25/03/2024
Jonathan Coe : Le Royaume désuni
Jonathan Coe, né en 1961 à Birmingham, est un écrivain britannique, diplômé d’une maîtrise et d’un doctorat en littérature anglaise. Il doit sa notoriété à la publication, en 1994, de son quatrième roman, Testament à l'anglaise.
Son dernier roman, Le Royaume désuni (2022), vient d’être réédité en poche. Une première remarque, j’ai trouvé excellent le titre français donné à ce livre platement intitulé en V.O. Bournville, un jeu de mots amusant qui en résume la tonalité douce-amère.
Le livre est une longue fresque résumant l’histoire du Royaume-Uni, de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années Covid, sans pour autant être un roman historique mais plutôt l’histoire d’une famille anglaise autour d’un personnage central, Mary. De l’Histoire pour les grandes lignes et une histoire familiale plus fouillée, un bouquin pour tout le monde.
Tout commence à Bournville, un village modèle à côté de Birmingham, fondé par la famille Quaker Cadbury pour les employés de l’usine de ses fameux chocolats où travaille le père de Mary. Mary qui épousera Geoffrey Lamb dont elle aura trois fils, Jack, Martin et Peter. Les chapitres du roman scandent la grande Histoire : le Jour de la Victoire (1945), la finale de la Coupe du monde de football entre l’Angleterre, victorieuse, et l’Allemagne de l’Ouest (1966), l’investiture du prince de Galles (1969), le mariage de Charles et Lady Diana (1981), les funérailles de Lady Di (1997) et enfin pour boucler la boucle, le 75e anniversaire du Jour de la Victoire (2020) et le Brexit.
Chacun de ces évènements nous renvoie vers les préoccupations de moments des membres de la famille et de leurs amis, tout en pointant l’évolution de la société à travers leurs réflexions ou attitudes : la multiculturalité qui donne des couleurs au pays, la classe moyenne qui voit arriver le progrès avec la télévision puis les ordinateurs etc… Martin cadre chez Cadbury est devenu lobbyiste à Bruxelles pour défendre « son » chocolat qui ne répond pas aux normes de l’U.E., occasion de faire entrer dans le jeu, Boris Johnson, alors journaliste (« J’ai jamais vu un plus parfait exemple de l’Anglais qui croît que tout lui est dû. »)
Les personnages, nombreux, se croisent, se perdent de vue ou se retrouvent, on se marie, on se sépare, l’un se découvre homosexuel. Les années passent, Mary est désormais veuve mais toujours active, puis elle vieillit.
Un charmant roman malgré un passage à vide en son milieu, avant de repartir vers de très beaux moments plus on approche de la fin, pour le roman et pour Mary, ses souvenirs sont tendres et émouvants, ses « petits » sont sexagénaires. Très touchant.
J’ai bien aimé ce livre, peut-être un peu trop gentil, parfois j’aurais voulu plus de sel et de poivre pour lui donner plus de saveur encore… ?
« C’est ainsi que les choses se passaient désormais entre eux, depuis la mort de Geoffrey : Mary était incapable de prendre la moindre décision, même anodine, sans consulter ses fils et Peter en particulier. Ils avaient été stupéfaits de découvrir dans les premiers mois de son veuvage, à quel point cette femme dynamique était démunie dans bien des domaines. Elle n’avait encore jamais fait le plein de sa voiture, ni retiré de l’argent à un distributeur, et ils durent l’accompagner dans ces tâches, étape par étape. »
Jonathan Coe Le Royaume désuni Folio - 517 pages –
Traduit de l’anglais par Marguerite Capelle
06:00 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : jonathan coe | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |