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Rechercher : les marches de l'amérique

Le livre de leur vie

C’est un tweet des éditions Folio qui a attiré mon attention. L’éditeur posait cette question à ses followers « Quel livre a changé votre vie ? », une réflexion qu’on retrouve souvent dans les interviews d’écrivains. A chaque fois les réponses varient ce qui est logique mais à chaque fois aussi, elles donnent lieu à des développements pleins d’éloquence, de belles phrases riches de sens aptes à élever votre âme. C’est magnifique.

Et ça me laisse pantois !

Je lis, régulièrement, depuis soixante ans pour donner un chiffre rond. Une vie presque entière à ce stade, de lectures diverses et dans tous les genres possibles, liées à mes intérêts personnels ou aux modes intellectuelles des époques que j’ai traversées. Pour vous donner quelques exemples, j’ai lu Le Capital de Karl Marx ou le Petit Livre Rouge de Mao quand ils étaient brandis à la face du capitalisme et de ses nervis de la bourgeoisie ; je me suis plongé dans les écrits philosophiques ou des penseurs comme André Glucksmann, E.M. Cioran, Vladimir Jankélévitch, Roland Barthes et une floppée d’autres théoriciens chevronnés ; j’ai aussi eu la période à laquelle j’attache encore une grande tendresse, celle des philosophies orientales, le Yi-King, Lao Tseu, le bouddhisme et le taoïsme… ou dans une veine approchante, la Bible et autres écrits de gens d‘église(s), apocryphes ou non.

Toutes ces lectures venant en parallèle ou en complément parfois, des romans que je dévore depuis toujours. Tous les écrivains classiques que l’on découvre à l’école, les moins courus qu’on découvre ensuite et tous les contemporains de diverses nationalités, bulles éphémères ou pointures qui se confirment avec les années. J’estime donc être dans la tranche de population qui lit avec l’expérience donnée par les années de pratique assidue.

Or, figurez-vous, qu’après réflexion et pour en revenir à la question de Folio, je n’ai trouvé aucun livre sur lequel compter pour déclarer qu’il avait changé ma vie ! Certes, beaucoup m’ont ouvert des perspectives ou l’esprit, traçant des pistes de lectures pour d’autres, éveillant mon intérêt pour des projets annexes (les livres d’explorateurs ou de voyageurs par exemple). Mais de toutes ces lectures, aucun livre n’a changé ma vie.

Au mieux, pour tenter d’approcher le concept, je peux dire que les écrits de gens comme Jack Kerouac m’ont imprégné pour toujours ; grands espaces, sentiment de liberté, cheveux dans le vent blablabla. Des sensations engrangées au plus profond de moi mais jamais je n’ai envisagé sérieusement de suivre ces traces. Je garde juste « l’idée » enfouie dans un recoin de mon cerveau comme un trésor caché où parfois je me replonge mentalement pour me ressourcer, comme un Harpagon examinant sa cagnotte à l’abri des regards. Mais c’est tout. Il n’y a aucun livre ayant changé ma vie.

Suis-je seul au monde dans ce cas ? Et si c’est le cas, ai-je raté ma vie ? Mince, c’est vachement angoissant. C’est toujours le problème quand on se met à réfléchir…

 

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Alice Moine : La Femme de dos

alice moineNée à Toulon en 1971, Alice Moine abandonne ses études scientifiques et bifurque vers l’audiovisuel pour le plaisir de raconter des histoires. En 2007, elle suit l’Atelier Scénario de La Femis et participe à un marathon d’écriture au Festival des Scénaristes. Alice Moine vit à Paris avec son mari et ses deux filles. Son premier roman Faits d’hiver, paru en 2015, m’avait tapé dans l’œil et j’en disais alors le plus grand bien. Son second opus, La Femme de dos, vient de paraître.

« Jane est directrice de casting à Paris quand un producteur célèbre lui confie la recherche d’une « perle rare » pour le film La Femme de dos de Telo Ruedigger, un artiste dont les œuvres défraient la chronique. Au même moment, Jane est appelée dans le sud de la France au chevet de sa mère dans le coma. Vingt-huit ans auparavant, Les Vignettes, maison d’enfance de Jane, servait de décor au film Les Innocents d’André Téchiné. Jane découvrait le monde du cinéma et l’amour avec Tristan, photographe de plateau, disparu en ne laissant comme trace qu’une photo d’elle marchant de dos sur une digue. La similitude avec le style de Telo Ruedigger la trouble. Lors d’un repérage près de Toulon, elle croit reconnaître en Charline, jeune employée de péage d’autoroute, la « perle rare »… »

J’avais hâte de lire le nouveau roman d’Alice Moine et le début du bouquin confirmait tout le bien que je pensais de ce jeune écrivain. Des références culturelles modernes (cinéma, musique, littérature) ancrent le roman dans le réel auxquelles viennent se greffer de discrètes piques ou réflexions sur la société. L’écriture ne manque pas d’autorité, Alice Moine conduit son récit habilement, maniant l’action et une sorte de sfumato installe lentement une série de mystères (Jane conserve les traces physiques d’un accident ancien dont elle ne garde pas le souvenir ; ses relations avec sa mère sont tendues sans qu’on sache encore pourquoi ; pourquoi Tristan a-t-il disparu ? Et cette fille, prise de dos, sur la photo…)

A ce point de ma lecture, je déplorais bien des longueurs et une tendance à l’excès comme cette propension à vouloir nous faire savoir qu’elle connait bien le monde du cinéma, des castings, de la photo… Défauts habituels chez les jeunes auteurs qui veulent donner de l’épaisseur à leur intrigue. Donc rien de vraiment grave.

Et puis… je ne sais pas ce qui s’est passé, ni à quel moment exactement du récit c’est arrivé mais le récit a dérivé. Nous étions partis pour lire un livre élégant, jouant sur l’esthétique et le flou intelligent, je me suis retrouvé à lire une lamentable histoire sentimentale, simplette et pimentée de sordide. De la Chick Lit ! Si Alice Moine cherche à se faire remarquer des producteurs de téléfilms du samedi soir pour France3, elle a toutes les chances de voir son bouquin adapté pour la télé. J’admets que ce ne soit pas un déshonneur, juste une question de choix de carrière…

Grosse déception mais il est encore temps de redresser la barre dans un prochain livre, car honnêtement je pense qu’elle a le potentiel pour faire mieux. A suivre ?

 

« Les visuels se répondaient les uns aux autres, la découverte du suivant éclairant le précédent d’un jour nouveau. Une construction de juxtapositions fortes de leur pouvoir d’alliance narrative dans les plus pures règles du montage cinématographique où le lecteur cheminait au gré de sa propre interprétation. Toujours est-il que Jane fut d’emblée subjuguée par le pouvoir hypnotique de ces images. C’était en elles que résidait toute la force de Telo Ruedigger. Sa patte rendait son œuvre unique, et son récit, bien que perdu dans la cacophonie de millions d’autres, résonnait en chacun comme un souvenir personnel. »

 

alice moineAlice Moine  La Femme de dos  Serge Safran Editeur – 345 pages –

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10/03/2018 | Lien permanent

Erri De Luca : Le Plus et le moins

Erri De LucaErri De Luca, né Henry De Luca en 1950 à Naples, est un écrivain, poète et traducteur italien. Venu à la littérature « par accident » et un premier roman à la fin des années 80, son œuvre aujourd’hui quantitativement importante est faite de romans, essais, nouvelles, poésie, théâtre. Il a obtenu en 2002 le prix Femina étranger pour son livre Montedidio et le Prix européen de littérature en 2013 ainsi que le Prix Ulysse pour l'ensemble de son œuvre. Le Plus et le moins qui vient d’être réédité en poche, date de 2016. Il s’agit d’un recueil de 37 textes autobiographiques.

Que dire de ce court ouvrage fait de petits textes sans rapport les uns avec les autres, si ce n’est qu’ils correspondent au parcours de l’écrivain ? Un bouquin comme des antipasti dans lesquels on piochera avec gourmandise, sans obligatoirement suivre l’ordre de leur présentation, des chapitres qu’on relira avec plaisir, d’autres qu’on oubliera…

Les sujets abordés sont nombreux, les uns graves et les autres plus légers, de l’enfance à l’âge d’homme. Pêle-mêle, il y a Naples dont le nom seul évoque l’Italie et les Italiens mais c’est aussi la ville meurtrie par la Seconde guerre mondiale ; l’enfance de l’écrivain dont les meilleurs souvenirs sont liés à la nourriture « A table, devant le ragu accompagné de grosses pâtes, j’étais assis bien sagement, mais intérieurement j’étais à genoux devant mon assiette » ou bien « L’ail n’encourageait pas les baisers, mais ce n’était pas lui qui m’avait privé de noces. »

Erri De Luca c’est aussi une conscience politique forte, elle transparaît de ses années de travail de maçon sur les chantiers, dans son pays comme en France où il prend sa carte à la CGT, la fraternité entre travailleurs d’origines diverses ou quand il évoque la mort de journalistes assassinés « au cours d’un automne de ces maudites années quatre-vingt ».

Mais ce sont aussi des pages sur la littérature et les écrivains comme Giacomo Leopardi mort à Naples en 1837. On s’étonne aussi de ses lectures de la Bible, lui qui se dit non croyant sans pour autant être athée. Je pourrais citer des dizaines d’autres points tous aussi divers les uns que les autres.

C’est fort bien écrit, les chapitres extrêmement courts, bref sans être mémorable voici une lecture bien agréable quand même.

 

« S’ils avaient été des armes accrochées au mur, je serais devenu un chasseur, mais c’étaient des livres, empilés jusqu’au plafond. Ils étaient autour de moi et tout contre moi. J’ai été un enfant, puis un jeune garçon à l’intérieur d’une chambre en papier. Mon père les achetait par kilos, ils étaient son ailleurs, la distance entre lui et les tomates et les fruits au sirop, produits de son travail. Il rentrait le soir, se mettait dans un fauteuil, étendu sous un livre. Ainsi, il se trouvait en plein air. Ce geste quotidien, notre silence à nous ses enfants pour le laisser à la meilleure partie de son temps, les fenêtres fermées même en été, pour ne rien écouter d’autre que les pages : ce geste-là m’a mis sur la route. »

 

Erri De LucaErri De Luca  Le Plus et le moins  Folio – 189 pages –

Traduit de l’italien par Danièle Valin

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Notes de lectures

On peut lire pour le plaisir uniquement, ça n’empêche pas de le faire sérieusement. Et quand en plus, on tient un blog pour commenter ses lectures, le sérieux s’apparente au devoir.

C’est pourquoi chaque entame d’un nouveau bouquin s’accompagne chez moi, d’un rituel toujours respecté. Outre mon marque-page préféré et obligatoire pour n’avoir pas à corner les pages lors des interruptions ou pauses nécessaires, j’ai toujours à portée de main, un stylomine et une feuille de papier. Plus précisément, le quart d’une feuille A4.

J’y note (et souligne) les noms des personnages principaux ainsi que des informations sur eux pouvant s’avérer importantes comme liens de parenté ou détails physiques et psychologiques. Puis au fil de ma lecture s’ajoutent des éléments de l’intrigue et des faits qui me paraissent notables à cet instant de ma progression dans la narration. J’ajoute le numéro de la page en regard, au cas où j’aurais besoin d’y revenir ensuite. Je peux aussi repérer des mots rares, des livres cités qu’y méritent d’être lus un jour, des informations qui doivent d’être vérifiées… du boulot pour plus tard !

Bien entendu il ne faut pas tout noter ! C’est là que réside le complexe de l’affaire, à savoir, tenter de deviner ce qui sera important plus loin dans le récit et éliminer ce qui ne le sera pas. Parfois j’ai des surprises. Trop de notes et l’intérêt s’émousse. A ce point de la méthodologie que j’ai adoptée, se pose une question qui n’est pas sans intérêt : la prise de notes ne permet pas de s’immerger complètement dans la lecture, elle interdit le laisser-aller ou la soumission totale au texte voulu par l’auteur. C’est vrai, mais comme – par nature – je ne suis pas du genre à lâcher prise et ne rien contrôler, ce n’est ni un handicap ni une contrariété pour moi. Chacun se fera sa religion.

Quand je croise une phrase qui pourrait être une citation mémorable, j’en inscris la référence de page en bas de ma feuille de papier, dans une zone que je nomme « Citations » : elle me servira plus tard pour compléter mon billet sur ma page Facebook et mon fil Tweeter. De même, un passage du roman sensé être représentatif à mes yeux est repéré sur ma feuille dans la zone appelée « Extraits ». Quand j’aurai terminé de rédiger mon billet, je choisirai l’un de ces extraits pour finaliser mon texte.

Ces feuillets sont conservés dans mes livres et permettent longtemps après de m’en remémorer plus facilement leur contenu. Par contre, ces notes soigneusement renseignées durant ma lecture ne sont pas toujours exploitées lors de la rédaction de ma critique : tous les cas sont possibles, je peux les suivre scrupuleusement, les ignorer totalement ou bien encore, y piocher des idées ou des informations aidant à la rédaction de mon billet. Ici, point de règle absolue.

Comme vous pouvez le constater, Le Bouquineur ne vous cache rien de sa petite cuisine.

 

 

Exemple de notes de lectures : pour le roman de Nathan Hill (Les Fantômes du vieux pays)

 

nathan hill

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Guy de Maupassant : Le Horla

guy de maupassant, Guy de Maupassant (1850-1893) est un écrivain célèbre et journaliste littéraire français. Maupassant a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une vie (1883), Bel-Ami (1885) et surtout par ses nouvelles comme Boule de Suif (1880), Les Contes de la bécasse (1883). La carrière littéraire de Maupassant se limite à une décennie, entre 1880 et 1890, avant qu’il ne sombre peu à peu dans la folie et ne meure peu avant l'âge de 43 ans.

Ces dernières semaines, le hasard certainement, j’ai vu mentionné comme référence Le Horla dans plusieurs articles ou dans des romans, un signe fort m’incitant à relire cette nouvelle. Il en existe deux versions, la première (1886) fait huit pages, la deuxième et définitive qui est toujours citée (1887) s’étend sur vingt-cinq pages. Cette nouvelle est célèbre car considérée comme le chef d’œuvre du conteur et sommet du récit fantastique. Ajoutons que cette histoire de folie trouve un puissant écho avec la fin tragique de l’écrivain.

Dans la première version, un médecin patron d’un asile d’aliénés, invite des collègues à écouter le récit délirant d’un de ses patients, tandis que dans la version définitive, le malheureux narrateur tient son journal et y note jour après jour l’évolution de sa pathologie.

Le héros habite une belle maison en bord de Seine près de Rouen avec ses domestiques. Il commence par se sentir bizarre, puis il a la sensation de ne plus être seul dans sa chambre. La nuit il fait des cauchemars, quelque chose rampe sur lui « sa bouche sur la mienne, buvait ma vie entre mes lèvres (…) puis il s’est levé, repu, et moi je me suis réveillé ». Folie, réalité, au matin sa carafe d’eau est vide alors qu’il est certain de ne pas avoir bu durant la nuit. Le malheureux ne sait plus, il tente des expériences, ferme sa chambre à clef, pose sur sa table de chevet une carafe d’eau enveloppée d’un linge blanc et se passe au noir les mains avant de s’endormir, au réveil la carafe est vide mais le linge parfaitement blanc !

Effrayé au possible, ne sachant plus que faire et comment vivre, le damné tente ce qu’il pense la manœuvre ultime, une dramatique initiative qui ne prouvera rien puisque la chose/l’être est invisible, une conclusion en découle, s’il ne peut la tuer elle…

La nouvelle est excellente, c’est acquis depuis longtemps. Elle est aussi intéressante puisque Maupassant est mort fou (troubles psychiatriques, symptômes neurologiques de la syphilis) et dans son texte il évoque la science de son époque, hypnose et autres pratiques en vogue alors. La montée en puissance de la pathologie touchant son héros passant par la paranoïa et les hallucinations crée une angoisse qui monte aussi crescendo chez le lecteur, car l’homme est-il vraiment fou ou bien est-il possédé par un Être nouvellement arrivé sur Terre chargé de détruire l’humanité ?

Une lecture impérative.

 

 

« Ils ont joué avec cette arme du Seigneur nouveau, la domination d’un mystérieux vouloir sur l’âme humaine devenue esclave. Ils ont appelé magnétisme, hypnotisme, suggestion… que sais-je ? Je les ai vus s’amuser comme des enfants imprudents avec cette horrible puissance ! Malheur à nous ! Malheur à l’homme ! Il est venu le… le… comment se nomme-t-il… le…oui… il crie… J’écoute… je ne peux pas… répète… le… Horla… J’ai entendu… le Horla… c’est lui… le Horla… il est venu !... »

 

 

guy de maupassant, Guy de Maupassant   Le Horla   Gallimard La Pléiade Contes et nouvelles Tome 2

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Iain Levinson : Ils savent tout de vous

iain levisonIain Levison, né en 1963 à Aberdeen en Ecosse, est un écrivain américain. Après le départ de son père pour les Etats-Unis, il a vécu avec sa mère célibataire dans un quartier pauvre de la ville. En 1971 la famille se réconcilie et s'installe à Merion, une banlieue aisée de Philadelphie. Après avoir enseigné en Chine de 2010 à 2015, il vit actuellement en Grande-Bretagne. Ils savent tout de vous date de 2015.

Jared Snowe était un modeste policier du Michigan jusqu’à ce qu’il se découvre un don pour lire la pensée des gens. De son côté dans un autre état, Denny Brooks prisonnier condamné à mort pour avoir tué un flic, attendait sa dernière heure tout en profitant de ce même don pour gagner au poker avec ses codétenus. Jusqu’au jour où Terry Dyer, agente d’une branche obscure du FBI vient le sortir de sa geôle, en échange, il doit remplir une mission à l’ONU, à New York, consistant à lire les pensées d’un dirigeant étranger. Bien entendu, le plan foire, Denny s’évade et Dyer embauche Snowe pour le retrouver…

Quand deux télépathes se rencontrent que se racontent-ils sans échanger un mot ? C’est ce que vous découvrirez en lisant ce très sympathique roman, genre polar.   

Globalement il y est question d’expérimentation neurologique top secrète, d’un étrange tatouage commun à tous les impliqués à leur insu et d’une course poursuite pour effacer les traces vivantes de ces bricolages de cerveau… L’intrigue est menée à un bon rythme, le ton est sympathique sans se prendre la tête ni chercher à être trop sérieux. Ordinateurs, GPS et autres technologies de surveillance de haut niveau sont en surchauffe, un peu comme dans ces séries TV américaines comme Le Caméléon ou NCIS ; d’un clic sur le clavier, vingt fenêtres s’ouvrent illico et vous donnent un millier d’informations sur un suspect !

Sur des bases technologiques de surveillance tous azimuts réelles, Iain Levison réussit un gentil roman très plaisant à lire comme d’habitude, sans grande portée, mais vraiment très chouette.

 

« Quel qu’ait été leur métier avant qu’ils se fassent repérer, ils évoluaient et finissaient par contester l’autorité. Même le plus docile et le moins imaginatif commençait à poser des questions. Pourquoi les riches sont riches, pourquoi les puissants commandent ? Quelque chose dans le don de lire les pensées des autres les faisait remettre en question les structures sociales mêmes qu’ils avaient toujours considérées comme allant de soi. »

 

iain levisonIain Levinson   Ils savent tout de vous   Liana Levi   - 232 pages -       

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fanchita Gonzalez Battle

 

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Le livre en odeur de sainteté

Je suis certain que beaucoup d’entre vous tout comme moi, ont déjà eu cette envie folle qu’on ne réalise que lorsque nous sommes à l’abri du regard des autres, plonger son nez au plus profond du sillon entre les pages d’un livre, pour en humer la délicieuse odeur. Car oui, les livres ont une odeur, du moins certains d’entre eux.

De mon expérience et armé de mon seul tarin qui n’a rien d’exceptionnel, je crois pouvoir dire qu’il y a deux sortes d’odeurs, celle des livres neufs et celle des vieux livres. Un tarbouif plus exercé y dénichera peut-être des nuances qui m’échappent, je me contenterai de mes deux options.

Le livre neuf il sent le neuf ! Lapalissade mais qui exprime bien ce qu’on ressent quand on ouvre l’ouvrage. Nulle main ne l’a touché avant nous, peut-être même que les pages craquent d’être écartées et déflorées même si on s’y prend avec la plus extrême délicatesse. J’écarte les feuillets à deux mains et lentement je plonge mon nez dans ce fumet promesse d’une découverte, à chaque fois renouvelée, une nouvelle aventure sensuelle, une nouvelle lecture. Vite, je referme le livre, le temps que mes fosses nasales et mes poumons se grisent de ce parfum entêtant. Et puis j’y retourne… Désormais ce livre est à moi, il m’a livré son intimité embaumée, nous allons pouvoir faire connaissance plus pleinement par la conversation entre l’auteur et son lecteur.

Le livre neuf ne sent pas toujours bon, certains ne sentent rien du tout mais entre les deux, je préfère encore le premier. Au moins a-t-il sa particularité, sa caractéristique. Si sa lecture m’a plu, j’oublierai son relent ; et s’il m’a déplu, sa puanteur ajoutera à mon agacement, « nul et puant, une lecture à éviter ! »

Reconnaissons néanmoins que le livre neuf, quand il sent, dégage une odeur chimique. Celle du mélange complexe des substances résultant de l’impression du livre, de la création de sa jaquette et des colles servant à l’assemblage. Toutes choses qui ne m’intéressent pas trop mais qui ont attiré le monde de la parfumerie puisque j’ai découvert qu’on vendait des parfums « aux eaux de bookstores » !

Et que dire de l’odeur des vieux livres ! Par définition, le vieux livre a vécu, il a un passé et de toutes ses années, ses passages de mains en mains, les épreuves qu’il a peut-être subies, le temps l’a marqué d’odeurs diverses et variées. La poussière, la saleté, les taches alimentaires éventuellement, comme le café ou le chocolat, d’autres moins ragoutantes (sang…) l’ont souillé. La moisissure, le papier vieilli qui se flétrit lui donnent une certaine noblesse. Celui-là on le respire avec respect, on y recherche l’impossible, découvrir/décrypter son histoire par l’odorat. On imagine, on suppute, on joint nos hypothèses à nos propres souvenirs, d’un livre inconnu aux odeurs incertaines on fait une madeleine de Proust espérant que le fumet nous livre ses secrets. Autant dire que les vieilles librairies de province, les vide-greniers, sont mes cuisines préférées, là où mon flaire me guide pour mes emplettes.

Jeunes gens, faites profiter vos narines de l’odeur des vieux livres de vos grands-parents ou parents, plus tard quand vous-mêmes serez vieux, les vieux livres de votre jeunesse ne sentiront pas la même chose, car les procédés de fabrication n’étant pas les mêmes, les effluves différeront.

 

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Les fameux classiques de la littérature

C’est le billet lu sur un blog que je fréquente régulièrement (elle se reconnaitra, j’en suis certain) qui m’a donné l’idée de ce petit article. Tout le monde connait les grands classiques de la littérature mondiale, plein de bouquins d’Alexandre Dumas, des Jules Verne, des ceci, des cela. Mais qui les a réellement lus ?

La question peut sembler étrange mais pourtant elle se pose !

Je vais prendre mon cas, puisque c’est celui que je connais le mieux et que mon âge avancé va contribuer à alimenter la réflexion. Gamin, j’ai dévoré les Dumas (Le Comte de Monte-Cristo, la trilogie des Mousquetaires etc.) mais dans des collections pour enfant, la Bibliothèque Verte. Sont venus s’ajouter à cette lecture, films, bandes dessinées et dessins animés tirés de ces mêmes textes. Avais-je réellement lu ces classiques ? La réponse est non !

Non, parce que jamais dans mes approches je n’avais eu en main le texte intégral et complet de ces chef-d’œuvre et que dans ces conditions je ne pouvais affirmer les avoir lus. J’en avais une bonne idée, certes, mais c’est tout. Lire un résumé de livre ne peut être assimilé à la lecture. Ce n’est que bien plus tard que je les ai relus dans leur version complète, souvent dans La Pléiade.

Et c’est là où je veux en venir, l’étiquette « classique » de la littérature est un piège. Piège innocent, mais piège quand même. Cette étiquette sous-entend que tout le monde a lu ces livres, les titres de ces romans sont maintes et maintes fois cités en référence, ils font le sujet d’adaptions visuelles etc. Bref, ils entrent dans notre imaginaire collectif insidieusement et au final, sans que l’on s’en rende compte, croyant les connaitre (par la bande) on finit par se persuader qu’on les a lus !

Et l’âge augmentant, on ne sait plus très bien ce qu’il en est, toutes les versions « collatérales » se mêlent dans nos souvenirs. Quant aux plus jeunes, si l’école n’a pas su les motiver à ces lectures, les masses de publications plus récentes leur semblent plus attrayantes et ça se comprend aisément.

Alors « classiques » oui, mais pour qui ? Et pour combien de temps encore ?

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Le lecteur personnage de roman

Avec les livres on peut voyager à travers le monde entier ou plus simplement sillonner la France, avec les livres on va partout. Or, partout, ce sont aussi des lieux que l’on connait très bien, alors quand un roman se déroule dans un de ces endroits, il prend une place particulière dans notre imaginaire. J’en ai fait l’expérience plusieurs fois, constatant que même si le livre n’était pas extraordinaire, le simple fait qu’il se passe dans des lieux familiers m’interdisait d’être trop critique avec lui car sa lecture avait réveillé en moi des souvenirs très chers.

Quand je parle de lieux que l’on connait bien, je pense surtout aux lieux que l’on a fréquentés très jeune. Dans mon cas, ma jeunesse remontant loin, ce sont quasiment des souvenirs d’une autre époque, une vraie préhistoire si on la compare à nos jours présents. Lieux bien connus, donc ville ou quartier où l’on a vécu, éventuellement passé des vacances mémorables ; des endroits dont la géographie est restée gravée dans notre esprit, plan de la ville, rues du quartier, monuments et commerçants, tous ces éléments créant une urbanité ou une ruralité topographique.

Plus le lieu servant de décor au roman est ancien dans notre mémoire, plus la lecture du roman prend de l’intérêt, car comme vous le savez aussi bien que moi, la mémoire nous joue des tours. Dans mes souvenirs d’enfant, les surfaces des lieux que j’ai connus, sont beaucoup plus grandes que dans la réalité : il y a quelques années j’étais retourné voir l’immeuble parisien où j’ai vécu jusqu’à l’âge de dix ans, ma plus grande surprise a été de constater que la cour de l’immeuble où je jouais avec ma voiture à pédales puis avec mon vélo à quatre roues, était minuscule. Dans mon souvenir elle était assez spacieuse pour que j’y démène mes petites gambettes !

Un roman se passant dans un de nos lieux de mémoire, marie les droits accordés à la fiction à l’écrivain pour en faire ce qu’il veut et l’époque qu’il a choisie pour y mettre son intrigue, avec nos souvenirs qui eux-mêmes ne sont qu’une réalité arrangée, notre mémoire sélective liée à notre vision du monde étant encore enfant s’étant créée un décor proche de la réalité « vraie » mais pas tout à fait réelle.

Revenir par la lecture, aujourd’hui avec nos yeux d’adulte et nos souvenirs d’enfant dans ces lieux décrits dans un roman devient un voyage initiatique d’un nouveau genre. Un retour dans le passé mêlera selon les cas, des souvenirs heureux ou tristes, mais toujours inventera une histoire en parallèle de celle que nous lisons. Comme je l’ai dit précédemment, le bouquin modeste prend ainsi une épaisseur inattendue qui doit peu à l’écrivain mais presque tout à notre imaginaire.

Le lecteur n’est plus un simple lecteur, il devient un personnage du roman, acteur muet, figurant, mais témoin privilégié, il suit le héros du roman comme son ombre, s’étonne peut-être quand le lieu ne ressemble pas à son souvenir ou s’agace de ne pas y voir ce qu’il attendait, mais retrouve le sourire quand au contraire il « voit » cet endroit où il a connu telle ou telle joie.

Finalement, lire ce type de romans s’avère une lecture très spéciale et très personnelle.

 

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Parlons de la nouvelle

La littérature offre plusieurs genres, romans classiques, polars, SF etc. mais se présente aussi sous différentes formes, dont une est la « nouvelle ». La nouvelle est un texte assez court avec peu de protagonistes et dont l’intrigue va rapidement au fait, souvent la fin surprend et laisse le lecteur bouche bée. Si ce n’est pas toujours le cas, disons que c’est ainsi que je les aime !

Par contre, ne jamais confondre roman et nouvelle, ces deux approches sont complètement différentes l’une de l’autre et il ne faut pas s’imaginer que le format court serait plus simple à écrire qu’un roman. C’est presque l’inverse, la concision demandant beaucoup plus de talent que le bavardage. La subtilité est un art à part.

La nouvelle étant d’un format court, elle est incluse dans un recueil en comportant un certain nombre. Merci Le Bouquineur pour cette précision ! Nous avons donc un livre unique avec plusieurs histoires différentes qui parfois sont reliées par un mince fil rouge mais ce n’est pas le cas le plus fréquent. Se pose alors la question, comment lire ce type d’ouvrage ?

Deux possibilités, soit on lit le bouquin d’une traite, enchainant les nouvelles comme on le ferait des chapitres d’un roman, soit on s’accorde une pause, un temps de « digestion » entre chacune.

Une fois de plus, il n’y a pas de règle absolue, ça dépend des cas. Si les nouvelles sont complexes ou émotionnellement très fortes, un temps de réflexion entre chaque est souhaitable pour appréhender au mieux ce que l’on vient de lire, remettre le compteur à zéro et repartir d’un bon pied vers la nouvelle suivante. Inversement, il y en a qui sont tellement amusantes ou passionnantes qu’on a hâte d’aller à la suivante pour s’extasier devant le talent de l’écrivain et s’émerveiller devant son imagination etc.

 

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