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29/04/2016

Kazuo Ishiguro : Le Géant enfoui

kazuo ishiguroKazuo Ishiguro, né en 1954 à Nagasaki, est un écrivain et romancier britannique d'origine japonaise. Arrivé en Angleterre en 1960, ses parents ne pensant y rester que temporairement, ils préparent l'enfant à poursuivre le reste de son existence au Japon mais ce retour ne se fera pas. Ishiguro suit ses études de littérature et de philosophie dans les universités du Kent et d'East Anglia et il reste de manière définitive en Angleterre, vivant à Londres aux côtés de sa femme écossaise. L’écrivain a été décoré, en 1995, de l’ordre de l’Empire britannique pour services rendus à la littérature et en 1998, la France l’a fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Le Géant enfoui, paru l’an dernier, vient d’être réédité en poche.

Le roman se déroule dans l’Angleterre du Haut Moyen-âge, au Ve siècle. La région est frappée d’une mystérieuse amnésie généralisée qui semblerait résulter d’une brume diffusée par Querig, une dragonne qui hante le pays. De leur côté, Axl et Beatrice, un couple âgé, quittent leur village pour retrouver le fils qu’ils n’ont plus vu depuis longtemps avant que son souvenir ne disparaisse de leur esprit.

Pour ce livre, Kazuo Ishiguro adopte la forme du roman de Fantasy. L’époque, quelques années après la mort du roi Arthur, les personnages croisés durant ce voyage, la dragonne déjà citée mais aussi des ogres et des elfes sauvages, des péripéties dans des souterrains, monastère et moines pas toujours bienveillants etc. La quête du couple s’enrichira de nouveaux compagnons de route, Wistan le guerrier saxon, le jeune Edwin, le fameux mais devenu vieux Gauvin, neveu d’Arthur et chevalier de la Table Ronde, lesquels ont d’autres buts, tuer Querig pour certains, la préserver pour d’autres.

Mais attention, il ne s’agit là comme je l’ai dit que de la forme, amateurs de Fantasy ne vous méprenez pas ! Le roman s’avère assez complexe à lire, c’est sa force mais aussi sa faiblesse, dans le sens où il ne plaira pas à tout le monde, que cela soit bien clair pour ceux qui voudront s’y aventurer. Pour les autres, l’expérience est particulièrement envoûtante.

Envoûtante parce que d’un côté nous suivons avec difficulté une histoire particulièrement floue, réminiscence d’un conflit passé (Saxons contre Bretons), les souvenirs des uns et des autres ayant disparu ou réapparaissant par bribes, comme des bancs de brouillard, éclairant ou masquant la compréhension générale ; mais récit attrayant car porté par une écriture au rythme apaisant, très calme, incitant le lecteur de bonne volonté et têtu à poursuivre pour connaître le fin mot de tout cela – fin mot qui pourtant ne viendra jamais vraiment !

J’ai parlé de Fantasy précédemment, il s’agit en fait d’un roman d’amour, de cet amour éternel qu’on voit dans les romans courtois (au sens littéraire). Axl appelle sa femme « ma princesse » tout du long et le ton, les mots, expriment la douceur et le lien puissant qui unie les deux amants, lien qui leur interdit toute séparation même temporaire que pourrait exiger leur dangereux périple, sauf quand in fine ils devront en passer par un étrange batelier sans nom qui pourrait se nommer Charon… ?

Une sublime histoire d’amour en fil rouge qui s’accompagne d’une profonde réflexion sur la mémoire et les questions qu’elle soulève. Faut-il toujours vouloir dissiper l’oubli, au risque de ramener autant de bons souvenirs que de mauvais ? Ne pas oublier, n’est-ce pas aussi alimenter en permanence le désir de vengeance ? « Quel sorte de dieu est-il donc, sire, pour souhaiter que les infamies soient oubliées et restent impunies ? (…) Mais cela peut suffire à refermer de vieilles blessures pour toujours, et à rétablir une paix éternelle entre nous. » Et du Haut Moyen-âge nous nous retrouvons à notre époque.

Nous avons donc là un excellent roman mais qui ne pourra pas séduire tous les publics car il nécessite un effort de la part du lecteur.

 

« - Il ne s’agit pas d’une morsure d’ogre. C’est un dragon qui a infligé cette blessure à l’enfant. Je l’ai vu tout de suite hier, quand le soldat a soulevé sa chemise. Qui sait comment il a rencontré un dragon, mais c’est bien une morsure de dragon, et maintenant le désir de connaître une dragonne va parcourir ses veines. Et à son tour, une dragonne assez proche pour sentir son odeur va venir à sa recherche. C’est pourquoi maître Wistan affectionne autant son protégé, monsieur. Il croît que maître Edwin va le conduire à Querig. Pour cette même raison, les moines et ces soldats veulent sa mort. Regardez, il devient encore plus déchainé ! »

 

 

kazuo ishiguroKazuo Ishiguro  Le Géant enfoui  Folio  - 459 pages –

Traduit de l’anglais par Anne Rabinovitch

07:38 Publié dans Etrangers | Tags : kazuo ishiguro | Lien permanent | Commentaires (4) |  Facebook |

Commentaires

Un très beau livre!

Écrit par : Sibylline | 01/05/2016

Un très beau livre effectivement…mais qui ne plaira pas à tout le monde néanmoins.

Écrit par : Le Bouquineur | 01/05/2016

tu mets tellement en garde contre ce roman , que de deux choses l'une; soit on fonce en se disant qu'on fait forcément partie des lecteurs qui sont capables de le comprendre et de l'apprécier, soit on se dit "un Japonais qui se frotte à la fantasy à la sauce britannique très peu pour moi!"
Devine dans quel clan je suis!

Écrit par : luocine | 01/05/2016

Je mets en garde, car je rappelle que mon objectif principal est de m’adresser à ceux qui lisent peu et les aider à trouver des bouquins qui leur conviennent. Vu sous cet angle, j’imagine mal que ce roman d’Ishiguro plaise à tous, le lecteur restant dans le flou en permanence… Quant à toi, je n’ai aucune idée du clan dans lequel tu te places mais la logique voudrait que tu sois de celles qui vont en tenter (au moins) la lecture…

Écrit par : Le Bouquineur | 02/05/2016

Les commentaires sont fermés.