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09/04/2018

Philippe Djian : A l’aube

philippe djianPhilippe Djian est un romancier français né en 1949 à Paris. Longtemps présenté comme un héritier de la Beat Generation en France, il est notamment l'auteur en 1985 de 37°2 le matin qui lui apporta la popularité mais depuis, son style et son inspiration ont beaucoup évolué. A l’aube, son tout nouveau roman, vient de paraitre.

Je ne sais pas si l’écrivain a lu ma lettre ouverte ou si l’âge venant le bon sens lui est venu mais comme le laissait présager son précédent bouquin, Marlène, Philippe Djian accorde enfin une place à l’histoire, ne la dédaignant plus au profit du style, ce qu’il revendiquait haut et fort jusqu’alors. Conséquence directe, son nouveau livre est très bon. Ma surprise est d’autant plus grande que Le Monde (6/04/2018) l’avait méchamment cassé…

Etats-Unis, autour de Boston. Après le décès de ses parents dans un accident de la route, Joan revient dans la maison familiale pour s’occuper de son frère Marlon, autiste. Son retour dans la petite ville, où tout le monde se connait, attire ses anciennes connaissances, y compris Howard, ami de la famille mais homme étrange qui a pour particularité d’avoir couché avec Joan et sa mère ! Aujourd’hui son principal but est de fouiller dans les affaires des défunts, à la recherche d’on ne sait quoi…

Sans parler de polar, il y a des morts et des blessés, un shérif adjoint toujours prêt à couvrir les fautes de Joan, peut-être un magot caché quelque part et un réseau de call-girls genre petit commerce local. Car il faut bien des effluves de sexe dans un roman de Djian, d’où la double-vie de Joan ou le retour d’Howard dans son atmosphère, sans parler du frangin qui malgré son handicap n’en reste pas moins un homme… Mais tout ceci reste dans le domaine du correctement exprimé. Je n’entre pas plus dans les péripéties du bouquin et si l’intrigue tient bien la route, tout n’est pas carré – n’exagérons pas – mais ce n’est pas grave.

L’écriture reste modérément déstabilisante comme d’habitude et c’est très bien car ça ajoute du mystère à l’intrigue : on ne comprend certaines choses qu’à postériori, il n’y a pas de tirets dans les dialogues pour identifier immédiatement qui parle et le scénario restera flou sur certains points. Enfin, le roman se referme comme une porte qui claque, soudain et ne laissant pas la place à l’ambigüité, en forme de justice condamnant l’immoralité. Surprenant.

Un très bon roman de Philippe Djian, c'est-à-dire un bon roman dans l’absolu.

 

« Joan rentra presque à la nuit tombée. A cause d’une fille qui avait la grippe et qu’il fallait remplacer au pied levé. Pour tomber en plein dans les embouteillages. Elle imaginait Marlon qui tournait en rond, de plus en plus nerveux à l’idée de se retrouver seul dès que le crépuscule s’annonçait. Il avait tout le temps été comme ça, elle s’en souvenait très bien. ET encore aujourd’hui il dormait avec la lumière allumée. L’angoisse du soir qui descendait, du jour qui s’éteignait. Il la guettait derrière la fenêtre lorsqu’elle se gara. »

 

 

philippe djianPhilippe Djian  A l’aube  Gallimard – 190 pages –

07:29 Publié dans Français | Tags : philippe djian | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |