La lecture, une expérience physique

On associe souvent, pour ne pas dire toujours, la lecture à une activité « pépère » où même le terme d’activité parait saugrenu. Bien entendu, seuls ceux qui ne lisent pas réagissent ainsi, car pour les autres – nous, en l’occurrence – la lecture peut être considérée comme une activité physique. Certes, pas dans le sens où elle entretiendrait en bonne forme nos muscles et articulations, se joignant au footing, marche en forêt et autres fariboles de cet acabit mais parce qu’à l’instar de ces distractions, la lecture elle aussi peut marquer les corps. 

Qui n’a pas constaté après plusieurs heures de lecture intense, une ankylose dans un membre ou un léger mal de dos ? Qui n’a jamais souffert d’une douleur dans le cou ou d’une fatigue dans le poignet ou la main ? Parce que la position adoptée dans le fauteuil ou ailleurs n’était pas parfaite, vous étiez mal assis ou inconfortablement installé, le bouquin en cours de lecture était énorme et pesait plus qu’il n’est raisonnable.

Qui n’a jamais eu les yeux qui le piquaient après une longue séance de lecture ? La lumière du jour n’était plus suffisante mais emporté par l’intrigue de votre roman et par une douce flemme vous avez négligé d’allumer la lampe à temps, vous obligeant à faire des efforts pour déchiffrer le texte. 

Dieu merci, la lecture n’induit pas que des inconvénients physiques, elle peut aussi engendrer des effets positifs. De belles pages bien écrites, souvent par des auteurs du XIXème siècle, me procurent un bien être équivalent à la prise de plusieurs cachets d’Euphytose. Mon esprit se calme, trouve un rythme en symbiose avec mon corps. La lecture s’apparente alors à une séance de yoga. Bien entendu et donc je ne développe pas, la lecture fait aussi appel – c’est l’un de ses buts - à toutes nos émotions (rire, tristesse, mélancolie etc.) qui elles-mêmes réagissent sur notre corps.

Au début de ce billet, j’ai traité de faribole la marche en forêt, vous avez tiqué avec raison, il s’agissait d’une provocation gratuite me permettant de conclure, car qu’y a-t-il de plus agréable qu’une séance de lecture après une longue marche ?