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08/01/2024

Virginia Woolf : Orlando

virginia woolfVirginia Woolf, pseudonyme d’Adeline Virginia Alexandra Stephen (1882-1941), est une femme de lettres anglaise, l'une des principales auteures modernistes du XXe siècle. Bisexuelle et féministe, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un membre central du Bloomsbury Group, qui réunissait des écrivains, artistes et philosophes anglais, groupe au sein duquel elle rencontrera Vita Sackville-West avec qui elle aura une liaison durant toutes les années 1920 et à qui elle dédiera ce roman paru en 1928, et le fils de Vita, Nigel Nicolson, a défini Orlando comme « la plus longue lettre d'amour de l'histoire ».

Le roman se présente comme la biographie d’un certain Orlando, un jeune noble anglais du XVIème siècle mais va courir jusqu’en 1928 date de parution du roman, grâce à la magie de l’invention narrative de l’écrivaine. Résumer une intrigue s’étirant sur quatre siècles serait fastidieux, je n’en donnerais que quelques détails.

Jeune homme, Orlando tombe amoureux de la fille de l'ambassadeur de Russie, qui l'abandonnera. Une déception qui le décide à partir comme ambassadeur à Constantinople. Une révolution s’y produit et après une longue période de sommeil d’une semaine, il se réveille devenu femme ! Il fuit les troubles dans la ville en compagnie de gitans, dont il apprécie la compagnie, mais retourne à Londres. Il se consacre à la passion intense qui animera toute sa vie, l’écriture et la poésie, ce qui lui permet de rencontrer des célébrités des lettres et de la bonne société, tout en ne dédaignant pas fréquenter le petit peuple et ses prostituées. J’abrège honteusement, Orlando finit par trouver l’amour, ou ce qui lui ressemble un peu avec un Lord, aventurier des mers, toujours absent et embarqué pour le Cap Horn. Le roman s’achève quand Orlando est devenue une célèbre écrivaine avec un poème qu’elle a mis toute sa vie à écrire.

Je ne vais pas vous mentir, ce n’est pas le roman de Virginia Woolf que je préfère. Ca m’a semblé souvent bien long par des détails ne faisant pas avancer réellement le propos et parfois difficile à suivre, ce d’autant plus que nous savons tous aujourd’hui que le thème du livre est l’androgynie, confirmé par cette étrange première phrase d’ouverture « Il – car il n’y avait aucun doute quant à son sexe », ce qu’on attend longtemps avant d’en voir le bout de la queue.

Néanmoins c’est un bon livre, où l’humour n’est pas absent, discret certes, limite parodique parfois, essentiellement parce qu’il aborde deux thèmes loin d’être frivoles : la littérature et bien sûr l’androgynie. La littérature, parce qu’Orlando travaille sans arrêt un poème qu’il/elle trimballera sans arrêt contre son sein et que parfois c’est Virginia Woolf qui s’exprime directement « la transaction entre un écrivain et l’esprit du temps est d’une délicatesse infinie, et c’est de la finesse d’un arrangement entre les deux que toute la fortune de ses œuvres dépend. »

Mais le sujet principal c’est l’androgynie. Ça débute par le changement de sexe de notre héros, ce qui va lui permettre de comparer les avantages et les inconvénients des deux états, « elle était homme ; elle était femme ; elle connaissait les secrets, partageait les faiblesses des uns et des autres. » Et à Woolf, de prolonger par l’évolution de la situation de la femme à travers plusieurs siècles. Si le roman est dédié à Vita Sackville-West, c’est qu’elle aurait inspiré l’écrivaine pour le rôle d’Orlando.

 

« Un beau gentilhomme comme ça, disaient-ils, n’a pas besoin de livres. Qu’il laisse les livres, disaient-ils, aux paralytiques ou aux mourants. Mais le pire était encore à venir. Car une fois que le mal de la lecture s’est emparé du système, il l’affaiblit au point d’en faire une proie facile pour cette autre calamité qui a sa résidence dans l’encrier et suppure dans la plume d’oie. Le malheureux s’adonne à l’écriture. Et alors que cela est préoccupant chez un pauvre homme dont le seul bien est une chaise et une table (…), le sort d’un homme riche, qui possède maisons et bétail, servantes, ânes et linge, et écrit des livres, est pitoyable à l’extrême. »

 

 

virginia woolfVirginia Woolf   Orlando   Gallimard  La Pléiade Œuvres romanesques Tome 2   - 214 pages -

Traduction par Jacques Aubert