07/09/2020
Pierre Raufast : Le Cerbère blanc
Pierre Raufast est né à Marseille en 1973. Ingénieur diplômé de l’Ecole des Mines de Nancy, il vit et travaille à Clermont-Ferrand. Le Cerbère blanc est le dernier roman paru de l’auteur.
En province. Enfants de couples amis, Mathieu et Amandine sont nés le même jour, quasi jumeaux, grandis ensemble ils en viennent à s’aimer devenus adolescents. Un accident tragique prive Mathieu de ses parents et il s’en croit responsable, son monde s’écroule, profitant de ses études de médecine il monte à Paris à l’insu d’Amandine qui le ressent comme une trahison…
Un nouveau Pierre Raufast, fort de mes deux expériences passées (et chroniquées ici) je me la jouais pépère prévoyant un bon moment de lecture. Ca ne s’est pas passé comme je l’espérais et ce dès la première phrase du roman « Qu’il m’est difficile de choisir sans l’aide d’une femme aimante ». Ca vous semble peut-être anodin comme entame, pour moi ça en disais déjà beaucoup ou du moins j’en ai eu le mauvais pressentiment.
Je n’entre pas dans le détail de l’intrigue mais je peux dire néanmoins que dans le genre abracadabrant elle sort du lot. Soit, admettons, ce n’est pas obligatoirement un défaut. Venons-en au contenu, aux thèmes traités par l’écrivain : il est question des femmes, supérieures aux hommes et espoir d’une humanité mieux régie, mais le principal objet du texte traite de la mort (Mathieu sera un temps taxidermiste, moyen de prolonger la vie pour les animaux morts) et de ceux qui la refusent (le même deviendra gérant d’une clinique de chirurgie esthétique). C’est certainement le roman le plus profond écrit par l’auteur, ou voulu comme tel, ce qui le différencie de ses autres ouvrages.
J’ai dit que le détail de l’intrigue n’avait jamais été le point fort de l’écrivain et ce n’est pas obligatoirement un défaut, son atout, sa carte maîtresse, c’est le ton qui donne à son écriture un charme fou et souvent drôle. Or ici, rien de cela ! Il reste une écriture alerte, certes, mais pour distiller finalement une épouvantable bluette (« Et puis, un matin de mai, dans ma modeste chambre, elle devint ma déesse ») qui interroge, est-ce bien lui qui a écrit ce roman ou bien sa femme ? Je pose la question parce que je n’ai rien reconnu de l’auteur que je connaissais…
Si vous allez jusqu’au bout de ce livre, vous constaterez que tout le monde meurt (ou presque) mais votre plus grande inquiétude concernera l’écrivain : fait-il lui aussi partie des défunts ? A moins qu’il ne ressuscite plus beau et plus fort dans un prochain roman effaçant cette catastrophe industrielle…
PS : Vous devez penser que je me régale à écrire ces méchancetés, et c’est souvent vrai tant c’est si facile, aujourd’hui ce n’est pas le cas, j’ai énormément de peine.
« - C’est une légende comme une autre. Mais tu sais, les mythes sont dans toute chose, à nous de les découvrir. Ce cerbère blanc par exemple a un rôle bien défini. Sa première tête t’observe, la deuxième t’écoute et la troisième prononce ton jugement. Dans cet ordre. C’est la clef de la sagesse. – Pas comme celui d’Hadès ? – En effet. »
Pierre Raufast Le Cerbère blanc Stock – 283 pages –
07:00 Publié dans Français | Tags : pierre raufast | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |