12/07/2017
Glendon Swarthout : Bénis soient les enfants et les bêtes
Glendon Swarthout (1918 – 1992), est un écrivain américain, auteur principalement de westerns et de romans policiers. Professeur d'anglais à l'Université Concordia Ann Arbour, dans le Michigan, il publie son premier roman en 1943. Il écrit ensuite pour le théâtre. Nombre de ses romans ont été adaptés au cinéma. Bénis soient les enfants et les bêtes paru en 1970, vient d’être réédité.
Dans un camp de vacances au fond de l’Arizona, six adolescents de douze à quinze ans, se sont liés par la force des choses, rejetés par les autres qui les surnomment les Pisseux et mal vus par les moniteurs, car trop nuls ou trop barjots. Une nuit, ils s’échappent du camp pour accomplir une mission qu’ils se sont promis de réaliser…
Problématique : comment parler de ce roman sans vous gâcher le plaisir de le lire ? Car le récit débute très mystérieusement, « Ce dont ils avaient été témoins dans la journée les avait traumatisés » - sans qu’on n’en sache plus - et ce n’est qu’après une petite centaine de pages de ce court récit que le but de leur mission commence à nous être dévoilé et que le roman commence vraiment ! Vous comprenez mon dilemme. Notez seulement que le titre et la photo de couverture du livre en disent beaucoup…
Donc six jeunes gars, ni méchants ni réellement nuls, disons qu’ils ont leurs petits problèmes d’ordre familial et qu’ils peinent à s’adapter au monde/moule dans lequel on voudrait qu’ils s’insèrent. Le roman qui dure le temps d’une nuit, est panaché de flashbacks sur leur vie passée. Leur mission, parfaitement honorable prouve leurs qualités morales et il leur faudra beaucoup de courage et de détermination, pour des gamins de leur âge, pour la mener à bien. Chacun des ados a sa personnalité, défauts et qualités, que l’aîné est leur chef comme il se doit, menant sa petite troupe du mieux qu’il peut, sachant la remotiver dans l’adversité.
Après les humiliations subies au camp, la mission servira à leur donner force en eux. Une épreuve initiatique pour acquérir une paix intérieure et refouler la peur, « pendant un instant, ou peut-être plusieurs, ce fut comme s’ils vivaient au commencement du monde, avant que n’existât la peur, le mal ou la mort… »
La mission qui résulte de scènes atroces vues par les gamins nous vaut quelques lignes assez dures, voire insoutenables pour certains. Le roman s’achève magnifiquement par un échange de libertés, entre les gosses perdant certainement la leur au bénéfice de leur idée de justice.
Un bien beau roman, comme toujours avec cet écrivain même si ce n’est pas son meilleur à mon avis.
« - On va donc à nouveau voter, dit-il. Et je vous le répète, je ne veux pas être le chef ce coup-ci. Mais avant de voter, je voudrais vous dire une chose à laquelle vous n’avez peut-être pas pensé. Bien sûr, je n’ai pas oublié ce que nous avons vu aujourd’hui… je veux dire hier, je sais ce que ça nous a fait à tous. Et on pense tous qu’il est de notre devoir d’accomplir cette mission, cette nuit, autrement on ne serait pas ici. Mais si on croit que cela fera de nous des héros ou des caïds comme au cinéma, on se trompe. Tout le monde s’en fout, sauf nous. Au contraire même, ça va mettre en colère beaucoup de monde, au point d’avoir envie de nous buter. Et n’oubliez pas, dans trois jours, on se sépare, les vacances au camp seront terminées. On ne se reverra probablement jamais. »
Glendon Swarthout Bénis soient les enfants et les bêtes Gallmeister Totem – 173 pages –
Traduit de l’américain par Gisèle Bernier
07:31 Publié dans NATURE WRITING | Tags : glendon swarthout | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |