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28/11/2015

Romans et adaptations pour le cinéma

La discussion allait bon train, nous parlions de choses et d’autres entre amis quand j’ai évoqué un roman. C’est à ce moment qu’une voix s’est écriée « Ah ! Oui ! J’ai vu le film ! » Le genre de réflexion qui me crispe particulièrement car émanant le plus souvent (toujours ?) de gens qui ne lisent pas mais qui ont une connaissance des livres par le biais de leur adaptation cinématographique et qui pensent compenser ainsi.

Alors je pose d’emblée la question : quel rapport entre un roman et le film qui en est tiré ? La réponse est fournie dans la foulée : Aucun !

Eliminons tout de suite les adaptations complètement ratées, pour ne pas compliquer le débat. Concentrons-nous uniquement sur celles jugées acceptables ou correctes, du moins fidèles au livre, par l’ensemble de ceux qui s’y connaissent (ne me demandez pas de noms, là encore ça risque d’embrouiller la discussion). Aussi réussie que soit une adaptation, elle ne peut jamais être satisfaisante et pour moi c’est carrément évident pour une raison assez simple à comprendre, me semble-t-il : un roman, aussi précis soit-il dans les descriptions physiques et psychologiques de ses personnages, laisse toujours – je dis bien, toujours – une porte ouverte à l’imaginaire du lecteur. Chaque lecteur d’un roman a sa propre vision du héros et c’est aussi tout ce qui fait le plaisir de la lecture : suivre le texte écrit et ses « recommandations » mais n’en faire qu’à notre tête et s’en peindre mentalement des images très personnelles. Et quand je dis « image », ce peut être aussi une voix. Donc tout le contraire de ce que propose l’adaptation pour le cinéma ou la télé, qui elle, fournit d’office une image qui ne se discute pas.

Enfin il y a l’écriture. On parle d’ « écriture cinématographique » pour les grands réalisateurs, certes, et j’accepte le terme, mais quel rapport avec l’écriture d’un écrivain ? Le plaisir que l’on trouvera dans le travail de l’un comme de l’autre existe, mais ce sont des plaisirs d’une nature bien différente. Si les deux peuvent se rejoindre en théorie sur certains points (images, imaginaire, sensations et émotions), seul l’écrivain (évidemment) peut y ajouter la joie que l’on ressent à lire un beau texte, le maniement de la langue, les subtilités du langage…

Dans ces conditions vous comprendrez qu’il m’est quasiment impossible de lire un bouquin si par hasard j’ai vu le film avant. Ou alors il me faudra attendre très longtemps que la pellicule s’efface de ma mémoire. Inversement, combien de fois me suis-je agacé de voir un film adapté d’un roman que j’avais déjà lu, les partis pris du réalisateur ne correspondant absolument pas aux images et à l’idée que je m’étais faite du bouquin.  

La meilleure adaptation ne sera jamais que l’idée que le réalisateur se fait du bouquin. Une vision non objective qui n’est pas blâmable en soi – chaque lecteur est dans le même cas. Sauf que dans tous les cas de figure, je préfère ma propre opinion ! Chaque lecteur d’un roman se fait ses propres images tandis que tous ceux qui visionnent un film voient les mêmes images. (Celle-là vous pouvez la noter pour la ressortir dans vos dîners en ville). Et que ces images soient belles ou non  n’a aucune importance, ce qui est important c’est qu’elles nous soient personnelles. 

Un roman est un roman, un film est un film, la passerelle entre les deux très mince, voire quasi inexistante.