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09/05/2022

Chris Offutt : Les Gens des collines

chris offuttFils de l'écrivain Andrew J. Offutt, Chris Offutt, né en 1958 à Lexington dans le Kentucky, est surtout connu pour ses romans et ses recueils de nouvelles mais il a également collaboré, de manière épisodique, comme scénariste à plusieurs séries télévisées américaines. Après avoir suivi les cours de l'Université d'Etat de Morehead, diplômé, il entreprend un voyage à travers les Etats-Unis et exerce différents métiers pour vivre. Son nouveau roman, Les Gens des collines, vient de paraître et serait le premier d’une trilogie.

Mick Hardin engagé dans l’armée a fait l’Irak, l’Afghanistan et la Syrie comme parachutiste, et maintenant enquêteur. Aujourd’hui il est en permission et revient au pays, son Kentucky natal, dans un coin des Appalaches fait de collines et de forêts. Un retour motivé par la grossesse de son épouse Peggy, mais à peine arrivé, il est contacté par sa sœur Linda, shérif du comté, réclamant son aide pour un cas complexe : le cadavre d’une jeune veuve vient d’être découvert, elle était d’une vieille famille de la région et Murvil Knox qu’elle déteste, le magnat du charbon tout puissant par ici, lui a collé dans les pattes un agent du FBI…

Pensez à un sandwich au jambon, le jambon est mauvais mais le pain est d’excellente qualité. C’est exactement ce qu’on pourrait dire de ce roman ! Je m’explique : l’intrigue policière est quasiment sans intérêt mais tout ce qui l’entoure, ce dans quoi elle baigne est plutôt pas mal.

L’angle du polar donc, c’est vengeance et représailles, une histoire classique de rivalités familiales, même pas passionnante ici.

En revanche, le contexte général du roman et son écriture le rendent plus attachant. La ruralité, surtout quand elle est retranchée dans des zones éloignées des villes, a ses caractéristiques immémoriales, les familles se serrent les coudes et ne craignent pas d’aider leurs voisins mais sans jamais les perdre de l’œil, tout le monde se connait au moins de nom. Sorti du clan, dans ces collines on se méfie, « les gens qui n’avaient pas l’habitude de voir des visiteurs dans un véhicule inconnu étaient capables d’accueillir les étrangers avec une arme » et sous leur air péquenots « ils apprenaient tôt à ne pas montrer à quel point ils étaient futés ».

Mick mène deux combats, aider sa sœur à retrouver l’assassin, fastoche pour un mec de sa trempe et la minceur de l’intrigue, quant au second, plus personnel et plus complexe, renouer avec sa femme leurs liens distendus par son éloignement à l’étranger et affronter une dure réalité, l’enfant qu’elle porte est-il vraiment le sien ?

L’écrivain met beaucoup d’amour pour ce pays et d’empathie dans ses personnages, même les moins reluisants nous paraissent plus à plaindre qu’autre chose. Un roman réellement très agréable à lire mais qui n’atteint pas des sommets, même de ces fameuses collines du Kentucky.  

 

« Tous les griefs de Peggy sur la vie à Morehead étaient les mêmes raisons pour lesquelles Linda aimait cette ville. Le sentiment réconfortant de voir les mêmes gens, parfois trois fois en une seule journée dans différents magasins. Il y avait un protocole pour ces rencontres. La première fois, on posait des questions sur la famille. La deuxième, on souriait et on plaisantait sur le fait d’avoir le même emploi du temps. La troisième fois on souriait et on faisait un signe de main. Cela créait une intimité rassurante. Une des raisons pour lesquelles elle avait rejoint les forces de l’ordre était de maintenir l’ordre pour tout le monde, un ordre dont Peggy ne voulait plus. »

 

chris offuttChris Offutt   Les gens des collines   Gallmeister  - 232 pages -   

Traduit de l’américain par Anatole Pons-Remaux

07:00 Publié dans POLARS | Tags : chris offutt | Lien permanent | Commentaires (4) |  Facebook |