09/10/2012
Paul Auster : Seul dans le noir
Paul Auster sait raconter des histoires et créer des cocktails dont les composants troublent délicieusement l’esprit, nous plongeant dans de légères saouleries où réalité et rêve se mêlent, ni trop peu ni pas assez. Pourtant cette fois le breuvage n’est pas très bien dosé, deux tiers d’Owen Brick délectable et un tiers d’August Brill plus banal, laissent un goût d’inachevé dans la bouche quand on repose le verre.
Owen Brick se réveille dans un trou assez profond pour ne pouvoir en réchapper seul. Une main charitable vient à sa rescousse mais en échange on lui demande d’exécuter un homme. Il faut dire, au grand étonnement d’Owen Brick, que les Etats-Unis sont en guerre civile, que les « évènements » du 11 Septembre et la guerre en Irak n’ont pas eu lieu, bref il s’est réveillé dans un monde parallèle où il n’est qu’un pion, pantin dont les ficelles seraient tirées par un invalide qui rêve des histoires pour passer le temps, histoires dont Owen Brick serait le personnage central. La mort de l’invalide permettrait d’arrêterla guerre. Telest le sujet des deux premiers tiers du livre et c’est réellement passionnant et réussi.
Dans le dernier tiers, qui arrive un peu abruptement, nous prenons connaissance d’August Brill, l’invalide, qui est un critique littéraire veuf et à la retraite, vivant chez sa fille divorcée et sa petite fille qui se croit responsable de la mort de son fiancé tué en Irak. L’impotent se remémore sa vie passée, sa femme disparue, et il essaie de comprendre et aider sa fille et sa petite-fille surtout à « vivre dans ce monde étrange qui continue de tourner ».
Sans être un mauvais livre, loin de là, on reste un peu dubitatif, ne sachant pas trop si on vient de lire un ou deux livres àla fois. Maintenantvous me direz, deux livres pour le prix d’un c’est une affaire. Certes, certes…
« Et c’est ainsi que naviguent Brick et Flora dans leur rien conjugal, cette petite vie qu’elle l’a persuadé de reprendre avec le bon sens d’une femme qui ne croit pas en d’autres mondes, qui sait que seul existe ce monde-ci, dont les routines abrutissantes, les brèves chamailleries et les soucis financiers sont un élément essentiel, et qu’en dépit des maux, de l’ennui et des déceptions, jamais nous ne serons plus près de voir le paradis qu’en vivant dans ce monde. »
Paul Auster Seul dans le noir Actes Sud
14:47 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : romans étrangers, paul auster | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Les commentaires sont fermés.