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Laurent Binet : Perspective(s)

Binet Livre.jpgLaurent Binet, né en 1972 à Paris, est un écrivain français. Agrégé de lettres modernes en 2004, il enseigne dans le secondaire en Seine-Saint-Denis pendant dix ans. Il a été chargé de cours aux universités Paris VIII, Paris III et Paris VII-Denis Diderot. Avant d'enseigner en France, il a dispensé des cours de français à l'académie militaire de l'air en Slovaquie. Musicien, il a été chanteur-compositeur du groupe Stalingrad. Perspective(s) est son dernier roman.

Florence en 1557. Le corps du peintre Pontormo, assassiné, est retrouvé au pied des fresques sur lesquelles il travaille depuis onze ans dans l’église San Lorenzo. Cosimo de Médicis, duc et dirigeant effectif de la république de Florence charge Giorgio Vasari, peintre, architecte et écrivain toscan, de résoudre cette affaire, lequel va demander conseils à son maître, Michel-Ange, exilé à Rome.

Un roman certainement clivant pour différentes raisons, moi-même j’ai longtemps pensé qu’il était raté, pour finalement le trouver plutôt réussi !

Ce qui m’a le plus agacé avant que je ne m’y habitue, c’est la forme adoptée par l’auteur, le récit épistolaire. Cet échange de lettres entre les protagonistes, et ils sont légion, casse le déroulé de l’intrigue et notre attachement à tel ou tel personnage. De plus, quand deux personnes s’écrivent, elles ne se « parlent » pas comme à l’oral, ici les rapports de force ou de condition sociale obligent par écrit à des flatteries exagérées (« Mon cher Maître, deuxième plus grand créateur après Dieu »), une langue accentuée par le style sensé être d’époque.  

L’intrigue, que dis-je, les intrigues sont multiples et particulièrement complexes et machiavéliques. Il y a ce crime bien sûr, et la fresque, pourquoi un petit bout en a-t-il été retouché à la va vite ? Puis ça se complique grave, le mort avait peint un tableau, disparu, basé sur un dessin de Michel-Ange (Vénus et Cupidon), remplaçant le visage de Vénus par celui de Maria, la fille du duc de Florence. Scandale ! Si ce tableau jusqu’ici secret, tombe dans les mains des adversaires politiques du duc, en particulier sa cousine Catherine, reine de France, alliée à son ennemi juré, le républicain Piero Strozzi. Maria, qui par ailleurs, préfère être courtisée par l’un des pages que d’être mariée au fils du duc de Ferrare, un sale type selon la rumeur.

Toutes ces intrigues s’emmêlent, chacun joue sa carte ou double-jeu. Dans ce tourbillon il est question d’alliances/combats géopolitiques, de pauvres/puissants, de mariage forcé/amant de cœur. Et beaucoup de religion et de mœurs, à un moment historique où le nu est banni car « obscénité diabolique » ou parce que « toute représentation du corps humain est une offense faite à Dieu ».

Le roman est par ailleurs fort instructif, non seulement historiquement puisque les acteurs sont tous réels, mais aussi car on y parle énormément de peinture et de technique des uns et des autres.

Enfin j’en termine avec un autre point clivant, l’épilogue et la découverte du criminel, un coup de théâtre magistral que tout le monde ne va pas aimer (?) mais qui m’a bien amusé !

Donc, un bon bouquin finalement, mais tout est une question de perspective ?    

 

 

« Entendez-moi bien, mon amie : si un tueur de peintres court dans les rues de Florence, je dois le retrouver. Et surtout, je dois trouver le fin mot de cette histoire. Ces fresques et ce tableau que vous haïssez tant, je dois les faire parler, car ils cachent un secret, et il ne peut y avoir de secret pour le duc de Florence. Vous pouvez vous réjouir de la mort de Pontormo, il n’en demeure pas moins que, pour le bien de l’Etat, nous devons éclaircir les raisons de cette mort. Un prince dans le noir est un prince un sursis. »

 

 

Binet.jpgLaurent Binet   Perspective(s)   Grasset   - 292 pages -     

 

 

 

 

 

 

Vénus et Cupidon est une peinture à l'huile sur panneau (128 × 194 cm) du peintre italien Pontormo, d'après un dessin de Michel-Ange, datable d'environ 1533 et conservé à la Galleria dell'Accademia de Florence.

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Ayerdhal : Transparences

Ayerdal Livre 1041790_3015457.jpgAyerdhal est le pseudo de Marc Soulier écrivain français de SF né à Lyon en 1959, pourtant avec Transparences, un thriller, il obtient le Grand Prix de L’Imaginaire en 2004.

Stephen, criminologue et profiler travaillant pour Interpol doit traiter le dossier de Ann X, meurtrière à douze ans de ses parents et d’un couple d’amis et depuis soupçonnée d’un millier d’autres meurtres ! Tous ces crimes ont un point commun ils ont été réalisés à l’arme blanche, poinçon, sabre de samouraï, couteau etc. Avec la collaboration d’agents du FBI, de la NSA et de la BRD il va tenter de piéger cette femme qui semble posséder un pouvoir presque surnaturel, savoir se rendre invisible ou du moins transparente, au point que les témoins de ses crimes sont incapables d’en faire un portrait et que même les caméras de vidéosurveillance ne restituent que des images floues de ses crimes. Au fil de son enquête Stephen va découvrir qu’Ann X est peut-être protégée par des services gouvernementaux, que lui-même fait l’objet d’une filature, et que la meurtrière semble vouloir se rapprocher de lui.

Un roman assez complexe à lire car l’imbroglio entre les services spéciaux et les aspects fantastiques du scénario en rendent la compréhension immédiate assez ardue. Par ailleurs le thème moderne et la description des meurtres comme des ballets gracieux et agiles où un sabre tranche un membre, un poinçon s’enfonce dans un cou (ambiance Kill Bill le film) opposés au style d’écriture légèrement à l’ancienne (langue écrite parfaitement maîtrisée, absence de néologismes ou franglais gratuit etc.) font de ce roman quelque chose d’assez original et donc réussi.

« Un moment, j’ai pensé qu’elle était en train de se doter d’une faculté d’adaptation et de mimétisme hors du commun pour s’offrir une totale liberté de circulation. Mais cela va plus loin : elle n’apprend pas à se fondre, elle apprend à disparaître. Plus précisément, elle apprend non pas à modifier mais à effacer l’image que les autres ont d’elle. Je veux dire la représentation mentale qu’ils se font d’elle. »  

 

220px-Ayerdhal_2010.jpgAyerdhal    Transparences      Livre de Poche n° 37130    

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09/10/2012 | Lien permanent

William Marx : Vie du Lettré

Marx Livre 20675597_2307811.jpgQuand on évoque les lettrés, on pense aux rats de bibliothèques, aux moines rédigeant méticuleusement leurs copies sur des parchemins enluminés, à des intellectuels solitaires le nez plongé dans des livres, d’illustres inconnus dont la vie serait consacrée au savoir. Tout ce qui précède correspond grosso modo au lettré mais William Marx a voulu aller plus loin et percer à jour la vie des lettrés, c’est-à-dire ce qu’ils mangent, où ils habitent, quels sont leurs animaux familiers, comment est leur jardin.  

Chaque chapitre aborde l’un de ces thèmes, dans celui consacré à la nourriture on apprend que Hegel et Kant étaient à cheval sur les horaires de table et que le second se délectait du cabillaud et du fromage anglais. Dans celui sur les jardins, l’auteur nous rappelle que l’arbre de la connaissance était dans le premier jardin mais qu’il était interdit d’y toucher et que depuis cette époque les hommes n’ont cessé de vouloir retourner dans le jardin dont ils avaient été exclus.

Quand on écrit une Vie du lettré on ne peut qu’être érudit et William Marx l’est assurément car son livre est truffé de références particulièrement pointues tirées de textes anciens et modernes, en français ou pas, où Cicéron et Pétrarque, Confucius et Barthes nous accompagnent tout au long de cette étude qui nous révèle que « le lettré est le passeur d’un monde », un transmetteur de connaissances trans-générationnel et que « la mort n’est pas l’ultime chapitre d’une vie de lettré » puisque demain d’autres lecteurs viendront.

 

« Le lettré jette des ponts par-dessus les époques ; il rend accessible le passé ; il le reconfigure à la lumière des exigences du présent ; il en transmet la mémoire aux générations futures. Et s’il transforme ainsi le passé collectif pour lui donner une vie nouvelle, selon une dynamique qui est celle même de la culture, c’est bien le moins qu’il puisse aussi transformer le sien propre. Le passé est toujours à réinventer. C’est au lettré de le faire advenir. »

 

Marx mages.jpgWilliam Marx  Vie du Lettré  Les Editions de Minuit    

 

 

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15/10/2012 | Lien permanent

Paul Nizon : la fourrure de la truite

Nizon Livre 1274326_3178848.jpgTout d’abord évacuons un quiproquo possible, il s’agit d’un livre de Paul NizOn (né à Berne en 1929 mais installé à Paris)  et non pas de Paul Nizan (écrivain français 1905-1940).

Un livre relativement mince au format agréable, un titre énigmatique qui ouvre la porte à l’imagination, nous sommes dans le domaine de la poésie en prose, de l’onirique et de la déambulation urbaine. Le texte écrit à la première personne nous apprend que le narrateur vient d’hériter de l’appartement de sa tante défunte, dans le nord de Paris entre la Butte Montmartre et la Porte de Clignancourt. Immédiatement on devine que le héros est encombré par ce legs, comme une poule ayant trouvé un couteau. La formule est connue mais correspond bien, par sa référence aux volatiles, à notre personnage du nom de Stolp, car descendant d’une famille d’acrobates, il doit vivre libre comme l’air et l’on sent qu’il a du mal à atterrir, que son rêve est de vivre comme les hirondelles ou les martinets, qui jamais ne se posent comme il le dit lui-même. A l’étroit dans cet appartement il part dans les rues du quartier, à l’aventure, dans les cafés ou et les restaurants. Au Bar du Football il rencontrera Carmen, mais son esprit reste hanté par une lithographie exposée dans une boutique proche de son nouveau domicile représentant une femme en fourrure, dans une pose sensuelle, surnomméeLa Truite.Leroman est mince à la dimension de son scénario, les amateurs de romans construits sur des histoires solides, des intrigues ou des rebondissements seront déçus, ici tout est dans le style, léger voire aérien comme la vie du narrateur. C’est très beau, facile à lire mais peut-être pas à conseiller à tous, moi-même je ne suis pas trop amateur.

 

« Pourquoi avoir acheté cette lithographie ? Pour l’avoir ? Ou plutôt pour ne plus l’avoir – sous les yeux, dans la vitrine ? En tout cas il n’était pas question que je l’aie près de moi. J’allais la donner à Carmen. Alors un grand abattement s’empara de mon être, au moment où, dans la pénombre de l’appartement, mes yeux tombèrent sur l’arrière-cour vide de pigeons. »

 

NIZON mages.jpgPaul Nizon   La fourrure de la Truite   Actes Sud 

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15/10/2012 | Lien permanent

Denis Tillinac : Dictionnaire amoureux de la France

Tillinac Livre mages.jpgDans la très intéressante collection des « Dictionnaires amoureux » éditée chez Plon, Denis Tillinac s’est coltiné à celui dédié àla France.Oscillantentre les angles culturels et les expériences personnelles, l’auteur nous livre sa vision dela Francequ’il aime. De la gastronomie (lapalissade) au sport, de l’architecture des cathédrales et châteaux aux vies des écrivains et poètes, dela Nationale7 à la brasserie Lipp, nous suivons l’auteur à travers tout le pays qu’il a sillonné de long en large, en train, solex, à pied ou voiture, détaillant de petits villages ou de grandes villes. L’auteur connaît son sujet sur le bout des doigts, trop parfois, car il nous renvoie alors à notre propre ignorance. Le bouquin ne tombe jamais dans le nationalisme ou le chauvinisme grâce au talent littéraire de l’auteur et les rares excès sont compensés par le recul et la douce nostalgie de l’ensemble. Un livre plaisant sans être indispensable mais qui se consulte facilement comme un dictionnaire (ce qu’il est) en lisant les mots-clés qui vous allèchent. Mes passages préférés sont à la lette P quand l’auteur aborde les mots Philo, Plaques minéralogiques, Pléiade, Presse quotidienne régionale etc. où j’y ai trouvé des thèmes qui me sont chers. Bien sûr le mot Vin apparaît comme mot-clé, dans un livre dédié àla France, on ne peut trouver cela étrange, mais il faut reconnaître que les vins sont néanmoins souvent cités tout au long des différents textes…

 

« Nos pauvres gouvernants misent à côté de la plaque en nous serinant qu’il faut penser à l’avenir plutôt qu’au passé. L’avenir, on s’en fout. D’ailleurs l’avenir ça n’existe pas. Tandis que, pour un Français, le passé sera toujours le temple d’un culte, public ou privé, et une maison de famille où les portraits d’ancêtres sortent de leur cadre et vaquent comme s’ils avaient toujours vingt ans. »

 

Tillinac images.jpgDenis Tillinac  Dictionnaire amoureux de la France  chez Plon     

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17/10/2012 | Lien permanent

Anatole France à Paris

anatole franceAnatole France, pseudonyme pour François Anatole Thibault, né le 16 avril 1844 à Paris, et mort le 12 octobre 1924 à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), est un écrivain français et critique littéraire. Il devient une des consciences les plus significatives de son temps en s’engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XXe siècle. Auteur de romans historiques ou de mœurs, emprunts d’ironie et de scepticisme : Le Crime de Sylvestre Bonnard, La Rôtisserie de la reine Pédauque, Le Lys rouge, L’Orme du mail, Les Dieux ont soif…  Il reçoit le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1921.

Si vous passez devant le n° 15 du quai Malaquais (Paris VI) une plaque sur le mur vous apprendra que c’est ici, dans cet hôtel particulier, qu’Anatole France vécut avec ses parents, de 1844 à 1853. L’adolescent fera ensuite ses études à l’institution Sainte-Marie et au collège Stanislas.

Provincial, démissionnaire de l’armée au lendemain de la Révolution de 1830 et fraichement marié en 1840, son père devient propriétaire d’une librairie au 6 rue de l’Oratoire du Louvre cette même année. Il tient ensuite une librairie au 19 quai Malaquais, d’abord nommée Librairie France-Thibault, puis France tout court, spécialisée dans les ouvrages et documents sur la Révolution française, fréquentée par de nombreux écrivains et érudits, comme les frères Goncourt ; il s'installera, en 1853, 9 quai Voltaire, donc pas bien loin.

Elevé dans la bibliothèque paternelle, Anatole en gardera le goût des livres et de l’érudition, ainsi qu’une connaissance intime de la période révolutionnaire, arrière-plan de plusieurs de ses romans et nouvelles, dont Les dieux ont soif (1912), qui est considéré comme son chef-d’œuvre.

A partir du début des années 1860, Anatole France travaille pour diverses libraires et revues, mais refuse de prendre la suite de son père, qui juge très négativement pour ne pas dire sévèrement le destin littéraire choisi par son fils,  des « barbouillages » dira-t-il… Comme quoi, être libraire ne garantit pas d’avoir un goût sûr !

 

anatole france

 

   Photo : Le Bouquineur   Sources : Wikipédia - « Promenades littéraires dans Paris » de Gilles Schlesser (2017) –

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20/08/2017 | Lien permanent

Victor Hugo de retour à Paris

Victor Hugo, Juliette Drouet, Verlaine, RimbaudVictor Hugo (1802-1885) est un poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français, considéré comme l'un des plus importants écrivains de langue française. C’était aussi un homme politique et un intellectuel engagé qui eut un rôle idéologique majeur dans l'histoire des lettres françaises du XIXème siècle.

Politiquement opposé à Louis-Napoléon Bonaparte, Victor Hugo connaitra l’exil. Poursuivi par la police de Louis-Napoléon Bonaparte après le coup d'Etat du 2 décembre 1851 auquel il s'était publiquement opposé, Hugo s'est enfui avec sa famille à Bruxelles (1851-1852), puis pour l'île de Jersey (1852-1855) et enfin,  à l'île de Guernesey (1855-1870) où il demeura jusqu'à son retour d'exil.

Il rentre en France le 25 septembre 1871. « Nous arrivons, note-t-il, à Paris à 6 heures et nous allons à l’appartement, 66, rue de la Rochefoucauld. Les tapissières de Bruxelles ne sont pas encore arrivées. Nous allons descendre, rue Laffitte, hôtel Byron, en attendant. » Le 9 octobre, Victor Hugo emménage enfin, tandis que Juliette Drouet (De son vrai nom Julienne Joséphine Gauvain (1806-1883) est une actrice française qui a été la principale maîtresse de Victor Hugo pendant près de cinquante ans) s’installe de son côté, au 55 rue Pigalle, quasiment en face de son cher « Toto ».

Le 24 mai 1872, Verlaine y est invité à dîner, mais il arrive en trainant la patte, blessé de deux coups de couteau que Rimbaud vient de lui porter, dans un troquet de la place Pigalle, le Rat Mort. 

La rue de la Rochefoucauld se situe dans le IXème arrondissement de Paris et du trottoir devant la maison du « Toto » on peut apercevoir au loin, se profiler le Sacré Cœur. 

 

Victor Hugo, Juliette Drouet, Verlaine, Rimbaud

 

 

 

Photos : Le Bouquineur   Sources : Wikipédia - « Promenades littéraires dans Paris » de Gilles Schlesser (2017) –

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14/02/2020 | Lien permanent

Jean Anouilh à Paris

jean anouilh, Jean Anouilh est un écrivain et dramaturge français, né en 1910 à Bordeaux et mort en 1987 à Lausanne (Suisse). Son père est tailleur et sa mère musicienne dans un orchestre se produisant sur des scènes de casino en province et professeur de piano. En 1921 il vit à Paris et entre au collège Chaptal. Très tôt il se prend de passion pour le théâtre et en 1930 devient le secrétaire particulier de Louis Jouvet mais les relations entre les deux hommes sont tendues et ils se séparent.

Son œuvre théâtrale commencée en 1932 est particulièrement abondante et variée : elle est constituée de nombreuses comédies souvent grinçantes et d'œuvres à la tonalité dramatique ou tragique comme sa pièce la plus célèbre, Antigone, réécriture moderne de la pièce de Sophocle. La pièce, créée en 1944 au théâtre de l'Atelier, connaît un grand succès public mais engendre une polémique : certains reprochent à Anouilh de défendre l'ordre établi, ce qui expliquerait, selon eux, que la pièce n'ait pas été censurée par les allemands. Ses défenseurs indiquent au contraire que l'insoumission d'Antigone qui dit non, et s'engage  contre la raison d'état a une réelle valeur subversive.

Le théâtre d’Anouilh va de la fantaisie des pièces « roses » (Le Bal des voleurs) et de l’humour des pièces « brillantes » ou « costumées » (La Répétition ou l’Amour puni, L’Alouette) à la satire des pièces « grinçantes » (Pauvre Bitos), « farceuses » (Le Nombril) et au pessimisme des pièces « noires » (Antigone). On notera que c’est Anouilh lui-même qui a organisé ses œuvres en séries thématiques.

C’est en 1954 que le dramaturge emménage au 5 rue de Furstemberg, une rue minuscule reliant la rue de l’Abbaye à la rue Jacob, à cheval sur la place de Furstemberg, fameuse pour son romantisme, derrière l’église de Saint-Germain-des-Prés. Et donc bien loin de la rue Jean-Anouilh, une voie située dans le quartier de la Gare (XIIIe arrondissement)… mais tout près de la bibliothèque François-Mitterrand.

 

jean anouilh,

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Photos : Le Bouquineur   Sources : Promenades littéraires dans Paris de Gilles Schlesser – Wikipédia – Encyclopaedia Universalis – Le Petit Larousse -

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25/02/2018 | Lien permanent

Robert Ludlum : Les veilleurs de l’Apocalypse

Ludlum Livre 51VSN2el-XL._SL500_AA300_.jpgRobert Ludlum (25 mai 1927 à New York - 12 mars 2001 à Naples, Floride) est un écrivain, un comédien et un metteur en scène américain. Il est surtout connu pour ses romans d'espionnage.

Robert Ludlum (1927-2001) bien que né à New York, a grandi dans le New Jersey. Il se destine très tôt au théâtre, mais attiré également par la carrière militaire, il s'engage avant sa majorité dans les Marines durant la Seconde Guerremondiale. À la fin de la guerre, il reprend des études à l'université puis devient comédien et metteur en scène. À quarante ans, il se tourne vers l'écriture et devient célèbre avec ses romans d’espionnage (par exemple, la série des Jason Bourne, adaptée au cinéma depuis). Il a aussi écrit sous les pseudonymes de Jonathan Ryder et de Michel Shepherd.

Harry Latham, un agent secret américain, a réussi à infiltrer un puissant mouvement néonazi qui prépare activement l'avènement du quatrième Reich. Latham ignore qu'il a été démasqué et récupère une liste des principaux membres du groupe qui a été falsifiée par les néonazis qui y font figurer des membres influents des plus gouvernements américain, anglais et français. Quand Latham est abattu sous les yeux de son frère Drew, lui aussi agent secret, celui-ci décide d'endosser l'identité de son frère afin de faire croire aux néonazis qu'ils se sont trompés de cible. Il peut compter sur le soutien de rares collègues et d'une femme dont il devient l'amant, Karin, employée aux Renseignements à Paris. Drew découvre petit à petit la tentaculaire organisation nazie et parvient à semer la panique parmi ses membres grâce à un jeu de cache-cache et d'intox. Il s’avérera finalement que le nouveau Führer n'est autre que le mari de Karin, que tous croyaient mort. Dans la scène finale, les agents américains découvrent dans un château français des bords de Loire, un homme très âgé et vénéré par les néonazis, Adolph Hitler lui-même !

Je connaissais l’écrivain de réputation, mais je ne l’avais jamais lu, jusqu’à ce que je trouve ce roman dans une brocante. Paru en 1995, le roman Les veilleurs de l’Apocalypse avait tout pour me plaire, dans ce genre de littérature. Une histoire d’espionnage où les méchants sont incarnés par une bande de néonazis, un sujet qui fait toujours recette et qui par un curieux hasard fait écho aux récents évènements en Allemagne où un trio de néonazis a commis plusieurs crimes en dix ans contre des immigrés, sans être inquiété par la police jusqu’à ces dernières semaines. Scandale outre-Rhin et branle-bas de combat pour tenter de lier ces crimes au parti d’extrême droite du NPD.

Bref, j’étais prêt à me régaler de ce thriller contenant tous les ingrédients du genre et les premières pages semblaient conforter mon a priori. Hélas, j’ai bien vite déchanté. D’accord, l’intrigue est intéressante, mais tout le reste est lamentable ! J’en suis encore interloqué. Comment un écrivain aussi connu, peut-il écrire aussi mal ? Entre les digressions sans intérêt, les précisions qui rallongent gratuitement le texte et essoufflent le lecteur (plus de 600 pages !) et surtout, des dialogues au-dessous de tout. C’est surtout ça qui m’a dégoutté de la lecture de ce roman, sautant certaines pages je l’avoue. Si les discussions entre nazis sont plausibles, dès que les alliés (Américains, Français et Anglais) se parlent entre eux, c’est une vrai catastrophe ; alors qu’ils sont dans des scènes d’action brutale, certains s’exclament « mon cher », « ma chère », ou bien rallongent leur tirade par des traits d’humour ( ?) niais et ridicules, en tout cas complètement hors contexte. Bien entendu, il est possible que le traducteur porte une part de la responsabilité de cette horreur, mais il est d’autres indices qui me laissent penser que l’auteur est seul en cause, comme les scènes ridicules entre Drew et sa maîtresse Karin, des situations godiches etc.  

Je m’attendais à un bouquin sans ambition littéraire, mais capable de me faire passer un bon moment de lecture, en fait ce fut presque un calvaire pour en venir à bout ! J’ai fait des recherches sur Internet, il semblerait que ce roman soit l’un de ses meilleurs… En tout cas pour moi la cause est entendue, Robert Ludlum ne vaut pas tripette.

« - Quoi ? s’écria Latham, qui s’apprêtait à frapper au visage avec la crosse de l’arme le pauvre Frac qui se tordait de douleur. – Si vous voulez bien m’écouter… gémit le policier. Vous ne devez jamais ouvrir votre porte, sans être certain que c’est l’un de nous… - Vous avez dit que vous étiez de la DST ! lança Drew, en se relevant. A ma connaissance, il n’y a qu’un service de ce nom ! – Justement, monsieur, reprit Frac en jetant un regard compatissant à son collègue qui grimaçait de douleur. Le directeur vous a remis une liste de codes d’identification qui changent toutes les deux heures. Vous deviez demander celui qui correspond à cet espace de temps. – Des codes ? Quels codes ? – Tu ne les a pas regardés, mon chéri, glissa Karin, dans l’encadrement de la porte, une feuille àla main. Tum’as donné ce papier en disant que tu les lirais plus tard. – Ah bon !... »  

 

 

Ludlum images.jpgRobert Ludlum  Les veilleurs de l’Apocalypse  Pocket

 

 

 

 

 

 

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15/10/2012 | Lien permanent

Morgan Sportès : Tout, tout de suite

Sportes Livre 4212416296.jpgMorgan Sportès né en 1947 à Alger, est un écrivain français. Il a publié dix-huit livres, nombre d’entre eux ont été traduits en de nombreuses langues et ont attiré l'attention de personnalités comme Claude Lévi-Strauss ou Guy Debord avec lequel il se lie d’amitié après la publication de La Dérive des continents en 1984. Il partage actuellement sa vie entre la rédaction de ses livres et de nombreux voyages de recherche.

En préambule à son roman Tout, tout de suite qui vient tout juste de paraître, Morgan Sportès nous prévient : « En 2006, un citoyen français musulman d’origine ivoirienne a kidnappé et assassiné, dans des conditions particulièrement atroces, un citoyen français de confession juive. J’appelle le premier Yacef, le second Elie. L’un a 25 ans, l’autre 23. J’ai réélaboré ces faits, à travers mon imaginaire, pour en nourrir une création littéraire, une fiction. »

L’auteur est donc très clair, ceci est un roman écrit à partir d’un fait divers réel et si vous ne vous souvenez plus exactement de quelle affaire il s’agit, sachez qu’il s’agit de celle que la presse avait baptisée à l’époque, « le gang des barbares ».

Pour écrire ce livre, Morgan Sportès s’est livré à une véritable contre-enquête, épluchant la presse, interrogeant certains témoins, lisant des documents de source policière etc. Tous ces faits sont la base même de ce récit certifié exact, seuls les dialogues sont de la fiction, la sauce littéraire et le liant qui constitue le roman,la fiction. D’où une avalanche de détails qui ne servent à rien dans le récit mais qui rappellent les rapports de police, comme indiquer le numéro d’une cabine de téléphone public ou préciser qu’une boucherie fait aussi volaille, triperie, charcuterie ! Tous les faits et gestes des protagonistes sont intégralement mentionnés, les noms des rues empruntées, les noms des cybercafés et des commerces où ils entrent.  

Tout est épouvantable dans ce drame car tout est nul. Si le terme « gang des barbares » sonne bien et a fait de beaux titres de presse, il ne correspond pas à la réalité car il n’y a pas de gang. Yacef est un tocard de banlieue avec une grande gueule - mais qui bégaye sous le coup de l’émotion - qui a réussi, grâce à un séjour en prison, à se faire une réputation de petit caïd et se créer une petite cour de plus minables que lui. A peine libéré, « c’est à la société qu’il déclarela guerre. Ilveut du fric, vite. » Les barres HLM, les caves et les halls d’immeubles investis pour des trafics en tous genres, les jeunes en sweat-shirts à capuche, le chômage, l’immigration, l’échec scolaire, l’exclusion sociale etc. tel est le décor sordide et connu de cette histoire horrible.

La bêtise crasse de Yacef laisse pantois et effraie car elle défie les raisonnements logiques. Si la brute enlève Elie, la victime est choisie au hasard, c’est tout simplement parce que juif, il est sensé avoir de l’argent et qu’une rançon pourra être demandée. Sauf que Elie n’est pas d’une famille fortunée. Le montant de cette rançon fluctuera à la baisse au fil des trois semaines que durera cet enlèvement.   

Le roman fait plus de 370 pages, mais il se lit à une vitesse hallucinante car le style est sec fait de phrases courtes alignant les faits les uns après les autres, froidement. On connaît la fin puisqu’elle est connue, pourtant on ne peut se retenir de dévorer l’ouvrage pour en venir à bout et être bien certain que Yacef va se faire coffrer. Un thriller sans suspense final mais tout aussi prenant. 

Morgan Sportès ne donne jamais son avis, seules quelques phrases nous interrogent, la tactique policière pour retrouver Elie était-elle la bonne, demande le père de la victime tout en rendant hommage aux membres de la Crim’ qui ont « travaillé comme des fous », ce « monstre » comme d’autres du même tonneau n’arrive pas de Mars, il est issu de notre société, qu’elles sont les raisons et les causes d’une telle furie ? La question n’est pas nouvelle, des réponses – incomplètes peut-être - ont été fournies mais que faisons-nous pour que cela change ?

Un livre coup de poing, à lire bien évidemment.

 

« Honnête voyou, Krack, alias Grand Black, ne songe qu’à gagner malhonnêtement son pain. Yacef, « qui mélange tout », foi, politique, finance, participe, comme le dit la formule célèbre, de ce « socialisme des imbéciles : l’antisémitisme ». Le « Juif » incarnant à ses yeux le Capital, devient symbole du monde qui l’oppresse. C’est qu’il n’a pas les instruments intellectuels qui lui permettraient de comprendre ce qui, dans le monde spectaculaire qui est le nôtre, l’opprime en effet. » 

 

Sportes 1135906487.jpgMorgan Sportès  Tout, tout de suite  Fayard

      

 

 

 

 

 

 

Pour aller plus loin, une interview de Morgan Sportès sur le site de Marianne

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16/10/2012 | Lien permanent

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