18/06/2016
Célia Houdart : Gil
Célia Houdart, née en 1970 à Boulogne-Billancourt, est un auteur français. Après des études de lettres et de philosophie, et dix années dédiées à la mise en scène de théâtre expérimental, Célia Houdart se consacre à l'écriture. Elle est l'auteur de romans, d'un essai et de textes pour le théâtre, la danse et l'opéra. Depuis 2008, elle compose en duo avec Sébastien Roux des pièces diffusées in situ - parcours sonores et installations. Son roman, Gil, sorti l’an dernier vient d’être réédité en poche.
Gil, jeune homme épris de musique, prend des cours de piano. Puis c’est le Conservatoire à Paris jusqu’à ce qu’il se découvre un talent certain pour le chant. Petit à petit, de ce talent il va faire un métier, le ténor devient vedette internationale, représentations à Covent Garden à Londres, enregistrements discographiques au Japon.
Certains livres sont comme certaines gens, on les trouve sympathiques ou antipathiques dès les premiers instants, sans raison objective apparente. Ce fut le cas pour moi avec ce roman, d’emblée il m’a séduit sans que je sache trop bien pourquoi, même une fois refermé.
Roman initiatique, nous suivons le parcours guère semé d’embûches – il faut le reconnaitre -du jeune Gil issu d’une famille très modeste d’origine portugaise. Il y a le père, Jorge, qui travaille à la poste et la mère Lucile, placée en résidence psychiatrique. La progression musicale de Gil passera par l’enseignement de maîtres de plus en plus talentueux, de la professeure de piano de quartier aux cours du Conservatoire dont il sortira primé puis le changement d’orientation, abandonnant l’instrument pour se consacrer à l’art lyrique. De-ci, de-là, Gil se fait de rares ami(e)s, à voile ou à vapeur, avant de se fixer.
J’ai bien aimé ce bouquin, mais comme je l’ai déjà dit, je ne sais pas trop pourquoi. Essayons d’en lister les points positifs : il est très court et la lecture en est accélérée par le parti pris de chapitres de deux ou trois pages, faits de phrases très étriquées donnant du rythme. La minceur du texte n’interdit pas les surprises, des descriptions ou des points de détail inattendus, ou bien ces faux rebondissements vaguement inquiétants qui resteront sans suite (Quelqu’un qui tambourine à la porte de Gil en pleine nuit, est-ce rêvé ? Ce rassemblement de motards mutiques près du musée Guimet qui semblent fixer Gil ? Ce faux technicien non identifié qui modifie l’éclairage de scène de Gil, pourquoi ?) L’écriture est très fraiche et plaisante à lire et l’auteure connait bien le monde de la musique et de ses techniques. Le ton général est optimiste, le lecteur ne ressent pas les souffrances ou les sacrifices qu’impliquent ce métier, quant au personnage de la mère, il est traité de manière poétique ou nostalgique sans pleurnicheries.
Peut-être étais-je dans d’exceptionnelles bonnes conditions quand je l’ai lu, mais j’ai apprécié la fraicheur et la modestie de ce roman qui se lit d’une traite.
« Olivier n’en était pas revenu. Il s’était tourné vers Gil, très troublé, comme pour vérifier que c’était bien lui qui chantait. Gil d’ordinaire si réservé. Si blotti en lui-même. Qui parlait toujours bas. Que l’on faisait répéter tout le temps. (…) Gil, lui-même un peu surpris, alla au bout de la chanson qu’il savait par cœur, couplets et refrain. Il reconnaissait sa voix, son timbre et sa hauteur. Mais quelque chose en elle avait changé. Il ne savait pas dire quoi. (…) Gil passa la main dans ses cheveux avec un sourire vaguement gêné. Olivier presque choqué dut faire un effort pour se concentrer sur la route. Le chant de Gil constitua immédiatement pour eux deux un grand mystère. »
Célia Houdart Gil Folio - 207 pages –
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