02/06/2016
Ivan Gontcharov : A travers la Sibérie orientale
Ivan Aleksandrovitch Gontcharov, né à Simbirsk en 1812 et mort à Saint-Pétersbourg en 1891, est un écrivain russe. Son œuvre littéraire comporte de nombreux récits, essais, portraits, critiques de théâtre ou de tableaux, articles, nouvelles, contes, poésies, correspondances notamment avec le frère de l'empereur, des traductions (Schiller, Goethe, Eugène Sue…) et des analyses critiques d’auteurs français (Balzac, Zola, Flaubert, les frères Goncourt) ou russes (Lermontov). Il est particulièrement connu pour son excellent roman Oblomov (1859).
A travers la Sibérie orientale, qui vient de paraître, est un recueil de trois nouvelles : La Soupe de poisson (1891), A travers la Sibérie orientale (1891) et Est-il bien ou mal de vivre en ce monde ? Mise en garde à l’intention des futurs lecteurs : Ne vous précipitez pas sur ce recueil – comme je l’ai fait – attiré par le nom de l’écrivain et le titre du bouquin ! Jetez-y d’abord un œil en librairie, car personnellement je considère qu’il ne tient pas les promesses espérées.
La première nouvelle, sous-titrée « esquisse » est le dernier texte littéraire écrit par Gontcharov et n’a pas été publié de son vivant. Il s’agit d’une pochade assez quelconque à mon sens, où des bourgeois et leurs femmes, accompagnés du bedeau Erema, partent pique-niquer. La saveur du texte réside dans sa grivoiserie suggérée, « La femme de l’intendant, elle aussi dans un état d’excitation, sortit de la cabane d’Erema, emprunta des chemins détournés tout en arrangeant sa chevelure et la robe qu’elle portait… » Ca faisait peut-être son petit effet à l’époque mais aujourd’hui c’est un peu court.
Le texte principal, lui, est bien loin de ce que j’en attendais – d’où mon avertissement initial. J’attendais un récit de voyage riche en évènements, il n’en est rien. Dernier texte publié du vivant de l’auteur, il s’agit en fait d’un complément à son réel récit de voyage, La Frégate Pallas, publié en 1856. Ici, nous n’avons que quelques pages relatant un séjour de deux mois à « Yakoust, tout près du pôle Nord ». L’intérêt est aussi mince que l’épaisseur du récit, quelques considérations sur la politique locale, « La Sibérie n’a pas connu le joug du servage, mais a goûté à celui des fonctionnaires, encore pis, sans doute. » On boit de la vodka en veux-tu, en voilà, mais Gontcharov en conclut lui-même, « Ces souvenirs de Yakoust, ne sont pas grand-chose dira le lecteur. » Je ne saurais mieux dire.
Quant au dernier texte, sous-titré Etude philosophico-esthétique, il m’a semblé assez sibyllin même si l’éditeur y voit un Gontcharov féministe. Pourquoi pas ?
Pour conclure, je suppose que cet ouvrage s’adresse plus particulièrement aux inconditionnels de l’auteur désirant posséder tous ses écrits. Par contre, si vous ne connaissez pas Gontcharov, précipitez-vous sur son Oblomov, là vous jouerez gagnant.
« Constatant, d’une manière générale, le mode de vie sobre et purement monastique de Monseigneur, je m’étonnais, par-devers moi bien entendu, de le rencontrer aux déjeuners auxquels il m’arrivait moi-même d’être convié. C’était comme s’il avait deviné mes pensées, et un jour il m’a fait cette remarque d’un air songeur : - (…) Dès l’instant que nous avons accepté une fois une invitation chez l’un d’entre eux, ne serait-ce que pour la fête du maître de maison, au nom de quoi la refuserais-je à un autre ?... Je vais donc bon gré mal gré chez tout le monde ; mais partout on me sert mes plats monastiques. J’arrive, je bénis la table, j’écoute les chanteurs, je touche à peine aux victuailles et je m’en vais en offrant à la compagnie le loisir de terminer le déjeuner à sa guise. L’archevêque a alors éclaté d’un rire plein de bonhomie. »
Ivan Gontcharov A travers la Sibérie orientale L’Herne - 99 pages –
Traduit du russe par Bernard Kreise
07:42 Publié dans Etrangers, NOUVELLES, XIXe siècle | Tags : ivan gontcharov | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |