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02/08/2021

Jean-Paul Dubois : Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon

jean-paul duboisJean-Paul Dubois, né en 1950 à Toulouse, est un écrivain français. Il a suivi des études de sociologie avant d’être journaliste au service des sports de Sud-Ouest, au Matin de Paris, puis grand reporter au Nouvel Observateur. Jean-Paul Dubois a publié une quinzaine de romans, un essai, deux recueils de nouvelles et deux recueils d'articles. Prix Goncourt en 2019, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, est son dernier roman.

Paul Hansen, héros et narrateur du roman, purge sa peine dans une prison de Montréal. Il partage sa cellule avec Patrick Horton, un Hell's Angel pittoresque, incarcéré pour le meurtre d'un autre Ange de l’Enfer…

Tout au long de ce roman, une interrogation taraude le lecteur, pour quelle raison Paul est-il incarcéré ? Le ton du livre, l’écriture, tout laisse à penser que nous n’avons pas là un mauvais bougre, alors ? La réponse ne viendra que lors de l’épilogue, déchirant.

Il y a peu de choses à dire de ce livre, si ce n’est qu’il est très bon !  Jean-Paul Dubois est de cette race d’écrivains qui ne font pas dans la démesure, le superflu ou la narration à rebondissements. Tout y est très « gentil » dans le sens positif du terme. L’écriture est délicate, le ton général est lui aussi gentiment drôle le plus souvent avec de beaux moments d’émotion, voire carrément émouvant vers la fin. C’est vraiment très beau et je ne vois rien d’autre à en dire mais pour ceux qui n’auraient pas encore lu ce bouquin, je poursuis :

Le texte alterne les scènes de vie en prison, avec ce Patrick qui peut être inquiétant (un Hell’s ça impressionne toujours à priori) tout en étant très étonnant puisqu’il a une peur bleue des souris et une approche très bizarre de la coupe de cheveux ! Lui aussi nous semble un bon gars malgré tout.

Et quand il n’est pas question du motard, c’est Paul qui revoit défiler sa vie, fils d’un pasteur danois marié avec une française qui tient un cinéma d’art et d’essai à Toulouse. Paul grandit, l’écrivain nous remet en mémoire des points d’histoire ou autres (le scandale de l’amiante, la sortie du film Deep Throat etc.) et j’ai pris plaisir à cette remise à niveau. Son job au Canada, concierge/factotum d’un immeuble résidentiel où il règle tous les problèmes. Il y aura sa rencontre avec la femme de sa vie, Winona, d’origine Algonquine, pilote d’hydravion et leur chien. Et puis tout va s’écrouler, la mort de tous ceux qu’il aime, un conflit avec le nouveau gérant de l’immeuble…

Tout est relativement banal, factuellement parlant, mais Dubois nous ensorcèle par son écriture simple qui suinte la bonté, évoquant des vies ordinaires faites de joies et de peines, l’émotion gagne le lecteur et ne le lâche pas.

Bon ça va, vous avez compris ? C’est très beau, c’est très émouvant, c’est un roman magnifique, alors dépêchez-vous de le lire avant l’avalanche de la rentrée littéraire !

 

« La nourriture est, semble-t-il, à l’origine de ce mal dont la propagation a été fulgurante. Devoir s’asseoir devant l’autre et faire dans l’urgence est une humiliation dévastatrice. Nul ne naît pour vivre cela. J’accepte de moins en moins la violence de cet univers et sa brutalité. A chaque besoin, je me précipite et m’excuse auprès de Patrick. « Fais pas ta fillette, bonhomme. C’est comme ça. Ils nous tiennent. Alors te complique pas la vie. Vide-toi tranquille, libère-toi et fais pas attention à moi. Ecoute-bien ce que je te dis ; je vois rien, j’entends rien, je sens rien. » Il y a parfois quelque chose de noble dans la sauvagerie animale d’Horton… »

 

jean-paul duboisJean Paul Dubois   Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon   Editions de l’Olivier -  246 pages -