19/12/2024
Benjamin Stock : Marc
Benjamin Stock est né à Blois en 1988. Après des études de commerce et de philosophie, il a travaillé dans la communication pour des entreprises du secteur de la transition écologique. Marc, son premier roman, vient de paraître.
Paris. Un dîner entre amis au restaurant, un serveur qui s’invite dans la discussion en fin de soirée et leur tient un discours philosophico-existentiel et David en est perturbé. David Baumer, la trentaine, fondateur d'une start-up, vit en couple avec Diana, conseillère à la mairie de Paris. Leur couple n’est plus ce qu’il avait été au début, six ans plus tôt. Attitrée par une nouvelle employée de sa boîte, Sheyenne, qui lit un bouquin de Marc Lévy, David se plonge dans ses œuvres et la mignonne de lui faire découvrir un groupe clandestin de lecteurs de l’écrivain. A trop vouloir comprendre l’intérêt que suscite le romancier, David va chercher et trouver des liens secrets et des messages codés à travers l’ensemble de tous ses bouquins, appelant à une révolution mondiale contre le fameux « système », les élites et tutti quanti.
Sans être génial, voilà un bouquin qui m’a bien fait rigoler globalement.
Une précision qui peut être importante, je n’ai jamais lu Marc Lévy. Ce qui n’est pas le cas de Benjamin Stock qui dissèque chaque bouquin de son œuvre pour en faire ressortir tous les supposés messages et machins cachés entre les lignes (Ca donne envie de lire Marc Lévy, du coup ?) Il faut bien reconnaitre que c’est assez pointu et cultivé, ce qui m’a obligé à vérifier la véracité de certains faits et personnages, il sera donc question de Hdaji Hali, Jacques de Falaise, Michel Lolito, des saint-simoniens, de la Fabian Society etc.
Les références littéraires abondent mais d’une approche assez originale, surprenante et drôle très souvent, impertinente parfois (« Goethe ? C’est chic, mais c’est chiant. » ; « Tolstoï, bof, on dirait une hallucination collective. Franchement, Anna Karénine, ça raconte quoi ? C’est une telenovela, ça n’en finit pas. »)
La moquerie et l’ironie sont les moteurs principaux du bouquin, les nouveaux métiers inconnus (« Que pouvait signifier concrètement Head Of Community ? »), les anglicismes permanents, le coaching, le développement personnel etc.
Pour résumer, le monde va mal parce que les gens sont devenus zinzins, n’ayant même plus le recours d’espérer voir leurs vies changer, les partis politiques ayant eux aussi lâché la rampe (« Si toute une génération se sentait atone, morbide et perdue, c’est parce que la gauche avait disparu. »). Dans ces conditions comment la révolution prônée par Marc Lévy peut-elle aboutir si ce n’est par la violence et David, en bout de course et de réflexion, de s’y engager pour donner du sens à sa vie…
Une satire de la société moderne avec un héros en quête de sens à donner à sa vie, ce qui va l’amener à s’aventurer dans les zones glauques de notre époque, idées farfelues à en devenir dangereuses, complot international et tout ce bazar des cinglés des Réseaux sociaux, et cette seule issue qu’est la folie aboutissant à la violence.
Amusant, effrayant aussi. Les deux scènes d’action du roman sont ridicules (le vol d’un livre à la bibliothèque de l’Arsenal, et la séquence amorçant l’épilogue, à la Grande Arche de la Défense). Intéressant, instructif, pas mal.
« La bouche pleine, il expliqua comment Sartre l’avait désappointé, comment Marc Lévy l’avait ébloui ; qu’il avait passé près d’un an à lire le second, à partager ce plaisir avec d’autres, et même, à dîner avec eux tous les lundis ; qu’il avait trouvé, dans les « romans de gare », un message occulte hautement plus intéressant, annonçant la victoire prochaine des forces authentiques de la gauche ; qu’une élite évoluait en secret depuis deux siècles, infiltrant les hautes sphères et préparant le Grand Soir, le moment de l’assaut définitif contre les forces du capitalisme ; que cette élite avait pour elle des pouvoirs de clairvoyance, de télépathie, découverts par les saint-simoniens puis transmis à la Fabian Society jusqu’à leurs successeurs contemporains. »
Benjamin Stock Marc Editions rue fromentin - 442 pages –
06:00 Publié dans Français, ROMANS | Tags : benjamin stock | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |