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26/01/2013

Elise Fontenaille : L’Homme qui haïssait les femmes

Fontenaille Livre.jpgÉlise Fontenaille, née en 1960, a suivi des études de sociologie avant de devenir journaliste à Vancouver au Canada, puis à Paris pour le magazine Actuel. Lancée dans l’écriture depuis 1995, on lui doit des romans de littérature générale et pour la jeunesse, ainsi que de science-fiction. Avec son roman Unica, elle a obtenu le Prix du Lundi en 2007 et le Prix Rosny aîné en 2008. Elle a aussi obtenu le prix Erckmann-Chatrian, en 2010, pour son ouvrage Les disparues de Vancouver.

Ce roman, L’Homme qui haïssait les femmes, date de 2011 et a été publié dans une collection de faits divers, où des écrivains s’emparent d’un fait marquant de l’actualité pour en tirer matière à un ouvrage. Elise Fontenaille a choisi de baser son roman sur la tuerie qui s’est déroulée dans l’Ecole Polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989. 

Ce jour-là, Gabriel Lacroix un jeune homme de son vrai nom Jamal Ghazali, pénètre dans une salle de classe de l’Ecole Polytechnique. Sous la menace de son arme, il sépare les étudiants et les étudiantes en deux groupes, puis il abat méthodiquement les jeunes femmes. D’autres périront dans les couloirs avant qu’il ne se donnela mort. Autotal, quatorze femmes sont tuées après un carnage qui aura duré trente minutes. Les enquêteurs découvriront une lettre dans une de ses poches, où il explique son projet, son but étant de punir les femmes et surtout le mouvement féministe qui lui aurait pourri la vie.

La suite du roman va nous permettre de dresser le portrait de l’assassin et comprendre ses motivations en tentant de cerner sa psychologie dérangée, en revenant sur son passé et son environnement familial. Il faut admettre que le passé du tueur est gratiné. Un père violent qui doit abandonner le foyer,la mère Paulinequi élève seule ses deux enfants, une sœur Najma « cruelle avec lui, elle le raille devant ses camarades, le traite de pédé, de minable » avant de mourir d’overdose après l’acte de son frère. Un voisin qui s’occupera du jeune garçon durant un certain temps et qui fera plus tard de la prison pour pédophilie, sans qu’on sache s’il avait ou non, exercé de sévices sur Gabriel… « Quelle famille de dégénérés il a dû avoir ce pauvre type, pour en arriver là » commentent de nombreux habitants de Québec, et le lecteur n’est pas loin d’en penser autant.

A travers cette enquête et le parcours tragique de ce jeune garçon on découvre une société Québécoise profondément chamboulée par l’évolution des mœurs survenue depuis les années 60. En moins d’une génération, le catholicisme qui était tout puissant dans ce pays, a perdu de sa superbe et de son influence, à l’inverse, le mouvement féministe triomphe comme nulle part ailleurs dans le monde. Féministes et « masculinistes » s’opposant sur le partage des rôles entre l’homme et la femme.

Elise Fontenaille écrit en phrases très courtes, sans style, énonçant les faits un peu comme le ferait un rapport administratif ou une enquête journalistique objective et ne cherche pas à jouer sur le pathos. Les faits sont complétés par les témoignages des acteurs du drame, la mère du tueur, les parents des victimes devenues elles-mêmes victimes collatérales par les souffrances qu’elles endurent.

Le titre du roman est un clin d’œil appuyé au premier volet de Millenium, mais sans comparaison aucune avec l’œuvre du suédois, quand au carnage de Montréal il est antérieur à celui de Colombine aux USA qui avait fait l’objet d’un film fameux. Un roman sans attrait littéraire particulier, mais qui pose des questions et nous fait découvrir le Québec et ses habitants sous un angle que nous (moi en l’occurrence) ignorions.

 

« Si seulement j’avais su qu’il allait si mal, j’aurais peut-être pu l’aider ? Il m’avait appelée, une semaine avant le massacre, il voulait me voir, j’avais senti l’urgence dans sa voix, la détresse, mais j’étais trop occupée… « Après les fêtes, je lui ai dit, ça sera plus calme pour moi. – Pour moi aussi », il m’a répondu, avec un petit rire bizarre, avant de raccrocher. Si seulement j’avais pu me douter… »

 

 

Fontenaille.jpgElise Fontenaille  L’Homme qui haïssait les femmes  Grasset

 

 

 

 

 

 

 

 

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