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13/11/2012

Ernest Hemingway : Le Vieil homme et la mer

Hemingway Livre.jpgErnest Miller Hemingway (1899-1961) est un écrivain, journaliste et correspondant de guerre américain. Il a écrit la plupart de ses œuvres entre le milieu des années 1920 et le milieu des années 1950, et sa carrière a culminé en 1954 lorsqu'il a remporté le prix Nobel de littérature, attribué « pour le style puissant et nouveau par lequel il maîtrise l'art de la narration moderne, comme vient de le prouver Le Vieil Homme et la Mer ». Hemingway est l'un des représentants les plus typiques de ce que l'on a appelé, aux États-Unis, la « génération perdue » dont les principaux écrivains de cette génération sont, outre Hemingway, Ezra Pound, T.S. Eliot et Gertrude Stein. Son roman, Le Vieil homme et la mer, est paru en 1952 et lui vaudra aussi le prix Pulitzer.

A Cuba, non loin de La Havane, Santiago est un vieux pêcheur, veuf et pauvre, qui n’a rien ramené dans ses filets depuis quatre-vingt-quatre jours. Un gamin qui l’appelle grand-père, l’accompagnait dans ses sorties en mer jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce que ses parents le place chez un autre pêcheur jugé plus capable et lui permettant de rapporter quelques poissons au logis familial.

Le gosse est désolé, « C’est papa qui m’a fait partir. Je suis pas assez grand. Faut que j’obéisse, tu comprends », car il a beaucoup d’affection pour le vieil homme qui lui apprend la pêche.

Quand Santiago part à nouveau en mer, il se sent seul et vieux, et cette partie de pêche il le devine sera son grand coup ou bien sa fin. Un énorme espadon se prend à sa ligne, « Certains pesaient jusqu’à cinq cents kilos. (…) et le voilà accroché à la plus grosse pièce qu’il ait jamais trouvée. » Ragaillardi par cet heureux coup du sort, Santiago imagine le bénéfice qu’il va tirer de cette prise et la consolation morale de se savoir toujours le bon pêcheur que tous reconnaitront.

S’engage alors un combat héroïque, une de ces histoires de pêche au gros grandiose, comme on aime les conter dans les tavernes de tous les ports du monde. L’homme seul, arc-bouté au fond de son canot, tenant ses lignes, et le poisson gigantesque qui entraîne le tout vers le large. On ne peut s’éviter de penser au Moby Dick d’Herman Melville bien évidemment. Le vieux va en baver, car l’espadon va résister plusieurs jours, mais épuisé par ses efforts et attiré vers le bateau par le pêcheur, le poisson sera harponné et tué.

Le vieil homme semble récompensé de son acharnement et l’on espère que l’aventure est terminée pour lui, mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. « Une heure plus tard, le premier requin attaqua. » Dès lors, une course poursuite va s’engager entre l’homme riche de son gros butin filant vers la terre et les pillards à ailerons toutes dents dehors. « Le vieux compris que tout était fini. »

Si le bouquin venait de paraître, je tairais la fin, mais ce classique de la littérature est connu de tous et a fait l’objet d’un très beau film réalisé en 1958 par John Sturges avec Spencer Tracy dans le rôle du pêcheur.

J’ai dit classique et c’est vrai qu’il s’agit d’un livre immense. Plutôt mince en pagination, mais tellement riche en symboles et paraboles, la victoire dans la défaite, un thème cher à Hemingway. Si Santiago échoue complètement dans sa pêche, ne rapportant au port que la tête et l’arrête dorsale de l’espadon, ne pouvant donc rien en vendre sur le marché, en tant qu’homme il sort vainqueur de cette épreuve, par son colossal effort face à l’adversité, « Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu. » Ne jamais s’avouer défait, la grande leçon de ce livre.

Il faudrait aussi s’attarder sur le style, des mots simples au service de thèmes grandioses comme la dignité, le respect, la nature toute puissante etc. Cette excellente idée de l’écrivain, faire soliloquer le pêcheur seul en mer pour rendre plus vivant le récit dans ce genre de huis-clos au milieu de l’océan. Suivre l’évolution des pensées du vieil homme, d’abord il capture un poisson qui n’est sensé qu’être un revenu pour lui et de quoi nourrir de nombreux pauvres gens, avant de témoigner d’un grand respect pour cette bête et son combat qui la met à égalité avec l’homme, au point d’en conclure « Y a personne qui mérite de le manger, digne et courageux comme il est, ce poisson-là. »

Jacques-Fernand Cahen dans La Littérature américaine, résume ainsi le roman, « cette fable si savamment composée, si parfaitement écrite, si riche en profonds symboles et d’une si passionnante lecture qu’elle enthousiasme aussi bien les enfants que les esprits les plus blasés. »

On ne saurait mieux dire et si vous ne deviez emporter qu’un seul livre sur une île déserte, c’est bien celui-là !

 

« Un ouragan, cela se flaire de loin. Si l’on est en mer, on peut observer les signes dans le ciel plusieurs jours à l’avance. « Les gens de la terre ne comprennent rien au ciel, pensait le vieux ; ils le regardent pas comme il faut. Sans compter que les nuages ça n’a pas la même forme vus de la terre ferme. En tout cas, y a pas d’ouragan en route pour le quart d’heure. » 

 

 

Hemingway.jpgErnest Hemingway  Le Vieil homme et la mer  Folio