Maurice Pons : Rosa

Maurice Pons (1925-2016) est un écrivain et journaliste français. Romancier et nouvelliste, il est également l'auteur de traductions de l’anglais et de quelques scénarios et dialogues. Rosa, roman finaliste du Renaudot 1967, vient d’être réédité.

Années 1860 dans la principauté de Wasquelham, « sous la protection doucereuse mais vigilante du colonel-comte de Feldspath, nommé chef d’Etat-Major général de la Ière région militaire ». Un soldat disparait, bizarre, puis un second, très étrange, et d’autres ! Le colonel charge un officier d’enquêter et celui-ci disparait à son tour !! L’affaire prend une tournure très inquiétante et affole le colonel, il en va de la réputation de son armée. Une nouvelle enquête est diligentée et quelques renseignements assez vagues tendent à penser que tous ces disparus, hommes de troupe ou officiers, ont tous fréquenté la taverne d’une certaine Rosa, « une femme superbe, en pleine maturité, quelque peu plantureuse » qui s’avérera avoir la cuisse légère, pour le plaisir et non pour l’argent.

Un délicieux petit roman historico-fantastico-érotique au ton gentiment humoristique.

Roman historique, si on peut dire, l’écrivain ayant tout inventé mais nous faisant croire qu’il a déterré une vieille affaire peu connue et dont il va nous livrer ce que contiennent les procès-verbaux des officiels de l’époque. Roman érotique, mais ne vous affolez pas si ce n’est pas votre tasse de thé, rien de graveleux, excepté la fascination qu’exerce la poitrine de Rosa sur les habitués de la taverne. Enfin, roman fantastique, pour l’épilogue très réussi qui allie un soupçon de fantastique, de poésie et même pourquoi pas de philosophie pour au final nous offrir une enquête surréaliste aux accents antimilitaristes.

Le bouquin est bien écrit, c’est court et ça se lit vite grâce à son rythme enlevé, c’est souriant, incongru et le lecteur est curieux de savoir comment ça va se terminer !

Une lecture très agréable.

 

« - Suivez-moi bien, Commandant, et comparons le cas de nos deux lascars : le premier se rend chez Rosa, se met au lit avec elle, se conduit, selon sa propre expression, « en homme et en soldat », et lorsqu’il veut sortir, il sort ; le second se rend chez Rosa, sur ordre, il est vrai, il se met au lit avec elle, c’est du moins ce que l’on peut supposer, mais il ne ressort pas de la taverne. C’est donc qu’il ne veut pas sortir. On peut en déduire que c’est à ce moment précis, disons dans ce moment d’abandon, et dans ce lieu précis, le lit de Rosa, que la traîtresse agit de façon déterminante sur la volonté de ses victimes, qu’elle leur insuffle le goût de la trahison et leur fournit le moyen de fuir. C’est sur ce lieu et sur cet instant que devrait porter maintenant notre vigilance. »

 

 

Maurice Pons   Rosa   Christian Bourgois Editeur   - 216 pages –

 

 

 

 

 

 

« … je suis dangereux, plus dangereux que je ne l’ai jamais été. Je suis porteur d’un terrible secret. J’ai vu la vie, j’ai trouvé le passage. Un mot de moi, et je dépeuple votre armée. »