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21/10/2013

Laura Kasischke : Les revenants

laura kasischkeLaura Kasischke est née en 1961 à Grand Rapids, dans l’État du Michigan. Elle a fait ses études à l'Université du Michigan. Ella a publié des recueils de poésie, également parus en revues, pour lesquels elle a gagné de nombreux prix littéraires. Romancière, deux de ses romans, La Vie devant ses yeux, et A suspicious river ont été adaptés au cinéma. Laura Kasischke vit actuellement à Chelsea, dans le Michigan, avec sa famille et enseigne l'art du roman à l’université d’Ann Arbor. Son roman Les revenants est paru en 2011.

Après un accident de voiture ayant coûté la vie à sa petite amie Nicole, Craig n’a plus de souvenirs précis du drame suite à un traumatisme crânien. Exclus temporairement pour plusieurs mois de son université du Midwest, voué à la vindicte des autres étudiants, surtout féminines, le considérant comme un assassin, il reprend néanmoins les cours. Perry est son seul ami et soutien (j’avoue avoir pensé à Harry Potter et son pote Ron Weasley). Bientôt des faits troublants vont venir perturber le calme apparent du milieu universitaire. Perry croit revoir Nicole sur le campus, Craig reçoit des cartes postales signées du nom de la décédée. On apprend qu’une étudiante, Denise, aurait disparu le soir même de l’accident de voiture. Shelly, membre de l’établissement, premier témoin sur les lieux du drame, affirme que les choses ne se sont pas déroulées comme l’ont relaté les journaux…

Un résumé particulièrement raccourci car le roman de plus de cinq cents pages est riche en personnages, évènements et faits secondaires. On a parfois le sentiment, à le lire, qu’il est trop long ou qu’il y a trop de digressions et pourtant en même temps, on comprend que c’est inhérent au genre, perdre le lecteur pour mieux lui faire perdre pied et l’emmener, sonné par l’avalanche de détails à priori secondaires, sur le chemin voulu par l’auteur. J’ajouterai aussi que si ce n’est pas évident au début, tous les personnages et faits trouveront leur place logique dans la construction narrative élaborée par Laura Kasischke.  

Le mystère, car c’est bien de cela qu’il s’agit ici, est d’autant plus prégnant que le décor est parfaitement agencé par l’écrivain. Une université américaine avec ses fratries, ici sororités d’étudiantes, avec leurs rituels secrets de bizutage ; une enseignante en thanatologie et autres folklores liés à la mort, ce qui amène des passages croquignolets sur les morts qui se réveillent et autres zombies des croyances populaires, qui tentera d’aider Perry et Craig à comprendre se qui s’est passé le soir du drame et ce qui survient aujourd’hui. Autant dire que le lecteur est vite intrigué et captif de la narration. D’autant plus que le récit, fait de courts chapitres, alterne passé et présent, qu’au fil de la lecture les acteurs révèlent des facettes de leur personnalité qui surprennent et qu’astucieusement, chaque chapitre se clôt sur une situation de suspense restant en plan durant le suivant et ne reprenant qu’après cet interlude.

Laura Kasischke, à travers ce roman qui n’est pas non plus un thriller même si la limite est ténue, aborde le problème de la mort et du deuil, et quand il s’achève, certains resteront peut-être un peu sur leur faim, comme lorsqu’on se réveille d’un mauvais rêve, sans savoir vraiment si ce qu’on a vécu était vrai, ni surtout si tout est bien fini. Néanmoins un bon roman, je ne peux le nier, même si à mon sens il y a plus de technique que de style.

 

« Merde ! Lança Perry en rendant la carte à Craig, après quoi il lui tourna le dos, le cœur toujours affolé, les mains tremblantes. Merde, merde et merde ! » Jusqu’à présent, il s’était montré sceptique. Il n’avait pu croire à rien de tout cela. Il avait été en quête de quelque chose, sans s’attendre à le trouver. La panique lui causait à la gorge une constriction entraînant une quasi-aphonie, quand Craig déclara, d’un ton de pondération qui lui était inhabituel : « Elle n’est pas morte, Perry. Ou bien. Ou bien elle est … autre chose. »

 

 

laura kasischkeLaura Kasischke  Les revenants  Christian Bourgois Editeur

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Eric Chédaille