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15/02/2014

Philip Kerr : La Mort, entre autres

Philip KerrPhilip Kerr, né en 1956 à Edimbourg (Écosse), est un auteur britannique de romans policiers et de littérature d'enfance et de jeunesse. Il étudie à l'Université de Birmingham, puis travaille un temps comme rédacteur publicitaire pour l'agence Saatchi and Saatchi avant de devenir journaliste indépendant puis écrivain de romans policiers en 1989. Le succès de La Trilogie berlinoise, ayant pour héros Bernhard Gunther, un enquêteur privé dont les aventures ont pour cadre l'Allemagne nazie, le pousse à se consacrer à l'écriture à temps plein.

Le roman, La Mort, entre autres, est paru en 2009 et met en scène son héros récurrent, Bernhard Gunther proche de la cinquantaine, entre Munich, Vienne et Garmisch-Partenkirchen. Après le décès de sa femme Gunther décide de reprendre son boulot de détective. Les affaires démarrent assez vite, principalement des recherches de personnes, souvent nécessaires en cette période d'après-guerre. Du très banal pour notre détective, jusqu’à ce qu’une belle et mystérieuse cliente, Britta Warzok, le charge de s'informer si son mari, Friedrich Warzok, est toujours vivant ou non, car, catholique très pratiquante, elle désire se remarier et ne peut pas le faire si elle est toujours officiellement mariée…

Difficile pour les auteurs de polars de se dégotter une niche originale pour y placer leurs intrigues. Certains font dans l’exotisme, pays pas trop connus, d’autres dans l’histoire des siècles passés, chacun son astuce, Philip Kerr lui a choisi la fin de la Seconde Guerre Mondiale, mais surtout un héros ayant un passé récent de SS ! Il fallait oser, mais bien entendu Gunther avoue « Je haïssais cette manière que j’avais eue de me rendre complice de leur génocide. » Nous avons donc un détective pas très net, dans un univers offrant des perspectives narratives inouïes puisqu’on y croise des nazis en fuite, des commandos juifs se faisant justice, des réseaux gérés par l’Eglise pour favoriser l’exfiltration vers l’Amérique du Sud d’anciens tortionnaires, des médecins pratiquant des expériences médicales dans les camps de concentration, des forces armées américaines, russes, anglaises et françaises se répartissant les tâches dans un pays vaincu etc.

Le roman intègre une intrigue – pas réellement extraordinaire quand on la met à plat – au milieu de références historiques avérées et complexes, parfois un peu trop envahissantes à mon goût, surtout que Kerr ne mégotte pas sur les détails. Le récit s’émaille aussi de faits qui paraissent sans rapport avec notre histoire mais l’auteur trouvera le moyen de tout relier avant le mot « fin », au prix parfois d’invraisemblances (découverte du dossier médical de sa mère) ou de coups de pot avantageux pour son héros (le révolver planqué dans la salle de bains). Et puisqu’on parle de la fin, le lecteur reste sur la sienne quand le roman s’achève car elle n’est pas très réussie.

Et puis malgré tout cela, j’en redemande ! Je suis prêt à m’attaquer à d’autres ouvrages de l’écrivain car le bouquin est très agréable à lire et son Gunther est trop proche, par certains côtés - comme son intérêt pour les jolies femmes - du Philip Marlowe de Raymond Chandler ce que Philip Kerr sait bien rendre en utilisant le style et l’humour rentré de l’américain, « Elle portait une robe rouge moulante et on concevait aisément pourquoi elle avait passé autant de temps au confessionnal. »

 

« Le travail du détective, c’est un peu comme entrer dans une salle de cinéma quand la projection a déjà commencé. Vous ne savez pas ce qui s’est déjà passé, vous essayez de vous repérer dans le noir et, inévitablement, vous marchez sur les pieds d’un spectateur ou vous l’empêchez de voir. Parfois, les gens vous injurient, mais en règle générale ils se contentent de soupirer ou de vous inviter bruyamment à faire silence, remuent les jambes, déplacent leurs manteaux et s’arrangent ensuite pour faire mine de vous ignorer. Poser des questions à la personne assise à côté de vous peut entraîner toutes sortes de conséquences, allant du récit complet de l’intrigue et du générique à la tape sur la bouche, d’un revers de programme roulé en tube. Bref, vous achetez votre billet, et vous tentez votre chance. »  

 

Philip KerrPhilip Kerr  La Mort, entre autres  Editions du Masque – 406 pages –

 

La chronique de Bernard Poirette sur RTL le 2 mai 2009 c’est ici et maintenant.

08:18 Publié dans POLARS | Tags : philip kerr | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

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