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30/11/2023

Paul Morand : New York

paul morand, claudel, stevenson, Paul Morand (1888-1976) commence en 1913 une carrière de diplomate qui le conduira aux quatre coins du monde. Révoqué après la seconde guerre mondiale pour proximité avec le régime de Vichy, il est rétabli dans ses fonctions d'ambassadeur en 1953 et mis à la retraite des Affaires étrangères en 1955. Elu à l'Académie française en 1968 il est considéré comme l’un des pères du « style moderne » en littérature, il s'est imposé comme l'un des grands écrivains français du siècle dernier.

Morand s'est rendu à New York quatre fois entre 1925 et 1929 et en a tiré ce récit paru en 1930, « Je me suis efforcé de demeurer le plus étranger possible, pour mieux expliquer à des étrangers » nous dit-il. Guide touristique alliant les points forts du Guide Bleu et celui du Routard mais écrit avec beaucoup plus de style, reportage pointu et détaillé sachant sortir des sentiers battus des guides, étude sociologique, tout, tout, tout, vous saurez tout sur le New York de ces années-là et de « l’électricité new-yorkaise », un livre référence sur cette ville à nulle autre pareille.

Paul Morand était à New York vers 1930, j’y suis allé au début des années 90, télévisions et autres médias nous en donnent des images d’aujourd’hui, les époques diffèrent mais globalement rien ne change vraiment, et à suivre les déambulations de l’écrivain sur les lieux que j’avais foulés, j’ai retrouvé mon émerveillement d’alors et mes émotions devant ce trop de tout.

Morand a l’œil américain comme dit l’expression, perçant et scrutateur, il voit tout et nous en fait profiter. Tous les quartiers sont visités à l’intérieur de Manhattan surtout, tous les milieux sociaux et ethniques explorés, des hôtels et restaurants de luxe entre gens du monde aux bouis-bouis cosmopolites des quartiers Russes, Chinois, Juif, Italien etc. Il goûte à toutes les nourritures, fréquente les salles de jeux ou les tripots. Tout est prétexte à nous instruire, que ce soit quand il va au théâtre (« un divertissement cher ; par contre, pas de pourboire, pas de strapontins et le programme gratuit », ou quand il visite musées ou bien les coulisses d’un grand journal new-yorkais et même la prison de Sing Sing !

Texte cultivé mais pas indigeste du tout, les références littéraires abondent, l’architecture est omniprésente bien sûr, gratte-ciel, ascenseurs vertigineux, les ponts dont celui de Brooklyn particulièrement (et ce n’est pas Woody Allen qui le démentira !). Impossible de lister tous les sujets abordés dans ce livre. Sans exagérer ce point, je ne peux omettre de signaler que quelques lignes ici et là feraient hurler nos contemporains d’aujourd’hui quand il est question des « nègres » ou des Juifs mais ne prenez pas ce prétexte pour ne pas lire ce bouquin.

Excellent.

 

 

« Ceux qui ont connu New York il y a trente ans sont surpris de ce qu’ils voient aujourd’hui. Les gratte-ciel étaient des constructions d’une dizaine d’étages, isolées les unes des autres, très laides. Claudel, qui fut élève-consul à New York, m’en a dit bien souvent la hideur et le vilain coloris. La ville alors était brune, désormais elle est rose. Stevenson qui, misérable et inconnu, y débarqua en 1879, la décrit ainsi : « une ville plate qui ressemble à Liverpool ». Demain, ces immeubles que nous admirons ne nous déplairont peut-être pas moins ; New York apparait plus beau à mesure qu’il est plus neuf. »

 

paul morand, claudel, stevenson, Paul Morand   New York   GF-Flammarion  - 223 pages -  

Préface de Philippe Sollers