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04/09/2023

Luke Rhinehart : L’Odyssée du Vagabond

luke rhinehartGeorge Powers Cockcroft (1932-2020) est un écrivain américain écrivant sous le pseudonyme de Luke Rhinehart. Eduqué dans une académie militaire, il débute comme professeur de littérature américaine à Long Island. Dans les années 1960, il part avec sa femme vivre au Mexique et dans d'autres pays d'Amérique du sud puis à Majorque en Espagne. L’écrivain nous laisse neuf romans et L’Odyssée du Vagabond (1983) vient d’être réédité dans une nouvelle traduction.

La guerre nucléaire mondiale s’est enclenchée, un peu à l’insu de tous, Etats-Unis et Russie se sont bombardés entrainant avec eux le reste du monde. Les Etats-Unis sont dévastés, les populations fuient devant les retombées radioactives. Pour tenter d’échapper au chaos terrestre, le trimaran « Le Vagabond » prend le large avec à son bord, Frank le propriétaire du navire, Jim son fils, Neil le capitaine, ancien officier de la Navy, Jeanne et ses deux enfants et au fil de cette odyssée d’autres passagers, bienvenus ou non, entrant et sortant…

Odyssée est le bon mot pour qualifier ce roman, un long voyage mouvementé et aventureux, car il va s’en passer des choses, des trucs et des machins. L’ennemi sera extérieur, bombes et radiations puis une épidémie mortelle mondiale, aviation visant les navires américains, pirates en quête de butin de première nécessité car la nourriture est rare pour tout le monde dorénavant et femmes pour le dessert ; mais le Vagabond ne sera pas non plus épargné par l’ennemi intérieur car les cas de conscience ne vont pas tarder à germer dans les esprits.

Dès le départ de l’aventure Frank voudrait aller à New York, pourtant anéantie complètement, pour sauver sa femme, alors qu’il n’y a aucune chance qu’elle soit rescapée. Plus tard lors d’escales rapides, nombreux seront ceux qui voudront monter à bord et fuir, certains y parviendront par la ruse ou la force et dans ce microcosme humain, il y a ceux qui veulent absolument trouver une terre d’accueil et ceux comme Neil qui pensent que seule la mer peut éventuellement leur offrir une certaine protection. Mutineries, morts etc.

Alors, c’est un bon roman et n’hésitez pas à le lire si le sujet vous tente. Néanmoins.

Néanmoins, je suis légèrement déçu : premièrement parce que moi ce que j’aimais chez l’écrivain c’était la « folie » de L’Homme-dé, alors qu’ici tout est très classique. Par ailleurs, Rhinehart prend le parti (et c’est bien son droit !) de ne pas trop appuyer sur la dramaturgie et je le regrette vraiment, il y a certes deux ou trois passages émouvants, mais on pouvait faire un livre beaucoup plus poignant, les choix cornéliens de nos héros sont esquissés sans être ignorés bien entendu. Et il y a quelques invraisemblances m’a-t-il semblé, sans oublier que le roman est très long par moments.

Avec ce livre Luke Rhinehart s’engage contre l’escalade nucléaire et ses risques apocalyptiques et critique son propre pays « Que ce soit notre gouvernement qui ait été le premier à céder à la peur ne change rien. La catastrophe a déjà eu lieu. (…) Ce n’est pas pour rien que personne ne veut de nous », tout en inversant la problématique de l’immigration, ici le Nord envahit le Sud.

Le roman s’achève sur une fin optimiste et fraternelle, notre Vagabond trouve une terre d’accueil quasi déserte, où quelques Chiliens, Hollandais et Chiliens sont déjà réfugiés et tous se retrouvent pour un banquet – très, très frugal – pour célébrer et espérer un nouveau départ. Bref, c’est digne d’un album d’Astérix !!!

 

 

 

« Pour survivre, il leur fallait fuir, aller dans ces endroits que l’on disait sûrs. Les pays de l’hémisphère sud furent envahis par les réfugiés, provoquant la consternation, puis la peur et enfin la colère de leurs habitants. Ces peuples du nord, riches, blancs, étaient responsables de la dévastation du monde – il était par conséquent juste qu’ils en subissent les conséquences. Ainsi s’étaient établis les deux camps de cette nouvelle guerre. »

 

 

luke rhinehartLuke Rhinehart   L’Odyssée du Vagabond   Aux Forges de Vulcain  - 458 pages -    

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Francis Guévremont