quelle raison, d’ailleurs, c’est revenu, comme ça, et ça continue… Sinon, je ne prends jamais de notes sur les films ou les livres, je ne tiens pas de journal intime et je compte bien entamer mes Mémoires dès que j’aurai fait quelque chose d’important, ce qui n’est absolument pas le cas du tout jusqu’à nouvel ordre ! 

- Parlez-nous de votre manière de travailler. Ecrivez-vous chaque jour ou seulement quand une idée vous vient ? Ecrivez-vous une nouvelle, d’un seul jet ? Combien de temps, en moyenne, passez-vous sur son écriture ?

Un seul jet, le plus souvent. En deux ou trois séances pour les nouvelles les plus longues. Et quand j’ai une idée bien ancrée en tête. En fait, l’histoire existe déjà avant que je m’y mette vraiment. Quand je m’assois derrière le clavier, il ne reste plus qu’à l’écrire. Ensuite, je passe un peu de temps à travailler le style. J’aime bien que ce soit fluide, que le rythme me convienne. Alors je corrige jusqu’à ce que je puisse lire mon manuscrit à voix haute sans être prise de hoquets… C’est difficile de vous répondre sur le temps passé à écrire une nouvelle. Si votre question porte sur le temps consacré à la rédaction proprement dit, c’est quelques heures. S’il s’agit de la maturation de l’histoire en amont, c’est plutôt quelques jours. Mais on va me prendre pour quelqu’un de désinvolte là, alors je tiens à préciser que j’ai derrière moi une vingtaine d’années de travail d’écriture – ou de réécriture d’autres auteurs – dans mon domaine professionnel. Ça vous forge un style, ça, monsieur, c’est l’école du travail et de la rigueur !

- Pourquoi avoir choisi la nouvelle et non le roman ? Envisagez-vous d’écrire un roman plus tard ?

Parce que je n’ai pas encore eu le temps de me mettre à un roman, soyons honnêtes… Toutefois oui, il y a un projet de roman en cours. Avec un peu de chance, je reviendrai vers vous d’ici quelques mois, si Dieu me prête vie et si mon éditeur ne me gâche pas le printemps et l’été avec de nouvelles commandes…

- Vos nouvelles sont toutes empruntes d’humour, j’imagine qu’elles reflètent votre caractère, mais pensez-vous qu’un jour, vous pourriez faire une tentative d’écriture dans un genre différent ?

La réponse est oui. Mais si vous le permettez et sauf votre respect, je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous. Chez moi, l’humour n’est pas un genre. J’admets que certaines de mes histoires sont faites pour faire rire. Mais d’autres ne sont pas drôles du tout, elles louchent vers le fantastique ou la critique de mœurs ou je ne sais quoi… Alors après, c’est vrai qu’il y a un ton, une façon d’écrire et de prendre de la distance qui flirte souvent avec la dérision, le cynisme, l’humour noir ou l’ironie. Ça, je n’y peux rien, c’est ma personnalité, c’est mon style. Disons que c’est ma façon de dire des choses douloureuses ou tragiques avec pudeur. J’en parlerais bien avec mon psy, mais le pauvre est en profonde dépression depuis ses premières séances avec moi…

- L’édition numérique, est-ce un choix délibéré ou un pis-aller découlant du refus des éditeurs traditionnels ?

Un choix délibéré. J’ai imaginé l’espérance de vie d’un manuscrit envoyé par quelqu’un de totalement inconnu et contenant une poignée de nouvelles sans thématique générale, entre les mains d’un lecteur dans une maison d’édition sérieuse. Je n’ai donc même pas proposé mes nouvelles à des éditeurs. L’autopublication m’autorisait une totale liberté dans le choix de mes histoires, elle me permettait d’être lue et de voir ce que ça donnait. À présent, plusieurs blogueurs m’ont gentiment suggéré de soumettre un manuscrit à de vraies maisons d’édition. Je vais y réfléchir. Je vais commencer par suggérer à Gallimard une parution dans la Pléiade, tiens, pour tâter le terrain… 

- Avez-vous un rêve fou et lié à l’écriture ? 

Oui. Pouvoir en vivre. 

- Voudriez-vous aborder un sujet sur lequel je ne vous ai pas interrogée ?

Eh bien oui, tout de même… Vous, par exemple, bien que je ne vous considère évidemment pas comme un simple sujet… Je ne voulais pas repartir picoler mon Sauvignon sans vous avoir remercié, et d’une, et surtout sans avoir souligné la qualité de votre travail – c’est vrai, quoi, on ne parle que de moi depuis le début. Parce que des chroniques de cette qualité, rédigées avec finesse – et non dénuées d’humour par dessus le marché -, le tout dans un style impeccable, ça mérite d’être signalé, c’est la moindre des choses ! Je peux le dire sans flatterie aucune, puisque mon critique vous n’êtes plus… Donc, merci pour votre très beau travail et surtout, continuez !

 

 

La politique éditoriale de ce blog m’interdisant toute censure, j’ai reproduit telle quelle la réponse à ma dernière question et c’est un Bouquineur rouge de confusion qui remercie Condie Raïs d’avoir accepté de répondre à ses questions.

 

 

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16/02/2013 | Lien permanent

Philip Roth : Opération Shylock

Roth Livre.jpgPhilip Roth est né le 19 mars 1933 à Newark, dans le New Jersey, son œuvre couronnée de multiple prix en fait l’un des plus grands écrivains américains contemporains. Aujourd’hui il vit dans le Connecticut. Némésis  paru en France il y a quelques mois devrait être son tout dernier roman, l’écrivain ayant déclaré à la presse qu’il arrêtait d’écrire. Ce roman, Opération Shylock, sous-titré Une confession, est paru en 1993.

Jérusalem en 1988. Alors que se tient le procès de John Demjanjuk, un Ukrainien suspecté d’être le « bourreau de Treblinka », Philip Roth l’écrivain bien connu est confronté à son sosie, un autre Philip Roth, homonyme et imposteur, condamné par un cancer, promouvant le « diasporisme », une théorie qui voudrait que le seul espoir de survie pour les Juifs d’Israël face à la menace Palestinienne, serait de revenir vivre en Europe, dans les pays dont ils sont originaires, à savoir la Pologne, l’Ukraine et l’Allemagne.

Pour appliquer ce programme il a créé l’ASA, les Antisémites Anonymes, et se fait aider par sa maîtresse gironde, son ancienne infirmière, antisémite en voie de guérison. Sachez aussi qu’il y a un chèque d’un million de dollars qui s’égare, un chauffeur de taxi qui a la chiasse, une prothèse de sexe maousse, un enlèvement, un vrai Roth qui se fait passer pour le faux Roth pour mieux le démasquer et les services secrets du Mossad. Encore ai-je abrégé.

Ce qui amène l’auteur à cette constatation lucide « Jusqu’ici, l’histoire est construite de manière superficielle, elle est sur-construite, il la trouve même un peu trop monstrueusement construite à son goût, avec des évènements étranges qui surgissent dans tous les coins, de sorte que l’intelligence ne trouve pas où se fixer pour avoir une vue d’ensemble. » Tout cela est vrai et il faut tout le talent de l’écrivain pour nous embringuer dans cette histoire ahurissante, où vrai et faux s’emmêlent, où les mises en abimes en rajoutent au trouble dans lequel est plongé le lecteur. Un bouquin qui a « l’apparence de l’autobiographie tout en acquérant les potentialités du roman ».

Il y a du polar ou du thriller, un fond politique et historique fort, une interrogation sur la judéité et sur la position qu’un Juif libéral peut adopter devant le comportement de l’état Israélien face au peuple Palestinien.

Philip Roth nous avait déjà habitués à la dualité avec ses héros, variantes de lui-même, comme le fameux Zuckerman, mais dans Opération Shylock, il va plus loin encore, puisque nous avons sous sa plume, deux Philip Roth. Carrément. Un roman intellectuellement époustouflant, même si certains passages sont un peu longs.  

 

« Attendre de voir la critique que fera de mon dernier livre le plus bête, le plus maladroit, le plus superficiel, le plus débile de tous les crétins bourrés de mauvaises intentions qui traînent dans ce métier où des abrutis sans aucune oreille et incapables de sentir la moindre nuance passent leur temps à aligner des clichés qu’ils appellent critiques de livres. Il n’y a pas grand espoir de se faire comprendre. Qui ne penserait qu’il valait peut-être mieux sauter par la fenêtre ? »

 

 

Roth.jpgPhilip Roth  Opération Shylock  Folio

Traduit de l’anglais par Lazare Bitoun

 

 

 

 

 


Philip Roth : Opération shylock par ina

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10/04/2013 | Lien permanent

Jean-Pierre Fleury : Les 100 plus beaux oiseaux de France

Jean-Pierre FleuryJean-Pierre Fleury connait la nature et les bestioles qui l’habitent. Il l’a déjà largement prouvé par le passé, citons la série documentaire de 300 épisodes, Histoires naturelles, diffusée sur TF1 réalisée par Igor Barrère puis Anne Barrère et à laquelle il participe. Ou encore ses différents bouquins, Histoires de Saisons (Grasset), Roman de mes chemins buissonniers (Editions du Rocher), Si les abeilles disparaissaient (Alphée),  Bestiaire Insolite (Bourin), Drôles de bêtes chez Marivole. Son dernier ouvrage, Les 100 plus beaux oiseaux de France, est paru fin 2014.

La France compte plus de 600 espèces d'oiseaux sur son territoire. Qu’ils soient nicheurs, hivernants ou migrateurs, ils sont très nombreux. Aucun biotope ne leur est inconnu, certains vivent près de la mer, d’autres non loin des cours d’eau. Certains préfèrent les espaces découverts et sauvages, d’autres vivent à nos côtés en ville. Certains ne supportent que la campagne et ses champs, d’autres la montagne. Les oiseaux sont nos compagnons et si vous, n’y prêtez attention, eux ne vous perdent pas de l’œil ; par contre une chose est certaine, quand on commence à les observer, on ne peut plus s’en désintéresser. Je vous le certifie car je le sais par expérience.

Je possède plusieurs guides d’identification des oiseaux, tous ont leurs avantages et leurs inconvénients, aucun ne sera jamais le seul et unique permettant de tout savoir de ces charmants volatiles ni surtout de pouvoir les reconnaitre à coup sûr quand vous les zieutez de votre fenêtre ou lors de vos promenades en pleine nature. Celui-ci n’échappe pas à cette règle. Il n’empêche qu’il s’agit d’un très beau livre.

Comme le titre l’indique, seuls cent oiseaux ont été sélectionnés par l’auteur, c’est son droit. Chacun fait l’objet d’une double page, une de texte offrant une approche facile de chacune de ces espèces, avec des informations sur son habitat, ses mœurs et ses amours, le nom de son chant (le Grand Tétras dodeldit, le pivert picasse etc.) et l’autre illustrée par des planches d'Elizabeth Lear, John Gould, Johann-Friedrich Naumann (planches et non photos) qui favorisent plus l’esthétique que la reconnaissance. J’ai particulièrement apprécié les textes, alliant précision scientifique et légèreté de ton, voire humour : « Le geai, en latin, est garrulus glandarius. Garrulus signifie bavard car bavard est notre oiseau. Glandarius, ne veut nullement dire que cet éminent membre de la famille des corvidés soit un quelconque glandeur. Glandarius est ici celui qui transporte et qui cache les glands de chênes. »

Je n’ai pas l’habitude de chroniquer ce genre d’ouvrage mais ce n’est pas une raison valable pour ignorer celui-là. Un très beau livre mariant le plaisir esthétique avec celui de la découverte ou la simple joie de conforter ses connaissances en la matière. A lire ou à offrir.

 

 

Jean-Pierre FleuryJean-Pierre Fleury  Les 100 plus beaux oiseaux de France  MarivolE Editions – 192 pages – format 29 x 23 cm

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23/01/2015 | Lien permanent

Laure Murat : Flaubert à la Motte-Picquet

laure murat, david foenkinos, flaubert, Laure Murat, née en 1967 à Paris, est une historienne et écrivain française. Son champ d'études s'étend à l'histoire de la culture, l'histoire de la psychiatrie, les études de genre. Elle est actuellement professeure au « Département d'études françaises et francophones » de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA).

Flaubert à la Motte-Picquet, paru à l’automne dernier, est un très court essai sous forme de récit, consacré aux livres lus par les usagers du métro. En moins de cent pages Laure Murat ne peut pas nous offrir une analyse extrêmement pointue mais elle réussit parfaitement à ouvrir des pistes de réflexions diverses, livrer quelques informations instructives en quelques mots ou phrases et tout du long, nous faire sourire et même – mais ce n’est qu’une impression personnelle – se peindre en creux, à savoir qu’elle doit être une femme énergique et possédant son petit caractère, comme on dit…

Laure Murat a donc sillonné le réseau métropolitain parisien durant plusieurs mois pour des raisons professionnelles, en profitant pour noter dans un calepin, les livres que lisaient les gens pour en tirer une synthèse : le lectorat est majoritairement féminin, il lit des romans et surtout étrangers.

On sourit à imaginer l’auteure se tortiller sur son siège pour découvrir ce que lit son voisin, on tique un peu d’étonnement parfois (la religieuse ou la rencontre avec François Bégaudeau), n’est-ce pas une astuce pour mieux servir son propos ? On s’étonne aussi de cette attaque en règle et incongrue sur David Foenkinos ou ses propos mi-figue mi-raisin sur Eric-Emmanuel Schmitt, mais d’un autre côté je n’ai rien contre un peu de méchanceté gratuite envers les écrivains établis, ça nous change un peu des discours lénifiants. On peut aussi ne pas être d’accord avec elle sur tout (le livre numérique) mais se réjouir à la lecture du chapitre sur les livres de poche qui « ne rentrent dans aucune poche » ! Enfin on s’instruit, du moins je m’instruis en apprenant que les lignes de métro 2 et 6 reproduisent « sous terre, le tracé du mur des fermiers généraux, élevé à partir de 1784 ».

Bon j’arrête là, vous le voyez, un bouquin minuscule en pagination mais délectable à lire et plein de petites choses très intéressantes ou demandant à être développées. Un livre idéal pour la lecture dans le métro et qui plus est, n’en déplaise à l’auteure, dans un format permettant de le glisser dans une poche (j’ai essayé, il rentre dans la poche arrière de mon jean !).   

 

« A rebours de toutes les prévisions sinistres du XXIe siècle, la lecture augmentera selon une courbe sûre et régulière. La télévision n’existera plus (ça, c’est déjà quasiment réglé). Les libraires, libérés de la manutention, des retours, des offices, des bordereaux, de la comptabilité, des classements, de la paperasse et de l’ordre alphabétique au profit du tout-numérique, se consacreront exclusivement à leur activité de conseillers et de passeurs. Les auteurs toucheront 90% des droits qui leur reviennent naturellement, et en reverseront 10% à l’éditeur, qui dira merci. Ce sera une époque formidable. »

 

 

laure murat, david foenkinos, flaubert, Laure Murat   Flaubert à la Motte-Picquet  Flammarion  - 94 pages –

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David Szalay : Turbulences

david szalayDavid Szalay, écrivain anglais né en 1974 à Montréal au Canada, vit aujourd’hui à Budapest. Auteur d’une petite poignée de romans, après Ce qu’est l’homme en 2018, son nouvel ouvrage, Turbulences, vient de paraître.

Difficile de résumer ce roman car il n’y a pas une histoire mais une succession de petits évènements, liés entre eux par une astuce de construction romanesque. Imaginez une douzaine de courtes nouvelles en autant de chapitres, chacune reliée à la précédente par un  vol aérien entre deux villes, deux pays différents à chaque fois, où l’un des personnages du texte précédent part vers un  autre pour une raison quelconque et ainsi de suite. Pour prendre une autre image plus claire ( ?), la transmission du flambeau olympique avant les Jeux. La flamme parcourt le monde, passée de main en main, de personne à personne et finalement on s’aperçoit que le monde est petit, peut-être la morale de cette histoire ?

Nous croiserons donc, dans le désordre et pour quelques exemples, une journaliste brésilienne partant à Toronto s’entretenir avec une écrivaine célèbre, laquelle doit la quitter aussitôt pour filer rejoindre sa fille qui va accoucher à Seattle où elle croise une admiratrice de Hong-Kong qui retourne au pays où son couple périclite…. Etc.

Chaque chapitre est une toute petite nouvelle, pleine d’empathie pour des gens ordinaires de toutes les catégories sociales avec des problèmes très humains : cancer, divorce, femme battue, immigrés, amant et maîtresse, gay… Tout est décrit avec une certaine tendresse, c’est fin et subtile et il se dégage de ce roman beaucoup d’humanité avec un talent certain pour en dire beaucoup en très peu de mots. Ainsi va le monde. Ces gens pourraient tous être de votre ville, David Szalay les fait citoyens du monde. Londres, Sao Paulo, Dakar, Doha et c’est kif-kif bourricot.

Le roman est court, je ne me suis pas ennuyé à le lire mais tout du long et maintenant encore, je me demande quel était le propos exact de l’écrivain. Et puis – mais là, c’est l’avis d’un pauvre lecteur lambda – quand les mêmes ficelles de construction (voir son précédent opus) tournent au procédé on est moins ébloui.  

 

« « – Je ne comprends pas. – Moi non plus. » Ils restèrent un long moment assis en silence. En près de quarante ans de mariage, rien de tel ne leur était jamais arrivé. Plus que toute autre chose régnait le sentiment qu’il était trop tard pour ce genre d’expérience. Et un sentiment de désarroi, aussi. « Je me devais de te le dire. On ne s’est jamais rien caché. – Merci. » Un nouveau long silence. « Donc… tu es amoureuse de lui ? – Oui, répondit-elle sans hésitation. – Et maintenant que fait-on ? – Que veux-tu ? – Je ne sais pas », répéta-telle. Ce qui n’était pas vrai : elle voulait partir avec le médecin, le seul objet de ses pensées depuis le moment où elle ouvrait les yeux le matin jusqu’à celui où, le soir, elle trouvait enfin le sommeil. Son mari soupira. »

 

david szalayDavid Szalay   Turbulences   Albin Michel  – 198 pages – 

Traduit de l’anglais par Etienne Gomez

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Cyril Hofstein : Atlas des fortunes de mer

Cyril Hofstein Historien de formation, passionné par le monde maritime et les récits de marins, Cyril Hofstein a fait ses premières armes au Chasse-Marée, avant de rejoindre Le Figaro puis Le Figaro Magazine où il est grand reporter.

Atlas des fortunes de mer récemment paru s’inscrit dans une collection d’autres atlas aux titres évocateurs, comme celui consacré aux « pays qui n’existent pas » ou « aux zones extraterrestres », ou plus sages comme celui dédié à la « zoologie poétique » etc.

L’ouvrage est découpé en cinq parties géographiques (Mers et côtes du ponant, De la Baltique au Grand Nord, Mers et côtes du Levant, Caraïbes et Du Pacifique à l’océan Indien) regroupant une quarantaine de textes de deux ou trois pages, chacun accompagné d’une carte pleine page (d’où le terme d’atlas) mais hélas trop sobres pour faire rêver, avec les coordonnées GPS du lieu où se situe l’épisode.

Comme le précise l’introduction, « fortune de mer » n’a rien à voir avec la richesse ou la quête d’un trésor englouti, il faut prendre l’expression dans le sens d’aléa, bon ou mauvais sort. Encore que les mauvais sorts soient plus nombreux : naufrages, disparitions au large, cannibalisme…

Si vous êtes amateur de ces histoires de marins qu’on se raconte le soir à la veillée ou au comptoir des tavernes des ports, vous y retrouverez des aventures connues (la légende du Hollandais volant) et d’autres qui ne le sont pas trop, à moins que ça ne vous remette en mémoire des faits oubliés (la mort mystérieuse d’Albert Londres dans l'incendie du Georges Philippar, paquebot de la Compagnie des messageries maritimes dans la nuit du 15 au 16 mai 1932 au large d'Aden, alors que le grand reporter semblait avoir découvert un grand scandale en Chine…). On picore dans cet ouvrage au gré de son humeur ou de l’histoire qui suscite notre intérêt du moment.

Pour le dire autrement, il s’agit d’un bouquin d’initiation à ce genre de récits maritimes, idéal pour les débutants, les jeunes enfants ou pour trouver un sujet de lecture pour un malade alité. Un livre qui donne envie d’en lire d’autres, plus complets dans le déroulement des faits ou rédigés dans un style moins journalistique, plus littéraire et plus prenant…

 

 

Cyril Hofstein Cyril Hofstein   Atlas des fortunes de mer   Arthaud – 131 pages –

Illustrations de Karin Doering-Froger

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David Szalay : Ce qu’est l’homme

david szalayDavid Szalay, écrivain anglais, est né en 1974 à Montréal au Canada. Auteur de quatre romans, Ce qu’est l’homme, son dernier mais le premier traduit chez nous, vient tout juste de paraître.

Voilà un roman original car il sort de l’ordinaire par sa construction. Si j’emploie le terme de « roman » c’est parce que c’est écrit dessus, sinon on pourrait l’assimiler à un recueil de nouvelles. L’écrivain a découpé son ouvrage en neuf parties, neuf textes complètement indépendants les uns des autres, comme dans les rébus, neuf images sensées représenter in fine, une vie d’homme de notre siècle.

Nous avons donc un premier chapitre où le héros est un jeune homme de dix-sept ans, dans le second un autre a vingt ans et ainsi de suite, les deux derniers sont des hommes matures ayant respectivement soixante-cinq et soixante-treize ans. Ils sont tous de milieux différents, étudiant, philologue, journaliste… Tout ce petit monde va et vient à travers l’Europe, Grande-Bretagne, Chypre, Croatie, Danemark, Italie… Chaque homme, donc chaque chapitre, vit sa propre vie. Techniquement, David Szalay emploie toujours la même astuce payante, à savoir un début d’histoire légèrement mystérieux puisque nous ne savons jamais de qui il s’agit et ce qui va lui arriver et ce n’est que par petites touches qu’apparaît le personnage.

Le point commun à tous ces hommes, c’est leur rapport avec la gent féminine : difficulté de vivre sans elle, difficulté de vivre avec elle. Mais c’est aussi, l’âge venant, la gestion de l’approche de la mort, « Ces derniers temps, depuis un an ou deux, s’est imposé à lui le sentiment déprimant qu’il pouvait voir le tracé menant jusqu’à la fin de sa vie. » Et plus globalement, une réflexion sur le destin, « le destin, cette façon de ne comprendre ce qui nous attend que quand il est trop tard pour changer quoi que ce soit. »

L’écriture ne souffre aucune critique, le rythme est enlevé, chaque histoire accroche le lecteur et le bouquin se lit à toute vitesse. Tous les âges de la vie étant passés en revue, chacun selon le sien, se retrouvera un peu dans un ou plusieurs personnages. Un roman extrêmement agréable à lire.

 

« Il n’arrive toujours pas à se faire à l’idée qu’il peut vraiment mourir. Que ça peut s’arrêter d’un coup. Ca. Lui. Il voit toujours la mort comme une chose qui peut arriver aux autres ; et d’ailleurs, il perd déjà des amis, des connaissances. Des gens qu’il fréquente depuis des dizaines d’années. Un bon nombre d’entre eux sont déjà morts. Il a assisté à leurs enterrements. Les rangs sont en train de se clairsemer. Mais il n’arrive toujours pas à comprendre – à véritablement comprendre – que lui aussi, il va mourir. Que d’ici dix ans, très probablement, il aura tout simplement disparu. »

 

david szalayDavid Szalay  Ce qu’est l’homme  Albin Michel – 547 pages –

Traduit de l’anglais par Etienne Gomez

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Isaac Babel : Mes premiers honoraires

isaac babelIsaac Babel est un écrivain soviétique, né dans une famille de commerçants juifs d’Odessa, en 1894 et fusillé en 1940 à Moscou. Babel se rallie à la Révolution en 1916, à Petrograd. Il rencontre Gorki qui encourage ses débuts littéraires. En 1920, il entre dans l'Armée rouge et raconte ses expériences de combattant dans un recueil de nouvelles, intitulé Cavalerie rouge (1926). Il se retire de la vie littéraire en 1930, victime d'une dénonciation, est arrêté en mai 1939 et on suppose qu'il a été fusillé en 1940. Le Collège militaire de la Cour suprême le réhabilitera en 1954 au moment de la déstalinisation. Les manuscrits saisis lors de son arrestation n’ont jamais été retrouvés. Il nous reste des nouvelles et du théâtre, principalement.

Mes premiers honoraires qui vient d’être réédité en poche, est un recueil de nouvelles ou pour être plus précis, de récits (17) et de textes (6) ainsi que d’une interview. Des écrits qui s’échelonnent entre 1915 et 1937, donc tout du long de sa vie.

Inutile de tergiverser, dans l’ensemble je n’ai pas été particulièrement emballé mais quand un ouvrage est particulièrement bien écrit, il est difficile de le critiquer plus que de raison. Ce point fort étant évoqué, de quoi traitent ces textes qui tous portent en eux le vécu ou l’observé par l’auteur. On peut dire qu’il y a de tout : les lendemains de la Révolution d’Octobre, la trace des Tsars ou la condition des paysans, la critique du collectivisme et du stalinisme ; mais il y a aussi les grands écrivains Russes et bien entendu les conditions de vie de la communauté juive en Russie. Etc.

Quelques nouvelles m’ont beaucoup étonné par leur sujet comme Par la lucarne, où il est question d’un mateur qui épie les ébats d’une prostituée, ou bien Chabos-Nahamou, un conte assez classique mais amusant sur la naïveté des gens. Enfin, je ne retiendrai qu’un seul texte, c’est le verbatim de l’interview (1937) traitant du travail de l’écrivain où Babel confie qu’il n’est pas fait pour ce métier mais que c’est le seul qu’il « puisse faire plus ou moins convenablement, au prix de grands efforts. »   

 

« Dès mon plus jeune âge, j’avais consacré toutes les forces de mon être à composer des nouvelles, des pièces, des milliers d’histoires. Elles reposaient sur mon cœur comme des crapauds sur une pierre. Possédé par un orgueil diabolique, je ne voulais pas les écrire prématurément. Ecrire moins bien que Léon Tolstoï me semblait une perte de temps. Mes histoires étaient destinées à survivre à l’oubli. »

 

 

isaac babelIsaac Babel  Mes premiers honoraires  L’Imaginaire Gallimard – 181 pages –

Traduit du russe par Adèle Bloch

 

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