06/11/2021
Pourquoi conserver les livres lus ?
Après le grand ménage fait dans ma bibliothèque, cette cure d’amaigrissement libérant des espaces sur mes étagères, une question m’est venue à l’esprit. Pourquoi avais-je conservé tous ces livres depuis tant d’années ? Cet entassement avait-il un sens ?
Nous ne parlerons ici que des romans. D’abord je dois avouer que je ne relis que très rarement des ouvrages déjà lus, l’attrait de la nouveauté ou tellement de livres que je n’ai jamais ouverts, ne m’en laissent pas le temps. Alors pourquoi cette sorte de pathologie consistant à empiler sans fin des bouquins ?
Plusieurs raisons peuvent être avancées en dehors du fait que tant qu’il y a de la place empilons, empilons :
Par mimétisme, la vue des belles bibliothèques pleines de livres dans les magazines, dans les universités ou tout autres lieux de culture me fascine. Je me régale de les voir en photos ou lors de reportages à la télévision. Je trouve cela très beau esthétiquement parlant et savoir que tant de connaissances sont accumulées sur ces étagères me rassurent. Me rassure de quoi, je ne sais pas et il va falloir que j’y réfléchisse pour un prochain billet (?), mais ça me fait du bien.
Une autre raison qui découle de la première, ça flattait mon ego, ma bibliothèque qui débordait d’ouvrages, me conférait en quelque sorte une parenté avec le petit monde des « intellectuels », un titre enviable à mes yeux. Vanitas vanitatum…
Cette manie n’est pas non plus étrangère avec l’esprit de collectionneur que j’ai longtemps entretenu : pièces de monnaie, timbres, boites de bière, disques etc., ne restaient plus aujourd’hui que les livres et un peu moins les disques (grâce aux nouvelles technologies). L’âge n’étant pas étranger à ce ménage consistant à ne retenir que l’essentiel, j’en suis bien conscient.
La grande découverte en fait, c’est d’avoir compris que les livres n’avaient pas que les qualités dont on les affuble régulièrement, belle écriture, bonne intrigue, fond intelligent etc. Tout cela est très important et nous incite à les conserver mais il existe un autre critère qui les surpasse tous, c’est le poids des souvenirs dont ils sont porteurs. Entre un très bon roman et un roman quelconque chargé d’une partie de ma vie, je conserve le second, sans hésitation. La charge émotionnelle associée à certains livres leur confère une valeur qui dépasse tout.
Je pense avoir recensé les principales raisons ayant guidé mon tri et je peux dire que désormais c’est terminé, il me reste encore un bon millier de livres et je ne garderai dans le futur que ceux des rares écrivains que je suis depuis longtemps ou des romans particulièrement exceptionnels, tous les autres partiront directement en boites à livres ou autres lieux de recyclage pour satisfaire d’autres lecteurs.
En écrivant cela un second secret se révèle, je réalise aussi que c’est un geste plus responsable, les livres sont faits pour être lus, les empiler chez moi les condamnaient à mon unique lecture, en les remettant en circulation, je leur offre une nouvelle vie et satisfais gratuitement un lecteur potentiel qui n’y aurait peut-être pas eu accès sans cela.
J’ai mis des années à entreprendre concrètement ce tri et cette purge de ma bibliothèque, ça m’a fait mal, maintenant c’est fait, la douleur est passée, je me sens l’esprit libre et serein.
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