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05/12/2012

Valerio Evangelisti : Nicolas Eymerich inquisiteur

Evangelisti Livre.jpgValerio Evangelisti est un écrivain italien né en 1952. Diplômé de sciences politiques à l'Université de Bologne, sa ville natale, où il se spécialise en histoire moderne et contemporaine, il publie des livres et des essais historiques avant de se consacrer à la littérature fantastique. Son premier roman Nicolas Eymerich inquisiteur obtient le Prix Urania en Italie. Après une première édition française en 1998, le livre vient de ressortir chez La Volte.  Neuf autres romans du cycle Eymerich ont suivi et ont été récompensés.

Nous sommes en 1352 à Saragosse en Espagne, le père dominicain Nicolas Eymerich âgé de trente-deux ans, est désigné Grand Inquisiteur par son prédécesseur mourant qui dans son dernier souffle le met en garde contre une mystérieuse découverte faite près de la citerne d'eau, lui enjoignant de poursuivre l’enquête. Peu après, le nouvel inquisiteur croît apercevoir dans le ciel une forme féminine faite de nuages et de lumière puis découvre, sur la margelle du puits de la citerne, le cadavre égorgé d'un tout petit enfant avec deux visages. Un autre ecclésiastique lui apprend que ce phénomène s'est déjà produit plusieurs fois.

Nicolas Eymerich va se lancer dans une traque sans merci contre une secte hérétique adepte du culte de Diane dont les ramifications s’étendent jusqu’à l’entourage du roi Pierre IV. Le grand inquisiteur devra se mouvoir habilement entre le roi et le pape Clément VI dont les rapports sont très tendus, déjouer les ruses de ses ennemis qui sont plus proches de lui qu’il ne l’imagine et affronter des faits relevant de la sorcellerie.

Mais s’agit-il réellement de sorcellerie ? C’est là que Valerio Evangelisti introduit dans son roman des éléments narrativement très malins. En parallèle aux aventures d’Eymerich qui se situent en 1352, un vaisseau spatial, Le Malpertuis, envoyé en 2194 en mission à la recherche d'une relique mystérieuse, s’égare dans le passé. Les chapitres alternent actions dans le passé et le futur et nous comprenons très vite que celles-ci vont fusionner en fin d’ouvrage pour nous révéler le fin mot de l’histoire. Ajoutez à ces deux ingrédients, une troisième épice, un livre écrit par un certain Marcus Frullifer, dont des extraits viennent ponctuer le récit, pour expliciter et prouver scientifiquement la réalité de ce que nous lisons. 

Valerio Evangelisti a écrit un excellent roman car très astucieux. Une enquête avec un inquisiteur luttant contre une secte, un thème très porteur. Un voyage spatial mystérieux qui intrigue le lecteur car il n’en connaît pas le but. Le tout échafaudé sur une théorie scientifique ( ?), la physique psytronique, basée sur la puissance mentale des foules qui pourrait expliquer les miracles et autres phénomènes paranormaux ainsi que les voyages dans le temps. J’avoue ne rien avoir compris à cette théorie, mais c’est justement tout son intérêt ! Tout en apportant une note de sérieux et de véracité, elle reste obscure et nous laisse dans le mystère le plus complet.  

En entremêlant ces différents récits à l’intérieur d’un même roman, en entraînant le lecteur dans des mondes complètement opposés tout en réussissant à les réunir dans les dernières pages, l’écrivain nous passionne et nous oblige à le lire à une vitesse folle tant nous avons hâte d’en venir au dénouement.

Au-delà de l’intérêt narratif, on peut peut-être aussi y lire un message pro-féministe. Pour information, le personnage de Nicolas Eymerich (1320-1399) a réellement existé, il est l’auteur d’un manuel de référence de l’Inquisition. S’il est devenu un héros récurrent dans l’œuvre de Valerio Evagelisti, dans ce premier volet du moins il n’apparaît pas comme vraiment fréquentable puisque représentant « de tout ce que l’Eglise combat (…), l’abandon à la nature, la stupide notion de liberté ».  

 

« A ce moment, Theresa fit une chose étrange et horrible. Elle tira complètement la langue, comme pour faire une grimace, puis serra d’un coup les dents. Un flot de sang lui sortit de la bouche, accompagné d’une sorte de barrissement terrifiant. Horrifié, Eymerich lui agrippa le visage et essaya de lui écarter les mâchoires ; mais elle les tenait si contractées qu’il ne réussit en aucune manière à les bouger. La langue, tranchée, tomba à terre dans une petite mare sanglante. Du sang dégoulinait aussi des lèvres, pourtant si serrées qu’on entendait le bruit des dents qui cassaient. »

 

 

Evangelisti.jpgValerio Evangelisti  Nicolas Eymerich inquisiteur  La Volte

 

 

  

 

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