compteur de visite

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/01/2018

Sandrine Collette : Juste après la vague

sandrine colletteSandrine Collette, née en 1970 à Paris est une romancière française. Passé un bac littéraire puis un master en philosophie et un doctorat en science politique, elle devient chargée de cours à l'université de Nanterre tout en travaillant à mi-temps comme consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines. Son nouveau roman, Juste après la vague, vient de paraître.

Un volcan qui s’effondre dans l’océan déclenche une monstrueuse inondation et des perturbations climatiques sans précédent. Une famille, Pata, Madie et leurs neuf enfants se retrouvent isolés dans leur maison, sur un bout de terrain condamné à être submergé dans un avenir proche, aujourd’hui une île au milieu de l’océan. La situation est simple : soit ils attendent la mort tous ensemble, soit ils tentent de retrouver un sol ferme et sûr en s’enfuyant sur leur barque. A ce détail près, la frêle embarcation ne peut emmener tout le monde. Qui soit-être sacrifié ?

Une fois de plus Sandrine Collette sait inventer des histoires qui décoiffent, chaque nouveau roman est une surprise, souvent atroce mais qui tient en haleine. Existe-t-il dilemme pire que celui-ci, devoir abandonner une partie de ses enfants pour sauver le reste de la famille ?

Le roman est découpé en trois parties égales pour un plan narratif simple. Le premier tiers nous le passons avec les enfants abandonnés nuitamment sur l’île, les parents leur laissant un mot et des provisions pour tenir une dizaine de jours, laissant entendre que le père reviendrait les chercher vers cette époque. Les gamins (le plus âgé n’a que onze ans) vont devoir affronter la solitude tout en constatant la montée inexorable des eaux.

La seconde partie, le lecteur la passe avec les passagers de la barque. Les périls sont nombreux à les guetter, tempêtes soudaines, une bête énorme et non identifiée qui les suit sans relâche et tente de les attaquer (ambiance Les Dents de la mer)...

Si pour tous, les dangers physiques sont nombreux, ce sont les angoisses psychologiques des acteurs qui insufflent une force terrible à ce roman. Vous devinez que la mère n’en peut plus mais ce n’en sera que plus poignant quand vous le lirez. La mère et le père s’affrontent à fleuret moucheté, d’un côté les actes et les sentiments irrépressibles pour elle, de l’autre la logique et le raisonnement froid pour lui.

La dernière partie du roman est plus agitée, accélérations et rebondissements (souvent improbables, il faut néanmoins en convenir, avec une fin pas terrible à mon avis) tiennent le lecteur en haleine.

L’écriture de Collette est particulièrement cinématographique, on voit littéralement le film se dérouler sous nos yeux. A ce propos, je suis très étonné qu’aucun de ses bouquins n’aient encore été adapté pour le cinéma (il me semble ?). Un roman poignant, émouvant et terrible dont tous ne sortirons pas vivants, vous l’imaginez bien. Certains passages vous feront monter les larmes aux yeux tandis que d’autres seront adoucis par les réflexions innocentes dont sont coutumiers les petits enfants dans des situations tragiques. J’ai beaucoup aimé aussi l’utilisation du terme « les petiots » - qui n’est plus guère usité de nos jours – pour désigner les enfants en bas âge, il qualifie parfaitement les gosses en y ajoutant la dose d’amour qu’ils méritent.

Un bon roman malgré les quelques défauts rapidement (car sans importance) évoqués précédemment.  

 

« Peut-être si Liam et le père ramaient fort, douze jours. Mais douze jours, cela ne réglait pas toujours le problème. Le problème, c’était ce que le père n’arrivait pas à dire et qui lui arrachait la gueule : ils n’avaient qu’une seule barque. Et la mère avait tout compris, comme il s’en doutait, parce qu’à ce moment-là elle posa sur lui un regard de feu, haine et désespoir mêlés, un regard qui l’accusait définitivement – et elle murmura, comme si c’était lui, rien que lui, comme si tout était de sa faute, la mer, la tempête et le malheur : - Qui vas-tu laisser ? »

 

 

sandrine colletteSandrine Collette  Juste après la vague  Denoël – 302 pages –