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18/07/2016

Arnaldur Indridason : Les Nuits de Reykjavik

arnaldur indridasonArnaldur Indridason, né en 1961 à Reykjavík et fils de l'écrivain Indrid G. Porsteinsson, est un écrivain islandais. Après un diplôme en histoire à l’université d'Islande, il exerce les métiers de journaliste, scénariste puis critique de films. Entré en littérature en 1997, nombre de ses romans policiers sont des best-sellers. Les Nuits de Reykjavik est paru en 2015.

Si Erlendur, le héros récurrent d’Indridason, a souvent l’occasion d’enquêter sur des affaires ayant leur source dans le passé, ici l’écrivain nous convie à revenir sur le passé même d’Erlendur.

Nous sommes au début des années 70, Erlendur vient d’entrer dans la police, et les rues de Reykjavik dans lesquelles il patrouille la nuit sont agitées, accidents de la circulation,  vols, violences domestiques… Des gamins trouvent en jouant dans un fossé plein d’eau le cadavre d’un clochard, Hannibal, qu’il croisait régulièrement dans ses rondes. On conclut à l’accident, noyade d’un poivrot, et l’affaire est classée. Pour le jeune policier, qui se demande « si ce n’était pas sa passion pour les destins tragiques qui l’avait conduit à s’engager dans la police », cette mort mérite qu’on s’y intéresse…

C’est donc en solitaire, prenant sur ses temps libres, qu’Erlandur va tenter de comprendre ce qui s’est passé, d’autant qu’au fur et à mesure qu’il se renseigne, des éléments troublants viennent se greffer sur cette affaire, comme la disparition de cette femme la nuit même où Hannibal est décédé ou bien ce troublant incendie dont il réchappa de peu quelques temps avant…

Arnaldur Indridason excelle à dérouler son histoire par petites touches. Que ce soit l’enquête proprement dite, menée hors contexte légal par Erlandur, interrogeant les proches, les voisins, les clochards de la ville, tentant de relier les bribes d’informations qu’il collecte ; mais c’est aussi avec beaucoup de talent qu’il dresse les portraits de ses personnages, tout en empathie et petits détails, à commencer par son héros dont on redécouvre les origines modestes, son intérêt pour l’Histoire, le poids du drame vécu plus jeune avec la disparition de son frère dont il se croit responsable, ce qui explique son intérêt pour les disparus, ou encore son caractère solitaire qui s’accommode mal d’une relation trop engagée avec une femme.

De petites gens, de petites vies, certains s’en sortent à peu près, d’autres doivent faire avec leurs chagrins et leurs douleurs, gens « normaux » ou SDF, l’écrivain les traite tous avec amour et nous les donne à voir avec beaucoup de compréhension. Et au milieu de ce microcosme, à Reykjavik, un jeune homme déjà obstiné, va dénouer tout seul les fils de cette embrouille et finir par se faire remarquer par Marion Briem, « Vous devriez passer nous voir à la Criminelle si vous avez envie d’un peu de changement… » Le destin d’Erlandur est désormais scellé.

Un très, très, beau roman.

 

« Pourquoi était-il hanté par ce vagabond qu’il avait en fin de compte rarement croisé ? Etait-ce parce qu’il l’avait repêché, et que cette image l’avait si fortement marqué ? Il avait eu un choc en reconnaissant le visage du noyé. Pourtant, il aurait dû s’attendre à le retrouver mort quelque part en ville. Il était de toute évidence en mauvaise santé. Cet homme vivait dans des conditions terribles depuis trop longtemps. Et son moral n’était pas fameux non plus. Erlendur avait pu le constater lors de leur dernière entrevue dans une cellule du commissariat de Hverfisgata. Hannibal avait alors parlé de sa détresse et du courage qui lui manquait pour y mettre fin. »

 

 

arnaldur indridasonArnaldur Indridason  Les Nuits de Reykjavik  Editions Métailié – 261 pages –

Traduit de l’islandais par Eric Boury

 

Commentaires

Je suis fan depuis la première heure et j'ai adoré cet opus. J'aime sa simplicité, la ténacité de l'inspecteur et découvrir ici ses premiers pas et ses premières enquêtes. J'ai depuis peu envie de relire le tout premier ;-)

Écrit par : Electra | 07/09/2016

Il y a une « musique » Indridason, une tonalité qui touche et ne peut laisser indifférent. Nous sommes nombreux à le penser, je le constate…

Écrit par : Le Bouquineur | 07/09/2016

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