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09/10/2012

Balzac : Illusions perdues

Balzac Illusions perdues 1041552_7003424.jpgLe repos forcé m’a donc permis de lire en toute quiétude le roman entamé fin décembre. Toutes les conditions étaient requises pour l’apprécier dans les meilleures conditions car ce n’est pas le genre d’œuvre qu’on peut lire dans le métro.

Le roman de Balzac est découpé en trois parties et il n’y a pas de chapitres intermédiaires permettant des pauses impromptues. Il faut se lancer dans la lecture de longs passages sans craindre d’être stoppé dans son élan et ne reposer le livre que lorsque l’intrigue le permet. Ce roman est le condensé ou l’illustration parfaite de sa géniale Comédie Humaine. Comment un homme peut-il écrire autant, si bien, avec une telle cohérence globale ? Je ne vais pas me lancer dans une analyse poussée du roman encore moins de l’œuvre titanesque de Balzac, d’autres plus calés que moi l’ont déjà fait et le referont encore. Néanmoins je constate une nouvelle fois que la lecture des grands classiques de la littérature permet de remettre les choses à leur place, de nombreux livres sont édités, beaucoup sont très agréables à lire mais entre un bon livre et un chef-d’œuvre il y a une différence que même le béotien remarque. Aussi quand je parcours certaines critiques dithyrambiques sur des best-sellers à peine éclos des imprimeries Brodard et Taupin à La Flèche(Sarthe) -par exemple- je leur accole un bémol d’emblée.

Pour en revenir aux Illusions perdues (et non pas Les illusions perdues) « l’absence d’article défini – cas unique chez Balzac- montre clairement le caractère absolu de la désillusion » vous en sortirez étourdi et sonné par le machiavélisme des personnages où l’intérêt et l’ambition priment sur tout autre sentiment, les alliances se font et se défont au gré des rebondissements. Lucien de Rubempré pauvre poète monté d’Angoulême à Paris nous permettra d’évoluer dans le monde de la littérature, de la presse, du théâtre, de la bourgeoisie et de l’aristocratie où tous ont partie liée selon le sens du vent. L’intrigue est puissante, atterrante quand Lucien trahira ses amis ou ruinera sa famille, éblouissante quand Balzac démonte sous nos yeux tous les mécanismes économiques et moraux qui enrichissent ou ruinent ses personnages. Paru vers 1840 le livre reste terriblement moderne et tout aussi extraordinaire. Chef-d’œuvre s’il faut encore le répéter.  

« Depuis deux heures, aux oreilles de Lucien, tout se résolvait par de l’argent. Au théâtre comme en librairie, en librairie comme au journal, de l’art et de la gloire, il n’en était pas question. Ces coups du grand balancier de la monnaie, répétés sur sa tête et sur son cœur, les lui martelaient. Pendant que l’orchestre jouait l’ouverture, il ne put s’empêcher d’opposer aux applaudissements et aux sifflets du parterre en émeute les scènes de poésie calme et pure qu’il avait goûtées dans l’imprimerie de David, quand tous deux ils voyaient les merveilles de l’Art, les nobles triomphes du génie, la gloire aux ailes blanches. En se rappelant les soirées au Cénacle une larme brilla dans les yeux du poète. »

 

220px-Balzac.jpgHonoré de Balzac  Illusions perdues  Scènes de la vie de province  Le Livre de Poche

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