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10/04/2017

Philippe Ségur : Extermination des cloportes

Philippe Ségur, Philippe Ségur, né en 1964, est un juriste et écrivain français. En 1980, il soutient une thèse de droit sur les relations entre le temps et le pouvoir politique. En 1994, il devient agrégé des facultés de droit et aujourd’hui il enseigne le droit constitutionnel et la philosophie politique à l'université Perpignan. Extermination des cloportes, son dixième roman, vient de paraître. 

Don Dechine, le narrateur, et sa femme Betty sont enseignants à Nîmes. Lui est professeur de lettres et ambitionne d’écrire un roman, elle de préparer sa thèse. Ils semblent vivre une vie plutôt tranquille, jusqu’à ce que de petits cailloux viennent perturber leur quotidien : Don Dechine est atteint d’une maladie génétique grave aux yeux qui le condamne à terme à devenir aveugle et leur voisin Mr Mortez, leader des copropriétaires de l’immeuble, leur cherche des poux dans la tête. Solution envisagée, la fuite en achetant une maison à la campagne, d’où de nouveaux problèmes quand on se lance dans une telle entreprise immobilière… 

Le narrateur est un peu nunuche, fanfaron il se prend pour ce qu’il n’est pas, victime de procrastination il a toujours une bonne excuse pour remettre à demain l’écriture de son roman (comme par exemple ne pas rater un épisode de la série Les Sopranos) et il vit dans le déni le plus total en minimisant sa maladie des yeux, commencée par de petites tâches sombres troublant sa vision, tels des cloportes en balade.

Le roman est fait de chapitres très courts, comme une suite de scénettes s’enchainant les unes aux autres, le rythme est rapide, de nombreux dialogues, le ton pince-sans rire est souriant tout du long (« Avec Betty, nous faisons tout ensemble. Le travail, les courses, le sport et même l’amour, c’est dire si nous sommes proches. »). On ne s’ennuie pas avec ce conte de Ségur (oups !) mais ce genre d’humour et de situations semble déjà vu ou déjà lu, convenu ; tout cela pour dire qu’une fois refermé, le bouquin ne reste pas particulièrement dans la mémoire. Il reste néanmoins un point largement positif, ce court temps de lecture nous a reposés de la misère du monde réel et tiré quelques sourires. Ce qui n’est pas rien, convenons-en !

 

« Donc Betty m’a pris un rendez-vous chez un ophtalmo. Oui, j’ai oublié de préciser que quand Betty veut obtenir une information, le geste utile n’est pas de s’arracher la langue. C’est de se crever les tympans. Car Betty a une manière bien à elle de mener son enquête. Elle vous poursuit dans toutes les pièces en répétant « chéri, qu’est-ce que tu voulais dire avec ce cloporte dans l’œil ? ». Et comme vous êtes inflexible, elle mitraille la question en continu pendant le repas. Elle interrompt les Sopranos au milieu d’un épisode pour une nouvelle rafale. Et si nécessaire, elle rallume la lumière une fois couchée pour vous administrer le coup de grâce. »

 

 

Philippe Ségur, Philippe Ségur  Extermination des cloportes  Buchet-Chastel  - 283 pages -