11/10/2012
Vincent Delecroix : Tombeau d’Achille
« Il était votre héros, peut-être, parce qu’il était le plus grand des héros, le plus beau, le plus fort, le plus courageux ou le plus inflexible. » Tel est le postulat de départ de ce livre et sans tomber dans cette adoration exagérée, pour ma part j’ai longtemps côtoyé durant ma jeunesse ces figures des mythologies grecques et romaines. Je me suis passionné pour ces dieux et demi-dieux, tous ces personnages aux généalogies bien complexes dont je recherchais les noms dans les pages des noms propres de mon vieux Larousse. Plus tard l’Iliade et l’Odyssée m’ont donné des heures extraordinaires de lecture.
Vincent Delecroix n’écrit pas une « biographie » d’Achille, loin de là, nous ne sommes pas du tout dans ce registre, ce n’est même pas une vie romancée du héros. L’auteur s’adresse au lecteur directement et l’insère dans la vie d’Achille, vous devenez alors bien volontiers l’admirateur de la figure légendaire Grecque. Mais attention, cette proximité avec le roi des Myrmidons nous le montre aussi sous tous ses visages, violent, colérique avec Agamemnon, toujours à la tête du combat à Troie, mais aussi travesti et vivant au milieu des filles de Lycomède, choisissant ses partenaires dans les deux sexes, et enfin mortel, tué comme on le sait par une flèche décochée par Pâris et qui l’atteindra au talon.
Ecrit dans une langue somptueuse qui demande un minimum d’investissement de la part du lecteur, le style devient musique et l’on se laisse enjôler par le texte cultivé et poétique où l’on croise Priam, Patrocle, Centaure et tant d’autres encore. Achille court à sa mort et « à la différence d’Ulysse n’envisage pas de retour, d’où sa tragédie qui est aussi la nôtre ».
« Mais c’est aussi cela qu’il chasse : sa propre mort, comme le terme dela course. Ilva si vite qu’il franchit le monde et entre en courant, tout armé, chez les morts, bousculant même les dieux. Achille est pressé de mourir, il court vers l’immortalité et il n’a pas le temps. Le choix qu’il fit d’une vie courte, ardente et glorieuse, plutôt que d’une existence longue et obscure, l’a jeté dans la course, en a fait le prompt Achille et sa beauté est celle de la flamme vive et destructrice, pour laquelle toute étape, tout repos, tout arrêt est un sursis. »
Vincent Delecroix Tombeau d’Achille Gallimard
13:36 Publié dans Français, ROMANS | Tags : vincent delecroix | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |