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01/02/2018

Muriel Cerf in memoriam

muriel cerf, andré malraux, Muriel Cerf, née le 4 juin 1950 à Paris et morte le 19 mai 2012 à Anet dans l'Eure-et-Loir, est un écrivain français. Elevée par sa grand-mère, après des études à l'Ecole du Louvre, elle parcourt le monde : Asie, Calcutta, le Népal, Bangkok, Singapour, Bali et découvre, de passage au Maroc, la trilogie Sexus, Plexus, Nexus d'Henry Miller. A vingt-deux ans elle se sent irrépressiblement attirée par l’écriture et c'est son périple asiatique qui lui inspire son premier livre, L'Antivoyage, salué par la critique, en 1974, comme une révélation. André Malraux lui écrit alors : « Vous possédez un don des dieux, le talent narratif ».

A trente ans, victime d’un grave accident, elle est renversée par une voiture qui lui brise les jambes. En 1993 elle épouse Stéphane Pietri, informaticien, auteur et compositeur, et elle décide en 1994 de lui dicter tous ses ouvrages et sa correspondance, étant rebelle à l'écriture sur ordinateur mais passionnée par l'outil Internet comme source de recherches.

En 2006, elle publie Bertrand Cantat ou le Chant des automates, issu d'une correspondance avec le chanteur incarcéré à Vilnius suite au meurtre de sa compagne, Marie Trintignant. L'ouvrage, dernier paru de son vivant, cherche une explication au geste de Cantat et provoque diverses polémiques, dont une altercation avec la chanteuse Lio dans une émission télévisée. Muriel Cerf décède en mai 2012 d’un cancer et nous lègue près d'une trentaine de romans, laissant derrière elle de nombreux inédits terminés mais non remis à leurs éditeurs respectifs.

C’est en 1974, très certainement grâce à Hyma la Hyène et son article mensuel dans le magazine Actuel que je découvre Muriel Cerf avec son premier roman, L’Antivoyage. Jeune homme à l’époque, je ne pouvais que succomber : encore imprégné des valeurs du mouvement hippie, ce bouquin contemporain de voyage, vers un Orient mythique autant que mystique, Bombay, Calcutta ou Katmandou – le saint des saints – sentait les épices et les tabacs étranges avant même que je n’en ouvre les premières pages. Ce roman fut une explosion sensuelle pour moi tant il touchait tous mes sens et mettait sous mes yeux, grâce à son écriture magnifique et emprunte de lyrisme, un monde attirant et effrayant à la fois. Une jeune femme, sac au dos, pleine de l’audace de sa jeunesse - et donc de mon âge – réalisait et me le racontait, ce que je n’osais pas faire. Un choc culturel enthousiasmant. Et de surcroit, elle était très belle…

J’ai dévoré ses deux livres suivants. Le Diable vert (1975) qui se déroule en Indonésie, Djakarta l’interlope, les chamans et le lézard de Komodo… La même année paraît Les Rois et les voleurs, Muriel cerf change de registre. Fini l’exotisme, ici se sont les souvenirs de l’adolescence, la petite bande de copains et copines et les frasques – qui aujourd’hui peuvent paraître gentilles – qui laissent des traces inoubliables dans les mémoires "On fraudulait, vivait en marge, sauvages, glandouilleurs, délinquants, petits enfants du siècle, mais quel siècle ...".  

Et l’aventure s’arrête là pour moi. Je ne saurais dire pourquoi maintenant, tant j’avais adoré les premiers bouquins, les conservant précieusement dans ma bibliothèque, reliques d’un passé et d’une époque où tout me semblait possible. Certainement pris par d’autres auteurs émergeants, mes années 70 ont été riches en découvertes d’écrivains et d’horizons multiples, je n’ai jamais pu lire tous les romans que j’aurais voulu, le temps n’est pas extensible, du moins dans mon monde.

J’avais à cœur de rendre un hommage appuyé à Muriel Cerf car même si je ne connais qu’une part infime de son œuvre, ces trois romans ont toujours occupé une place importante dans mes souvenirs de lectures.

 

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