19/09/2016
Bruce Holbert : L’Heure de plomb
L’écrivain américain Bruce Holbert, né en 1959 dans l'Etat de Washington est diplômé de l'Université de l’Iowa où il enseigne aujourd'hui. Après un premier roman remarqué en 2013, Animaux solitaires, son second ouvrage, L’Heure de plomb, vient de paraître.
« Durant l’hiver 1918, l’Etat de Washington connaît l’un des pires blizzards de l’histoire du pays. Perdus dans la neige, des jumeaux de quatorze ans, Luke et Matt Lawson, sont recueillis in extremis par une femme qui tente de les ranimer à la chaleur de son corps. Seul Matt reprend vie. Le lendemain, le voilà devenu un homme, trop tôt et malgré lui. Car le désastre l’a également privé de son père, le laissant à la tête du ranch familial. »
J’attendais ce second roman de Bruce Holbert avec impatience tant le premier, Animaux solitaires, m’avait impressionné. Dès les premières pages, la qualité de l’écriture est évidente et je me préparais à un sacré moment de lecture qui hélas, tournera court.
Le roman est une sorte de saga couvrant toute la vie de Matt autour duquel vont graviter de nombreux acteurs, Linda l’institutrice, Lucky son fils, Wendy l’amour de Matt, Garrett et Jarms, ou d’autres encore que les années séparent et/ou réunissent. Jamais je n’ai réussi à m’intéresser à ces gens car sans cesse j’étais dans l’attente de « quelque chose » qui n’est jamais venu. Globalement il ne se passe rien dans ce roman ; certes il y a des scènes dures mais courtes, assez évocatrices pour qu’on n’en réclame pas plus (un accouchement assez spécial, la mort d’un cheval…) mais il y en a aussi d’incongrues et même de parfaitement ridicules (« Lucky baissa la fermeture à glissière de sa braguette et déposa sa quéquette dans le verre. ») qui m’ont gêné pour l’écrivain. Comment peut-on écrire de telles âneries et surtout que viennent-elles apporter au récit ? Toutes ces situations semblent un peu forcées, plaquées sur le texte pour ne pas faire fuir les lecteurs n’aimant pas les romans psychologiques – car il s’agit d’un roman psychologique ; le hic, c’est que justement, la psychologie des personnages, m’a paru dans l’ensemble peu crédible ou bien tarabiscotée.
Un roman bien écrit techniquement parlant, mais une histoire – qu’à la limite je n’ai pas bien comprise car vraiment trop alambiquée – et dont je n’ai pas saisi le sens profond. A un moment, Wendy déclare à propos de Matt, « Il y a des choses qu’il n’a pas envie de dire et il semblerait qu’elles soient plus nombreuses que celles qu’il veut bien dire. » Un peu le résumé de ce livre, plein de trucs sans intérêt qui cachent ce qui en aurait.
Très grosse déception.
« Dans le soleil couchant, des larmes se mirent à briller sur le visage du garçon, suivies de profonds sanglots qui effrayèrent Wendy car elle se demanda s’il allait pouvoir reprendre sa respiration. La poitrine de Matt était secouée de spasmes et il ne pouvait pas parler. Elle reposa les mains sur celles du garçon, peut-être parce qu’elle avait vu ou senti sa mère faire ce geste un jour, peut-être sans autre raison que la beauté de l’instinct que même les animaux les plus féroces sont susceptibles de s’accorder les uns aux autres, ou peut-être parce que quelque chose en lui éveillait la même chose en elle. Elle prit la tête de Matt entre ses mains et la garda, puis elle s’approcha de lui, si près qu’il ne pouvait plus rien voir d’autre que son visage. – Je suis fatigué de chercher. »
Bruce Holbert L’Heure de plomb Gallmeister – 373 pages –
Traduit de l’américain par François Happe
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