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La librairie Joseph Gibert à Paris

Qui s’est baladé sur le boulevard et la place Saint-Michel à Paris n’a pu manquer de remarquer ces différentes boutiques au nom de Gibert. Livres, papeterie, disques, toutes regorgent de marchandises et si je n’entre dans le magasin dédié aux disques qu’avec circonspection tant je crains pour la santé de mon compte en banque, celui consacré aux livres m’émerveille et inquiète  tout autant.

Le magasin, à l’angle du boulevard Saint-Michel et de l’Ecole de Médecine, déploie sur six niveaux un impressionnant choix de livres. Etagères pleines à craquer, tables croulant sous les piles de bouquins, livres neufs et occasions se côtoient dans une caverne d’Ali Baba qui affole le lecteur compulsif. De la BD aux romans, des guides de voyages aux livres d’art, tout est là, à portée de main. D’ailleurs, Gibert Jeune est la plus grande librairie de France en nombre d'ouvrages disponibles sur place.

Petit rappel historique. « Gibert Jeune est une librairie parisienne fondée en 1886 par Joseph Gibert, quai Saint-Michel. Issu de la séparation avec Gibert Joseph, Gibert Jeune partage avec ce groupe la même origine. Deux ans après son arrivée à Paris en 1886, Joseph Gibert ouvre une librairie boulevard Saint-Michel. Auparavant bouquiniste sur le parapet du quai Saint-Michel, l'ancien professeur de Lettres Classiques au collège Saint-Michel de Saint-Étienne, dispose dès lors d'un magasin, qui sera spécialisé dans la vente de livres scolaires d'occasion. Au moment même où Jules Ferry rend l'école gratuite et obligatoire, l'établissement prospère. En 1915 les deux fils Gibert succèdent à leur père à la tête de la librairie. Ce n'est qu'en 1929 que l'aîné, Joseph, ouvrit sa propre librairie au 30 du boulevard Saint-Michel (l'actuelle papeterie). Son cadet, Régis, conserve la librairie historique, quai Saint-Michel, qui prend alors le nom de Gibert Jeune. Gibert Jeune se développa ensuite autour de la place Saint-Michel, en étendant ses magasins sur plusieurs niveaux et en ouvrant de nouveaux espaces spécialisés à d'autres adresses. »

Certes, à l’heure d’Internet presqu’aucun livre ne peut échapper à la recherche mais personne ne peut nier le bonheur physique, retiré à fouiner dans les rayonnages de ce magasin. Immeuble ancien avec plancher en bois, salles faites de coins et recoins, clients à quatre pattes ou sur la pointe des pieds, d’un œil perçant ou le regard vague englobant l’espace pour le simple plaisir de se trouver noyés au milieu de tant d’ouvrages qui leurs sont chers ; une référence notée sur un bout de papier ou bien à l’aventure guettant le coup de cœur, les lecteurs boulimiques sont ici hors du temps et hors du monde, dans ce qui se rapproche le plus de que qu’on nomme le paradis.

Les romans d’occasion rangés avec les neufs, quand vous avez trouvé votre bonheur, vous pouvez encore faire votre choix en fonction du prix. Sur Paris, une adresse incontournable.

 

Source des photos : Le Bouquineur

 

 

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25/08/2013 | Lien permanent

Julian Barnes : Rien à craindre

Barnes Livre 28472430_6595582.jpgL’écrivain anglais Julian Barnes est né à Leicester en 1946. Après des études de langues et de littérature à l'Université d'Oxford, il travaille comme linguiste pour l'Oxford English Dictionary. Il entreprend une carrière de journaliste avant d’entamer une carrière d’écrivain. Il écrit aussi des romans policiers sous le pseudonyme de « Dan Kavanagh ». Julian Barnes est le seul écrivain étranger à avoir été primé à la fois par le Médicis (en 1986 pour Le perroquet de Flaubert) et le Femina (en 1992 pour Love, etc.).

Rien à craindre est un hybride entre l’essai et les Mémoires, sous la forme d’un roman dont le sujet central est Dieu etla mort. Dès la première phrase du livre, le ton est donné « Je ne crois pas en Dieu, mais il me manque ».

La soixantaine passée, Julian Barnes commence à envisager la mort, du moins il lui accorde une réflexion plus profonde que lorsqu’il était plus jeune. Evoquer la mort, c’est aussi évoquer Dieu, « les gens ne croient à la religion que parce qu’ils ont peur de la mort ». Selon que l’on est croyant ou pas, l’au-delà n’aura pas le même goût, et même selon les religions il ne se présentera pas de la même façon. Bien différente encore sera l’idée de mort si on ne croit pas, athée ou agnostique verront la fin comme le point ultime dela vie. Maisa-t-on peur de la mort, ou peur de mourir ? Presque tout le monde craint l’une ou l’autre mais pas les deux « c’est comme s’il n’y avait pas assez de place dans l’esprit pour les deux ».

Quand on pense à la mort, le premier réflexe c’est de se rappeler de nos défunts, amis, proches et bien entendu parents. Julian Barnes se souvient de son père et de sa mère, leurs rapports, leurs travers, mais la mémoire est-elle fiable ? Quand il compare ses souvenirs avec ceux de son frère, un célèbre philosophe, les différences d’interprétation ou de mémorisation sont évidentes.  

Pour l’aider dans sa tâche et cerner le « problème » de la mort, Julian Barnes fait appel aux écrivains qu’il connaît si bien. Montaigne, Jules Renard, Stendhal, Somerset Maugham, Flaubert bien sûr, Daudet évidemment, d’autres encore viennent nous donner leur version de ce qu’est la mort.

Arrivés à ce point vous devez penser que ce bouquin doit être particulièrement pénible à lire, pour ne pas dire mortel ! Pour être franc, moi-même j’ai eu du mal à entrer dans l’ouvrage, je le trouvais bavard et obligatoirement vain, puisque quoi qu’on dise ou pense de la mort, chacun à sa vérité et personne ne peut vous démentir, pour la bonne raison que nul n’en est revenu pour clore définitivement ce débat qui existe depuis une éternité. Mais Julian Barnes sait y faire, le livre est bien construit, le propos intelligent et étayé des écrits d’illustres écrivains et l’Anglais comme nombre de ses compatriotes, manie l’humour avec subtilité. J’ai d’ailleurs trouvé une certaine ressemblance entre certains passages de ce livre avec celui de son compatriote David Lodge, La Vie en sourdine , et coïncidence, ces deux bouquins sont parus la même année en 2008.   

En conclusion, un livre que j’ai eu du mal à entamer mais qui au fil des pages a su fixer mon intérêt grâce à un sujet grave traité avec légèreté et intelligence.

 

« Mon grand-père avait coutume de se mettre de la brillantine dans les cheveux, et la têtière de son fauteuil Parker Knoll - à haut dossier et joues pleines contre lesquelles il pouvait somnoler - n'était pas seulement décorative. Ses cheveux avaient blanchi plus tôt que ceux de grand-mère; il avait une moustache militaire coupée court, une pipe à tuyau métallique et une blague à tabac qui distendait la poche de son cardigan. Il portait aussi un gros appareil acoustique: un autre aspect du monde adulte - ou plutôt, d'une phase lointaine de la vie adulte - dont mon frère et moi aimions nous moquer. «Pardon?» me criait-il ou lui criais-je satiriquement en mettant une main en coupe à l'oreille. Nous guettions le moment très prisé où l'estomac de grand-maman gronderait assez fort pour que grand-papa perçoive le bruit malgré sa surdité et demande: «Téléphone, Ma?» Après un grognement embarrassé de celle-ci, ils retournaient à la lecture de leurs journaux. Grand-père, dans son fauteuil masculin, son Sonotone sifflant parfois et sa pipe faisant un petit bruit de liquide aspiré quand il tirait dessus, hochait la tête en lisant le Daily Express, qui décrivait un monde où la vérité et la justice étaient constamment mises en péril par la Menace communiste. Dans son fauteuil plus moelleux et féminin - dans le coin rouge -, grand-mère émettait des tss-tss de désapprobation en lisant son Daily Worker, qui décrivait un monde où la vérité et la justice, dans leurs versions actualisées, étaient constamment mises en péril par le Capitalisme et l'Impérialisme. »

 

Juliean Barnes mages.jpgJulian Barnes  Rien à craindre  Folio

 

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09/10/2012 | Lien permanent

Maurice Genevoix : La boîte à pêche

Genevoix Livre 521420_9243220.jpgMaurice Genevoix (1890-1980) est surtout connu pour ses livres régionalistes inspirés par la Sologne et le Val de Loire comme son fameux roman Raboliot (Prix Goncourt 1925). Il a cependant dépassé le simple roman du terroir par son sobre talent poétique qui, associé à sa profonde connaissance de la nature, a donné des romans-poèmes admirés comme la Dernière Harde (1938) ou La Forêt perdue (1967). En 1927 tirant parti de son prix Goncourt il rachète une vieille masure au bord de la Loire à Saint-Denis-de-l'Hôtel, au hameau des Vernelles : « une vieille maison, rêveuse, pleine de mémoire et souriant à ses secrets. » C'est dans cette maison, dans son bureau donnant sur la Loire, qu'il écrira la plupart de ses livres.

Avec La boîte à pêche, écrit en 1926,  nous sommes au cœur de l’œuvre de Maurice Genevoix, même s’il ne s’agit pas de son livre le plus connu. Le roman, ou plutôt le récit, se déroule dans un petit village des bords de la Loire et comme son titre nous le laisse deviner, parmi les passionnés de la pêche àla ligne. Nous suivons Daniel Bailleul, un gamin épris de cette activité, de son plus jeune âge jusqu’à sa vie adulte. Grâce aux conseils du mystérieux Najard, un taiseux spécialiste de cet art mais qui se prend d’affection pour le petit, il sera initié aux subtilités et secrets de ce noble sport.

Même si comme moi, vous ne pratiquez pas la pêche, vous adorerez suivre les artistes le long du fleuve, pour en découvrir la richesse animale ou florale, les paysages qui évoluent selon les saisons, les longues marches et affûts dans les roseaux ou les hautes herbes, les techniques pour appâter le goujon, le chevesne ou le brochet. Vous constaterez que les amateurs les mieux équipés avec les cannes les plus modernes ne prennent pas plus de poissons que ceux qui ne sont armés que d’un bambou et d’un fil fabriqué par leurs soins mais qui connaissent parfaitement leur sujet et le terrain. Parallèlement à la pêche, Maurice Genevoix nous décrit la vie de province dans ces années qui suivent de peu la fin dela Grande Guerre, un roman de terroir qui nous parle de la vraie vie.

L’écriture comme le style de l’auteur sont « d’époque », c'est-à-dire riche en belles phrases bien troussées et souvent poétiques. Genevoix s’applique à trouver le terme exact et le texte est ponctué de mots rares – pour moi du moins – comme le perré, un cotret, un rouennier etc. dont je vous laisse rechercher la définition dans votre dictionnaire préféré. Je me suis aussi régalé de comparaisons qui sont de merveilleuses trouvailles « l’église au clocher minuscule, plus fin qu’un sucre d’orge sucé par un enfant de cœur ». Un plaisir qui s’ajoute à la lecture de cette célébration lyrique des bonheurs simples. Un livre vivement recommandé bien entendu.

Dans des styles complètement différents mais qui entrent en résonance avec cet ouvrage, par les lieux ou activité, mais surtout par l’esprit, je ne peux que vous conseiller John Gierach et son Traité du zen et de l’art de la pêche ou encore de Bernard Ollivier ses Aventures en Loire

 

« L’idéal pur, assurément, serait de voir cette bouée entre toutes, la mienne, plonger à l’attaque du brochet. Mais qu’une autre bouée plonge, je n’en serai guère moins ému : j’y aspire comme à un idéal mineur, que je n’avouerais point sans honte si j’osais tout d’abord l’expliquer à mes propres yeux. Dieu des pêcheurs, faites que ce soit mon vif, mon goujon frétillant que le brochet choisisse et happe, que j’aie ainsi l’orgueil de le ferrer, de le sortir de l’eau devant tous les hommes qui sont là ! Mais si je suis indigne ou malchanceux, faites du moins que je le voie mordre avant que ne revienne la nuit, que j’assiste au triomphe d’un autre, secoué d’une allégresse toute semblable à la sienne, mais en même temps d’une jalousie qui n’appartiendra qu’à moi seul. »

 

genevoix.jpgMaurice Genevoix  La boîte à pêche  Les Cahiers Rouges

 

 

 

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14/10/2012 | Lien permanent

Alexandre Dumas à Marly le Roi

Pour moi c’est devenu une banalité mais si je vous dis que j’habite à quelques pas du château de Monte-Cristo j’ose espérer vous faire rêver un peu. Même si vous n’êtes pas un spécialiste de l’œuvre d’Alexandre Dumas, Monte-Cristo évoque certainement pour vous un souvenir de lecture de jeunesse ou éventuellement un film avec Jean Marais, en tout cas une histoire pleine de rebondissements et d’aventures mouvementées aptes à enflammer l’imagination.

Dumas.jpgC’est en 1844 qu’Alexandre Dumas enrichi par le succès des Trois Mousquetaires et subjugué par le paysage qu’il découvrit par hasard à l’issue d’une promenade à pied alors qu’il revenait de Versailles, acheta un terrain sur une colline du Port Marly (détaché de Marly depuis 1822) pour y faire construire un château. Selon ses instructions le château Renaissance aux façades sculptées fût érigé au milieu d’un parc à l’anglaise avec des grottes, des rocailles et de petites cascades.

Ainsi naquit le château de Monte-Cristo bientôt complété un peu plus loin dans le parc, d’un petit castel néo-gothique, le château d’If, qui servait de cabinet de travail à l’écrivain et dieu sait s’il travaillait, écrivant sans relâche pour nous léguer romans, pièces de théâtre etc. qui font désormais partie de notre patrimoine culturel. Avec les années le monument périclitait mais c’est grâce à Alain Decaux qui sonna l’alarme par un article paru dans Le Figaro en 1970 que le domaine fût racheté conjointement par trois communes des Yvelines (78), Marly le Roi, Le Pecq et Le Port Marly qui lancèrent un programme de restauration afin de nous restituer ce petit bijou.

Car effectivement, bien qu’il y ait sur un même terrain deux châteaux, ce ne sont que de petits bâtiments. Le château d’If est un cabinet de travail et sa visite est interdite au public en raison de son étroitesse, mais vu de l’extérieur c’est une merveille entourée de verdure et bordée d’une large mare, dont les murs sont gravés des noms des œuvres littéraires de leur propriétaire.

Sur le terrain en contrebas se dresse le château de Monte-Cristo plus imposant mais à taille humaine, n’allez pas vous imaginer un Chambord ou autre. Le monument se visite, nous offrant documents et histoire d’Alexandre Dumas (nous parlons du père) où se mêlent photos d’époque, caricatures parues dans la presse, sculptures etc. Au premier étage, après un voyage en Afrique du Nord, Alexandre fit installer un salon Mauresque, restauré ces dernières années grâce à un don du roi du Maroc.

C’est donc ici, tout près de chez moi, que l’illustre écrivain dans ce qu’il appelait « Une réduction du paradis terrestre » rédigea tous ces bouquins qui illuminèrent ma jeunesse et plus encore. Si vous passez dans le coin, venez y jeter un coup d’œil. Bien entendu vu l’exiguïté des lieux il est préférable de venir le matin, car dès qu’il y a un peu de monde le charme disparaît.

 

Ouvert du 1 avril au 1 novembre - Fermeture le lundi - Informations au 01 39 16 49 49  

 

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22/10/2012 | Lien permanent

Didier Lett : Lettres à mon père

didier lett, jules renard, Didier Lett, agrégé d'Histoire et Professeur d'Histoire médiévale à l'Université Paris-Diderot (Paris VII) est un spécialiste internationalement reconnu de l'histoire de l'enfance, de la famille, de la parenté et du genre.

Pour ouvrir la nouvelle collection, "Mots Intimes", consacrée à l'art épistolaire et à l'amour des mots qui fait son entrée dans le catalogue des éditions Le Robert, il nous propose un recueil de lettres traitant des relations paternelles et filiales à travers la correspondance de personnages célèbres ou anonymes, de Mozart à Jean Gabin, en passant par Jules Verne, Franz Kafka ou encore François Truffaut...

Les lettres sont présentées par ordre chronologique, chacune précédée d’une courte explication sur l’auteur et d’un décryptage sur le motif de la missive. L’objet livre est assez mignon, petit format, belle police de caractères, illustrations sobres. S’il n’enlaidira pas la bibliothèque d’un honnête homme, on peut néanmoins s’interroger sur son intérêt réel.

Car il n’y a là aucun texte inédit, aucune révélation particulière et l’on serait bien en peine d’en tirer un enseignement enrichissant ou original. Il ne s’agit pas d’un essai ou d’une étude sur la correspondance entre fils et pères ou son évolution à travers les âges, juste une compilation très mince de quelques lettres. Lettres où l’on peut lire, ce qu’on s’attend à y lire, des demandes d’argent (« Après t’avoir affirmé tant de fois que je voulais désormais me suffire à moi-même, je viens encore te demander 200 francs. » Jules Renard à son père) ou des réflexions apeurées de pères effarés par la profession – souvent artistique - envisagée par leur rejeton, (« … ces sociétés d’artistes, dont le nom vous effraye bien plus que la chose ne le mérite. » Jules Verne à son géniteur).

De-ci, de-là, on tombe sur un texte touchant, comme la lettre d’Henriette Guizot âgée de neuf ans, à son papa ministre, s’imaginant le garder pour elle et se marier avec lui. Ou encore, le terrible réquisitoire adressé par François Truffaut à son père adoptif, « Non, je n’ai pas été un « enfant maltraité » mais simplement pas « traité » du tout. »   

Tout ceci ne va pas très loin. Donc un gentil petit livre, idéal pour de petits cadeaux… or, voyez comme les choses sont bien faites, Noël approche !

 

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didier lett, jules renard, Didier Lett  Lettres à mon père  Editions Le Robert collection Mots intimes – 125 pages –

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Ron Carlson : Retour à Oakpine

ron carlsonRon Carlson est né en 1947, en Utah. Il est l'auteur de plusieurs recueils de nouvelles et de romans qui ont reçu de nombreuses distinctions aux États-Unis. Il enseigne la littérature à l'Université de Californie, à Irvine, et vit à Huntington Beach.

Oakpine est une petite ville paisible du Wyoming. Jimmy, écrivain bien connu à New York, proche de la cinquantaine aujourd’hui, mais ruiné et atteint d’une maladie ne lui laissant plus que quelques mois à vivre, retrouve sa ville natale et ses parents pour y finir ses jours. Mason lui, avocat à Denver, revient aussi à Oakpine mais pour mettre en vente la maison familiale désertée par des locataires en fuite. Trente ans après, la bande de copains d’alors est de nouveau réunie, Jimmy, Mason, Frank qui tient un bar dans la ville et Craig la quincaillerie. Chacun a évolué dans sa sphère, les adolescents d’hier sont devenus des hommes adultes et ils arrivent à un tournant de leur vie.

J’en vois déjà qui font la moue, ouais des mecs qui se retrouvent devenus adultes et qui se remémorent leurs souvenirs de jeunesse, on connait, on a lu cela cent fois et le cinéma n’est pas en reste sur le coup. Oui, vous avez en partie raison, le sujet est connu et pour ainsi dire rabâché. Mais, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire quand je m’adresse à de jeunes écrivains me soumettant leurs œuvres, les sujets de romans ne sont pas si nombreux que l’on croît, seul le traitement que l’on en fait mérite réellement notre attention. Et là, Ron Carlson fait très fort, se hissant largement au-dessus de ses deux ouvrages précédents (Le Signal et Cinq ciels).

L’écriture est précise et très détaillée sans être jamais bavarde. Tout fait sens pour donner du corps au roman mais surtout de l’âme. De l’âme, de l’émotion, le bouquin en est chargé jusqu’à la gueule car tout sonne juste. Vous ne pourrez que vous régaler à lire ces belles pages touchantes ou ces passages bouleversants à vous embuer les yeux comme par exemple quand Jimmy que son père ne veut plus voir (je vous laisse découvrir pourquoi), logera dans le garage réaménagé par ses potes sous la bienveillance aimante de sa mère.

Le récit alterne le passé et le présent, cet espace-temps formant une boucle : le décès accidentel de Matt hier et celui de Jimmy, son frère, aujourd’hui ; à moins que ce ne soient les départs du toit familial pour Jimmy et Mason quand ils étaient jeunes et leur retour en ces mêmes murs à l’âge adulte ; ou encore ce groupe de rock éphémère qu’ils reformeront pour une ultime prestation hommage. Le rock tenant une place assez importante, finalement, dans cet ouvrage, comme un symbole fort, le groupe fait la force, le groupe c’est la concrétisation visible de leur amitié éternelle. D’où ce message, l’amitié est plus forte que l’amour et c’est elle qui nous sauve.

Un excellent roman qui tout du long m’a parlé, je me suis glissé sans problème dans la peau de ces amis, recevant cinq sur cinq leurs émotions, leurs joies et leurs peines.

 

« Ils avaient fait leur vie. La chasse et le foot à l’automne. Le magasin. Noël en ville avec les parents de Marci, maintenant que les siens n’étaient plus là. Le nettoyage de printemps et les soldes au magasin. La pêche. Les années. Il ne s’était jamais senti vieux, jamais, sauf à deux moments. Lorsqu’ils étaient revenus de Clearwater et qu’il avait commencé au magasin, mais il s’en était remis. Et maintenant, il se sentait vieux une nouvelle fois, en entendant prononcer le nom de Jimmy Brand et en apprenant son retour à Oakpine. »

 

 

ron carlsonRon Carlson  Retour à Oakpine  Gallmeister  - 282 pages –

Traduit de l’américain par Sophie Aslanides

 

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La librairie Shakespeare and Company à Paris

Située en bordure du Quartier Latin, timidement en retrait du quai de Montebello et séparée de Notre-Dame par la Seine, la librairie Shakespeare and Company, au 37 rue de la Bûcherie dans le Vème arrondissement de Paris, est certainement l’une des plus « mignonnes » librairies de la capitale. Dans mon imaginaire, je l’aurais bien vue dans la Comté, au Pays de Bouc, fréquentée par Bilbo le fameux Hobbit.

Il suffit de voir le monde autour et dans la boutique pour comprendre que cette librairie n’est pas qu’un commerce indépendant spécialisé dans la littérature anglophone, mais quasiment un lieu de pèlerinage attirant les touristes du monde entier. Ses fonctions, son histoire et même son aménagement intérieur expliquant facilement cet attrait.

Tout remonte au début du siècle dernier quand l’Américaine Sylvia Beach (1887-1962) arrive à Paris en 1916, et devient la compagne de la libraire Adrienne Monnier. En 1919, elle ouvre sa propre librairie, Shakespeare and Co, au 8 rue Dupuytren, laquelle déménagera en mai 1921 au 12 rue de l'Odéon. Sa librairie accueille alors les intellectuels américains et anglo-saxons de Paris, Man Ray, Ezra Pound, Ernest Hemingway, mais aussi français tels Valery Larbaud, André Gide, Paul Valéry, Jacques Lacan... La librairie sera fermée en 1941 en raison d’un conflit avec un officier allemand de l’armée d’occupation et ne sera jamais ré-ouverte.

Ce n’est qu’en 1951 qu’une nouvelle librairie anglophone est ouverte à Paris par un autre américain, George Whitman (décédé en 2011 et sans lien avec le poète Walt Whitman) au 37 de la rue de la Bûcherie, mais à cette époque, sous le nom de Le Mistral. Il faudra attendre la mort de Sylvia Beach en 1962 pour que le nom de la librairie soit changé en Shakespeare and Company en 1964, à l’occasion du 400e anniversaire de la naissance de William Shakespeare.

Après le décès de son père George, sa fille Sylvia reprit le flambeau et donna à la librairie un second souffle en organisant des festivals culturels, des lectures hebdomadaires et même en créant un prix littéraire, le Paris Literary Prize. La librairie perpétue aussi une vieille tradition (Dans les années 1950, beaucoup d'écrivains de la Beat Generation tels qu'Allen Ginsberg, Gregory Corso et William Burroughs logèrent dans la librairie tenue par Sylvia Beach), être un asile pour les écrivains en herbe qui souhaitent rester pour quelques nuits à condition de respecter certaines conditions comme lire un livre par jour, aider deux heures à la boutique et pour finir, rédiger une page autobiographique en y joignant une photo.

Quant à l’aménagement intérieur de la boutique, il vaut à lui seul le détour. Un capharnaüm d’étagères bourrées jusqu’à la gueule de livres de toutes les couleurs, un enchevêtrement de petites pièces étroites où l’on se bouscule, du bois vieillot, des lustres incongrus au plafond, un aspect général rustique et ancien patiné par les ans, tout à fait dans l’iconographie de l’univers de Bilbo, telle que je me la représente mentalement…

Une librairie qui dépasse largement le simple cadre du commerce des livres, ou pour reprendre les termes de George Whitman, « Une utopie socialiste déguisée en librairie (…) J’ai créé cette librairie comme un homme écrirait un roman, construisant chaque pièce comme un chapitre. Et j’aimerais ouvrir la porte aux visiteurs, comme j’ouvre un livre. Un livre qui les conduit vers le monde magique de leur imagination. »

 

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Sources : Wikipedia, L’Express.fr Photos : Le Bouquineur

 

 

 

 

 

 

 

 

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Tourgueniev de Paris à Bougival

Tourgueniev, jules verne, alphonse daudet, flaubert, sand,  Ivan Sergueïevitch Tourgueniev est un écrivain, romancier, nouvelliste et dramaturge russe né en 1818 à Orel en Russie et mort en 1883 à Bougival en France. Il vit de 1838 à 1841 à Berlin avant de retourner à Saint-Pétersbourg puis de partir pour Londres et de s'installer à Paris.

De 1847 à 1850, Tourgueniev vit en France et publie beaucoup, dont le recueil Mémoires d’un chasseur et la pièce Un mois à la campagne. En 1850, il vit près de Paris dans le château de Courtavenel, propriété des Viardot, où réside Charles Gounod, l'auteur de l'opéra Faust. Il fréquente George Sand. La même année, Nicolas Ier exige le retour des Russes expatriés. Tourgueniev quitte la France et se voit retenu en Russie pendant la guerre de Crimée. Il récupère sa fille et l’envoie chez Pauline Viardot, en France, qui l’élève comme sa propre enfant.

Dans les années 1870, il vit à Paris, au second étage du 50 rue de Douai, voisin des Viardot. Il rencontre Zola (dont il publie les romans en Russie), Alphonse Daudet qu'il aide pour ses publications, Edmond de Goncourt seul (son frère Jules étant mort en cette année 1870), Jules Verne qu'il conseille pour l'élaboration de son roman Michel Strogoff publié par leur éditeur commun Pierre-Jules Hetzel. Il y rencontre aussi Flaubert, George Sand, les compositeurs Camille Saint-Saëns et Théodore Dubois. En 1875, Tourgueniev est élu vice-président au Congrès International de Littérature, aux côtés de Victor Hugo qu'il rencontre pour la première fois. À la fin des années 1870, il se fait construire une datcha à Bougival sur le même terrain que la propriété des Viardot, dans les environs de Paris. Il obtient en 1879 le titre de doctor à Oxford et l'on commence à jouer ses pièces en Europe. Il tombe gravement malade au début des années 1880, est opéré à Paris et retourne à Bougival en convalescence. Là, il dicte à Pauline Un incendie en mer et prophétise les événements de Russie.

Tourgueniev meurt d’un cancer de la colonne vertébrale particulièrement douloureux, le 3 septembre 1883 à deux heures de l’après midi en présence de Pauline et de ses enfants en son domicile, au n°16 rue de Mesmes à Bougival, et sera inhumé le 9 octobre 1883 à Saint-Pétersbourg.

Ivan Tourgueniev et Pauline Viardot :

Tourgueniev, jules verne, alphonse daudet, flaubert, sand,  L'écrivain russe Ivan Tourgueniev et Pauline Viardot cantatrice furent amis/amants plusieurs dizaines d'années, liés entre autre par leur amour pour la musique. Louis Viardot, directeur du Théâtre italien de Paris engagea Pauline en 1839 et deux ans plus tard, il l’épousait malgré l’écart d’âge de vingt ans entre eux. Il s’éprit d’elle pendant la saison 1843-1844 de l’Opéra-Italien à Saint-Pétersbourg quand il n’était encore qu’un jeune écrivain obscur et elle, déjà au faîte de la gloire à vingt-deux ans. Manœuvrant habilement, il s’infiltra dans l’intimité du couple en flattant le mari avec leur passion commune pour la chasse. Désormais il peut suivre Pauline à travers l’Europe. La guerre de 1870 va bouleverser la vie du trio mais dès 1871 elle se resserre. Tourgueniev prend un appartement rue de Douai, dans le même immeuble qu’eux et il se fait construire en 1874 une datcha à Bougival, tout près de leur Villa des Frênes ! L’amour de l’écrivain pour la cantatrice fut néanmoins douloureux, plus de souffrances et d’humiliations que de réel bonheur car elle était une diva capricieuse et despotique ayant d’autres amants et une de vie de famille à laquelle elle tenait beaucoup. Mais compensation ( ?), Tourgueniev dans son sillage, vivait dans un cadre raffiné fait d’artistes, d’écrivains et de tout ce qu’il aimait en Europe, son art et sa civilisation.  

Leurs résidences de campagne, à Bougival, séparées mais construites sur le même terrain, sont devenues des musées mais les photos y sont interdites.

Tourgueniev, jules verne, alphonse daudet, flaubert, sand,

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Photos : Le Bouquineur  Sources : Promenades littéraires dans Paris de Gilles Schlesser – Préface de Françoise Flamant pour Romans et nouvelles complets La Pléiade Tome 1 – Wikipédia –

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16/04/2017 | Lien permanent

Bergsveinn Birgisson : La Lettre à Helga

Birgisson Livre.jpgBergsveinn Birgisson est né en 1971. Titulaire d’un doctorat en littérature médiévale scandinave, il porte la mémoire des histoires que lui racontait son grand-père, lui-même éleveur et pêcheur dans le nord-ouest de l’Islande.

Arrivé au crépuscule de son existence, Bjarni le narrateur, se décide à écrire une longue lettre à Helga, celle qui fut le seul grand amour de sa vie mais qu’il ne sut retenir. Bjarni, vieillard de quatre-vingt dix ans, se souvient de tout. D’Unnur, sa femme décédée après cinq ans de souffrances suite à une opération intime qui ruina leur vie de couple ; d’Helga, mariée avec deux enfants, à laquelle il voua un amour profond et réciproque, et du cas de conscience qui mit un terme à leur bonheur envisageable : Helga enceinte de Bjarni, ne voyant que deux solutions, soient fuir loin des ragots vers Reykjavik la grande ville, pour y refaire leurs vies, soit se séparer  définitivement et rester au village, elle avec son mari, lui avec ses regrets.

Le roman est très court mais il est très riche en réflexions et idées diverses. Les souvenirs du narrateur le ramènent aux années mille-neuf-cent-trente à soixante et à l’évolution subie par la société islandaise, l’occasion d’évoquer des traditions locales ou des pratiques de pêche et d’élevage. Ces us et coutumes induisent des comportements et des raisonnements qui éclairent les attitudes de Bjarni, comment abandonner sa terre, une propriété dans sa famille depuis neuf générations ? Mais comment vivre aussi, dans un bled où les commérages allaient déjà bon train sur Bjarni et Helga, avant même qu’il ne se passe réellement quelque chose entre eux ?

Bjarni reste attaché aux valeurs ancestrales, sans pour autant être passéiste. C’est une figure locale très impliquée dans la vie de la communauté, il est contrôleur du fourrage, s’occupe de la bibliothèque, bricole pour les uns et les autres, tout en s’occupant de son élevage de moutons. Homme simple et de bon sens, la Nature est tout pour lui.

Le roman est empreint d’une sensualité forte - « Une fois, peu après la fin de l’hiver, je me suis réveillé debout dans le pré, en caleçon long pour tout appareil, et avec une de ces érections ! » - où les seins d’Helga ont une place prépondérante, ce qui ne l’empêche pas en bon paysan de faire le rapprochement avec les mamelles de ses brebis. Birgisson sait aussi se faire poète, et s’il s’agit d’une poésie rustique, elle est sincère. Sans oublier une pointe d’humour comme lorsque vous découvrirez le sort réservé au corps défunt de l’épouse d’un autochtone.  

Quand Bjarni achève sa lettre, avec une petite surprise ( ?) pour le lecteur, il ne peut que constater amèrement qu’il est « un bonhomme qui a préféré croupir dans son trou plutôt que suivre l’amour. »

Un très bon roman.

 

« Te voir nue dans les rayons de soleil était revigorant comme la vision d’une fleur sur un escarpement rocheux. Je ne connais rien qui puisse égaler la beauté de ce spectacle. La seule chose qui me vienne à l’esprit est l’arrivée de mon tracteur Farmall. Arracher l’armature et le carton protégeant le moteur pour découvrir cette merveille éclatante qui allait changer la vie. Tu vois comme ma pensée rase les mottes, chère Helga : te comparer, toi, jeune et nue… à un tracteur ! C’est faire injure à ta beauté que de te mettre sur le même plan que les choses d’ici-bas ; Mais… pour ce qui était de faire l’amour, tu n’étais pas à la remorque. »

 

Birgisson.jpgBergsveinn Birgisson La Lettre à Helga  Zulma – 131 pages –

Traduit de l’islandais par Catherine Eyjolfsson

 

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21/11/2014 | Lien permanent

Alan Bennett : La Dame à la camionnette

alan bennettAlan Bennett est un romancier, dramaturge, acteur, scénariste et réalisateur britannique né en 1934 à Leeds. Diplômé d'Oxford, le jeune homme se voue dans un premier temps à une carrière d'historien du Moyen Âge avant d’embrasser celle d’auteur pour la télévision britannique et l’avoir commencée en tant que comédien. En 1968, il publie sa première pièce et le succès est immédiat. Son récit, La Dame à la camionnette qui date de 1999, vient d’être réédité en collection de poche.

Le bouquin traite un fait divers réellement arrivé à Alan Bennett, livré ici sous la forme d’un journal dans lequel il en relate les points les plus notables qui s’étalent entre 1971 et 1989. « … au cours de l’été 1971 cela faisait déjà plusieurs mois que Miss Shepherd et sa camionnette stationnaient de manière permanente en face de chez moi, à Camden Town », un quartier de Londres. Qui est cette femme d’un certain âge déjà, excentrique, « une jupe orange, confectionnée à partir de trois ou quatre grands torchons ; une veste satinée à rayures bleues ; un foulard vert ; et une visière bleue surmontée d’une casquette kaki où figure un portrait de Rambo et un badge orné d’une tête de mort », un peu crade aussi, il faut le reconnaitre, « à l’arrière de la camionnette (…) des débris de mouchoirs en papier bizarrement froissés et visiblement imprégnés de merde. » Au fil des années qui passent, la camionnette va finir par être installée dans le jardin de l’écrivain qui lui rend de menus services de-ci, de-là.

Miss Shepherd n’est pas vraiment sympathique et si l’on peut louer le dévouement et l’empathie de Bennett pour cette sans-logis, on s’étonne qu’il accepte son gourbi dans son jardin, au grand dam de ses invités. Les questions qu’on se posait sur la dame seront en partie éclaircies après son décès en 1989.

Si le sujet est excellent, j’en ai trouvé le traitement un peu court, dans tous les sens du terme. Moi qui privilégie le court au trop long, d’habitude, là je révise ce principe. Alan Bennett est un habile peintre de mœurs mais ça manque de volume et d’ampleur pour être excellent. Il y avait la matière, un parallèle entre le Londres bourgeois et ses exclus sous l’ère Thatcher mais l’écrivain nous laisse sur notre faim. Au final, un petit bouquin sympa, sans plus.

 

« Octobre 1980. Miss S. s’est mis en tête d’acquérir une caravane et celle qu’elle avait repérée dans Exchange and Mart, « avec de jolis rideaux et trois couchettes », vient de lui passer sous le nez. (…) J’avais d’ailleurs l’intention de proposer mes services à Mrs Thatcher pour l’aider à résorber la crise. Je ne lui demanderais pas un centime, étant donné que j’ai une allocation, ça ne lui coûterait donc pas grand-chose. Mais elle pourrait me gratifier d’un petit avantage en nature, de temps à autre. Une caravane, par exemple. Je voulais lui écrire mais elle est à l’étranger pour l’instant. Je sais bien ce dont le pays a besoin. Cela tient en un mot : la Justice. »

 

 

alan bennettAlan Bennett  La Dame à la camionnette  Folio  - 109 pages –

Traduit de l’anglais par Pierre Ménard 

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