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18/04/2022

Georges Simenon : La Chambre bleue

georges simenonGeorges Simenon est un écrivain belge francophone (1903-1989). L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les « Maigret ») éclipsent en partie le reste d'une œuvre beaucoup plus riche. Simenon est en effet un romancier d’une fécondité exceptionnelle, on lui doit 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes ! La Chambre bleue, roman de 1964, fait partie de la série des « romans durs » de l’écrivain.

Dans la région de Poitiers. Tony et Andrée ont leurs habitudes à l’hôtel des Voyageurs depuis un an, c’est là qu’ils assouvissent leur relation adultère avec la complicité du frère de Tony, propriétaire de l’hôtel. Et c’est ainsi que débute ce roman, les deux amants nus, se reposent… mais cette scène date de plusieurs mois déjà car aujourd’hui Tony, inculpé, répond aux questions d’un juge d’instruction suite à un crime.

Georges Simenon fait très fort avec ce roman où il inverse la proposition du polar classique. Habituellement nous avons un crime et le récit nous incite à en découvrir l’auteur, ici c’est le contraire, nous avons un inculpé mais nous ne savons pas de quoi et il faudra attendre très longtemps avant de savoir qui a été tué ! L’époux d’Andrée ? La femme de Tony ? Et poussons l’interrogation plus loin, qui a réellement tué qui ? Tony ? Andrée ? Les deux chacun de leur côté ?

Le roman alterne et mêle, l’interrogatoire et les scènes du passé entre les deux amants ou dans leur vie quotidienne. Des couples tranquilles dans une ville tranquille, lui répare des machines agricoles et en vend, marié avec une petite fille ; elle, tient une épicerie avec son mari sous le regard soupçonneux de la belle-doche qui a toujours mal vu ce mariage. Tony et Andrée se connaissent depuis la petite enfance, amis sans plus jusqu’à cette OPA inopinée d’Andrée sur Tony il y a un an.

Chez Simenon la psychologie est toujours à l’honneur et le portrait de Tony désespère le lecteur, devant les questions du juge on le voit fatigué, résigné, indifférent à son propre sort car en fait il ne comprend rien à ce qui s’est passé et plus le récit avance, moins il comprend réellement quelle était sa relation avec Andrée, les deux n’y mettant pas le même contenu, ce qui aboutira au drame.

L’écrivain soigne aussi ses décors, les familles, les classes sociales et les inimitiés, Tony et son frère d’origine italienne ce qui plus tard ne jouera pas en la faveur de l’inculpé. Au passage, on notera l’audace de certaines descriptions sexuelles pour l’époque et surtout pour l’écrivain.

C’est du Simenon donc c’est très bon comme toujours.

 

« La chambre était bleue, d’un bleu de lessive, avait-il pensé un jour, un bleu qui lui rappelait son enfance, les petits sachets d’étamine emplis de poudre bleue que sa mère diluait dans le baquet à lessive avant le dernier rinçage du linge, juste avant d’aller l’étendre sur l’herbe luisante du pré. IL devait avoir cinq ou six ans et il se demandait par quel miracle la couleur bleue pouvait rendre le linge blanc. »

 

 

georges simenonGeorges Simenon   La Chambre bleue   Gallimard La Pléiade « Pedigree et autres romans »  - 107 pages -  

07:00 Publié dans POLARS | Tags : georges simenon | Lien permanent | Commentaires (4) |  Facebook |

Commentaires

Mais oui, je devrais penser à Simenon lors des mois belges... En fait je l'aime beaucoup, à petites doses car c'est noir.

Écrit par : keisha | 18/04/2022

Simenon une valeur sûre. Tout le monde a lu au moins quelques uns de ses romans mais souvent après on l’oublie car il fait partie du décor naturel. Pourtant, il est impossible de lire toute son œuvre donc il y a toujours un bouquin à y piocher et ce n’est jamais mauvais, même si il y a des différences de niveau tout à fait compréhensibles entre ses chefs-d’œuvre et ses bons romans….

Écrit par : Le Bouquineur | 18/04/2022

Je viens de lire également deux de ses "romans durs" : Trois chambres à Manhattan" et "Au bout du rouleau" (billet en fin de mois), et j'ai nettement préféré le 2e. Comme tu dis, l'analyse psychologique est très poussée dans ces 2 titres aussi, mais dans "Trois chambres..", elle a tendance à tourner un peu en rond au bout d'un moment..

Écrit par : Ingannmic | 18/04/2022

Je n’ai pas lu ces deux romans, je pense être excusable au vu de la quantité extravagante de ses écrits… et comme je le disait à Keisha, il y a effectivement des romans moins bons que d’autres mais je pense que ses « moins bons » restent d’un niveau très honorable, donc Simenon est une valeur refuge !

Écrit par : Le Bouquineur | 18/04/2022

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