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29/09/2017

Guillermo Arriaga : Le Bison de la nuit

Guillermo ArriagaGuillermo Arriaga Jordán, né en 1958 à Mexico, est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur mexicain pour le cinéma, ainsi qu'un écrivain de roman noir. En 2005, il remporte le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes pour « Trois enterrements » film de Tommy Lee Jones. Diplômé d'une licence en sciences de la communication et d'une maîtrise d'histoire de l'université ibéro-américaine, il fut un temps professeur dans cet université puis à l'Institut de technologie et d'études supérieures de Monterrey. En tant qu’écrivain il est l’auteur d’un recueil de nouvelles et de trois romans, dont Le Bison de la nuit (1999) qui vient d’être réédité.

Mexico. Âgé de vingt-trois ans, Gregorio vient de se suicider après divers séjours en hôpital psychiatrique. Pour son ami Manuel, le narrateur, c’est le choc, d’autant que peu de temps plus tard, il va recevoir de mystérieux courriers du défunt ! Entre le déjà mort et le toujours vivant, Tania leur amie commune joue un jeu trouble…

Si le roman est bon je ne vous tairai pas que j’ai passé mon temps de lecture à fulminer ou ronchonner contre ses protagonistes tant ils m’exaspéraient. Il faut dire que ce Manuel est aussi sympathique que l’homme en photo sur la couverture du livre… Un petit macho égoïste qui se sert des uns et des autres sans leur demander leur avis (« - Tu n’aimes pas qu’on t’emmerde, hein ? Mais toi tu t’y entends pour emmerder les autres, espèce d’enfoiré ! ») et lui, comme les autres personnages du roman, agissent sans qu’on comprenne bien leurs motivations. Jamais très intelligemment selon mon point de vue – mais cette perception des choses s’explique peut-être par mon âge me rendant moins tolérant.

L’ambiance générale du bouquin est donc assez mystérieuse, Gregorio bien que décédé semble toujours aussi présent et malveillant que de son vivant ("- Il trame encore quelque chose, j’en suis sûre. Gregorio n’est pas du genre à partir comme ça. (…) – N’oublie pas qu’il est le roi Midas de la destruction, rétorqua-t-elle. »), influençant les agissements de Manuel et Tania ; ces deux-là ayant un passé compliqué, elle était la maîtresse de l’un et l’autre dans un double-jeu amoureux complexe, ce qui de son côté, mettait mal à l’aise Manuel vis-à-vis de son soi-disant frère de sang. L’évocation du passé récent de Gregorio et sa démence hallucinatoire ajoutent une touche angoissante au livre surtout qu’elle paraît déteindre lentement sur Manuel. J’ajouterai que l’écrivain ne mégotte pas sur les scènes de sexe, assez crues, pour renforcer l’angle cavaleur de Manuel qui fait feu de tout bois, tout en n’étant amoureux que de Tania – à sa manière à lui.

Ecriture nerveuse, phrases courtes, le lecteur tourne les pages fasciné par cette aventure pleine de folie, d’amour et de sexe avec au fond une réflexion sur l’amitié.

 

« A son initiative, nous nous étions fait tatouer la silhouette d’un bison américain sur le bras gauche. Gregorio avait exigé que nous soyons tatoués avec les mêmes aiguilles, afin que l’encre se mêle du sang de chacun. Au début je n’avais prêté aucune importance à ce tatouage, mais au bout de quelques mois ce bison me devint un symbole de plus en plus intolérable. Regarder mon bras gauche me rendait furieux : j’étais de nouveau tombé dans un de ces pièges ourdis par Gregorio dans ses frénétiques jeux obsessionnels. Le tatouage impliquait un pacte de loyauté aveugle entre nous deux. Mais comment parler de loyauté alors qu’à cette époque je couchais tous les jours avec Tania ? Et quelle loyauté pouvais-je jurer à un type qui passait la majeure partie de l’année enfermé dans des établissements psychiatriques ? Quelle loyauté ? Bordel ! »

 

 

Guillermo ArriagaGuillermo Arriaga  Le Bison de la nuit  Libretto – 259 pages –

Traduit de l’espagnol (Mexique) par François Gaudry