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31/01/2019

Amos Oz : Vie et mort en quatre rimes

amos ozConnu sous son pseudonyme d’Amos Oz (« force » en hébreu) Amos Klausner, né à Jérusalem en 1939 et mort le 28 décembre 2018 à Tel-Aviv, est un poète, romancier et essayiste israélien. Professeur de littérature à l'université Ben Gourion de Beer-Sheva, Amos Oz était le cofondateur du mouvement La Paix maintenant et un fervent partisan de la solution d'un double Etat au conflit israélo-palestinien. Son œuvre compte plusieurs recueils de nouvelles, des essais et une petite vingtaine de romans. Vie et mort en quatre rimes date de 2008.

Un écrivain connu est convié à une soirée donnée en son honneur dans un centre culturel. Très vite il s’ennuie, las de ces réunions où l’on discute de son œuvre et où il doit répondre aux questions du public sur son dernier roman. Cette routine promotionnelle laisse le champ libre à son imagination… 

Quel astucieux petit roman ! Le héros du livre, écrivain célèbre mais anonyme pour nous lecteurs, va tromper son ennui en imaginant des vies fictives aux spectateurs venus l’interroger ou le voir par simple curiosité. De telle ou tel, Amos Oz, oups ! pardon, l’écrivain célèbre héros du roman, va dresser d’improbables portraits plus ou moins farfelus ou drôles et les placer dans des situations ne l’étant pas moins le plus souvent. Vous l’aurez compris, nous sommes au cœur de la création littéraire. Quasiment en direct grâce à un tour de passe-passe de ce magicien d’Oz. Amos Oz l’écrivain réel a créé un écrivain sans nom qui lui-même créé les personnages d’un éventuel roman à écrire…

Du coup tout se mêle, la réalité (néanmoins fictive puisque nous sommes dans un roman !) de la réunion culturelle et les histoires nées de l’imagination de l’écrivain sans nom. Par exemple, Rochale Reznik, comédienne chargée de lire des extraits du roman de l’écrivain lors de cette soirée, va devenir un personnage central du bouquin que nous lisons (Et de Rochale devenir Rachel) par le biais d’une aventure sentimentale/sexuelle entre elle et l’écrivain. Un coup d’une soirée dont on ne saura jamais vraiment s’il a bien existé ou s’il est sorti de l’imagination de chacun des deux protagonistes par ailleurs hésitants et timides ; en tout cas, une dizaine de pages d’une très grande qualité littéraire où la scène de sexe nous est livrée d’une écriture délicate toute de tendresse et de drôlerie mêlée. Du grand art.    

Avec ce roman Amos Oz s’interroge sur le rôle ou le but de l’écrivain et de l’écriture : « Qu’est-ce qui te pousse à écrire ? Et pourquoi de cette manière ? (…) Quel rôle joue tes récits, si rôle il y a ? » Questions qui resteront sans réponses précises mais qu’importe puisque le lecteur aura passé un bon moment à jubiler in petto.

 

« On dit que, dans sa vie privée, c’est un homme simple, humainement parlant, quelqu’un d’ordinaire comme vous et moi, et voyez les histoires alambiquées qu’il invente. Il a sûrement eu une enfance difficile. Ce serait intéressant de connaître sa vie de couple. En tout cas, d’après ses livres, ça ne doit pas être rose tous les jours. Il est divorcé ? Non ! Deux fois ? Pas étonnant quand on lit ses bouquins : il n’y a pas de fumée sans feu. En tout cas, il ne ressemble pas à ses photos. Il a pris un coup de vieux, le bonhomme. Quel âge peut-il avoir ? Dans les quarante-cinq, non ? Au maximum. Vous savez quoi, j’étais sûre et certaine qu’il était beaucoup plus grand. »

 

 

amos ozAmos Oz   Vie et mort en quatre rimes   Gallimard – 132 pages –

Traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen

07:36 Publié dans Etrangers | Tags : amos oz | Lien permanent | Commentaires (8) |  Facebook |