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14/01/2018

Paul Beatty : Tuff

paul beattyPaul Beatty, né en 1962 à Los Angeles, est un écrivain afro-américain. Diplômé d'un Master of Fine Arts du Brooklyn College en écriture créative, il a également obtenu une maîtrise en psychologie à l'université de Boston. Tuff vient tout juste de paraître.

New York, East Harlem. Tuff, nom de rue donné à Winston Foshay, est un jeune Black de 140 kilos utilisant son avantage physique pour jouer les hommes de main. Fils d’un ex-Black Panther, marié avec Yolanda et père d’un bébé, il évolue dans le monde interlope des petites frappes locales avec son pote Fariq, handicapé physique toujours prêt à monter des coups pour se faire de la thune. Un jour, Winston décide de se sortir de cette vie sans avenir, « parce que j’en ai ma claque d’être un de ces nègres pouilleux que Langston Hugues il compare à des « raisins au soleil » dans son poème » et il se présente comme candidat aux élections municipales… !

Avant toute chose, il faut replacer ce roman à sa place dans l’œuvre de Paul Beatty. Certes il s’agit d’une nouveauté pour nous Français mais en fait, paru en 2000, c’est le second roman de l’écrivain, sur les quatre qu’il a écrits (tous chroniqués ici).

Ces précisions sont importantes car pour moi, même si le roman est bon, ce n’est pas son meilleur. Nous trouvons déjà ici tout ce qui fait le style de l’écrivain, à commencer par sa verve narrative, son écriture poussant le lecteur à tourner les pages plus vite que ne le voudrait la raison, pour autant ce rythme rapide n’atteint pas les pointes de vitesse des romans qui suivront.

Comme d’habitude le scénario est fou-fou voire même carrément foutraque : au fil rouge indiqué précédemment se greffent des digressions parfois sans queue ni tête, où, dans un melting-pot ethnique fait de Blacks, d’Asiatiques, de Chicanos et de Juifs, les institutions, la police, les hommes politiques en prennent pour leur grade, dans un langage que nous qualifierons de « coloré » par pudeur mais pas avare de références cultivées. La critique littéraire emploie parfois le terme de « roman choral », avec Beatty la tendance est plutôt au « roman brouhaha » où tout le monde la ramène à tort et à travers.

J’ai dit que ce bouquin n’était pas son meilleur, il a néanmoins un avantage, étant beaucoup plus facilement abordable que les autres – Paul Beatty fait ses gammes – il pourra faciliter la découverte de l’écrivain par ceux qui ne l’ont pas encore lu ?

Suivez Winston dans son parcours, entre Fariq la voix mauvaise conseillère et Spencer le Rabbin Black son opposé, pour découvrir ce qu’il advient de sa résolution, « oublie pas que je suis juste un jeune négro qu’essaie de rompre le cycle. »

 

« D’un geste flamboyant, Winston enleva sa veste et la posa sur les épaules de Yolanda. Il passait en mode beau parleur, à deux doigts de lâcher son baratin ; le baratin de l’homme noir, pareil au claquement de fouet du dompteur pour le félin récalcitrant, ou au koan du maître zen pour son disciple hébété. Et c’était quoi, le bruit d’un baratineur ? « Lâche la pose Yolanda. Tu sais plus quoi répondre, ça se voit. On va pas se raconter des salades. On a tous un peu besoin de quelque chose à quoi s’accrocher pour se sortir de la merde. Toi, tu vas à la fac. Moi, quand je vois une Noire solide comme toi qui se laisse pas marcher sur la gueule, direct je me demande ce que je dois faire pour me racheter une conduite. »

 

paul beattyPaul Beatty  Tuff  Editions Cambourakis – 350 pages –

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Bru

07:50 Publié dans Etrangers | Tags : paul beatty | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |