26/05/2017
Olivier Bourdeaut : En attendant Bojangles
Olivier Bourdeaut, écrivain français né en 1980 à Nantes, est le fils d'un notaire local, le troisième d'une famille de cinq enfants. Après son échec au brevet des collèges, il s'oriente vers un BEP vente-action marchande et devient agent immobilier. A l'âge de 30 ans, il perd son travail et décide de se consacrer à la littérature. Un premier roman ne trouvera pas d’éditeur, le second, En attendant Bojangles, paru en 2016, connait un grand succès immédiat. Il vient d’être réédité en collection de poche.
Il y a le père, la mère et le fils narrateur. Si je vous dis que cette famille ne serait pas complète sans Melle Superfétatoire, une grue de Namibie vivant en liberté avec eux, ou bien que le père raconte des bobards à son fils comme celui d’exercer le métier de chasseur de mouches au harpon, ou bien encore que tous les trois passent leurs soirées à danser sur une unique chanson de Nina Simone, vous commencez à vous interroger sur la santé mentale de tout ce petit monde. Et vous n’avez pas fini de hausser les sourcils d’étonnement à la lecture de ce roman assez brindezingue qui enchaine les gentils délires de l’écrivain.
Un château en Espagne comme résidence secondaire, un ami sénateur surnommé avec affection L’Ordure, de folles réceptions nocturnes, des impôts impayés, un déménagement et même un enlèvement, les péripéties ne manquent pas, l’invraisemblable alternant avec le grand n’importe quoi.
Un roman un peu fou-fou, gai, drôle et tendre qui fait passer le lecteur par trois étapes successives, à savoir, un début très amusant autant que surprenant, un milieu commençant à lasser et une fin extrêmement touchante. Effectivement, si la première partie du bouquin fait sourire par ses situations loufoques, on commence à se lasser un peu de ce sans queue ni tête qui tombe parfois dans l’humour potache (« personne n’avait eu envie de se rallier à son fromage blanc ») mais heureusement Olivier Bourdeaut a assez de bon sens pour écrire un livre très court et couper court à ce léger ennui qui pointe, d’autant qu’il termine son roman en beauté sur un épilogue très attendrissant pour ne pas dire émouvant.
Comme les clowns au cirque, le roman se pare d’extravagances souriantes pour mieux cacher (ou mettre en valeur ?) une très belle histoire d’amour fou. Un bon roman mais qui m’a très légèrement déçu, vu le battage favorable qu’on en avait fait à sa sortie…
« - Mon petit, dans la vie, il y a deux catégories de personnes qu’il faut éviter à tout prix. Les végétariens et les cyclistes professionnels. Les premiers, parce qu’un homme qui refuse de manger une entrecôte a certainement dû être cannibale dans une autre vie. Et les seconds, parce qu’un homme chapeauté d’un suppositoire qui moule grossièrement ses bourses dans un collant fluorescent pour gravir une côte à bicyclette n’a certainement plus toute sa tête. Alors, si un jour tu croises un cycliste végétarien, un conseil mon bonhomme, pousse-le très fort pour gagner du temps et cours très vite et très longtemps ! »
Olivier Bourdeaut En attendant Bojangles Folio – 172 pages –
« … un vieux tourne-disque sur lequel passait toujours le même vinyle de Nina Simone, et la même chanson : « Mister Bojangles ». (…) Cette musique était vraiment folle, elle était triste et gaie en même temps, et elle mettait ma mère dans le même état. »
12:07 Publié dans Français | Tags : olivier bourdeaut | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
Commentaires
j'apprécie les critiques en mi-teintes de ce roman , j'ai beaucoup de mal quand on rend la maladie mentale sympathique, c'est si dure à vivre au quotidien quand vos proches sont touchés par cela.
Écrit par : luocine | 29/05/2017
Je comprends ce que vous voulez dire mais c’est aussi une situation exceptionnelle…
Écrit par : Le Bouquineur | 29/05/2017
J'ai remarqué que c'était souvent le cas quand on lisait les livres après le battage médiatique, on est souvent déçu car on en attend beaucoup !
Écrit par : Hélène | 02/06/2017
Ceci dit, il faut relativiser cette « déception », le roman est reste très sympathique à lire…
Écrit par : Le Bouquineur | 02/06/2017
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